La garde attend la relève (Entrainement Kyros & Corell)

Un bâillement s’échappa sans que je puisse le contrôler. Il fallait bien avouer que garder un temple vide s'avérait être bien plus pénible et ennuyant que je ne l'aurais imaginé. La tâche d'un Chevalier d'Or était déjà loin d'être simple, mais si en plus il leur fallait monter la garde de cette manière la plupart du temps, alors, je ne les enviait pas le moins du monde pour avoir atteint leur rang.

Il est évident que tout Chevalier espère un jour atteindre le rang de Chevalier d'Or. Qui pourrait refuser un tel honneur. Mais soyons francs, pour endosser une Armure d'Or, cela signifierait que mon Maître n'était plus capable d'assurer son rôle de Chevalier et malgré tout, je n'avais pas encore atteint son niveau. Je ne me voyais pas faire un aussi bon Chevalier du Verseau que lui.

Mais, quoiqu'il en soit, on m'avait assigné cette tâche, en l'absence du Chevalier d'Or du Lion. On n'avait pas revu Corell depuis la disparition d'Athéna. Lui aussi semblait avoir déserté, tout comme je l'avais fait, mais contrairement à moi, il n'avait donné aucun signe de vie depuis plusieurs mois. C'était assez inquiétant, surtout lorsque l'on sait qu'il était prêt à affronter ses compagnons pour défendre la "mauvaise" Athéna. Mais, il n'avait pas été le seul à être dupé. Et il avait pris une décision sur ce qu'il pensait être juste, personne ne pouvait lui en vouloir.

Je m'adossais à un pilier, puis fermait les yeux. Je n'avais pas grand chose à faire. Je ne me permettait pas de fouiller dans les appartements du Chevalier du Lion pour y trouver quoique ce soit pour passer le temps. Il me faudrait prendre mon mal en patience.

C'est alors que je senti un Cosmos s'approcher du Temple. Sans prendre le temps de bien me concentrer, ce qui, je l'avoue, révélait d'un manque de volonté de ma part, je tentais de reconnaître ce Cosmos. Néanmoins, je ne parvenais pas à lui associer un non, un visage. Serait-ce le Chevalier du Lion qui serait de retour? Voilà qui serait un coup de théâtre assez extraordinaire. Je ne pouvais cesser de sentir un certain amusement si une telle situation venait à se réaliser...et je n'étais pas au bout de mes surprises!

>> Monde

La montée des marches du Zodiaque n’avait jamais été aussi éprouvante. Pourtant, il aurait dû en être autrement. Fait rare, l’homme ne portait pas son armure, et pouvait donc profiter à loisir de la douce brise Grecque qui compensait un tant soit peu le soleil tapant. Mais chaque pas restait un calvaire. Il se sentait à présent comme un étranger, un homme qui n’était plus à sa place. Pourtant, il en était à présent convaincu, il avait ouvert les yeux : il ne pouvait pas être autre part. Il avait refusé sa destinée bien trop longtemps. Il était grand temps pour le Lion de reprendre la place qui était la sienne.

L’Ordre des Douze n’avait que trop attendu. Leur patience méritait louanges.

La Maison du Lion était devant lui. Sa demeure, le centre du monde à ses yeux. Il y avait passé tant de temps. Il avait regardé tant de couchers de soleil depuis cette place élevée, entre les deux gigantesques Lions de pierre. Oui, il était chez lui, il le savait. Mais cette étrange impression d’être un intrus ne le lâchait pas.

Ma honte me rattrape enfin…

Oui, il ne pouvait y avoir d’autres explications. Il avait refusé sa place, il avait fui ses responsabilités. Il en avait eu besoin. Mais il l’avait fait de manière si abrupte que même l’armure du Lion avait choisi un autre porteur.

Et cela, il avait bien du mal à l’accepter.

Pourtant, le courage ne lui avait jamais fait faux bond. Il se reprit et entra d’un pas décidé dans l’Antre du Lion. Aussitôt, il fut accueilli par une vieille connaissance : le Chevalier du Cygne. Corell sourit à voir le Chevalier du Bronze. Le jeune homme avait grandi. Rien qu’à sa prestance, à son regard et à l’intensité du cosmos qui l’habitait, on devinait aisément à quel point il avait mûri. Bien qu’ils se connaissent peu, le Lion avait toujours perçu le jeune homme comme un des éléments les plus prometteurs de l’Armée d’Athéna.

« Salut, Kyros. Cela fait longtemps. Tu gardes mon Temple ? Je t’en remercie… »

Le Cygne, bien qu’il ait pu ressentir le cosmos du Lion qui approchait, mit quelques secondes à se reprendre. Après tout, l’Armure d’Or avait trouvé un nouveau porteur… Pour le Sanctuaire, Corell était disparu, présumé mort. Son retour soudain allait en étonner plus d’un.

Le Lion d’Or porta alors un regard surpris sur l’autel qui siégeait au centre du Temple. Autel où aurait dû se trouver son armure.

« Mon armure n’est pas ici… As-tu une idée où elle e trouve ? J’ai entendu dire que mon… Remplaçant… Etait porté disparu et que l’Armure d’Or était vacante. »

Corell avait tiqué sur le mot, symbole évident de son état d’esprit vis-à-vis de cet inconnu qui avait endossé l’Armure du Lion en son absence. Pas de colère, juste… Une profonde gêne, et une incompréhension. Après tout, l’homme avait par le passé traversé mille tourments. Pendant six années, alors qu’il était amnésique, l’Armure ne l’avait pas trahi. Pourquoi cette fois-ci, elle avait renoncé à lui ? Le mystère restait entier.

« J’ai été absent du Sanctuaire bien longtemps. Que s’est-il passé durant mon absence ? »

J'ignorais quelle expression mon visage démontrait lorsque je le vis entrer soudainement dans la cinquième demeure du Zodiaque. Je pensais même être en train de rêver. C'était tout simplement improbable que ce soit bien "lui", disparu depuis plusieurs mois.

De plus, il entrait dans son Temple et s'adressait à moi comme si de rien n'était. Mais où diable était-il passé? Tous le croyait mort, personne n'avait de nouvelles et le voilà qui, au bout de presque une année, réapparaissait miraculeusement. Je ne parvins pas à lui répondre, pas sur le moment. Je devais avoir la bouche ouverte, les yeux écarquillés, bref, une expression pathétique! Mais le choc avait été grand. Jamais, en acceptant de garder le Temple, je n'aurais pensé le revoir. Je parvenais enfin à bégayer quelques mots, mais je restais loin de déballer tout ce qui me venais à l'esprit.

- Je...de rien! Mais qu'est-ce... où?

Sans vraiment me aire comprendre, Corell scrutait les alentours de son temple. Il remarquait alors que l'Armure du Lion ne se trouvait pas sur l'autel. Il me posa donc la question. Seul soucis, je n'en avais pas la moindre idée.

- Mon armure n’est pas ici… As-tu une idée où elle e trouve ? J’ai entendu dire que mon… Remplaçant… Etait porté disparu et que l’Armure d’Or était vacante.

Je me reprenais finalement. J'adoptais une attitude sérieuse, laissant la perplexité qui m'habitait disparaître peu à peu. J'ignorais effectivement où était l'Armure du Lion, mais j'avais un bon nombre de question à poser à Corell.

- Je l'ignore! J'ai été absent du Sanctuaire récemment, en mission. On m'a simplement demandé de prendre la relève pour la garde du temple du Lion!

Je m'apprêtais à lui poser la question fatidique, à savoir où il avait passé ces longs moins et pourquoi n'avait-il jamais prévenu qu'il était encore en vie. Certains avaient même été jusqu'à dire qu'il avait déserté, mais cette idée sonnait tellement faux à mes oreilles. Il est vrai que Corell et moi ne nous connaissions pas très bien, mais, il avait toujours été évident pour moi que le Chevalier du Lion était l'un des plus fervents serviteurs d'Athéna.

- J’ai été absent du Sanctuaire bien longtemps. Que s’est-il passé durant mon absence ?

Je m'approchais de lui, le dévisageant. Mon regard était des plus sérieux. Il ne pouvait pas simplement revenir, demander ce qui s'était passé en son absence sans avant même la justifier! Pas sans lui dire ce qu'il avait fait pendant presque une année.

- En effet, vous avez été absent bien longtemps Corell! Trop longtemps. Nous vous croyions mort et vous voilà ici devant moi, ressuscité du monde des Morts! Où diable avez-vous errer pendant si longtemps? Pourquoi n'avons-nous jamais eu de vos nouvelles? Je crois que, avant que je vous dévoile quoique ce soit, j'ai besoin de réponses à mes questions.

Par méfiance, je me devais de considérer l'hypothèse de ne pas être en présence de Corell, mais d'un imposteur. Le Cosmos ne saurait mentir pourtant, mais, l'expérience me disait que prudence est mère de sûreté. Avant d'être certain qu'il s'agissait bien du Chevalier du Lion et qu'il n'était pas devenu un espion, je me devais de lui en révéler le moins possible!

Le Lion croisa les bras, le regard dans le vague, embarrassé. Il était partagé entre le respect qu’il avait envers le Chevalier de Bronze et sa position de Chevalier d’Or. Kyros avait toujours été présent pour Athéna. A maintes reprises, il avait prouvé son courage, son honneur et son pouvoir en sortant vainqueur de multiples combats notamment aux Enfers. Il méritait des réponses à ses questions.

Mais parallèlement, Corell avait du mal à se dévoiler. Son absence ne provenait que d’une profonde tristesse et de remords. Il n’y avait pas de réelle raison à son départ… Hormis le besoin de temps pour digérer la disparition d’Athéna. De bien piètres émotions, surtout pour un Chevalier d’Or.

Mais tu n’es plus un Chevalier d’Or… Du moins, pas tant que l’Armure d’Or ne t’aura pas accepté à nouveau.

Cette pensée lui était venue malgré lui. Kyros se trompait. Corell souhaitait revenir, il avait fait le deuil de ses erreurs passées. Mais il ne redeviendrait pas un Chevalier tant que son armure ne l’aurait pas accepté.

Et il n’avait aucun moyen de savoir si son armure l’accepterait.

« Ma disparition n’a que peu de valeur. Je n’étais pas entre la vie et la mort, ou dans quelque mission secrète… La réponse est beaucoup plus simple.

Toute ma vie, je me suis donné corps et âme à Athéna. J’ai tant sacrifié pour elle… Et j’en suis très heureux. Je ne regrette rien, bien au contraire. Je donnerais ma vie pour elle. A un point que tu n’imagines pas. Par le passé, Athéna m’a sauvé une fois. Elle m’a offert sa vie, en échange de ma loyauté. Je ne pourrai jamais oublier cela. Et je l’ai d’autant plus respectée et admirée suite à cet acte de profonde confiance, de foi en moi.

Il y a six mois, lorsqu’Eris a pris la place d’Athéna, j’ai fait le mauvais choix. Bien que mes actes n’étaient portées que par lé résolution et la réconciliation j’ai choisi la mauvaise Déesse. Heureusement que Zeus a levé la supercherie, car j’ai encore peu, aujourd’hui, des actes que j’aurais pu commettre.

J’ai beau être un Chevalier, je suis un homme avant tout… Et un homme peu douter. J’ai cru que je l’avais trahie. J’ai vraiment cru que si j’avais choisi différemment, elle serait encore là parmi nous. Tristesse, remords, honte… Appelle cela comme tu veux. Je n’avais plus foi en moi, en mon pouvoir, en mes décisions. Qui a de grands pouvoirs a également de grandes responsabilités… J’ai fait de mauvais choix, et j’ai faillit utiliser les Crocs du Lion contre Athéna.

Il m’a fallu digérer cela. »

L’homme se mit soudain à sourire, le regard s’éveilla dans le lointain.

