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 [Automne 1755] Tout n'est qu'une question de choix [PV Siniy]

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Asya Leskov


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MessageSujet: [Automne 1755] Tout n'est qu'une question de choix [PV Siniy]   [Automne 1755]  Tout n'est qu'une question de choix  [PV Siniy] EmptySam 7 Jan - 23:59

Début de l' Automne 1755, avant l'attaque de Pséma.


Les champs de Coraux. Un endroit dans lequel la jeune femme appréciait se rendre, étrangement. Une entrée pour certain, mais pour elle, il s’agissait d’un endroit où il lui était possible de s’entraîner de différentes manières. Parce que la blanche n’était jamais à court d’idées lorsqu’il s’agissait de progresser. Une chose qui éveillait sa curiosité, qui titillait cette loyauté grandissante pour le Sanctuaire sous-marin. Un lieu d’une simplicité éblouissante, sans doute le mieux pour cela.

Ainsi, elle resta un moment sans rien faire, se baladant simplement à travers les Coraux, admirant ce qui lui était possible de voir, et n’entendant que ce silence qui lui était des plus agréable. Un lieu discret, pour une femme discrète. Discret, pas réellement, mais certains coins étaient moins connus que d’autres. Des coins que la blanche avait appris à connaitre au fil des années.

Lentement, sa tête se redressa vers ce ciel factice, laissant ses quelques mèches ivoire partir en arrière. L’air frais, nul doute qu’elle en avait besoin. Une femme qui n’était pas particulièrement asociale, au contraire, celle-ci appréciait davantage le contact entre deux peaux, la sensation du toucher. Seulement, chacun avait ses propres secrets qu’il gardait cacher au fond de lui, dans le conscient comme dans l’inconscient. Et ça, Asya n’en faisait pas exception. Elle aussi avait ses propres démons, comme chacun d’eux ici, sans aucun doute. A chacun son expérience dit-on, la sienne n’était pas particulièrement joyeuse. Une expérience faite de choix, bons ou mauvais, et d’abandon, de douleur comme de joie. Une vie humaine, en somme. Simplement.

Une main se porta ainsi sur son torse dépourvu de protection. Aujourd’hui encore, elle ne portait pas cette amie qui lui était fidèle depuis maintenant deux années. Circé la magicienne. En un sens, cela ressemblait bien trop à ce bout de femme. Car la magicienne agit parfois en illusionniste, mimant aux autres ce qu’ils veulent voir ou entendre. Et c’était exactement ce qu’elle faisait, cette mère déchue. Elle laissait croire que tout allait bien, alors même qu’elle ne s’était pas autorisée la moindre larme en quatre années de perte. Les sentiments d’une meurtrière. Une illusionniste si compétente qu’elle parvenait à se leurrer elle-même, inconsciemment. Une pensée, un souvenir. Mémoire bien vite effacée par le poids des années.

Une sensation la sortit alors de sa nostalgie, celle de cet instinct et de cette présence qui lui disait qu’elle n’était plus seule dans ces lieux. Un étranger ? Non, cela n’en avait pas l’air. Parce qu’elle ne la sentait pas menaçante pour un sou. Simplement dérangeante. Sans doute un autre Marinas dans ce cas, restait à savoir ce qu’il fichait dans ce coin perdu, au fin fond du champ de corail.

« Qui est-là ? » Une voix qui s’éleva dans les airs soudainement, tandis que cette tête n’avait que peu modifiée sa trajectoire sur le côté. « Sortez donc » . Un ton de mise en garde, assurément. Juste au cas où.

De toute manière, elle ne pouvait voir ce qui se produisait dans son dos, et ne pouvait que se fier à son instinct et ses impressions. Deux choses qu’elle aurait dû écouter plus souvent. Enfin, tout dépend du point de vue.



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MessageSujet: [Automne 1755] Tout n'est qu'une question de choix [PV Siniy]   [Automne 1755]  Tout n'est qu'une question de choix  [PV Siniy] EmptyMer 22 Fév - 16:34

Quelques semaines s'étaient écoulées depuis que Léon avait rejoint les rangs des Marinas. Aussi étincelante que le nacre déposé au fond d'une coquille, cette armée représentait bien la grandeur et la beauté des océans. Léon en était plus que fier : grâce à elle, il avait réussi à s'extirper des décombres monstrueux qui recouvraient sa petite vie, le formant à être soldat mais aussi gardien des mers. S'entrainer au combat était une chose excitante qui réveillait en lui un instinct primaire, peut-être violent. Ses supérieurs disaient de lui qu'il était un peu trop sauvage, sans en être dangereux pour autant. Il avait conscience de son doigté, de l'agilité qu'il apprenait petit à petit à maitriser. Il se sentait invincible, capable de porter à bout de bras ses camarades, les sauver si danger se présentait.

