[Juin 1755]Protéger les derniers remparts!

Temple d'Athéna

Le destin était une chose étrange. Téléporter au Temple du Lion, hors de danger, ainsi pensait-il, Haiken se retrouvait au milieu d'un bien beau bordel. Saints, Spectres, Marinas. À croire que tous avaient oublié qu'ils devaient évacués les lieux! Mais le pire, était de revoir Celsius, portant une armure de couleur ébène. Il était ici pour elle, et rien que pour elle!

Comment avait-il obtenu cette armure? Haiken avait une petite idée, ce qui en disait long sur l'envie de combattre la Prêtresse. Mary n'allait pas reculer et s'apprêtait à le défier. Elle donnait l'ordre au Dragon des Mers de préparer leur replis. Était-il censé la laisser seule face à lui? Il n'avait pas le choix. Il n'arriverait pas à la convaincre du contraire. Ils devaient terminer ce qu'ils avaient commencé, aussi douloureux cela puisse être. Il était temps pour lui de sortir de scène et de la laisser régler quelques questions en suspens.

- Très bien, j'obéirai pour cette fois! Tu n'as pas à te faire de soucis pour Ann, je la mettrai en sécurité! Ton paternel par contre devra se démerder. Mais j'espère que tu es bien sûre de toi! Je ne te pardonnerai pas si tu venais à mourir Mary!

Il se tournait finalement vers le Général des Lyumnades, qu'il n'avait encore jamais rencontré. Mais les présentations devraient attendre. Ignorant ce qu'il comptait faire, Haiken allait lui poser la question. L'ordre avait été donné par la Prêtresse de Poséidon, mais le Dragon des Mers n'allait pas l'obliger à obéir si tel n'était pas son intention.

- J'ignore ce que tu comptes faire, mais je vais rejoindre l'entrée du Sanctuaire, afin d'assurer une sortie en sécurité pour Mary quand elle en aura terminé. As-tu l'intention de me suivre ou de rester?

Il se tournait vers elle une dernière fois.

- Elle gagnera et nous rejoindra! J'en suis certain!

Haiken ne savait dire si son homologue partageait de sa confiance, mais quoiqu'il en soit, il était libre de le suivre ou de rester. Le Général de l'Atlantique Nord avait à présent une seule mission, rejoindre Ann et la maintenir en sécurité. Il avait déjà perdu bien trop de temps, hors de question de perdre une seconde de plus. Mais, il se sentirait rassurer si le Général des Lyumnades restait auprès d'elle, afin de s'assurer qu'elle revienne saine et sauve.

Temple des Gémeaux

Temple du Lion (PV Ahina)

Tout en fixant les dalles gelées du sol, le régent tentait de calmer cette haine sourde qui le poussait à vouloir tout lâcher pour retrouver et exterminer Pséma. Mais Ahina n'était pas sa seule priorité. Kyro détenait Lya, quelque part, et elle était sans doute terrifiée. Pourquoi l'avoir enlevée ? Pourquoi la maintenir en vie ? Que cherchait son ennemi ?
Son regard poussa Kappa à s'immobiliser lorsqu'il croisa une entaille profonde dans les pavés. Il ne se souvenait pas qu'elle ait été là quand il était arrivé. Ses yeux remontèrent la piste de la faille et se posèrent sur un inconnu, qui l'observait en silence. Sur ses gardes, le Verseau fronça les sourcils et détailla cet homme pendant qu'il prenait la parole. Les observait il depuis longtemps ? Savait il pour Ahina et lui ? Il n'aimait pas cette idée... Mais il n'en soufflerait mot. Pas pour l'instant, du moins.

Il ne connaissait pas cet homme, et il ne lui demanda rien. Il se contenta de s'avancer vers lui avant de s'arrêter au même niveau que lui en posant une main sur son épaule, et lui sourit à peine en répondant :
- L'heure n'est pas à la revanche... Il faut fuir, à présent. Mais je penserai à toi quand j'organiserai la traque de Pséma... Tiens toi prêt, quand le moment sera venu ! En attendant, on se reverra bientôt, Marina...
Là dessus, il ôta sa main de l'épaule du serviteur de Poséidon, et le dépassa en levant la main en signe d'au revoir.