« Mais un homme m’a montré la voie. Un homme qui deviendra peut être un jour un Chevalier d’Athéna, lui aussi. Je n’ai plus de doutes maintenant. Je suis prêt à redevenir ce que je suis. Le Lion d’Or… A condition que mon armure veuille encore de moi. Raconte-moi ce qu’il s’est passé durant mon absence s’il te plaît. Puis, j’irai voir le Grand Pope… Si nous avons un Grand Pope. Souhaites-tu m’y accompagner ? »

Corell avait accédé à me raconter ce qu'il était devenu, même si je compris bien vite qu'il éviterait de trop en dévoiler. Il expliquait ses raisons, le pourquoi de sa soudaine "disparition", les remords qu'il ressentait, mais à aucun moment il ne m'avait dit où il avait passé ces derniers mois, ni-même les véritables raisons qu'il l'avait poussé à revenir.

D'ailleurs, ce mystérieux homme dont il avait évoqué l'existence, et étant, semble-t-il, celui qu'il l'avait convaincu de revenir, renforçait ma première impression. Serait-ce réellement le véritable Corell? Celui que j'avais connu par le passé et qui était considéré comme le plus puissant Chevalier d'Or du Sanctuaire?

Par méfiance, je ne pouvais le considérer comme étant le véritable Chevalier du Lion. De plus, et comme il l'avait si bien souligné, il n'était plus le porteur de l'Armure d'Or du Lion. Ce qui ne me permettait pas de me convaincre pleinement de la véracité de son identité.

Et pourtant, sa voix, son regard, ses gestes. Tout était similaire à la mémoire que j'avais de lui. Tout comme Athéna! Et pourtant, nous avions été dupés, Corell le premier. Il ne m'était donc pas aussi simple de faire confiance à mes yeux et de baisser ma garde face à un potentiel ennemi. Peut-être étais-je trop prudent? Mais on m'avait confié la garde de ce temple, hors de question que je laisse passer un ennemi en me faisant duper de la sorte!

Cependant, Corell désignait s'entretenir avec le Grand Pope. Mais avant cela, il me fallait le "tester". Après tout, j'étais le gardien de ce Temple, même si ce n'était que temporairement. Je pouvais donc décider de le laisser passer...ou non!

- Shion est devenu le Grand Pope! Cependant, il ne te sera pas possible de le voir!

Je faisais alors éclater mon Cosmos, propulsant mon Armure hors de mon corps. Nous étions à présent tous les deux sans protections. Mon Cosmos s'élevait alors petit à petit, tandis que le froid s'installait lentement entre les parois du cinquième temple zodiaqual.

- En tant que gardien de ce Temple, je ne n'autorise pas à passer Corell!

Je le tutoyais, ce qui était impensable il y a encore quelques mois. Mais, ayant perdu son Armure et donc son rang, il n'était plus Corell, Chevalier d'Or du Lion, mais simplement un "étranger".

- Cependant, si tu me bats, la route sera libre et tu pourras continuer de monter les marches jusqu'au palais du Pope. En garde!

Mon objectif n'était pas l'empêcher de voir Shion, mais, ne sachant pas s'il s'agissait réellement de Corell, je me devais le l'affronter afin de tester ses capacités. Je l'avais observé à maintes reprises, je connaissais ses techniques, l'émanation de son Cosmos foudroyant ne pouvait être confondu et surtout cette rage qu'il possédait en combattant. S'il s'agissait réellement de lui, alors...je n'avais aucune chance de remporter la victoire!

Le Lion d’Or resta de longues secondes à regarder le Cygne dénudé de son armure. Ebahi, il n’en revenait pas de la réaction du jeune homme, qui était pourtant prévisible. Corell comprit immédiatement les raisons du jeune homme ; en tant que protecteur de la Maison du Lion, il n’avait pas d’autres choix. Lui-même à sa place aurait fait la même chose.

Contre toute attente, l’ancien Chevalier d’Or du Lion fut pris d’un fou rire soudain, aussi tonitruant que bref. L’homme en avait presque les larmes aux yeux. Tout ne dura qu’une seconde, mais il avait été rare de voir cet homme laisser transpirer une émotion aussi sincère. Lorsqu’il reprit son calme, il toussotât pour reprendre sa voix, bien qu’un fin sourire en coin resta ancré sur son visage rougit.

« Soit, Chevalier. Suis-moi. Je ne souhaite pas salir le Temple du Lion d’un combat fratricide. »

Sans attente de réponse, il tourna le dos et se dirigea à l’arrière du Temple du Lion, la démarche altière d’un homme fier et sûr de lui, répondant à son tempérament bien connu. L’arrière du Temple du Lion donnait sur une large esplanade. D’un côté se dressait le Temple, imposant dans l’ombre, et de l’autre débutait la longue montée des marches qui menaient jusqu’à la Maison de la Vierge. Arrivé au centre de l’esplanade, le Lion se contenta de tourner la tête de moitié, restant dos à son adversaire.

« J’accepte ce combat, à condition que tu ne me vouvoies plus jamais. Vas-y, frappe Kyros. Ne te retiens pas ! Je suis prêt. »

La seule preuve de la concentration du Lion étaient ces deux poings serrés le long de son corps, catalyseurs d’une puissance inimaginable, une énergie qu’il était prêt à relâcher à tout instant.

- Soit, Chevalier. Suis-moi. Je ne souhaite pas salir le Temple du Lion d’un combat fratricide.

Voilà qui me prenait complètement au dépourvu. Je voyais l'ancien Chevalier d'Or passer à mes côtés et prendre la sortie du Temple sans que je réagisse. J'étais pourtant sûr de lui avoir refuser le passage, ne me prenait-il pas au sérieux? Je n'étais pas du genre à perdre mon calme et à laisser parler ma colère pour si peu, mais, ne sachant vraiment pas à quoi m'en tenir avec cette individu, cette réaction de sa part me mettait hors de moi.

Je m’empressais alors de le rattraper. En arrivant près des marches qui menaient au prochain Temple Zodiacal, j'apercevais alors Corell, me tournant le dos. Il semblait prêt pour le combat, il n'imaginais pas que je l'étais encore plus.

- J’accepte ce combat, à condition que tu ne me vouvoies plus jamais. Vas-y, frappe Kyros. Ne te retiens pas ! Je suis prêt.

- Et comment!

Sans prévenir, mon pied percuta son crâne. Il m'avait laissé en plan alors que j'avais même augmenter la pression de Cosmos, passant la sortie du Temple du Lion alors que je lui avait interdit. J'attaquais donc sans prévenir, afin de lui montrer que j'allais entamer ce combat de la forme la plus sérieuse possible.

- Tu me prends pas au sérieux ou quoi? Je t'ai dit que tu pouvais pas passer! Tant que je n'aurais pas la preuve que tu es bien Corell du Lion, crois bien que je ne montrerai pas la moindre condescendance à ton égard. Allons-y!

Je faisais exploser mon Cosmos de manière brusque et violente. Le froid envahissait déjà l'atmosphère autour de nous, afin que la chaleur qui se faisait sentir ne me puisse me porter préjudice. Le froid était mon allié, il était temps de le démontrer à mon adversaire.

Néanmoins, je dois avouer que je me sentais anxieux au moment de débuter ce combat. Me battre contre Corell, l'homme que je considérais, avec mon Maître, comme le plus puissant des Chevaliers d'Or. Que ce soit contre lui, ou bien contre une copie de lui, possédant la même force, j'avais très peu de chances de vaincre. Cependant, j'avais eu le privilège d'observer le Lion combattre auparavant, son Cosmos et sa puissance ne saurait me laisser de doutes quant à sa réelle identité. Du moins ainsi pensais-je!

Sans plus attendre, je faisais de la neige tomber tout autour de nous, avant de concentrer mon Cosmos dans mon bras gauche et de libérer cette puissance glaciale sur mon adversaire. Cependant, l'attaque ne se destinait pas à le frapper de front. En effet, une fine couche de glace commençait à grandir sous ses pieds, commençant à grandir au moment où je levais mon bras en direction du ciel. Une colonne de glace se formait alors tout autour de Corell, l'entrainant dans les airs. Avec mon autre bras, je dirigeais quatre autres colonnes de glace, les fusionnant juste au-dessus de la tête du Chevalier d'Or. Mon bras tournait alors vers le bas et les deux colonnes se percutaient, laissant le Saint subir l'impact et l'emprisonnant dans cette immense colonne de glace.

Kholodnyi Smerch

J'avais utilisé la version la plus puissante de cette attaque. Il était grand temps de savoir de quoi était capable ce "nouveau" Corell!

« Es-tu devenu fou ?!!!! »

Trop vite pour que l’œil humain ne puisse le suivre, l’ancien Chevalier d’Or décala suffisamment son buste tout en se retournant pour que le coup de pied traître du Cygne le frôle. Dans le mouvement, il attrapa la cheville de son adversaire. Brûlant son cosmos, il tourna sur lui-même telle une toupie, emportant le Chevalier de Bronze avec lui, avant de relâcher brusquement ce dernier. Kyros s’envola à une vitesse folle, parallèlement au sol, droit vers une formation de rocher. Néanmoins le Lion haussa un sourcil d’étonnement lorsqu’il vit son jeune adversaire parvenir à se redresser en plein vol et stopper sa course, au lieu de percuter la roche qu’il il l’avait prévu.

« Les Chevaliers d’Athéna seraient-ils devenus faibles pendant mon absence ? Il n’y a aucun honneur à attaquer un ennemi de dos comme tu l’as fait !!! »

A peine sa phrase était-elle fini que l’homme posa un regard étonné au sol, ressentant le vent froid qui s’y déployait. Il n’eut pas le temps de réagit lorsque la tempête le catapulta vers les cieux. Trop tard. Avec son armure peut-être aurait-il pu déjouer la technique, mais nu comme il était, les vents glacials étaient trop puissants. Le choc des deux souffles brisa son corps. Des gouttes de sang se mêlaient aux cristaux de glace lorsque le Saint retomba au sol.

Il resta de longues secondes ainsi, le souffle court. Son corps lui faisait mal. Mais son sourire se reflétait dans la neige qui recouvrait à présent le sol autour de mois. Il se mit à rire, tachetant le sol de sang. Il se releva lentement, mais resta accroupi, un genou à terre, une main au sol.

« Mes excuses. Les Chevaliers d’Athéna ne sont pas devenus faibles… Jamais je n’aurais pensé que tu détenais un si grand pouvoir, Kyros. Ton cosmos s’est embelli depuis la Guerre Saint aux Enfers. Mais un grand pouvoir ne vaut rien si l’on se bat sans honneur… Et sans stratégie. Maintenant regarde… Et apprends. »

De sa main posée au sol jaillit une gerbe d’éclairs. Il ne suffit que d’un dixième de seconde pour que la Foudre n’atteigne les pieds du Cygne. Elle remonta le long de ses muscles et de ses os, brûlant ses chairs, calcinant sa peau. Alors, le Lion se jeta sur sa proie. Tel une bête sauvage, il fut à portée de son adversaire en une seconde. Ses mouvements étaient ceux d’un félin. Chaque geste était millimétré. Légèreté, souplesse, stabilité et puissance. Tels étaient les atouts du Lion d’Or au corps à corps.

« D’abord, brise la garde de ton adversaire. »

Son poing droit chargé de cosmos frappa, atteignant le plexus solaire de son adversaire. Le Cygne encaissa le choc, le souffle soupé.

« Ensuite, fais lui connaître la douleur. »

Alors que le poing droit finissait son œuvre, le poing gauche était déjà parti. Il passa sous le bras droit du Chevalier de Bronze, droit vers son flanc… Là où se trouve son foie. L’un de organes les plus fragiles du corps humain, dont la douleur se répand dans la moindre parcelle de l’organisme. Une douleur aussi effrayante que lancinante, parcourant nos nerfs durant de longues secondes après l’attaque.

« Enfin, brise-le dès le début du combat. »

Le poing droit, armé à nouveau du cosmos brutal et agressif du Lion, se rua droit vers le cœur de Kyros. Mais une seconde avant l’impact, il stoppa brusquement son geste. Passant à nouveau sous la garde du Cycle, Corell posa une main sur le ventre de son adversaire, l’autre sur sa colonne vertébrale. Il libéra alors son cosmos, prenant son adversaire en tenaille, comprimant son être avec une puissance inimaginable.