Dans ce genre de moment, une lumière douce venait caresser son visage et le réveillait de sa torpeur. Ils se préparaient tous à la guerre, il ne fallait donc pas qu'il sorte des priorités. Un autre lui avait tendance à prendre peur et retourner à sa place. Il ne se trouvait plus valeureux. Juste minable. Voulant faire son intéressant, impressionner la galerie. Cela marchait la plupart du temps, mais à quoi bon ? Il devait en effet passer outre son autre vie, se focaliser sur les événements à venir mais il n'y arrivait pas, il ne pouvait contrôler cette soif de vengeance. Ce n'en était pas vraiment, c'était plus... un appel au secours. Il ne savait plus décider pour lui-même, l'idée même de devoir sa vie à un dieu ne l'amusait plus autant que ça. Ses frères d'armes étaient sympathiques, avec un sens de l'honneur très prononcé mais.. cette allégeance qui leur faisait défaut. Il avait eu le droit à une seconde chance, il voulait être libre de ses faits et gestes.

Un jour vint où il décida de fuir l'entrainement, sans prévenir qui que ce soit.

Ils avaient réussi à trouver refuge dans un champs gigantesque de coraux, à quelques kilomètres du Sanctuaire. Il y était déjà venu avec quelques autres chevaliers, mais ne s'était jamais attardé devant la beauté de l'endroit. Il s'y sentait bien, calme, marchant d'un pas lent pour mieux inspecter la route. Toute cette flore était impressionnante, colorée et accueillante. Il se demandait s'il n'était pas mieux pour lui qu'il s'entraine ici, à l'abri des regards indiscrets. Hélas, seul, il ne pouvait rien. Il n'était qu'un homme. Il se voyait mal enclencher un duel avec un rocher sous-marin ou discuter avec deux-trois coraux qui lui semblaient amicaux. Ça n'avait aucun sens et aucune utilité. Il décida alors de souffler un bon coup, se vidant la tête complétement. Il se fichait bien de la réaction de ses supérieurs lorsqu'il rentrerait. Il ne devait pas être le premier à faire ça, et si ce n'est qu'une simple fois...

Tapant du pied dans un caillou qui coula dans un trou plus loin, Léon se sentit de moins en moins à l'aise. Ce paysage grandiose semblait cacher quelque chose qui le faisait frémir. Ce n'était pas de peur, non. Il sentait une présence et ne savait pas l'interpréter. C'est arrivé en haut d'une petite hutte qu'il aperçut une silhouette féminine. Il eut juste le temps de se baisser et se cacher, remontant petit à petit à l'aide de ses doigts pour percevoir le personnage. Il y avait donc bien quelqu'un. Il jeta de légers coups d'oeil discrets, observant cette jeune femme avec attention. Il ne l'avait jamais vu, mais semblait faire partie des Marinas. Oui, il le ressentait. Elle marchait doucement elle aussi, ses cheveux d'un blanc maculé flottant dans le courant. Il la trouvait belle, ne voyait pas une once de mal en elle. Il pensait alors à une sirène, un mirage, mais elle semblait bien présente. C'est quand il croisa son regard qu'il sortit de sa rêverie. Elle l'avait sans doute repéré.

Que devait-il faire ? S'enfuir en courant ? Se montrer ? Se sentir stupide ? Il pensa aux trois situations simultanément, ce qui lui lâcha un rire nerveux. La femme l'interpella de sa voix forte, lui causant de légers frissons le long de ses bras. Il n'avait pas d'autres choix. Il se leva alors, se passant une main gênée sur sa nuque et évitant de sourire malgré tout. Il se laissa glisser le long de la pente et arriva à quelques mètres de la blanche. Elle lui faisait dos et n'osait pas lever la tête, croyant lui avoir fait peur. Il décida de répondre à sa question, quoique difficilement.