Fatigué, et las, le chevalier du Verseau surgit de la brume provoquée par la distorsion de Pséma. Lentement, il marchait en réfléchissant : il ne savait pas trop quoi faire. Shion était en danger au sommet du temple, mais si tous deux tombaient ou étaient capturés, les saints se retrouveraient sans personne pour les guider. En quelques secondes, Kappa se retrouva au centre du hall principal, et son visage inexpressif se para d’étonnement quand il vit Corell accourir, avec le bouclier d’Athéna. Fronçant les sourcils, il se dirigea vers lui d’un pas rapide :
- Corell ! Qu’est ce que tu fais encore là ? Je t’avais ordonné de fuir avec Liana et les autres ?! Dans ton état, tu n’as plus ta place, ici !
Il l’observa, avant d’ajouter immédiatement après:
- Ne me dis pas que tu as l’intention de monter au sommet, et avec le Bouclier Divin, encore ?! Je ne sais pas ce que tu as l’intention de faire dans ton état, mais tu cours au suicide...
Cette fois, sa voix n’avait plus rien d’amical. Corell déconnait à plein régime, et il était temps qu’il s’en rende compte. Kappa l’avait laissé gérer Minos car il lui avait dit être sur de le vaincre, et il avait finalement dû être blessé par sa faute. Le combattant vétéran qui aurait dû etre l’un de ses meilleurs atouts commençait à présent à dépasser les bornes de la patience du Régent.

Il s’approcha jusqu’à lui, avant de tendre la main :
- Très bien, tu veux monter ? Libre à toi, mais je récupère le Bouclier Divin ! Je vais évacuer les lieux avec les autres, et je refuse de prendre le risque de perdre l’artéfact sacré. On a déjà perdu suffisamment comme ça !
Puis, se tournant vers Gabriel, son ton se radoucit :
- Toi non plus, tu ne devrais plus être là ! Dès que le Lion m’aura remis le bouclier, nous descendrons droit vers Rodorio ! Il nous reste peu de temps avant que l’armée arrivant par le Sud n’envahisse le Sanctuaire et que nous ne soyions pris au piège !
Les yeux du Mage des glaces se tournèrent une dernière fois vers Corell, puis:
- Corell, le bouclier, je te prie ?

« Je n'en doute pas, Haiken du Dragon des Mers. Je vais cependant rester ici et l'escorter une fois qu'elle aura défait son adversaire. Nous ne pouvons pas nous permettre de la laisser seule derrière nous alors que les Spectres se rapprochent de plus en plus. Va! Nous nous retrouverons au port de Rodorio. »

« Haiken! Si tu vois une jeune femme à la chevelure rouge et répondant au nom de Mashia, emmène-la avec toi. Nous aurons besoin d'elle au Sanctuaire Sous-Marin. C'est très important. »

L’arrivée brusque du chevalier d’or du Lion me surprit particulièrement. Je m’attendais davantage à voir des Saints descendre les douze temples plutôt que les grimper. Toutefois, Corell eut tôt fait de m’expliquer son objectif louable, mais vraisemblablement suicidaire. J’avais décidé d’attendre Shion pour quitter les lieux, mais le lion semblait trouver cette initiative insuffisante. Le chevalier d’or du Verseau répondit plus vite que moi, et j’appuyais par réflexes ses propos sages, bien que teintés d’un agacement légitime, par un haussement de tête. Le onzième gardien se tourna alors vers moi pour m’intimer de quitter également les lieux au plus vite. Après quelques secondes de silence, je laissais échapper un soupir mélancolique.

Soit. Nous devons encore sauver ce qui peut encore l’être. Si nous périssons tous, l’avenir en sera d’autant plus incertain.

Je me rapprochais alors de Corell pour poser une main ferme mais apaisante sur son épaule.

Nous ne pouvons plus attendre davantage. Au vu de la situation, la seule chose raisonnable à faire est de croire en notre Grand Pope et de garder confiance. Si les spectres attaquent l’entrée du Sanctuaire, ni lui, ni aucun d’entre nous ne ressortira vivant d’ici. Essayons au moins de sécuriser les premières maisons en espérant son retour.

C’est dans des situations critiques que les leaders se révèlent. Malgré l’attitude glaciale et à première vue sans cœur du Verseau envers le sort du Grand Pope, je comprenais parfaitement son dilemme et je louais sa réaction. De deux solutions, mieux valait choisir la moins pire. La guerre venait de se finir, mais la riposte devrait s’organiser. Et pour cela, il fallait des survivants. Le sentiment d’être un lâche m’assaillit pour mieux s’évanouir lorsque j’élevais mes pensées vers le but à long terme. Athéna n’aimerait probablement pas que nous nous sacrifions dans une bataille désormais vaine. Mais avant de quitter les lieux, je me tournais vers l’ancien adversaire de Shion qui m’avait apostrophé auparavant.

Toi non plus, tu ne devrais pas rester ici. Si tes précédentes paroles sont le reflet de tes réelles pensées, suis-nous. Que ce soit en ami en devenir, ou en prisonnier si nécessaire.