« Evitons le cœur pour aujourd’hui… Je ne suis pas ton ennemi. Athéna a trop besoin de toi ! »

Après de longues secondes d’agonie, le Lion relâcha soudain la pression dans le dos du Cygne. Ce dernier fut catapulté dans les airs. Le Lion serra une main. Des gerbes d’éclairs en crépitèrent, se reflétant sur ses yeux émerveillés.

« Qu’il est bon de combattre à nouveau… Cela m’avait manqué ! Je dois dire que je suis plutôt chanceux… J’ai un gros avantage. Vois-tu de quoi je parle ? »

Faible!? Le pensait-il vraiment? Quant à moi je n'avais pas idée que l'on me regarde encore comme un simple Chevalier de Bronze, sans la moindre autorité! J'avais décidé de sortir dès le début le grand jeu et, que cela soit bon ou mauvais, l'objectif que je recherchais avait été atteint. Corell devait avouer que l'adversaire qu'il avait devant lui n'était pas un guerrier quelconque.

- Mes excuses. Les Chevaliers d’Athéna ne sont pas devenus faibles… Jamais je n’aurais pensé que tu détenais un si grand pouvoir, Kyros. Ton cosmos s’est embelli depuis la Guerre Saint aux Enfers. Mais un grand pouvoir ne vaut rien si l’on se bat sans honneur… Et sans stratégie. Maintenant regarde… Et apprends.

Toujours vexé par son attitude à l'intérieur du temple, je n'étais pas pas prêt à accepter simplement de le laisser "m'enseigner" quoique ce soit, à ce que je rétorquais sèchement.

- Je n'ai rien à apprendre de toi! J'ai un Maître pour ça!

Cependant, mon orgueil, car oui c'était probablement bien cela qui me faisait agir de la sorte à ce moment là, allait bientôt devoir se rendre à l'évidence et reconnaître que celui qui me faisait face n'était, lui non plus, pas n'importe qui. Corell, Chevalier du Lion, probablement l'un des plus puissants Chevalier de l'histoire. Il toucha le sol et instantanément, un courant électrique parcourait mes muscles, me paralysant. Corell bondissait alors tel un fauve sur sa proie et me percutait de deux coups de poing, visant deux parties de mon corps bien précises. Il était tout simplement effrayant de constater comment deux coups avait suffit à me mettre en mauvaise posture. Cela me faisait mal de le reconnaître, mais réellement, et malgré la puissance que j'avais acquise au long de mes difficiles années d'entrainement, je n'étais pas de taille face à une telle puissance et surtout une telle expérience et domination de l'art du combat.

Malgré la douleur, je me sentais capable de bouger, de riposter. Mais Corell ne m'en laissa pas le loisir. Me sachant à sa merci, il n'allait certainement pas me laisser me sortir de ce mauvais pas aussi facilement. Il posait alors une main sur mon ventre, l'autre sur ma colonne vertébrale et libéra une énorme quantité d'énergie. Je tentais de réprimer tant bien que mal un cri de douleur. Finalement, il relâcha la pression et je me retrouvais projeter contre la roche ou mon corps s'encastrait avec violence.

Mon esprit repassait les images de son attaque. Il me fallait comprendre ses mouvements, sa manière d'attaquer. J'aurais été probablement tué s'il avait visé le cœur comme il l'avait souligné. Il avait exploré ma plus grosse faiblesse, le combat rapproché!

Mais j'avais plus d'un atout dans ma manche. Je n'avais pas survécu à une guerre sainte pour perdre lamentablement face à lui. J'avais été désigné pour garder le Temple du Lion, et il était hors de question que je le laisse avancer après m'avoir battu aussi facilement. Il en allait de mon honneur avant tout!

La neige commençait alors à tomber abondamment, tandis que la température se faisait de plus en plus glaciale. Le vent commençait à souffler plus fort également, réduisant la visibilité dans l'arène que nous avions choisi pour nous affronter. Bientôt, de la brume commençait à se manifester autour de nous. Corell n'était plus en mesure de me voir. Et, grâce à ma capacité à me fondre dans le froid, mon Cosmos n'était également plus perceptible. J'étais devenu un fantôme, voguant autour de lui sans qu'il puisse prévoir ma position.

- Dans cet environnement Corell, tes coups ne peuvent m'atteindre!

J'apparut soudainement derrière lui, le poing prêt à le frapper, entouré par de fines couches de diamants. Comme je pouvais m'y attendre, la réaction du félin fûr très rapide. En un instant, il se retournait déjà, prêt à contrer mon poing avant que je ne puisse libérer tout l'énergie que j'avais concentré dans mon bras. Cependant, comme je l'ai dit plus haut, je m'attendais à cela! Ses réflexes, son expérience, tout portait à croire qu'il réagirait assez vite pour me contrer. Pour le vaincre, je devais mettre ses principaux atouts de MON côté! À peine s'était-il retourné, s'apprêtant à me frapper, de la glace éclatait juste devant ses yeux, laissant entrevoir un miroir se fracassant en mille morceaux. Ce qu'il avait vu n'était autre que mon reflet!

Mon contrôle de la glace était telle que j'avais acquis la capacité de créer un miroir pouvant reproduire uniquement mon reflet! Ma vraie position était bel et bien devant lui, mais avec son mouvement rapide il s'était retourné dans la mauvaise direction. Ma voix avait aussi également servi à le leurrer. Le souffle de vent glaciale que j'avais invoquer me permettait aussi confondre mon adversaire quant à ma réelle position. Tout avait été fait pour le prendre au piège. Il n'avait plus aucun moyen d'éviter mon attaque.

- Diamond Dust!

Le coup était parti, libérant une quantité incroyable d'énergie glaciale. De fins cristaux de glace percutaient alors le corps du Chevalier du Lion, tandis que le souffle de l'attaque le projetait en arrière, ce qui le ferait terminer sa course contre les parois du Temple du Lion. Malgré sa plus grande expérience et sa plus grande force, Corell auraient besoin de bien plus avant que je ne m'avoue vaincu!

Cygnus avait de la suite dans les idées… Et une détermination à toute épreuve. Beaucoup auraient hésité après une telle démonstration de force. Non pas que l’attaque portée par le Lion fut très puissante, mais faisait preuve flagrante des capacités combattives de l’homme. Beaucoup y auraient songé à deux fois avant de continuer… Pourtant, Kyros, à peine mis à terre se relevait déjà, son cosmos froid s’enflammant déjà.

Ce n’était pas son premier combat, loin de là. Il avait beau être jeune en âge, il était plus expérimenté que plusieurs Chevaliers d’Or que Corell avait connus. Ce dernier eut un fin sourire à la vue d’un si talentueux Chevalier d’Athéna… Mais il se garda bien de le lui dire.

Le froid mordant qui s’abattit encore un peu plus sur le Temple du Lion le força à revenir à la réalité. Un brouillard givrant se dressait autour de lui, plus vite qu’il ne s’y était attendu, trop vite pour qu’il ait le temps de se porter auprès de Kyros à temps. Aussi réagit-il comme il le fallait. Il ferma les yeux et s’ouvrit profondément au cosmos. Le Chevalier d’Or adorait cela. Oblitérer ses sens. Ne se fier qu’au cosmos… Et à son instinct. Sa conscience était partout. Il ressentait tout. Chaque cristal de neige porté par le vent. Chaque minuscule forme de vie qui se cachait entre deux rochers, surpris par ce froid soudain. Il sentait même les insectes agoniser sous le vent glacial qui givrait leurs ailes, les faisant chuter l’un après l’autre.

Il ressentait tout. Sauf Kyros.

De plus en plus heureux de connaitre un tel homme, et impatient de voir le clou du spectacle, le Lion rouvrit les yeux. Le cosmos ne l’aiderait pas. Il devrait se fier à ses sens, et compter sur ses réflexes exceptionnels, aiguisés par le cosmos et par des années d’expérience.

Pourtant, tout fichu le camp.

La victoire de voir son ennemi se transforma en froide douleur lorsque le souffle du Cygne le frappa dans le dos. Sentant le vent glacial fouetter son visage et la roche labourer son corps, il en conclut que tout son être avait été complètement catapulté, ravagé même, par l’attaque du Chevalier de Bronze. Lorsque le monde s’arrêta de tourner, tout son corps lui faisait mal. Il ressentait le froid même jusque dans sa moelle épinière.

Il parvint tout de même à se relever, le sang dans la bouche, le sourire aux lèvres. Oui, il aimait cela. Les combats ne lui avaient que trop manqué. A son grand étonnement, le brouillard était encore présent.

« Etonnant, Chevalier ! Superbe technique. Je suis jaloux, jamais je ne pourrai la maîtriser. Nos pouvoirs sont si différents, c’est réellement un plaisir de te combattre, sache le. En revanche, tu n’as pas répondu à ma question… »

Calme, l’homme s’avança. Bien qu’il ne puisse pas distinguer Cygnus dans le cosmos, il pouvait néanmoins ressentir le froid qui s’était installé dans le grand espace se situant derrière le Temple du Lion. Corell marcha jusqu’à l’endroit qu’il estimait être le centre, à deux ou trois mètres près, du phénomène. Là où il avait le plus de chances de toucher son adversaire.

« Tu dois le savoir, le pouvoir des Chevaliers du Froid se base avant tout sur l’eau. La neige. La glace. Tout ceci est gorgé d’humidité, n’est-ce pas ?... L’humidité… La plus grande conductrice de l’électricité !!! »

Le cosmos du Lion explosa. De son cosmos partirent des gerbes d’éclairs de plusieurs mètres de long dans toutes les directions. Mais là où les éclairs auraient du stopper leur avancée, à court d’énergie, ils continuèrent de se déployer, encore et encore, démultipliant l’envergure de l’attaque. L’air se chargea de Foudre, alors que les Eclairs du Lion se déployaient sur toute l’aire couverte par le froid du Cygne.

Corell ne pouvait distinguer Kyros. Néanmoins, la douleur, elle il put la ressentir.

Lorsque la Foudre frappa son ennemi, le Lion se jeta sur lui les yeux fermés. Il était loin d’être aveugle. Il avait appris cela avec son ami Asmita de la Vierge par le passé. Lorsque les sens sont inutiles, mieux vaut les supprimer de l’équation plutôt que de les laisser nous gêner. Son poing frappa à plusieurs reprises, épargnant cette fois ci les organes vitaux du jeune homme pour se contenter d’une douleur plus basique. Le Lion souhaitait combattre, non briser un homme si prometteur. La suite de coups se termina lorsque le Lion saisit le poignet de son adversaire. Augmentant la puissance de ses muscles avec son cosmos, il balança Kyros dans les airs, à plusieurs mètres du sol.

Le ciel se zébra de lumière, lorsque le Lion libéra enfin les Griffes du Lion, dans toute leur splendeur. Des jets de lumière vive frappèrent le Chevalier du Cygne, malmenant son corps sans discontinuer, pendant de longues secondes de supplice.

Lorsque le corps de son adversaire toucha le sol avec un bruit sec, le Lion se contenta simplement de murmurer ces deux mots, cette incantation, ces paroles si emblématiques et si symboliques de son Signe. Des mots si forts, qu’il n’avait osé prononcer depuis bien trop longtemps.

« Lightning… Plasma. »

Frapper de toutes ses forces et voir son adversaire se relever, le sourire au lèvres! C'était insupportable! Vraiment énervant. Et pourtant, plus le combat faisait rage et plus j'étais convaincu que je faisais vraiment face à Corell. Son regard amusé par le combat et sa puissance démentielle. Je l'avais observé assez de fois pour m'apercevoir de tout cela.

Aussi puissante et convaincante puisse être une illusion, il y a une chose qu'elle ne pourrait pas tromper facilement, l'instinct d'un guerrier! Cependant, il n'était pas aisé d'accepter de s'y fier, principalement lorsque nos convictions ou nos croyances nous en empêchait. Mais ce n'était pas le cas pour moi, du moins, en ce qui concernait Corell. Son aura serait difficile à copier, et à chaque coup, ma mémoire et mes sens se souvenaient à quel point cet homme était puissant!