« B-bonjour, je ne voulais pas vous faire peur... » expliqua-t-il maladroitement et presque de façon inaudible à son interlocutrice. Elle ne semblait pas remarquer totalement sa présence, comme si sa vue lui jouait des tours. Il préférait ne pas tenter le diable.
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Asya Leskov


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MessageSujet: Re: [Automne 1755] Tout n'est qu'une question de choix [PV Siniy]   [Automne 1755]  Tout n'est qu'une question de choix  [PV Siniy] EmptyVen 24 Fév - 18:16

Un bruit entendu, dont elle ne saurait affirmer quel était la provenance exacte. Mais elle avait pourtant prononcé ces quelques mots, misant sur une presque habituelle prudence. Une présence qui n’était d’ailleurs pas cachée, mais que la jeune femme n’aurait su voir tant ses billes brunes semblaient s’être ternies à l’image des souvenirs fantômes qui s’envolaient d’années en années. Une aura qui ne paraissait pas provenir d’un quelconque ennemi, ne l’obligeant pas à dévoiler son cosmos plus que nécessaire. Puis une pensée à cette Scale absente, sa chère et tendre Circé. Magicienne ou Sorcière, un rôle à assumer. Celui d’un gardien, d’une mère déchue. D’un être encore en vie, respirant sous ces eaux profondes tel un poisson naviguant à travers les courants.

Elle avança alors de quelques pas, sans pour autant dévoiler sa présence cosmique. Pourtant, une telle mesure n’était certainement pas nécessaire à la vue du manque cruel de menace qu’elle percevait. Un simple alevin qui avait perdu sa bande, assurément. Un temps marqué par un nouvel arrêt, observant les alentours. Une silhouette, érigée à peine plus loin, sur cette fausse colline, qu’elle ne sût voir. Un air sur le visage qu’elle ne saurait décrire, elle qui ne distinguait qu’une masse floue relativement pâle. Sans doute une illusion. Alors, elle reprit sa marche quelques instant, avant de s’arrêter et de garder la tête plus basse, se rendant compte qu’elle venait de marcher sur un coquillage perdu là. Ou quelque chose du genre. En réalité, elle ne pourrait décrire ce que cela était même si elle le souhaitait. Parce que rien n’était visible à ses billes. Amère réalité. Ne restait que le faible son d’une brisure momentanée.

« Et merde… » Jura-t-elle dans un murmure, tandis que les pas semblèrent se rapprocher.

Elle resta ainsi quelques longues secondes dans cette position, peut-être même plusieurs minutes, qui sait ? Car la jeune femme continuait de chercher ce qui pouvait avoir été brisé par cette force d’enfant qu’elle possédait actuellement. Si bien qu’elle fût surprise lorsque cette voix retentit à nouveau dans les airs. Et, s’il n’y eut pas de sursaut à proprement parler, la Capitaine s’était repositionnée rapidement, se retournant brusquement, et allant jusqu’à oublier ce qu’elle avait écrasé quelques instants auparavant.

« ты кто а Что они делают здесь? »* Prononça-t-elle alors dans ce même mouvement.

Une voix emplit d’une certaine méfiance tout d’abord, pour finalement s’adoucir une fois les yeux posés sur cet enfant des eaux. Une Asya qui n’appréciait pas être surprise tel un animal pouvait l’être par le chasseur. Des mèches brunes s’offrirent alors à cette vue abîmée, tandis que, durant un temps, la mère déchue demeura immobile. Puis, une réalisation. Ou plutôt, elle reprit plus simplement ses esprits, rebaissant ainsi la tête vers le sol alors qu’un pied se relevait, avant que l’autre ne fasse de même. Tiens, toujours rien, bizarre. Et finalement, sa tête se releva vers l’inconnu.

« Ah, Vous n’m’avez pas fait peur… J’ai juste entendu un bruit, comme si j’avais écrasé quelque chose, mais impossible de savoir quoi… Pas moyen d’en retrouver la moindre trace. C’est agaçant » Déclara-t-elle alors, abandonnant temporairement la recherche pour lui accorder un fin sourire, dans une lueur plus détendue. « Et donc, qui vous êtes ? C’est que c’est plutôt rare de croiser du monde dans ce coin-là. » Un soupir, avant de reprendre. « En fait, ce n’est pas juste dans ce coin-là. Les champs de Coraux ne sont pas un endroit très populaire semble-t-il. Alors le fond de la vallée des madrépores, j’vous raconte pas : totalement désert. M’enfin, c’est justement ça qui est bien. L’endroit parfait pour se ressourcer n’est ce pas ? »

Elle s’arrêta alors brusquement, étouffant un rire gênée de sa main.