J’appuyais ce mot lourd de sens d’un sourire complice. Je savais qu’il en lirait le sens véritable. A lui de choisir. Nous accompagner, ou demeurer en ce lieu où la mort allait fondre d’un instant à l’autre.

Temple du Cancer

Le Lion allait continuer son avancée lorsque Kappa surgit de nulle part, l’apostrophant sans vergogne. Voilà bien le Verseau, froid comme la glace, mais nerveux comme pas possible ! Il ne semblait pas se calmer depuis qu’il était redevenu lui-même. Le fait qu’il lui parle comme à un enfant l’énerva quelque peu mais il préféra ne pas s’énerver. Il avait plus important à faire. Il resta interdit, même lorsque Gabriel lui posa une main réconfortante sur l’épaule. Il sourit au jeune Chevalier d’Or, et le regarda s’en aller.

Il n’allait sûrement jamais le revoir.

« On ne peut pas toujours suivre les ordres à la lettre, Kappa. Ce n’est pas aussi simple, et tu le sais pertinemment. Tu sais très bien pourquoi je veux monter… ». Le Saint laissa sa phrase planer quelques instants, juste assez pour que Kappa comprenne toute la profondeur de ces mots, mais sas alerter pour autant les autres protagonistes alentour. « Je dois sauver le Grand Pope, coûte que coûte. »

C’était vrai. En partie. Le Lion comptait donner sa vie pour sauver Shion, mais sa priorité restait Athéna. Il fallait l'évacuer. Coûte que coûte. Il répondit alors à l’invitation, voire plutôt l’ordre du Régent. Prenant le bouclier accroché dans son dos, il le tendit au Verseau qui le prit sans attendre.

« Bien sûr que non, je n’allais pas me diriger là-haut avec le Boulier. Je savais que je te rencontrerais sur le chemin. »

Alors que le Verseau prenait le bouclier, Corell regarda une dernière fois son confrère. Kappa avait un sale caractère. Mais ce n’était pas un mauvais bougre. Il saurait épauler Shion pour reprendre le Sanctuaire en temps voulu. Il lui fit un ultime sourire.

« Je ne pense qu’on ne se reverra, l’ami. Quoi qu’il arrive là-haut, je suis condamné. Un dernier conseil, Régent du Sanctuaire : éviter de parler aux Saints comme à des enfants, sinon ils ne t’écouteront jamais. Sublime-les, au lieu de les diriger… »

Sur ces paroles et ce sourire qui ne faiblissait pas, le Chvalier d’Or se dirigea vers la sortie de ce qui avait été autrefois le Temple du Lion. On peut entendre une dernière fois ses paroles, lancées au vent d’un ton léger.

« Enfin je dis ça, je dis rien… Après tout, je ne suis que le Lion. Je sais combattre, pas diriger… »

==> Statue d'Athéna, si pas d'interposition

Le Lion tiquait à chaque fois que le Verseau lui donnait un ordre. S’il ne le relevait pas, le régent le voyait, et le sentait, et il ne l’oublierait pas. Corell était un instinct insoumis, aimant être le centre de l’attention. C’était un fait depuis longtemps établi. Ce n’était pas un problème pour Kappa car c’était aussi un vétéran et un combattant redoutable, prêt à tout pour protéger Athéna. Ses agissements irréfléchis mais emplis d’héroïsme n’étaient pas l’apanage de tous. Le chevalier du Lion était de ceux là, et quoi qu’il en pense ou dise, le Mage des glaces avait besoin d’hommes tels que lui. Sa manière de lui répondre le fit tiquer, mais il ne répondit rien malgré tout, et prit le bouclier pour le fixer à son tour solidement dans son dos.

En temps normal, il ne l’aurait pas laissé monter. Mais il s’agissait de Corell, et les temps n’étaient pas “normaux”. Le Lion s’était mal débrouillé face à Minos, et il s’en voulait qu’un de ses frères d’armes ait du sacrifier sa vie pour sauver la sienne. Il voulait racheter son honneur et redorer son blason: ce n’était pas difficile à deviner ni à comprendre. Surtout pour Kappa ! Car même s’il ne l’admettrait jamais, lui même avait échoué à sa manière durant cette bataille. Sans les responsabiliés qui lui incombaient, peut être se serait il lancé lui même à l’assaut de la flotte du Garuda pour sauver Shion et Athéna. Une erreur qu’il aurait commise, pour de mauvaises raisons. Il s’en rendit compte en observant le chevalier du Lion s’éloigner en courant. Parfois, les obligations nous préservent contre nos propres erreurs. C’est une chose que le Verseau nota, cette nuit là. La voix du Lion résonna une dernière fois et un léger sourire amusé se dessina sur les lèvres du chevalier des glaces : Corell ne pouvait s’empêcher d’avoir le dernier mot.
- Laisses donc à ceux qui le doivent la corvée de diriger, et fais ce que tu fais de mieux... Bats toi... ! Lui rétorqua t’il pour que le Lion l’entende.