- Etonnant, Chevalier ! Superbe technique. Je suis jaloux, jamais je ne pourrai la maîtriser. Nos pouvoirs sont si différents, c’est réellement un plaisir de te combattre, sache le. En revanche, tu n’as pas répondu à ma question…

Ses mots me sortaient de ma torpeur, tandis que je tentais de regagner ma concentration sur le combat. Il m'avait fait une question? Mais quoi? Difficile de s'en souvenir, étant donné que je donnais tout ce que j'avais pour maintenir mon niveau proche du sien. Mais petit à petit je commençais à m'en souvenir. Il avait parlé d'un avantage! Mes yeux commençaient alors à s'écarquiller. En y pensant bien, il n'était pas difficile de comprendre ce qu'il voulait dire.

- Tu dois le savoir, le pouvoir des Chevaliers du Froid se base avant tout sur l’eau. La neige. La glace. Tout ceci est gorgé d’humidité, n’est-ce pas ?... L’humidité… La plus grande conductrice de l’électricité !!!

Voilà qui était de très mauvais augure pour moi. Même si Corell ne pouvait me voir, ni même ressentir mon Cosmos, l'électricité finirait par venir à mon encontre et il n'y avait rien que je puisse faire en si peu de temps pour l'éviter. Je lâcha un cri de douleur quand la foudre me frappa, suffisamment audible pour que Corell puisse finalement connaitre mon emplacement exact et attaquer.

Il ne perdit pas de temps à s’exécuter. Sa vitesse incroyable lui permettait de m'atteindre presque instantanément, ne me laissant pas le temps de retrouver mon souffle et une posture défensive efficace. Un premier coup, tentant de me faire décoller du sol. Je parvenais malgré tout à maintenir mes pieds sur terre, titubant, poussé en arrière, mais toujours debout. Je me protégeais alors tant bien que mal lorsque des griffes de lumières venaient écorcher mon corps. J'étais acculé par cette bête sauvage, mais il était hors de question de lui laisser la victoire sans combattre. Corell avait dit quelque chose d'intéressant à l'instant, l'eau était un élement conducteur de la foudre. Mais cela était vrai pour n'importe qui!

Alors que le son de sa voix laissait présager une attaque, j'élevais également la voix et la main droite.

- L'humidité n'est pas seulement un avantage pour toi Corell! Sans ton armure, que se passera-t-il si ton corps est mouillé au moment où tu libères une décharge électrique?

Serait-il capable de contrôler la foudre lorsque cette dernière se manifestait dans ses bras, prête à être relâcher sur son adversaire? De la glace parsemait son corps. Lorsqu'il m'avait attaqué, j'étais parvenu à en accumuler une fine couche. La faire fondre était un jeu d'enfant pour moi. À présent, Corell avait sur son corps des particules humides. Même s'il contrôlait la foudre, cette dernière, comme pour moi, serait attiré par l'eau et deviendrait vite incontrôlable. Avec l'Armure d'Or du Lion, cela aurait pu être différent, mais probablement pas en l'état!

Je ne me faisais pourtant pas d'illusion. La foudre de Corell ne pourrait pas le tuer, ni même le blesser. Mais la douleur d'une électrocution frappant sans mégarde, le ferait relâcher la pression de sur son attaque, me permettant alors d'encaisser le coup, sans subir trop de dommages. De la fumée s'échappait de mon corps, mais j'étais toujours debout. Ma respiration était lente et difficile, mais je respirais toujours et mon regard lui était toujours concentré sur mon adversaire. L'abandon avait disparu de mon vocabulaire! Je prenais alors la parole. Il était temps de mettre un terme à ce combat, avant que l'un de nous deux, ou même nous deux, nous blessions gravement.

- J'avoue que plus ce combat avance et plus je me convaincs que tu es bel et bien Corell! Acceptes-tu un dernier défi, Chevalier?

S'il acceptait, alors le combat se terminerait dans un dernier coup. Cela me permettrait de me convaincre sur sa réelle identité!

Plus le combat avançait, et plus le Chevalier de Bronze du Cygne montrait ses talents. Il n’avait de Bronze que le rang, car à présent, son cosmos, son expérience et ses techniques de combat approchaient ceux d’un Chevalier d’Or. Il n’avait pas à avoir honte de son potentiel. Certes, il ne pouvait tenir face au Lion, l’un des Chevaliers les plus expérimentés de son temps. Mais face à un jeune Chevalier d’Or, il avait toutes ses chances.

Athéna a de la chance de t’avoir à ses côtés, Chevalier… C’est grâce à des Saints comme toi que la Terre est encore saine et sauve. Je ne pourrai jamais te remercier assez pour avoir tenu les piliers de la Justice en mon absence.

Les propos du jeune homme firent sourire le Lion. Il jeta un coup d’œil à ses bras, prenant note que Cygnus avait augmenté la température autour du corps du Saint d’Or, ce qui avait transformé la fine couche de glace qui le recouvrait en eau. Kyros pensait que recouvrir le corps du Lion d’eau pourrait retourner sa Foudre contre lui. Continuant à sourire, le Lion d’Or reporta son attention sur son adversaire. Serrant ses deux poings devant lui, il canalisa son Cosmos. Son aura devint dorée. Ses cheveux s’envolèrent à la verticale, sous l’effet de la puissance qui se déversait du corps du Chevalier d’Or. Le sol à ses pieds se fendilla alors que des fragments de roche s’envolaient vers les cieux. Des geysers de Foudre pure émanaient du corps du Lion, se mélangeant à son aura dorée crépitante d’électricité.

Le Saint avait déployé tout son cosmos, ainsi que sa Foudre, sans ressentir le moindre dommage dû à l’eau recouvrant son corps. Eau qui d’ailleurs avait été vaporisée par le cosmos du Saint.

« C’était une bonne idée, Chevalier ! Il y a quelques années, j’ai été surpris et trahit par l’humidité, qui a retourné ma Foudre contre moi. Malheureusement, sache que mon corps est habitué à l’électricité et aux éclairs depuis mon plus jeune âge. C’est comme si tu tentais d’empoisonner le Chevalier des Poissons, ou de geler le Chevalier du Verseau… M’attaquer avec de l’électricité est peine perdue, surtout depuis que mon corps a connu les ravages de la Foudre Noire du Titan Coeos ! »

La réaction du Chevalier de Bronze ne fut pas décevante et confirma le respect que le Lion avait pour le jeune homme. Loin de se déconfire, Kyros en appela lui aussi à son cosmos. Une fois de plus, son aura glacée entoura son corps, reflétant par sa couleur immaculée l’aura dorée du Lion. Les deux totems des Saints s’éveillèrent, gigantesque Cygne Blanc faisant face à un Lion aux Crocs acérés. Le Cinquième Chevalier d’Or sourit. Les ultimes paroles du Cygne ne faisaient qu’écho au ressenti général.

L’apothéose du combat était arrivée.

« J’accepte ton défi, Chevalier ! Seuls mes Crocs te prouveront mon identité. Que les Ailes du Cygne affrontent les Crocs du Lion ! Pour Athéna !!!! »

L’instinct du Lion était juste. La posture de Kyros était reconnaissable. Corell avait pu l’admirer en de rares occasions. La posture du zéro absolu, qui stoppait tout mouvement atomique sur son passage. Même lui, le Lion d’Or, ne pouvait rien faire face à pareille technique. Son pouvoir ne consistait qu’en une seule chose : détruire les atomes. L’art de stopper leur mouvement était et resterait à jamais pour lui un mystère.

La seule chance pour lui de stopper l’Aurora Execution était d’empêcher qu’elle ne l’atteigne.

L’aura de Kyros se magnifia, le Cygne Blanc se parant de l’image caractéristique de Ganymède, déversant sa jarre de nectar aux Dieux Olympiens. Des poings de Kyros naquit une colonne de glace gigantesque, de plusieurs mètres de largeur, d’un blanc immaculé. Tout sur son passage de transforma en glace.

Le Lion sourit. Voilà bien longtemps qu’il n’avait pas eu affaire à une si terrible technique. C’est avec un plaisir palpable qu’il fit exploser à son tour son cosmos. Le sol de brisa. La Foudre frappa, naissant de nulle part pour venir frapper le lieu du combat tout autour des deux hommes. La fin du combat était arrivée. Le Cygne avait utilisé sa meilleure technique. Le Lion en ferait de même.

« LIGHTNING BOLT !!! »

Le Chevalier d’Or frappa. De son poing naquit une colonne d’énergie pure, parsemée d’éclairs destructeurs. Aussi large et aussi véloce que l’attaque du Cygne, les Crocs du Lions se ruèrent à leur tour sur leur adversaire.

A mi-chemin entre les deux hommes, les deux arcanes se percutèrent de plein fouet. Le monde explosa. Tout le Sanctuaire Sacré en fut témoin, alors que le sol tremblait, et que la lumière de l’impact surpassait cette du soleil. Au point d’impact s’était créée une gigantesque boule d’énergie, dont la lumière, oscillant entre le blanc et le doré, se voyait constamment en mouvement. Telle une galaxie miniature, des volutes d’énergie en émanait, allant lécher la terre et les cieux. Fort heureusement, sa taille n’était pas suffisante pour atteindre et endommager le Temple du Lion. Aucun des deux hommes ne l’aurait permis. Par respect envers la Déesse de la Sagesse.

Aux deux extrémités de la boule d’énergie, les deux Saints continuaient à déverser leur cosmos, encore et encore, ne pouvant pas faiblir, afin de ne pas briser le fragile équilibre qui s’était instauré. Les deux arcanes étaient de puissances égales, en tout point.

En continuant ainsi, nous pourrions combattre durant mille jours et mille nuits… Deux Chevaliers ne doivent pas combattre ainsi. Je m’y refuse.

D’autant plus, se dit le Lion qu’un tel combat mettrait en péril l’intégrité du Sanctuaire. Déjà, la boule d’énergie formée par les deux techniques voyait son diamètre augmenter petit à petit. Si rien n’était fait, elle atteindrait bientôt le Temple du Lion.

Il faut mettre un terme à tout ça.

Le Chevalier d’Or ferma les yeux. Son cosmos se densifia encore plus que précédemment. De son épaule naquirent des volutes d’éclairs et de cosmos pur. Lentement mais sûrement, cette nouvelle énergie avança petit à petit sur son bras, puis sur son avant-bras, tel un manteau de lumière recouvrant ses muscles. Arrivé à son poing, il y eu soudain une explosion de lumière. La colonne d’énergie émanant du Saint doubla soudain de volume. Ce fut comme un raz de marée, qui se propagea le long de la colonne de lumière émise par le Lion. Arrivée au niveau de la boule d’énergie, elle enveloppa cette dernière, la poussant vers les cieux, où elle s’envola. Un regain d’énergie dorée transita néanmoins le long de l’Aurora Execution avant d’atteindre le Chevalier du Cygne. Ce dernier, surpris par cette soudaine augmentation d’énergie, fut catapulté en arrière.

La boule d’énergie, poussée vers les cieux, explosa à quelques centaines de mètres du sol, alors que le Chevalier du Lion se dirigeait vers son adversaire et ami. Arrivé à sa hauteur, il tendit la main au Cygne afin de l’aider à se relever.

« Pardonne-moi, mon ami. Je n’avais pas le choix. Ta puissance est incroyable. J’ai dû canaliser toute mon énergie afin de te repousser. Tu n’as rien à envier aux Chevaliers d’Or… Je suis fier de t’avoir combattu. J’espère que nous aurons une nouvelle chance de combattre, ensemble cette fois-ci, dans le futur ! »

J'aurais espérer le ralentir, ne serait-ce que le gêner, mais il semblerait que l'expérience comptait autant que la puissance et l'ingéniosité. Corell avait livré d'innombrables combats durant sa vie de Chevalier, et c'était grâce à cette expérience acquise de la sorte qu'il avait pu éviter d'être électrocuter.