« Ah, je parle un peu trop n’est-ce pas ? » Une main passa dans cette crinière de neige, machinalement. Ce n’était pas foncièrement dans ses habitudes. Excepté qu’elle appréciait réellement cet endroit, calme et reposant.

Puis la blanche s’approcha un peu, avançant son torse tandis que ses mains se positionnèrent dans son dos. Des marrons qui fixèrent alors le faciès de l’enfant brun. Imperturbable regard, pourtant saupoudré d’un mélange de curiosité et d’amusement.

« Huuum… Je n’vous ai jamais vu par ici. » Une pause, haussant les épaules. « Faut dire que j’croise pas grand monde tout court en fait… » Réflexion faite à elle-même, dans un murmure presque inaudible.

Croiser du monde… Ce n’était pas réellement le genre de la maison. Parce qu’elle, elle préférait le silence, le calme et la discrétion. Et, de cette manière, il n’était pas rare de ne pas savoir qui elle était. Car peu nombreux étaient ceux qui parvenait à lier la Scale de Circé à son réel porteur. Sans doute y avait-il des rumeurs à ce sujet, Asya devait bien avouer que son intérêt sur la chose était minime.

« Peut-être venez-vous d’arriver au Sanctuaire Sous-Marin dans ce cas ! Bienvenue dans le domaine de Poséidon alors ! » Finit-elle par déclarer.

Une entrée en matière un peu mouvementé, certes. Mais cela changeait ses habitudes parfois lassantes. Tant mieux. Car bientôt, celle aux mèches d’ivoire retournerait à sa discrétion, à son calme. A ce qu’elle était devenue, croyait-elle.



Note: *« Qui es-tu et qu'est ce que tu fiches ici? »
Note bis : Asya est anormalement bavarde. Le fond des champs de coraux ont un effet apaisant sur elle, donc elle est plus détendue et se laisse allée.
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MessageSujet: Re: [Automne 1755] Tout n'est qu'une question de choix [PV Siniy]   [Automne 1755]  Tout n'est qu'une question de choix  [PV Siniy] EmptyVen 5 Mai - 15:14

Un silence perturbant entourait à présent les deux personnages. L'océan était bien plus docile au vacarme habituellement, il semblait se figer, comme s'il comprenait la gêne occasionnée par la faute du jeune homme. Pendant les quelques minutes où cette femme lui avait adressé la parole, il eut l'impression de ne pas avoir pris son souffle une seule fois. Il étouffait légèrement. Il remarqua alors dans sa détresse psychique que la blanche avait un terrible esprit de déduction. Il n'avait ouvert la bouche que pour lui balancer des excuses à présent inutiles et elle en avait déduit qu'il était un tout jeune soldat. La maladresse dont il avait fait preuve l'avait sûrement trahi, il espérait simplement qu'il ne s'agissait pas d'une haut gradée, aussi bienveillante qu'elle puisse lui paraitre pour le moment. Il releva alors la tête, le regard apaisé et un léger rictus se dessinant le long de ses lèvres. Il se sentait idiot à la jauger ainsi alors qu'elle faisait partie du lot des n'importe qui dans cette vaste mer. Il n'estimait avoir de compte à rendre à personne par ici. Il prit une profonde inspiration, ce qui l'éloigna de son envie irrépressible de mourir asphyxié par sa bêtise. D'une hochement de tête, il retrouva sa posture naturelle et quelque peu bancale à cause de son corps handicapé. Il avança un peu plus vers cette dame, elle dégageait une incroyable sagesse ne serait-ce qu'à travers ses yeux pourtant perdus dans le vague. Léon voulut lui faire face pour qu'elle puisse enfin être certaine de sa présence, il n'était pas encore un fantôme et s'assura de lui rendre sa courtoisie. Il voulait être seul mais la présence, quoique surprenante, de cette femme venait refermer le vide qu'il s'était imposé.

«Ah ! vous m'avez percé à jour, peut-être n'aurais-je plus le besoin de me présenter si vous continuez ainsi sur votre lancée»
, plaisanta le jeune homme en quête de sympathie. Il préférait éviter le sujet fâcheux de son évasion matinale.

«Je suis nouveau en effet, ça doit faire... deux bons mois maintenant. Le fond des mers est encore assez perturbant pour moi, j'ai des souvenirs d'horizon bien délimité, hors ce n'est plus trop l'cas. Voyez c'que je veux dire ? On se sent un peu perdu, c'pour ça que je suis venu ici... histoire de souffler un bon coup. A peine arrivé et on vous fout une pression monstre au Sanctuaire. Et j'm'étonne de n'pas aimer l'école...»
souffla-t-il enfin dans sa barbe, remarquant qu'il avait déjà beaucoup trop parlé de son ressenti et que l'inconnue qui se présentait à lui n'avait sans doute aucune envie d'entendre ses états d'âme. Il préféra alors tourner le discours vers son interlocutrice.