Mais ce sourire disparut quelques secondes plus tard et une lueur inquiète passa dans dans son regard azuré : Corell ne disait pas au revoir... il disait adieu...
- Pauvre fou... murmura faiblement Kappa en voyant son ami se jeter dans la gueule du loup pour des raisons insuffisantes selon lui.
Malgré tout, il sourit une dernière fois en fixant la pénombre ou Corell avait disparu, et quelques mots murmurés se transformèrent en un flocon de neige, qui se mit à voleter en direction de son destinataire : Corell. Ce message ne lui était destiné qu’à lui, et à lui seul :
- Adieu, l’ami ! Et merci pour tout...

Là dessus, Kappa se tourna vers la sortie menant à la maison du Cancer. A présent qu’il détenait à nouveau le bouclier, il n’avait plus rien à faire ici ! Il devait mettre l’artéfact en sûreté, à Jamir ! Sans plus attendre, il dévala les escaliers menant à la maison du Cancer.

Temple des gémeaux

Tous semblaient maintenant quitter le temple du Lion, le message finalement transmis à Gabriel de la Vierge pour Shion, je n'avais plus rien à faire au Sanctuaire pour le moment du moins. J'observais la situation des plus étranges entre deux chevaliers d'or l'un souhaitant aller aider Shion, l'autre avec le bouclier d'Athéna sur le dos préconisait la retraite et il avait bien raison d'agir ainsi. Les hordes allaient déferler et je sentais déjà que le cosmos de Shion explosait en haut du Sanctuaire. Si ce chevalier allait l'aider, il avait tout intérêt à réussir son sauvetage téméraire qu'il était.

Témérité ou imprudence, il était passé sans se soucier de moi, fort heureusement l'agressivité présente dans son cosmos m'aurait bien vite balayé. Tant pis pour lui au final s'il voulait mourir. Je me retrouvais alors seul ou presque dans le temple mais mon attention s'était portée bien au-delà du Sanctuaire. Comme attirée par une force invisible, mon attention n'était plus portée sur ce qui se passait ici mais bel et bien ailleurs...

Je ne savais pas où les saints allaient se rendre mais mon inconscient m'indiquait cet endroit sans que je ne puisse savoir pourquoi. Très bien, j'irai là-bas. J'étais néanmoins tiraillé entre sauver Shion ou trouver mon propre chemin seul. Je ne pouvais le faire, il s'en sortirai bien tout seul, affronter les troupes du Garuda moi-même aurait vite montrer aux autres ma traitrise, je ne pouvais le permettre pour le moment.

Les cheveux toujours de la même couleur, je portais mon attention sur mes ailes qui reprenaient peu à peu leur teinte sombre... heureusement. Bien que je n'avais plus aucun sentiment positif allant à l'égard des spectres, l'armure demeurait mon alliée et quand bien même j'avais changé, j'étais satisfait de voir qu'elle avait gardé son aspect initiale. Si belle, si imposante, si majestueuse... le surplis du Bénou était vraiment une merveille.

Je pris donc la direction des temples inférieurs où je croiserais certainement nombre de mes anciens alliés... espérant à la fois qu'il me reconnaissent et qu'ils ne m'aient jamais croisé encore. Les spectres avaient gagné, ma présence étant maintenant inutile en ces lieux et j'étais persuadé que là où j'allais... le destin allait une nouvelle fois me malmener.

→ Temple des Gémeaux

Temple du Lion (Combat VS Sylphe)

Calmement, Jason sortit du temple et s’arrêta sur le perron de la cinquième demeure zodiacale. La nuit arrivait à son terme, et il sentait cet étrange orage s’éloigner peu à peu. Son corps était endolori, mais il se trouvait chanceux de ressortir en si bon état, considérant qu’il avait abattu deux chevaliers d’Or. Un sourire mauvais affiché sur son visage, il fixa les demeures en contrebas, ressentant les cosmos terrifiés des saints fuyant pour leur vie. Il se retourna, et observa le temple du Lion, ou du moins ce qu’il en restait, et un puissant sentiment de satisfaction s’empara de lui : enfin, après toutes ces années, sa vengeance était accomplie ! Même si l’ordre parvenait à s’en remettre, le coup porté avait été terrible. Une page se tournait pour le jeune garçon effrayé qu’il avait été tant d’années plus tôt. Il avait vécu si longtemps avec cette rage au ventre, cette volonté de détruire le sanctuaire. Il avait méthodiquement planifié sa vengeance : il avait commencé par éliminer avec l’aide de Lydia tous ceux qui avaient été présents la nuit du massacre de sa famille, puis s’était trouvé un allié suffisamment puissant pour s’attaquer au Sanctuaire sacré lui même. Et à présent qu’il se tenait sur les dalles maculées de sang de ce même Sanctuaire, il sentait que cette époque de sa vie était révolue.