Il fallait donc que je me rende à l'évidence. J'étais désavantagé face à lui. Ce combat ne pouvait pas durer plus longtemps, sans quoi, j'allais tomber sous ses coups avant de pouvoir lui montrer l'étendue de mon pouvoir. C'était donc avec joie que je l'entendais accepter mon défi. Ainsi, nous allions mesurer nos forces une dernière fois. S'il parvenait à vaincre mon arcane ultime, alors je n'aurais plus aucun doute sur son identité. Il s'agirait, à coup sûr, du Chevalier du Lion!

Mes bras levés vers le ciel, la température autour de nous diminuant drastiquement. Il me fallait atteindre le Zéro Absolu, chose qu'il m'était déjà permis de contrôler. Aussi puissant que soit le Cosmos de Corell, se battre face à une température annihilant toute vie, chaque atome autour de lui, ne serait pas évident, même pour un combattant de sa trempe. Mais je n'attendais pas la moindre hésitation de sa part, son attaque allait être dévastatrice, je ne pouvais faiblir.

Le vent glacial se transformant en un tourbillon gelé et la foudre de l'autre, frappant le sol violemment, les deux forces en présence allaient s'entrechoquer, la pression ne pouvait plus être contenue.

- Allons-y Corell!

Aurora Execution

Je baissais les bras et relâchait tout mon Cosmos sur le Chevalier du Lion. Il fit de même avec sa plus puissante attaque, le Lightning Bolt! Les deux attaques se percutèrent, créant une énorme explosion. Le sol tremblait, tandis que chacun d'entre nous tentait de gagner l'ascendant sur l'autre. La puissance de Corell était colossale, mais, je ne m'avouais pas vaincu pour autant. Si mon esprit acceptait la défaite, alors je n'aurais aucune chance.

"Je vais le battre, je vais gagner!"

J'intensifiais un peu plus la puissance de mon Cosmos. Le froid recouvrerait bientôt tout la surface de combat. Sans armure, il était dangereux d'utiliser autant de Cosmos, surtout pour baisser les températures au niveau du Zéro Absolu. Mais je n'avais d'autres choix si je voulais vraiment remporter ce combat. Je l'avais défié, je ne pouvais pas abandonner maintenant! J'étais décidé à aller jusqu'au bout!

Cependant, une intense lueur dorée commença à recouvrir le corps du Chevalier d'Or du Lion. Son Cosmos se décuplait, tandis que son attaque doublait de volume. Malgré la puissance que j'avais relâché, son attaque me balaya instantanément, me prouvant une nouvelle fois la différence de niveau existant entre nous. J'avais encore un long, très long chemin à parcourir. J'étais alors à terre, ne parvenant pas à me souvenir ce qu'il s'était passé quelques secondes auparavant. Corell s'approchait de moi, m'offrant sa main pour m'aider à me relever.

- Pardonne-moi, mon ami. Je n’avais pas le choix. Ta puissance est incroyable. J’ai dû canaliser toute mon énergie afin de te repousser. Tu n’as rien à envier aux Chevaliers d’Or… Je suis fier de t’avoir combattu. J’espère que nous aurons une nouvelle chance de combattre, ensemble cette fois-ci, dans le futur !

J'attrapais sa main, afin de me relever. J'avais quelques écorchures sur le corps, mais dans l'ensemble, je n'avais aucune blessure grave. Avait-il évité de me frapper de plein fouet de manière délibérée?

- Je te remercie pour tes paroles Corell! Mais en tant que gardien de ce temple et ayant perdu, je te donne l'autorisation de passer. Après t'avoir combattu, je n'ai plus aucun doute que tu es bel et bien le véritable Corell. Va récupérer ton Armure Chevalier. Ton retour est la meilleure chose qui pouvait nous arriver.

Je lui indiquait donc la sortie du Temple, de "son" Temple. Bientôt, ma présence ici ne serait plus nécessaire, car Corell reprendrait sa place. Mais jusque là, il fallait bien que quelqu'un garde la cinquième demeure zodiacale, ce que je ferais jusqu'à son retour.

Au début, le Lion ne compris pas ce que Kyros voulait dire. Mais à peine le Chevalier de Bronze avait-il fini sa phrase qu’une nouvelle présence s’éclaira dans le cosmos. Corell entrevu le Cigne sourire en écho à cette subite apparition, mais déjà, joyeux comme jamais, le jeune homme s’était tourné vers le Temple du Lion.

L’Armure était là. Il la sentait.

Accompagné par le regard du Chevalier de Bronze, le cinquième Chevalier d’Or rebroussa chemin, et pénétra à nouveau dans son Temple. Arrivé au centre de l’édifice, il la vit. Elle était là, flamboyante, resplendissant de puissance et de volonté. L’Armure d’Or du Lion. Elle semblait comme reposée, prête à briser les étoiles, et surtout… Elle semblait si excitée, à l’idée de revoir à nouveau son véritable Maître. Quel qu’avait été l’homme qui avait revêtu l’armure pendant son absence, il n’avait pu la mériter suffisamment.

Le véritable Chevalier du Lion était de retour.

Voir son armure dans un tel état de joie et de puissance résonnait dans l’esprit du jeune homme. Il se rappelait la première fois qu’il l’avait vue. Après qu’il ait dû sacrifier son Maître pour l’obtenir. En ce temps, elle n’avait pas été portée depuis des années, et ne souhaitait que pouvoir à nouveau servir Athéna, la Justice, et s’opposer aux ennemis de la Vie.

L’Armure se montrait à lui comme dans son souvenir. C’était un renouveau. Le commencement d’une nouvelle ère.

Une ère où la voie d’Athéna, bien que disparue, se ferait entendre jusqu’aux confins de l’univers, grâce aux Crocs du Lion d’Or.

L’homme tendit la main. Lentement, il s’approcha de la bête. A chaque pas, à chaque mètre, la lumière du cosmos de l’armure resplendissait encore plus. Bien vite, le cosmos de Corell et de l’Armure fusionnèrent, ne faisant qu’un, illuminant le Temple du Lion comme jamais. Lorsqu’enfin Corell toucha l’Armure, elle explosa, se désolidarisant et allant recouvrir son corps comme autrefois. La longue cape d’un noir mat, propre au Chevalier d’Or du Lion, vint achever le travail.

Quelques instants plus tard, c’était le Chevalier d’Or du Lion, l’air crépitant de Foudre autour de lui, qui ressortit du Cinquième Temple du Zodiaque. Son regard ne souffrait d’aucune hésitation. Il était de retour. Il se porta auprès de Kyros, un fin sourire aux lèvres.

« Chevalier du Cygne, moi, Chevalier d’Or du Lion, reprends la garde de ce Temple. Je te remercie d’avoir été son protecteur durant mon absence. Raconte-moi ce qui s’est passé. Puis nous irons voir le Grand Pope, si cela te convient. Je suis sûr qu’il aura besoin de notre puissance quelque part sur terre, au nom d’Athéna. »

Corell fit demi-tour et regagna son Temple. L'Armure d'Or du Lion était finalement réapparu pour que son propriétaire puisse à nouveau l'endosser. Je restais sur place, tentant de bouger, mais chacun de mes mouvements me causait des douleurs insupportables.

J'allais sûrement mettre quelques heures à récupérer, mais maintenant que Corell était de retour, il reprendrait la garde de son Temple et je pourrais donc en profiter pour me reposer. Ce combat m'avait montré à quel point il m'était encore possible de progresser. Je n'étais pas encore assez puissant pour me battre à leur côtés, d'égal à égal.

Corell revint enfin. Mais cette fois-ci, il endossait fièrement son Armure d'Or. Son Cosmos et celui de la Cloth du Lion résonnaient à l'unisson. Le Lion était bel et bien de retour et il ne pouvait pas y avoir de meilleurs nouvelles en cet instant précis.

- Chevalier du Cygne, moi, Chevalier d’Or du Lion, reprends la garde de ce Temple. Je te remercie d’avoir été son protecteur durant mon absence. Raconte-moi ce qui s’est passé. Puis nous irons voir le Grand Pope, si cela te convient. Je suis sûr qu’il aura besoin de notre puissance quelque part sur terre, au nom d’Athéna.

Je tentais de me rappeler des événements les plus importants, afin de résumer la situation le mieux possible.

- Et bien, tout d'abord Le Grand Pope nous a donné l'ordre, au Chevalier du Scorpion et à moi, d'aller à Asgard, afin de solidifier notre alliance avec eux. Malheureusement, leur nouveau leader ne l'entend pas de cette oreille. Sans nous laisser nous exprimer il nous a fait comprendre que nous n'étions plus les bienvenus et nous avons dû quitter les lieux pour éviter le combat. Ce ne sont pas de bonne nouvelles!

Je m'arrêtais un léger moment et je reprenais la parole, afin de lui parler de la mission qui avait impliqué Kappa et Mashia.

- Kappa, Mashia, Celsius et Jara ont été envoyé en mission et en sont revenus tous en mauvais état. Je ne connais pas les détails, mais de nouveaux ennemis sont sur notre route. De plus, Mashia est partie depuis un certain temps et n'a plus remis les pieds au Sanctuaire. Personne ne sait où elle est actuellement. Je pressens quelque chose de grave, heureusement que vous êtes de retour Corell!

Je le vouvoyais à nouveau, prenant maintenant conscience que c'était bien lui. Je refusais néanmoins de le suivre voir le Grand Pope.

- Je vais devoir vous laisser y aller seul. Il y a quelque chose que je veux faire et comme j'ai dû monter la garde ici je n'en ai pas encore eu l'opportunité. Je vais donc vous laisser Chevalier! Bon retour parmi nous. J'espère qu'un jour j'aurais suffisamment progresser pour avoir l'opportunité de vous affronter à nouveau.

Je laissait apparaître un léger sourire, chose assez inhabituelle chez moi, puis je quittais les lieux. Il me fallait avant tout du repos et ensuite, j'irai reprendre l'entrainement. Ce combat contre Corell m'avait montré mes principales faiblesses!

Le Chevalier du Lion remercia son homologue du Cygne pour ces explications aussi utiles qu’inquiétantes. Asgard avait de tout temps été leur meilleur allié. Sans les gardiens d’Odin, le Sanctuaire se retrouvait seul face aux Spectres… Qu’en était-il de Poséidon ? Lorsque Corell avait quitté le Domaine Sacré six mois auparavant, l’alliance entre Athéna et Poséidon était toujours effective… Mais la disparition des deux Dieux avait dû changer la donne. Surtout celle de Poséidon qui, pour une fois depuis la Mythologie, avait eu une enveloppe corporelle assez intelligente pour penser à la paix plutôt qu’à la guerre.

De plus, le Lion sentait encore et toujours le cosmos de Pséma… Depuis sa mort face au Titan Coeos, il avait obtenu ce lien ténu et maladif avec l’ancien Chevalier du Bélier. Il ne pouvait le situer, mais savait qu’il était encore là, quelque part.

Enfin, le Lion laissé partir Kyros, sentant que ce dernier avait besoin de repos. Il sourit en regardant le jeune homme partir, se disant qu’il était réellement une étoile montante du Sanctuaire, un homme talentueux, sur lequel on pouvait compter. Mais ces pensées positives étaient entravées par une question subsidiaire.

Mashia ?

Ce nom semblait revenir d’outre-tombe. Mashia avait autrefois été la Sainte du Lotus. Il l’avait connue, avait qu’elle ne devienne l’enveloppe d’Athéna lorsque lui-même, le Saint du Lion, tombé du côté obscur, avait voulu tuer la Déesse Athéna.

Ainsi Mashia aurait-elle été libérée par Athéna ?... Comment est-ce possible ?... Mais alors, est-elle redevenue Sainte du Lotus ?