«Et vous ? besoin de vous changer les idées aussi ?»

Il se trouvait un peu trop direct avec cette femme, lui parlait comme s'il l'avait déjà croisé quelque part, comme une voisine que l'on croiserait dans la rue tous les matins et avec qui on parlerait de la pluie et du beau temps. Cela lui changeait des autres chevaliers -s'il s'avérait qu'elle en était aussi une. Temps qu'à être seul avec une jolie dame sur un sentier perdu au milieu de nul part, autant faire connaissance. Il prit de l'avance sur elle, tapant dans les quelques morceaux de rochers marins qui l'entouraient. L'endroit était vraiment spacieux, les couleurs émergeaient de toute part car les coraux étaient variés et semblaient suivre les mouvements du courant. Certaines algues ondulaient entre les roches, celles-ci étant criblées de coques et de divers mollusques qui s'assoupissaient pendant plusieurs heures. Une certaine chaleur s'aventurait dans le creux du récif, remontant sur le sentier que le brun et la blanche empruntaient. Quelques mèches de cheveux venaient se glisser sur ses paupières, lui gâchant la vue, ce qui le poussa à s'agiter et à pester contre ce vent sous-marin. Il se mit à rire discrètement et tourna la tête, le visage dans un rayon de lumière, son regard bleu se révélant.

«Étrangement, je suis heureux d'avoir de la compagnie. Si vous souhaitez rester avec moi pour la balade, bien entendu...», lança-t-il d'une voix douce et espiègle à la blanche, restant à quelques mètres d'elle pour l'observer d'avantage.
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MessageSujet: Re: [Automne 1755] Tout n'est qu'une question de choix [PV Siniy]   [Automne 1755]  Tout n'est qu'une question de choix  [PV Siniy] EmptyJeu 18 Mai - 18:09

Les paroles d’une Asya bien bavarde, à l’opposé même de ce qui la caractérisait désormais, selon elle. Sans doute parce qu’elle pensait s’être assagie depuis son enfance, depuis son arrivée au Sanctuaire sous-marin, mais également depuis qu’elle revêtait cette Scale de magicienne. Morceau de ferraille aujourd’hui laissé au domaine, d’ailleurs. Parce qu’elle ne la portait que rarement, dans les faits. Trop visible, pour quelqu’un qui désirait le calme. Et pourtant, cela ne l’empêchait pas d’être connectée à elle : Circé. Un lien qui se créait jusque dans l’âme, pensait-elle. Quant à savoir si ces quelques réflexions demeuraient pleines de bon sens où à la limite de l’ânerie : qui saurait l’affirmer ? Un fait qui dépendait de la personne, sans aucun doute. Parce que certains, comme la blanche, se sentaient comme connectés à leurs protections, tandis que d’autres ne vivaient probablement cela que comme un fardeau à porter. Une armure donnée au prix de multiples efforts oui, par tous. Et celui qui proclamerait l’opposait ne serait que ce genre d’homme prêt à tout pour se faire mousser. Seulement, il s’avérait que certains n’aient aucun atome crochu avec le métal. Une cohabitation se faisait donc, pour ceux-ci. Une cohabitation dont personne ne saurait dire combien de temps celle-ci pourrait durer.

Ainsi, elle observait l’enfant de ses billes brunes, alors même que ses mains demeuraient derrière son dos, tel une jeune fille en fleur. Parce qu’elle était comme ça, Asya. Parfois réservée, discrète, froide même. Mais également insouciante, par moment, telle une enfant qu’elle croyait ne plus être depuis déjà si longtemps. Un corps fixé, qui s’avançait alors vers elle. Une chose qu’elle ne percevait qu’à moitié. En effet, plus que le corps en lui-même, la jeune femme percevait davantage son énergie. Une distance diminuée, peu à peu.

Et là, quelques mots. Une courte phrase signifiant qu’elle parlait sans doute un peu trop, sur le ton de la plaisanterie, néanmoins. Mais elle n’était pas du genre à s’offusquer pour cela, la blanche mère. Parce qu’elle-même se trouvait un peu trop bavarde en ce jour. Un rire en guise de réponse. Simple rire étouffé de cette main quittant son dos pour revenir devant ses lèvres, le temps d’un instant. Un « Désolée », murmurée de ce même air amusé.