Son objectif suivant se trouvait à présent à Londres. Car si ces derniers mois, le Démon avait focalisé son attention sur Athéna et son culte, il n’avait jamais oublié une seule seconde celui qui avait ruiné sa vie pour autant. Même s’il ne disposait d’aucune preuve, il était certain que Phoebus se cachait derrière la disparition de Lydia et la destruction de White Rose. A présent qu’il se sentait libéré de sa promesse envers Minos, il savait que sa vie en temps qu’Inferno, spectre du Démon, touchait à sa fin. Ce nom mourrait en même temps que la fin de sa coopération avec le surplis d’Hadès. Il l’avait toujours prévu, et ce moment était enfin arrivé. Sans même qu’un mot ne soit prononcé, le surplis du Démon se détacha du corps de l’assassin et se remonta face à lui. Jason l’observa un instant, et rompit le silence :
- Dis à Minos que ma mission est accomplie, et que mes obligations envers lui sont terminées... Et que c’est un adieu...
Aussitôt, le surplis s’envola en direction du leader des enfers, pendant que Jason savourait sa liberté retrouvée, le visage dégoulinant de pluie levé vers le ciel.

Toutefois, son visage se rassombrit bien vite. Il connaissait son prochain objectif, mais comment faire pour l’abattre ? Phoebus s’était montré meilleur que lui à tous les niveaux. Seul, son surplis aurait pu lui permettre de prendre l’ascendant sur son double démoniaque. Et il ne voulait pas mêler Hadès et ses surplis à ses problèmes personnels. Il ne voulait d’ailleurs plus rien avoir à faire avec les spectres. Il les avait assez vus.
Mais le problème restait entier : la dernière fois qu’il l’avait affronté, Jason avait bien failli perdre la vie. Et tout ce que Phoebus lui avait dit cette nuit là était vrai. Il le connaissait par coeur : ses faiblesses, ses gestes, sa façon de penser, de se mouvoir, ses hésitations, ses peurs. La solution finit par lui sauter au visage : il ne pouvait pas l’abattre lui même. Il lui faudrait faire appel à une tierce personne. Il détestait cette idée mais il ne voyait que cette solution de viable. Mais qui serait assez fou pour... ? Son visage se détendit et un léger sourire amusé se dessina sur ses lèvres quand il vit l’homme qui pourrait résoudre tous ses problèmes surgir des ombres, toujours aussi décontracté, un colis sur l’épaule. Evidemment ! C’était l’homme idéal !

Devant le cinquième temple du Zodiaque, Kyro était assis sur la tête de l'un des énormes lions de pierre, la jeune fille qu'il avait prise à Ahina toujours endormie sur son épaule. Comme à son habitude, le borgne n'émettait pas une once d'aura et avait vu Inferno passer sans que lui ne le remarque tout comme il avait vu Kappa quelques instant avant fondre comme un fromage à raclette devant Ahina.

Kyro avait frappé la jeune femme à la tête avec peu être un peu plus de violence qu'il n'aurait souhaiter y mettre et cela avait semblé agir sur sa psyché. Perdue et désorientée elle avait tout mis sur le dos du Verseau lorsque celui ci avait pointé le bout de son nez. Dans l'ombre le mercenaire c'était régalé en voyant le même homme perdre une seconde fois la femme qu'il aimait. Un homme bizarre avait fait son apparition et celle qui avait été le Scorpion l'avait suivit, mettant les nerf plus que jamais au régent d'une sanctuaire en ruine. Il avait fallu une bonne dose de self contrôle au borgne pour ne pas rire et dévoiler sa présence, l'énervement de Kappa avait fait le reste pour masquer la présence du borgne à ses yeux.

Cette fois c'était un tout autre éclat qui se reflétait sur le visage de l'homme qui venait de sortir à son tour, le plaisir ? Non pas réellement... il avait trouvé, c'était la satisfaction. Inferno était un homme satisfait cela ne faisait plus aucun doute et les mots qu'ils porta à son surplis ne firent que confirmer les impressions de Kyro, le fruit était mûr il ne restait plus qu'à le cueillir. Sautant de la statue sur laquelle il avait élu domicile, il s'avança dans le champ de vision de l'ancien spectre avec lequel il partageait quelques traits. S'il avait vu juste, il ne s'agirait que d'une page de sa vie qui se tournait, la fin de l'ouvrage lui restait encore à écrire et qui mieux que Kyro pouvait savoir à quel point il était dur de sortir de cet engrenage...