Le Lion se sentait concerné. Mashia était celle qui avait sauvé l’esprit d’Athéna, lorsqu’il avait été en proie aux ténèbres. Bien qu’il ne fût pas responsable, mais n’avait été que l’événement déclencheur car l’ancien corps d’Athéna avait été empoisonné par Eris, il se sentait encore et toujours responsable de Mashia… Surtout après qu’elle soit devenue Athéna.

Son attention se porta vers le Temple du Pope, à la recherche du cosmos de son ami de longue date, Shion du Bélier. Il fronça les sourcils. Il n'y ressentait aucune présence. Où était donc le Grand Pope ? Mais alors qu’il se concentrait plus profondément, il parvint à détecter son ancien ami. Son aura était ténue, malsaine, maladive. Son être était comme rongé par le Mal.

Shion était malade.

Le Lion se rua vers le Temple du Pope... Mais fut immédiatement coupé dans son élan. Il sourit en voyant le Chevalier d'Or qui s'approchait, apportant avec lui un nouveau vent glacé.

"Chevalier du Verseau... Je suis content de voir un visage familier. Je t'en prie, apporte moi de bonnes nouvelles..."

Chambre du Grand Pope

A mesure que je descendais les marches reliant les différents temples les uns aux autres, les cosmos presents dans la maison du Lion se faisaient plus familiers. Mon disciple venait d’achever une entrevue musclée avec une personne qui était supposée avoir quitté le sanctuaire près de six mois plus tôt. Piqué par la curiosité, je forçai l’allure à l’approche de l’ancien temple de Corell du Lion. Mais en franchissant la dernière volée de marches qui me séparait du cinquième temple zodiacal, le doute ne fut plus permis : Corell était de retour. Quelques secondes plus tard, mes yeux se posèrent sur le chevalier d’Or du Lion, confirmant mes soupçons. Un sourire se dessina sur son visage lorsqu’il m’aperçut, que je lui rendis, l’espace d’un instant. Toutefois, mes traits se tirèrent suite à la question de Corell, et mon sourire s’évanouit aussitôt. Mon regard le détailla quelques instants, avant que je ne réponde enfin :
- Ainsi, j’avais vu juste. Tu es de retour au Sanctuaire, Corell... Tu ne pouvais pas mieux tomber, ajoutai-je soudain d'un ton mystérieux après une longue pause.

La dernière fois que j’avais vu le chevalier du Lion, les choses s’étaient envenimées. Il n’avait pas reconnu la fausse Athéna, et j’avais dû intervenir pour prouver mes dires et par la même occasion dévoiler la vérité. Mais aujourd’hui, son retour était providentiel. Une seule chose comptait : il était parmi les plus puissants chevaliers d’Athéna, et le Sanctuaire était menacé. C’était la seule chose qui importait à mes yeux.
- Malheureusement, je n’ai pas de bonnes nouvelles… Nous avons à parler, ajoutai-je simplement en le dépassant et en l’encourageant à regagner son temple.
La cape immaculée cousue de fil d’or claqua une dernière fois dans le vent avant que je ne sois absorbé par la douce obscurité du cinquième temple du Zodiaque. Je fis quelques pas, puis je fis volte face pour m’adresser à nouveau à mon homologue du Lion :
- Le Sanctuaire est menacé, et affaibli. Le mois dernier, Jara, Hiro, Celsius et moi avons suivi une piste qui nous a en réalité menés tout droit dans un piège tendu par Pséma en personne. Par miracle, nous en sommes tous ressortis vivants après avoir frôlé la mort, mais de toute évidence, Pséma est décidé à détruire notre ordre. Depuis les ombres, il prépare quelque chose.

Mon regard balaya les lieux à la recherche de mon disciple, sans succès, puis :
- C’était Kyros que j’ai senti à côté de toi, il y a quelques minutes, non ? J’imagine qu’il a dû te mettre au courant de la fin de l’alliance avec Asgard. Et tu n’es probablement pas au courant, mais l’Aldébaran du Taureau a quitté le Sanctuaire pour prendre une retraite bien méritée.
Un soupir, puis m’adossant à une colonne :
- Mais ce n’est pas tout : Hiro de la Vierge a disparu quelques heures après notre évacuation in extremis de l’opération qui a eu lieu à Tenochtitlan. Je n’ai aucune nouvelle de lui, et je suis très inquiet.
Je pris grand soin de ne pas divulguer le fait que Hiro Mokushi et Mashia ne formaient qu’une seule et unique personne. Si Mashia le souhaitait, elle le lui dévoilerait elle-même.
- Enfin, j’ai été convoqué il y a de cela quelques heures dans la chambre du Grand Pope afin de m’entretenir avec Shion…

Mon regard azuré devint soudain plus intense et plongea dans le regard de Corell :
- Ce que je vais te dévoiler ne doit pour l’instant pas sortir de cette pièce. Shion est malade et alité depuis plusieurs semaines, et personne n’était au courant en dehors de sa garde rapprochée. Il m’a fait convoquer pour me nommer régent du Sanctuaire afin de diriger en son nom et place jusqu’à ce qu’il ne soit rétabli. Je ne te mentirai pas, Corell : les médecins sont pessimistes quant à la durée de sa maladie. Le mal qui l’enserre est étrange et inconnu, et personne ne sait combien de temps cela pourra durer. Tous les chevaliers du Sanctuaire savent ou sauront très bientôt que je suis le nouveau régent du Sanctuaire, mais pour le moment, mieux vaut éviter d’inquiéter les autres quant à la raison qui a poussé Shion à me nommer à ce poste. Je compte sur toi car nous sommes tous deux les plus anciens chevaliers de la fratrie des douze et que ton expérience et ton conseil me seront forcément bénéfiques. Mais je préfère éviter d’insinuer la peur dans le cœur de nos frères et sœurs d’armes en les inquiétant sur le sort de leur Grand Pope.

Mon regard se perdit dans la contemplation des colonnes de la salle principale durant quelques secondes, puis :
- Le Sanctuaire est fragilisé plus que jamais aujourd’hui, et avec la perte de nos alliés du Nord et Pséma en quête de destruction, je suis inquiet pour nous. Je ne sais pas combien de temps il nous reste, mais tôt ou tard, nous devrons faire face à Pséma, et nous devrons y faire face seuls… Quant aux spectres et aux Marinas, ils sont dangereusement silencieux, ce qui ne présage rien de bon, non plus. Voilà pour ce qui est des grandes lignes de notre situation actuelle. Comme tu le vois, contrairement aux mauvaises nouvelles, les bonnes nouvelles ne sont pas légion…

Le Lion d’Or avait écouté son homologue du Verseau tout du long, enregistrant chaque parole prononcée, chaque vérité évoquée… Et en mesura l’urgence et la dangerosité de la situation. Il semblait évident, rien qu’à voir la mine sombre du Pope régent, que le Sanctuaire se trouvait dans une passe pour la moins fragile.

Et surtout, ils étaient seuls contre tous.

En revanche, le Lion nota également que le Chevalier de la Vierge, apparemment dénommé Hiro, était également porté disparu. Tout comme Mashia. Le ton de Kappa s’était voulu calme et tranché, comme à son habitude, mais il avait passé rapidement sur cet élément. Coïncidence ?

Ce n’est pas la priorité. Je découvrirai cela par moi-même en temps venu. Mais j’ai hâte de rencontrer ce Chevalier de la Vierge…

Alors que le Lion réfléchissait, il s’était tout naturellement porté quelques mètres en avant de la Maison du Lion, le regard se perdant dans le paysage aride à l’horizon bleuté qu’il connaissait maintenant par cœur. Il en apprécia la vue, symbole de retour chez lui, avant de se retourner vers Kappa.

« Tout d’abord Kappa, je te remercie de ne pas me tenir rigueur de notre dernière entrevue. Sache que je n’ai jamais arrêté d’être loyal à Athéna… J’ai été trompé, par ma propre armure. C’est assez ironique d’ailleurs… J’ai mis du temps à digérer cet événement, voilà la raison de mon absence.

Je suis heureux que Shion t’ait choisi. Comme tu l’as si bien fait remarquer, nous sommes à présent les deux Chevaliers d’Or les plus expérimentés, et je me serais mal vu endosser ce rôle. Je suis bien plus à l’aise sur le front », ajouta-t-il avec un sourire carnassier.

« Pour résumer, nous sommes apparemment seuls, face contre tous, et Pséma n’est pas loin. Pour être franc avec toi, ma défaite contre Coeos de la Foudre Noire, lors de l’invasion des Chevaliers Noirs il y a six mois, a créé une sorte de lien entre Pséma et moi. Je ne saurais l’expliquer, mais je sens sa présence, diffuse et nauséabonde. Malheureusement pas assez distinctement pour le localiser, mais il n’est pas loin. »

Le Lion croisa les bras, les sourcils froncés. Oui, c’était peu de le dire. La situation était des plus menaçantes.

« Donc d’après toi, il est clair qu’Asgard s’est retourné contre nous ? N’y a-t-il pas moyen de parlementer ? Quant aux Marinas, que s’est-il passé depuis la disparition d’Athéna et de Poséidon ? Aux dernières nouvelles, nous étions alliés. Peut-être serait-il judicieux d’envoyer un émissaire au royaume sous-marin et quelques espions à l’entrée des Enfers. Il est grand temps de savoir s’il nous reste des alliés, et si nos ennemis mythologiques préparent quelque chose.

Il faut des Saints d’expérience pour réaliser ce type de mission. Je peux m’en charger si tu le souhaites. A moins que tu aies d’autres idées en tête ? »

Corell se souvenait très bien de ce qui s’était passé la dernière fois que nous nous étions croisés, et il ne manqua pas de s’en excuser. Mais le temps nous manquait. Le passé était le passé, et il était l’un de mes principaux atouts, à présent. En tant que leader, je devais aller de l’avant et oublier tout ça en espérant que cela lui avait servi de leçon.
- Laisses tomber, Corell. Ce n’est plus important. J’ai besoin que tu te concentres sur le présent, et sur ce qui nous attend. Oublies ce qui s’est passé, ça peut arriver à tout le monde. Comme le dirait si bien Athéna, l’erreur est humaine.
Son compliment m’arracha un sourire, puis:
- Merci. Justement, je compte sur toi pour être mes yeux et mes oreilles sur le front, le moment venu.

Le lion aborda ensuite le problème d’Asgard, et j’en vins à le corriger aussitôt en levant la main:
- Non, je n’ai jamais dit qu’ils s’étaient retournés contre nous. Rien ne permet de l’affirmer, en tout cas. Ils ont simplement rompu les relations diplomatiques suite à l’élection de leur nouveau chef qui semble un nordique de la plus pure tradition : dur, insoumis et violent. Parlementer est inutile : Kyros et Ahina s’y sont essayés, et ils ont été très mal reçus. Si même notre Cygne n’a pas pu parlementer avec eux, lui qui a un lien étroit avec le Royaume des glaces, il est inutile d’insister d’avantage, nous n’obtiendrons rien d’eux. Pour le moment, nous considérerons qu’ils sont neutres. Toutefois, si jamais l’un d’eux se pointe au Sanctuaire, l’accès doit lui être interdit sans escorte permanante. Mieux vaut être prudents... Ajoutai-je d'un ton ferme.

Le lion se montra impatient. Il voulait intervenir, il devait intervenir. Mais l’heure n’était pas à l’action. Il fallait patienter, aussi dur que ce soit:
- Désolé Corell, mais je ne peux pas me permettre de déléguer qui que ce soit vers le Sanctuaire sous Marin ou l’entrée des Enfers actuellement, et surtout pas toi. Nous sommes affaiblis, et les disparitions en chaîne de Hiro, Ahina et Marcus sont des difficultés supplémentaires qu’il me faut prendre en compte en tant que régent. Ton retour me permet d’assurer une base défensive solide, mais je dois malheureusement te demander de surveiller les premières maisons du Sanctuaire depuis ton temple.