Un enfant qui parlait, une femme qui écoutait, patiemment, et toujours ce sourire accroché à sa bouche en un étirement à la fois chaleureux et non dissimulé. Un nouveau venu dans cette étendue marine, semblait-il. Souvenirs d’une époque d’ores et déjà révolue, tout du moins le pensait-elle.

« Jamais très évident n’est-ce pas, d’oublier tout ce que l’on a pu connaitre avant, pour mieux rebondir ? Mais cela viendra, pas d’inquiétude. Le temps de s’adapter à un nouveau mode de vie, à un nouveau quotidien parfois bien mouvementé » Une pause. « Apprenti, n’est-ce pas ? » Parce qu’il parlait d’école, d’enseignement. « C’est vrai qu’au départ on en prend pour notre grade, haha. Mais à force de bosser, ça viendra. Il suffit de prendre en compte la règle des deux C »

Nouvelle pause, le temps de prendre une bouffée d’air, alors que les perles brunes continuaient de fixer l’étranger.

« Les deux C : Coriace et Curieux. C’est la clef pour progresser, parait-il » Haussement d'épaule. Puis un rire, avant de soudainement s’arrêter, reprenant un air un peu plus sérieux, plus calme. Plus Asya. « Disons que les temps sont parfois durs, et le ciel parait bien sombre depuis quelques temps » Parce que la paix n’est qu’une chose éphémère. « Sans doute vous brusquent-ils en espérant que vous soyez prêt pour les temps à venir. Etre prêt et revenir en un morceau, aussi… » Mine plus sombre, brièvement, avant de laisser place à plus de légèreté, quand bien même était-elle probablement un peu forcée. « Parait qu’ça aide ! »

Question directe, arrivant à ses oreilles. Se changer les idées, cela fait bien longtemps qu’elle croyait cela fait. Oui, bien longtemps. Et, sans attendre, l’homme se dirigeait sur le sentier, frappant du pied dans les quelques pierres marines qui restaient dans le passage. Quant à elle, elle observait, encore et toujours. Une tête relevée, un regard qui basculait à droite et à gauche, avant de revenir sur le seul être vivant et humain du coin.

« Pas vraiment. Enfin, oui. Mais c’est aussi ici que je m' entraine, quand j’ai du temps. Un peu plus loin, à vrai dire » Court silence, tandis qu’elle avançait à son tour pour se positionner à ses côtés. « Y’a pas grand monde qui s’aventure jusque dans les coins reculés des champs de Coraux, alors c’est l’endroit parfait. Parfait pour se reposer, pour réfléchir, pour progresser seul. »

Parfait aussi pour se cacher, dissimuler une présence. Encore fallait-il savoir le faire, autant alliés, locaux, qu’ennemis. Parce que cet endroit était également, de manière superficielle, l’entrée qui menait au Sanctuaire sous-Marin. Le lieu par lequel passait les invités, les envahisseurs. Tout le monde, en fait. Brise légère passant dans ces quelques mèches d’ivoire, ramenées derrière l’oreille par ces doigts rosés.

Souhait entendu, mais non répondu. Parce qu’Asya estimait que la réponse se donnerait d’elle-même, sans même avoir besoin d’élever la voix. Car, si un départ avait été voulu, il aurait été fait dans la seconde même suivant cette rencontre. Et, jusqu’à preuve du contraire, elle était là.

« Asya, c’est mon nom. Et ça fait probablement dans les quatre ans que je suis ici, maintenant. » Pause, brutale, et prise de conscience. « C’est que le temps passe vite ! » Ajouta-t-elle alors en riant finalement. « Quatre année depuis mon arrivée, et déjà deux aux côtés de Circé… Alala, ça m’rajeunit pas, tout ça ! » D’humeur taquine, la Asya. « D’où tu viens alors, jeune homme ? »

Question simple d’une femme curieuse qui souhaitait en apprendre davantage sur le monde extérieur. Celui qu’elle n’avait pas connu. Des perles de marrons s’étaient alors plantées dans les Océans de l’autre, cherchant à sonder. Curieuse Asya, et parfois sans gêne, semblait-il. Mais cette conversation n’avait rien d’officiel alors, malgré la discrétion habituelle, elle pouvait bien faire une exception, cette lionne blanche. Et qu'importe si, pour cela, il fallait tutoyer cet enfant.
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