-Alors, tu va faire quoi maintenant ?

Kyro, ancien Requin, ancien Marina, paria, et renégat. Parfois, en l’observant, et malgré le peu d’informations dont il disposait à son sujet, Jason s’étonnait à penser que tous deux formaient comme les deux faces d’une même pièce. Ils se ressemblaient en de nombreux points, et de toute évidence, le passé de l’ancien marina était ombragé et douloureux. Il l’observa en silence, son regard traînant un instant sur le colis inhabituel qu’il transportait. Mais il ne posa aucune question. Il connaissait les règles du jeu, tous deux étaient de la même nature, de la même trempe.
- Passer à la cible suivante... lui répondit il simplement en se tournant totalement face à lui. J’ai autre chose à régler avant d’être totalement libre de penser à mon avenir...
A nouveau, les deux prédateurs se jaugèrent : Jason hésitait toujours. Kyro était l’homme idéal pour mettre fin à Phoebus. Mais... cela signifiait lui devoir une faveur... Une hantise que le londonnien exécrait au plus haut point. Toutefois, il n’était pas idiot : sans son aide, jamais son double démoniaque ne mordrait la poussière. C’était un fait.

Il prit donc sa décision, après un long soupir, et s’avança de quelques pas vers Kyro avant de poursuivre :
- Et j’ai d’ailleurs une proposition à te faire. J’ai besoin de tes talents...
Rapidement, Jason expliqua son problème : Phoebus, son origine, le tour qu’il lui avait joué lorsqu’il avait touché le surplis pour la première fois, la nuit où il l’avait combattu et avait fini entre la vie et la mort. Il lui raconta tout jusqu’au moment où Kyro pouvait lui même faire le lien, ayant été présent en personne sur les lieux : l’incendie du manoir, la mort de ses serviteurs, et la disparition de Lydia. Il ne nomma la jeune femme qu’une seule fois. Il ne l’aurait pas fait si Kyro n’avait pas connu son existence, mais ayant été l’hôte d’Hadès, il la connaissait obligatoirement. Il lui exposa finalement ses intentions, et sa volonté d’éliminer définitivement le Démon. Mais il lui expliqua les raisons qui faisaient qu’il ne pouvait pas être celui qui l’abattrait : parce qu’il avait été son hôte toutes ces années et qu’il avait copié son propre corps, Phoebus possédait un avantage tactique de connaissances de toutes les techniques et faiblesses de Jason qui faisait que tout duel les opposant tous deux ne pouvait se finir qu’avec la défaite de l’assassin.

Enfin, lorsqu’il eut terminé son récit, il plongea son regard dans celui de Kyro :
- Je suppose que l’argent ne t’intéresse pas... je veux donc savoir ce que tu voudras en échange si jamais tu acceptes le contrat.
Le jeune Arkaios était habitué à négocier les contrats. Il ne faisait pas qu’en accepter, il en sous traitait certains. Et il avait bien compris que Kyro n’était pas le genre d’homme attaché aux choses matérielles. Et il n’était pas sûr de pouvoir accepter ce que l’ancien marina voudrait en échange de ses services...

Le sourire qui s'affichait sur le visage du borgne était impossible à déchiffrer, était il franc, sournois, carnassier ?! Peu être un peu des trois à la fois. Il n'y avait aucun doute possible, même si leurs manières et leurs méthodes différaient Inferno et lui même étaient de la même espèce, peu être était-ce là la seule explication au sourire du borgne, personne ne le saurait jamais.

L'homme qui lui faisait face avait une détermination terrible aux fond des yeux lorsqu'il fit le récit de sa situation au mercenaire et bien que Kyro eu déjà connaissance son histoire, il l'écouta patiemment. Quand il était l'hôte d'Hadès et que ses pouvoirs dépassait l'imagination, il avait regardé la nuit tragique de ceux qui étaient alors ses Spectres. Il avait vu Inferno et Lydia combattre le démon incarné depuis son trône infernal, il les avaient regarder perdre tous ce qu'ils avaient pour au final n'intervenir que lorsque tout fut terminé, la part d'Hadès en avait alors profité pour utiliser l'état psychologique d'Inferno à sa guise et grâce à sa rage il avait ravagé Asgard. La part de Kyro avait accepté ce fait et l'avait même trouvé judicieux, mais mieux valait il ne point en faire mention pour l'instant.