Je fis quelques pas vers la sortie, observant à mon tour l’horizon, et mon regard se posa sur Rodorio qui s’étendait au loin, au creux de la montagne:
- J’ai fait préparer un plan d’urgence afin de protéger la population de Rodorio. A la moindre alerte, le village sera évacué à travers les grottes secrètes s’étendant sous le sanctuaire et la population y sera cachée. Je ne veux pas que ma famille ou celles des autres chevaliers ne soient prises entre deux feux. Qui sait de quoi les spectres seraient capables s’ils en venaient à prendre Rodorio d’assaut. Quant à Pséma... je me méfie autant de lui que d’Hadès en personne.

Je fis volte face pour échanger un regard avec le Lion, puis :
- Je sais que tu préfèrerais agir. Tu dois être impatient de prouver aux autres que tu es bel et bien de retour, et ce, pour te rendre utile. Mais en ce qui me concerne, tu n’as rien à prouver. L’armure t’a à nouveau reconnu, et je sais de quoi tu es capable. Je t’ai vu à l’oeuvre. En tant que frère d’armes et en tant que régent, c’est largement suffisant pour moi. Le temps de l’action ne tardera pas. Mais pour le moment, j’ai besoin que tu prépares les défenses des premières lignes, et des premiers temples. C’est ici et nul part ailleurs que j’ai besoin de toi. Je n’ai aucune confiance en les marinas, et encore moins en ce qui concerne nos Némésis. Je ne perdrai pas de temps inutilement en envoyant l’un des nôtres quand je sais que toute négociation est vouée à l’échec. Et puis d’ailleurs...
Soudain, mon regard glissa rapidement vers la sortie du temple, menant vers l’entrée de Rodorio. Un cosmos venait de faire son apparition. Un cosmos facilement reconnaissable: c'était Mashia ! Un sourire se dessina sur mes lèvres dans la pénombre du temple du Lion, puis:
- Enfin, tu es rentrée... Voila une bonne nouvelle, chuchotai-je pour moi même.

Le regard tourné vers l’entrée menant au pied du Sanctuaire, j’attendis de voir apparaître la silhouette si familière de Mashia. Ce ne fut toutefois pas la sienne, mais celle d’un homme en soutenant un autre par l’épaule qui entrèrent en hâte dans le temple de Corell. Comprenant que quelque chose se préparait, mes sourcils se froncèrent, et après avoir demandé à Corell de m’attendre là, je me rendis auprès des deux hommes, tous deux à bout de souffle. L’un d’eux était un des gardes de l’entrée du Sanctuaire que je connaissais bien, quant à l’autre, son armure légère de voyageur en cuir et sa longue cape ne laissaient pas beaucoup de doutes: c’était sans doute un de nos nombreux espions. Posant une main sur une épaule de chacun des deux hommes, je leur dis aussitôt:
- Eh bien, messieurs, qu’est ce qui se passe ?
- Mon seigneur... commença le garde entre deux halètements, notre ami des nouvelles importantes ! J’ai pensé que vous deviez savoir !
- Très bien, merci, tu peux disposer ! ajoutai-je à l’intention du garde avec un léger sourire.

Tournant un regard interrogatif vers l’espion, je remarquai soudain qu’il était en sueur et véritablement à bout de souffle. Il avait dû regagner le Sanctuaire comme s’il avait eu la mort aux trousses. Plongeant mon regard dans le sien, je l’encourageai à parler d’une voix plus douce:
- Du calme, mon vieux. Qu’as tu vu ?
Il lui fallut plusieurs secondes pour rassembler assez de souffle, mais il finit par articuler:
- J’ai surpris tout un groupe de spectres en train de se rassembler... Ils... Ils parlaient d’une... une alliance avec le Royaume des glaces ! Une alliance avec... avec les Asgardiens ! Une attaque se prépare !
- Quoi ?! Lançai-je en écarquillant les yeux, en comprenant avec effroi les implications désastreuses que cela pouvait entraîner.
- Ils veulent raser Rodorio ! Et les temples du Zodiaque ! Acheva l’espion dans un souffle avant de poser les mains sur ses genoux pour reprendre sa respiration.

Pour la première fois depuis longtemps, mon regard turquoise s’emplit d’effroi, et se tourna lentement vers Corell qui s’était avancé depuis quelques secondes, conscient que quelque chose de grave s’était produit. Croisant les yeux du Lion, perdu, je lui dis :
- Eh bien Corell... On dirait que tu vas l’avoir, ta mission... Gardes ! tonnai-je en reprenant mes esprits.
Aussitôt, deux d’entre eux approchèrent en courant, conscients que le ton de ma voix n’annonçait rien de bon.
- Messieurs, écoutez moi très attentivement, je ne me répèterai pas, lançai-je sans autre forme d’introduction. Le Sanctuaire est menacé ! Je veux que vous initiiez le plan d’état de siège que je vous ai tous transmis il y a quelques jours. Rodorio doit être immédiatement évacuée, et ses ressortissants doivent être escortés à la statue d’Athéna. Là haut, l’entourage de notre Grand Pope prendra soin d’eux.
Mes intructions étaient rapides et claires. Tout avait déjà été envisagé. Tout, sauf une alliance. J’avais peur qu’Asgard ou les Spectres n’attaquent, mais je n’osais pas envisager qu’ils aient trouvé un terrain d’entente pour s’allier. La situation était alarmante.
- Yannis, tu vas commencer l’évacuation de Rodorio ! Je t’enverrai le chevalier de la Vierge pour superviser dès qu’il reviendra.
- Bien, mon seigneur, répondit celui ci en s’inclinant avant de disparaitre.
- Quant à toi, Manolis, tu vas dispatcher les ordres auprès des autres chevaliers d’Athéna. Nous sommes dispersés, la priorité reste de rassembler tout le monde selon le plan établi. Si ce que notre ami a vu est aussi grave que je le pense, nous serons bientôt en état de siège, alors il n’y a pas de temps à perdre.

Après avoir ordonné à l’espion d’aller se reposer, je fis volte face pour m’entretenir avec Corell:
- Les évènements se précipitent, on dirait que nous n’allons pas avoir beaucoup de temps devant nous. Si Asgard et les Enfers font front commun, les arrêter sera difficile. Je veux que tu fasses barrage à la maison du Taureau, Corell ! Personne ne doit passer ! Personne ! Je préfère que tu sois en première ligne, tu y seras plus efficace. Tiens moi au courant de la situation régulièrement. Je dirigerai nos hommes depuis la maison de la Vierge. J’ai l’intention de rassembler tout le monde entre les maisons du bélier et de la Vierge. Je ne veux pas trop étendre nos troupes, nous ne sommes pas assez nombreux pour défendre sur les douze temples. Notre priorité est de mettre la population de Rodorio à l’abri, et d’empêcher l’ennemi de traverser notre défense. En cas d’urgence, je descendrai moi aussi pour renforcer les rangs.
Me tournant à nouveau vers la sortie, dos au Lion, j’attendis quelques secondes, puis:
- Je vais attendre Hiro pour l’envoyer superviser l’évacuation du village, et puis je monterai au sixième temple. Je confie ta maison à Kyros, mon disciple. Il est fort, on peut compter sur lui. Nous n’avons que quelques heures devant nous, je suis prêt à parier que les spectres attendront la nuit pour se dévoiler !

Tout s’était déroulé à une vitesse folle. Le Lion sentait que l’orage était prêt à se déchaîner. Il en ressentait les remous dans les fils même du Cosmos, tel un homme qui pressentait l’avenir sans vraiment le percevoir. Un sixième sens, un étau vous enserrant le cœur, une sensation méconnaissable mais pourtant si courante, depuis sa naissance.

L’heure était à la Guerre. La Guerre des Dieux.

Ce n’était pas la première Guerre du Lion… Il avait le sentiment que toute sa vie durant il avait vécu pareil événements. Autrefois, il aurait été excité. Aujourd’hui, seule l’acceptation restait. Le ressenti d’un homme qui avait bien trop vécu. Mais qui continuerait sa tâche, encore et encore, car son cœur brillait toujours pour Athéna.

Pourtant, il n’avait jamais vu Kappa dans un tel état. Certes l’homme se contrôlait, mais le Verseau, d’une habitude froide et distante, calculatrice, semblait réellement remué par ce soudain revirement de situation.

Asgard et les Enfers. Voilà une alliance des plus étonnantes, il fallait l’avouer. Mais ce n’était pas la première fois qu’Odin jouait son propre jeu, et trahissait la Terre.

Il était temps de lui rappeler qui étaient les vrais protecteurs de l’Humanité. Qui se battait pour défendre la Vie. Et qui était vainqueur, au nom de la Justice.

Le regard du Lion se porta au loin, alors qu’un fin sourire naissait sur ses lèvres. Il la sentait. Ma fièvre du combat. Son ultime destinée : défendre Athéna, et son rêve. L’air se mit à crépiter d’éclairs dorés, alors que le Lion d’ Or devenait ce qu’il était : une bête, un chasseur.

« Voilà des milliers d’années que le Sanctuaire d’Athéna est le premier Bastion de l’Humanité. Voilà des milliers d’Années que le Mal est détruit par les Gardiens des Douze Maisons du Zodiaque. Ce n’est pas en l’absence de sa Déesse que les Saints de la Terre vont ployer.

J’adhère à ta stratégie. Si nous sommes envahis, plus nos ennemis seront détruits tôt dans la Montée des Douze Maisons, plus nous seront avantagés. Je me dirige vers la Maison du Taureau… Voire celle du Bélier. Bonne chance. »

Sans attendre de réponse, le Lion s’élança dans les airs, tel un fauve plongeant sur sa proie.

==> Maison du Taureau

Durant les heures qui avaient suivi, les ordres avaient été transmis, et les premiers mouvements de troupes avaient commencé. Comme un joueur d’échecs déplaçant mes pièces sur un échiquier géant, je tentais d’oublier mon inquiétude quant à la disparition d’Ahina et les probabilités qui jouaient contre nous. Rapidement, Corell du Lion, conscient du rôle que je souhaitais qu’il joue, quitta les lieux en direction de la maison du Taureau. L’après midi fut en grande partie occupé par l’évacuation de Rodorio, et lorsque le voile de la nuit entoura les douze temples, tous les villageois avaient été installés dans les bâtiments entourant la cour de la Statue d’Athéna. Shion et Mü avaient organisé la prise en charge des réfugiés, ce qui me faisait une chose de moins à penser. Quant à Mashia, elle avait parfaitement rempli son rôle et je la sentais désormais postée à la maison du Bélier. Peu à peu, la rumeur grondant à l’horizon se rapprocha du sanctuaire et la pluie commença à marteler les escaliers.

Perdu dans mes pensées, je fis quelques pas dehors avant de m’immobiliser sous l’entrée du temple du Lion, protégée de la pluie par une avancée du toit. Je vis alors un garde s’approcher de moi, le visage trempé mais serein.
- Qu’est ce qui se passe ? Lançai-je simplement en observant le ciel, illuminé par un puissant éclair.
- Une asyne nommée Ceridwen s’est présentée au Sanctuaire. Elle souhaiterait selon ses dires s’allier à nous.
Je ne pus réprimer un léger haussement de sourcils. En soi, ce n’était pas des plus étonnants. Elle avait toujours été plus proche de nous que les autres ases. Mais je ne pouvais prendre aucun risque...
- Très bien. Vas la chercher et accompagnes la ici. Je vais parler moi même avec elle !
- A vos ordres, ajouta simplement le garde avant de s’incliner et de faire demi tour à toute vitesse avant de disparaître sous la pluie.

Cette fois, nous y étions. Sous peu, l’ennemi serait à nos portes. Un dernier discours s’imposait certainement. Je ne pus réprimer un froncement de sourcils: ce n’était pas mon fort, mais c’était ce qu’aurait fait Marcus. Déployant mon cosmos pour que chacun de mes chevaliers voie apparaître une image de moi devant lui, j’inspirai profondément avant de me lancer, le visage grave, le regard intense:
- Chevaliers, cette fois, ça y est ! Nos amis, nos familles, ont été évacués dans les hauteurs de notre Sanctuaire ! Chacun d’entre vous sait ce que j’attends de lui ! Les spectres sont parvenus à répandre leur corruption jusque dans le coeur de nos alliés de toujours, les Asgardiens ! Ensemble, ils menacent de détruire tout ce que nous aimons et avons toujours juré de protéger ! Ils disent que ces lieux leur appartiennent de plein droit, et que nous ne méritons pas de vivre !