Encore une fois c'était une femme qui était au cœur de la chute d'un homme et cela conforta Kyro dans son idée, ces cons sur deux pattes n'étaient bonnes qu'à se faire trousser sur un tonneau, il fallait bien que le corps exulte et c'était là leurs seul intérêt, attachez vous y et vous chuterez irrémédiablement. Ce n'était cependant ni le lieu ni le moment de philosopher sur ce point et le mercenaire revint vers l'homme qui voulait louer ses services, les contrats qu'il c'était vu confiés durant cette guerre n'avait guère aboutis. Dans l'absolu il s'en tamponnait un peu, il n'avait jamais promis la réussite néanmoins il n'en obtiendrait pas le payement et dans le cas de son accord avec le vieux Jack cela l'emmerdait.

-J'ai également un petit problème personnel qu'il me faut régler, que dirais tu d'un échange de bons procédés ?!

Le borgne aurait voulu le recruter pour paiement de cette mission qui l'aurait délivrer à jamais, il s'était bien rendu compte qu'il était difficile pour un homme seul de remplir les contrats qui lui avaient échu aussi un compagnon d'arme multiplierai d'autant ses chances de succès prochaines, mais le prix à payer pour l'assassin aurait peu être était trop élevés à ce moment de leur relation aussi se contenta t'il de lui proposer un simple échange d'aide. Il ne pouvait être sûr de le recruter gratuitement par la suite, néanmoins il savait aussi que les liens qui se créaient sur le champ de bataille lorsque l'on remettait sa vie entre les mains d'un autre étaient plus durs que ceux du sang. Il aurait tout le loisir d'en faire un allié définitif plus tard, alors d'un simple geste de la main il lui indiqua le flanc de la falaise, à présent que les protections d'Athéna étaient tombés ils pouvaient sortir du Sanctuaire comme ils voulaient.

Comme prévu, l’ancien marina n’était pas intéressé par l’argent. Il avait déjà des projets en tête pour l’assassin. Ce détail ne passa pas inaperçu pour Jason, mais il fut davantage attiré par les auras qui se rapprochaient par le sud. Alors qu’ils discutaient et que peu à peu la nuit cédait la place à l’aurore, la vague spectres arrivait à vive allure pour s’emparer de son butin de guerre si durement acquis. Il était donc temps pour les deux parias qu’ils étaient, Kyro et lui, de quitter les lieux. Tout en se perdant dans la contemplation de la ligne d’horizon d’où arrivait l’armée ennemie, Jason réfléchit rapidement à la contre proposition du Requin : Phoebus devait être abattu, c’était sa nouvelle priorité. Et pour ça, il était prêt à y mettre le prix.
- Entendu ! Je t’aiderai à mon tour, si je le peux. Mais nous en parlerons plus tard. Je n’ai pas envie d’être là quand cette bande de larves grouillantes viendra s’arracher les trésors de guerre du Sanctuaire. Je les ai assez vus quand je devais coopérer avec eux...

Tout en parlant, Jason s’éloignait déjà du Temple du Lion, et repéra une zone d’où ils pourraient descendre rapidement en bondissant de rocher en rocher le long de la descente à pic. En temps normal, c’était une chose impossible, mais le Sanctuaire étant dépourvu de ses défenses, il était inutile de perdre davantage de temps.
- J’ai des amis à Londres qui pourront nous loger le temps qu’on prépare un plan pour éliminer Phoebus. En attendant, la route jusque là bas est longue, et je suis un peu fatigué, alors on ne devrait pas traîner ici. Allons y !
A ces mots, l’ancien Démon descendit la pente en se récupérant avec souplesse et agilité à chaque fois que le sol instable se dérobait sous ses pieds. En quelques secondes, les deux tueurs furent à flanc de falaise. Tranquillement, ils avancèrent tous les deux et Jason ne put retenir un baîllement, il était en vérité épuisé. Il apprécierait d’autant plus l’hospitalité de ses amis. Il se tourna vers l’édifice sacré une dernière fois, et un véritable sourire carnassier illumina son visage cerné : il en avait fini avec les saints ! Il les avait détruits ! Oeil pour oeil et dent pour dent, le premier principe de vengeance. Vieux comme le monde. Mais toujours aussi efficace... pensa le jeune Arkaios avant de rattraper Kyro et de quitter les lieux.

???

L'assassin avait répondu favorablement au prix que Kyro lui avait imposé et bien que ce dernier avait senti une pointe de réticence dans ses yeux, il y avait également perçut une résolution terrible. L'ancien marina comprennait bien la position de son nouveau compagnon de route, il y a quelques années, il aurait certainement combattu le démon jusqu'à la mort de l'un ou de l'autre s'il avait été à sa place, mais aujourd'hui qu'en serait il ?!