Je fis une pause, tandis que ma voix se faisait de plus en plus puissante. Chaque mot, chaque phrase, était savamment pesé pour réchauffer les coeurs de mes chevaliers. Au bout de quelques secondes, je repris:
- En cette nuit, nous sommes menacés et seuls au monde face à l’ennemi ! Si les intentions des Marinas ne sont pas encore bien claires, je ne m’attends pas à ce qu’ils viennent nous sauver ! C’est donc à nous de montrer à tous qui sont les chevaliers d’Athéna ! De quelle trempe nous sommes faits ! Soyez sans pitié, car eux n'en auront aucune à votre égard ! Cette nuit sera très longue, mais c’est ici que notre avenir à tous se jouera ! Pensez à vos familles, pensez à vos amis, à tous ceux que vous aimez, et combattez comme jamais en leur nom ! Mes frères ! Mes soeurs ! En cette nuit, nous allons prouver au monde entier que nous n’avons besoin de personne pour protéger les innocents et appliquer la justice ! Faites moi honneur, faites VOUS honneur ! Combattez avec votre coeur, et qu’Athéna guide votre poing !

Mon cosmos s’abaissa aussitôt, et l’aura azurée qui m’entoura céda la place aux ténèbres. A nouveau, une lueur de lassitude passa dans mon regard: la guerre allait éclater, et pourtant, la disparition du Scorpion m’obsédait...
- Ahina, où es tu... ?

Juin 1755 °~ Retour à la case départ

Après de longues minutes passées à monter les escaliers et traverser les temples, nous arrivons enfin en vue de notre destination qui est le temple du Lion. Bon nombres de Saints sont à leurs postes et l'armure du Bélier a trouvé un nouveau protecteur. J'en suis heureux bien que ses anciens propriétaires me manquent tout comme les Saints partis. Ca ne m'étonnerait d'ailleurs pas qu'elle demande pourquoi Shion ne porte pas son armure. A moins qu'elle croit qu'il est Grand Pope... En tout cas, je laisserais son successeur s'en charger!!

En voyant le temple de Corell, je me dis que je ne connais pas grand choses de lui. J'ai fais connaissance avec certains Saints, plus amplement ou légères voire même des fois dans des situations inattendues mais pour d'autres, je ne connais pratiquement rien d'eux. Etant dans un des temples précédents, il est normal qu'on ne ressente pas sa présence ici mais Kappa est bien présent.

Pénétrant dans ce temple que je vais devoir protéger, je me dirige vers le Représentant d'Athéna et m'incline tout en présentant Ceridwen du bras. Le garde, lui, se poste non loin et attend un possible ordre.

Grand Pope, comme vous l'avez demandé, voici Ceridwen.

Me redressant, je me décale de quelques mètres pour laisser Ceridwen avancer afin qu'ils puissent discuter.

Le visage grave et faiblement éclairé par les torches désormais éclairées de la maison du Lion, j’attendis patiemment que Mattheus ne monte avec notre invitée surprise. Je les sentais tous deux approcher. Ceridwen... Ce prénom me disait quelque chose, mais je ne parvenais pas à apposer un visage dessus. Je l’avais croisée quelque part, mais quant à savoir où...
Au bout de quelques minutes, le chevalier d’Adamantine se présenta d’une manière un peu trop révérencieuse à mon goût, à tel point que je me promis de lui parler après avoir discuté avec l’asyne. Et lorsqu’il s’écarta, je la vis. Aussitôt, un flashback nous ramenant au banquet organisé par mon plus vieil ami répondit à ma question silencieuse: c’était là bas que je l’avais croisée.
- Merci, Mattheus. Restes par là, nous avons à discuter tous les deux. Dès que je me serai entretenu avec cette demoiselle, ajoutai-je avec un sourire agréable à l’égard de l’asyne qui se dessinait rarement sur mes lèvres. Entres, Ceridwen ! Ne restes pas sous la pluie. Suis moi, allons parler au sec !

Etre un leader changeait les choses. Doué ou pas dans ce domaine, aimant ou pas jouer à ce jeu, la politique faisait désormais partie de mes prérogatives. L’encourageant à me suivre, je pénétrai franchement dans le temple de Corell pour me diriger dans une aile annexe. J’ouvris franchement et à deux mains la porte à double battants qui nous mena dans une vaste salle à manger comportant une immense table en bois ouvrage, et sur le côté une belle cheminée en pierres anciennes où crépitait agréablement un feu. Je fis demi tour avant de m’adresser enfin à notre invitée:
- J’imagine que tu dois te poser beaucoup de questions, n’est ce pas, Ceridwen ? Pourquoi t’amener à moi et pas à Shion ? Pourquoi m’avoir appelé "Grand Pope” ? J’y répondrai dans la mesure du possible mais certaines informations sont confidentielles, ajoutai-je avec un air faussement désolé. Assieds-toi, je t’en prie, offris-je en désignant un des fauteuils situés devant la cheminée.

Une fois tous deux installés, je poursuivis:
- Disons pour résumer qu’actuellement, c’est moi qui parle et dirige en l’absence de Shion. Si cela ne te dérange pas, nous allons en venir directement aux faits. Comme tu as pu le constater, la situation est... particulière, ici, actuellement. Notamment à cause des Ases, lançai-je en surveillant Ceridwen du regard afin de la tester. Aussi... Je n’ai pas beaucoup de temps devant moi. J’aurai très bientôt une guerre à mener. Mattheus m’a fait dire que tu es là pour offrir ton aide au Sanctuaire ? Pourquoi trahir les tiens ? Et pourquoi devrais-je te croire ? Je suis désolé si ces questions te semblent directes, mais compte tenu des circonstances, je ne peux pas me permettre de prendre le moindre risque. Pas aujourd’hui...

Mon ton était assez distant, et ferme. Ni hostile, ni refermé. Mais Ceridwen devait comprendre que le Sanctuaire était en état d’alerte pour de sérieuses raisons, et qu’en tant que régent, j’étais responsable de la vie de centaines de personnes. Je ne pouvais laisser aucune place au hasard...

~> Entrée du Sanctuaire: Retour à la case départ

L'ascension des Maisons zodiacales avait plongé l'asgardienne dans un profond sentiment de perplexité. Etait-ce là tout ce qui restait des forces athéniennes? De plus, en traversant les diverses demeures, elle s'était aperçue, qu'elle ne connaissait plus grand monde. Sa première surprise fut lors de son passage dans la maison du Bélier. Elle qui s'était attendue à revoir Shion, s’aperçut lors de la traversée de la maison , qu'il y avait un nouveau chevalier du Bélier. Mü?

Ce dernier, se trouvait en compagnie d'une jeune femme qu'elle reconnut sans mal: l'ancienne hôte d'Athéna, celle la même qui avait été emprisonné en Asgard. Comment avait-elle eu vent de cette information? Grâce à son fidèle Arvaarad. En ayant apprit cette nouvelle, la Dragonne d'Asgard était rentrée dans une rage folle. Cela avait été pour la Belle, la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase, et qui l'avait fait se remettre en cause en tant que guerrier divin. Elle avait alors chargé le minotaure de veiller à la protection de la Sainte.

Shion serait-il donc devenu Grand-Pope? Si tel était le cas, la jeune femme ne serait guère surprise, car cette place, il la méritait amplement. Il avait toujours su faire preuve de sagesse et de pondération. Aussi, avait-elle encore plus hâte de le revoir, et ce, afin de le féliciter. A cette idée, un sourire vint à orner son faciès.

Parvenus au temple du Taureau, elle put alors constater que même le gardien de cette maison lui était étranger. En lieu et place du colosse d'ébène , elle put voir un autre colosse à la chevelure écarlate. Au Temple suivant, elle n'eut guère le temps de saluer son ami de longue date: Dohko. Elle l'avait salué au passage, lui adressant un sourire, avant de poursuivre sa course.

Au final, leur ascension prit fin lorsqu'ils parvinrent à la Maison du Lion. La pluie diluvienne n'avait pas épargné les deux jeunes gens. L'asine ne put d'empêcher d'interroger Mattheus du regard. Pourquoi s'arrêtaient-ils donc ici? Mais lorsque le Saint de l'Adamantine prit la parole, elle comprit alors le motif de cet arrêt sur le seuil de la demeure du Cinquième Gardien: le Grand Pope était là. Ceridwen était certaine qu'elle allait retrouver Shion.

Imitant son guide, la Belle mit un genou à terre, baissant la tête. Mais la voix qui lui parvint n'était pas celle attendue. Redressant son faciès, ses iris ambrées rencontrèrent le visage du Chevalier du Verseau: Kappa. A coup sûr, la surprise pouvait se lire sur le visage d'albâtre de la jeune femme, mais elle se reprit rapidement. Lorsqu'il l'invita à le suivre, elle ne se fit pas prier, car elle préférait de loin le froid d'Asgard à l'humidité qu'elle avait trouvé ici.

"- Merci Mattheus de m'avoir conduite jusqu'ici. A plus tard." Lança-t-elle à l'attention du Saint avec un sourire chaleureux.

Pour le moment, elle resta silencieuse, et lorsqu'ils furent tous deux dans une immense salle manger, dans laquelle crépitait un feu, la jeune femme prit enfin la parole:

"- Je dois admettre que vous voir à la place de Shion fut pour une immense surprise, et depuis, je ne peux m'empêcher de m'inquiéter pour lui. Mon instinct ne me trompe jamais. Dites moi ce qui est arrivé à l'homme que j'..." Elle s'interrompit avant d'aller plus loin, mais elle était certaine que Kappa devinerait la fin de sa phrase.

S’avançant près du feu, elle tendit les deux mains en direction des flammes dans le but de les réchauffer, avant de prendre place dans le fauteuil qui lui fut désigner.Visiblement le Chevalier des Glaces cherchait à la tester, et cela l'amusa un bref instant, avant qu'elle ne plonge ses prunelles dans les siennes:

"- Kappa, je suis venue au Sanctuaire suite à la requête faite par l'Enchanteur. Il m'a révélé qui j'étais vraiment et quel était mon rôle en ce monde. Je voulais faire la connaissance du chevalier du Capricorne, Jara. Mais à mon arrivée j'ai remarqué l'orage grandissant. Je me suis alors dit, qu'il serait plus judicieux, pour l'heure, de vous offrir mon aide, et ce, même si je n'ai plus d'armure."

Lentement, elle se redressa, se mettant à faire les cents pas face à l'âtre:

"- Je comprends votre inquiétude, que vient donc faire une Ase ici? Pourquoi trahirait-elle son camp en notre faveur? La réponse est simple: depuis l'arrivée d'Eren en Asgard, je suis contre sa politique à l'encontre du Sanctuaire. J'étais au service d'Odin depuis de nombreuses années, au cours des multiples guerres que nous avons connues, j'ai toujours été à vos côtés. J'ai œuvré pour une paix durable entre nos peuples, en vivant parmi vous pendant sept années. J'ai aimé chacune d'elles."

Faisant une pause, elle se tourna alors vivement vers le Verseau, et vint poser ses mains sur les accoudoirs de son fauteuil, dardant son regard dans le sien:

"- Mon désir de protéger le Sanctuaire est d'autant plus fort suite à ma traversée des Maisons. Et croyez-moi, après avoir pu jugé de l'état de vos forces, vous ne parviendrez pas à combattre seuls les troupes Asgardiennes et des Spectres. Refuser mon aide serait du suicide, car sachez ceci: les guerriers divins sont au complet."

Poussant un soupir, elle finit par conclure:

"- Laissez-moi vous apporter mon aide. Laissez-moi protéger le Sanctuaire, comme il le ferait. Laissez-moi le protéger Lui."

Nul doute que celui dont il était question en cet instant, n'était autre que Shion.

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