Force était de constater qu'il n'en savait rien, cette guerre avait été riche en informations de toutes sortes, mais Kyro n'avait pas obtenu ce qu'il était venu chercher. Le vieux Jack aurait probablement put lui mentir, mais son instinct lui chuchotait que la révélation était authentique. Une moue résigné apparut alors sur son visage, il lui faudrait trouver d'autre indices, une autre voie, un autre moyen de pression.

Alors qu'il sautait de rochers en rochers le long de la falaise grecque avec son paquet toujours endormie sur son épaule, le Requin se retourna pour attendre Inferno qui semblait s'être retourné une dernière fois sur son oeuvre, après tout il était censé le suivre. La vue du jeune homme lui redonna pourtant le sourrire, un rictus plutot qui en disait long sur les plans retors qu'il échaffaudait.

-Et sinon tu aurais pas un vrai prénom ?!

Il y avait de fortes chances qu'Inferno ne soit qu'un pseudonyme destiné à répandre les rumeurs et sa réputation, de nombreux Spectres en était doté et cela était également courant lorsqu'il s'agissait de faire couler le sang et les larmes. Kyro lui n'en avait jamais éprouvé l'utilité, en fait il ne s'était pas franchement posé la question et si Inferno était vraiment son prénom et bien il se contenterai certainement de l'envoyer chier. Le borgne sourit à cette hypothèse, d'un sourrire franc qu'on ne reserve en général qu'à ses amis pourtant Kyro n'en avait jamais eu. Il ne s'en rendit pas compte, mais peu être partageait il plus que ce qu'il pensait avec l'ancien spectre.

=> Londres

Connard

=> Combat contre Celsius

Une étoile rouge et une étoile noire, ensemble … Elles chutent, elles valsent pour une dernière danse, s'écrasent finalement, se relèvent, pleurent, rient, dansent encore. Elles s'aiment, elles se haïssent, l'étoile rouge se détourne, s'enfuit si loin que le ciel veut la garder de nouveau pour lui. Leurs chemins se recroisent : elles s'affrontent, se pardonnent, l'étoile noire meurt. Disparaît à jamais, pour toujours elles ne pourront plus vivre.

Une étoile rouge et une étoile noire. Il ne reste plus que l'étoile rouge, abandonnée, trahie, rongée par la culpabilité : c'est le sang de son astre qui lui souille les mains. La Stella Rubius est si destructrice. N'est-elle pas la Voix qui précède la Mort ?

Poussière tu redeviendras poussière. Cette pensée fugace me revenait en mémoire alors que l'ancien Saint des Poissons partait pour d'autres horizons. Il s'envolait en un millier de petits grains de poussière sans que je puisse en recoller les morceaux épars. Il était trop tard. Ma main toujours dans la sienne, je sentais celle-ci perdre de sa chaleur – le peu que j'en percevais encore – et, d'un seul coup, elle me fut retirée, volée. Relevant la tête, je ne sus que hurler mon désespoir. Mon cosmos qui s'était mêlé au sien éclata aussi pour accompagner les derniers points scintillant. Je l'accompagnais d'une certaine façon jusqu'à sa dernière destination. Je n'arrivais pas à le croire, à réaliser ce que j'avais fais.

« Connard. » lâchais-je en retirant mes mains de mon visage baigné de larmes et de pluie. « Dans l'éternité, mon cul. »

Je riais, d'abord doucement à mes propres propos, puis contre moi-même, ma sottise, de plus en plus fort. Quand mon hilarité se calma, je me redressais avec la lenteur d'une marionnette désarticulée. Ils étaient tous partis, je ne sentais plus personne aux alentours. Ou si.

« Qu'est-ce que tu fous encore là, enfoiré ? » fis-je dans la direction des ombres. « Barres-toi, avant que je te mettes mon pied au cul. T'es bien un Marina que je sache. Bien, tu vas délivrer un message pour mon paternel. Je te demande pas ton avis, t'écoutes et tu fermes bien ta mouille, merci. »

Qu'il soit d'accord ou pas, peu m'importait. Mes instructions données, il était temps pour moi d'aller décrocher une étoile du ciel.

=> Les Enfers

« Est-ce que c'est un ordre de la Prêtresse... Ou d'une femme désespérée? »

« Ce n'est pas un message que Jack veut voir lui revenir, mais sa fille. Tu as un foyer qui t'attends, Mary. Ne fait pas l'erreur de n'y retourner que pour le voir brûler. »

« Kuro... Où est-elle? »

« Je suis désolée, Minato... Les Spectres l'ont capturé. Elle est détenue dans une prison, en bas du Sanctuaire. L'endroit est complètement submergé. »

« Allons-y. Les navires nous attendent. »

Cap Sounion

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