Précédent : Entrée du Sanctuaire d'Athéna

Le maître des dimensions et l'étoile terrestre reparurent à quelques mètres près à l'endroit qu'ils avaient quitté pour se rendre à Jamir. Le domaine sacré du Sombre Seigneur, Giudecca, était à présent déserté de ses occupants. Un rapide balayage cosmique des différentes prisons des Enfers apprit à la divinité que quelques spectres inférieurs s'étaient éparpillés un peu partout, et qu'une âme particulière était en passe de mourir. Il haussa un sourcil en se demandant ce que cela pouvait signifier.

"Visiblement, Arbhaal n'a pas jugé intéressant de nous attendre... Je te libère de tes obligations si tu le souhaites Alexandre, je ferai le rapport pour nous deux."

Une soudaine et irrépressible envie de se retirer dans sa cathédrale, calme et exempte de tout perturbateur, s'empara du maître des dimensions. Ils enchainaient les conflits en ce moment, comme pour prouver au monde qu'ils étaient bien les monstres que s'imaginaient les civils. Depuis un temps indéfinissable Oneiros n'était pas allé se mêler à quelques villages pour savourer leur simplicité et écouter ce qui se tramait dans l'ordre du monde. Les Autrichiens depuis quelques siècles étaient passés maîtres dans l'art de donner des ballets et des opéras de toute beauté. Si l'occasion se présentait, il prendrait quelques pour aller en entendre, dissimulé dans la foule.

"J'ai une question à te poser avant que tu ne partes toutefois. J'ai bien vu ton regard lorsque nous nous trouvions à Jamir. Si je n'avais pas été là, aurais-tu tué ces gens ? Aurais-tu pris le temps de les questionner et les écouter ? Tu es encore jeune Alexandre, mais fais attention à ton impatience. Il faut bien comprendre qu'en agressant les civils, tu agresses indirectement les chevaliers. Ce genre de massacre n'a pas lieu d'être en-dehors des guerres saintes, et gratuitement."

précédent: Entrée du sanctuaire

La mission diplomatique terminée, les deux envoyés des enfers pouvaient retourner d'où ils venaient. Oneiros avait de nouveau utilisé son pouvoir pour un déplacement dimensionnel qui les avait ramenés à Giudecca. Le palais d'Hadès était toutefois vide, et les spectres s'étaient dispersés un peu partout aux enfers. Ils avaient du chercher matière à s'occuper en attendant les prochains ordres. C'est vrai que le monde des morts n'offrait pas beaucoup de possibilité de divertissement. Torturer les damnés à la limite?

Le seigneur Arbhaal avait sans doute matière à faire ailleurs. Il est le nouveau régent des enfers après tout. De plus, notre prochaine action semble devoir être une guerre, ce qui nécessite des préparatifs. Si vous n'avez plus besoin de moi, je me retirerais.

Mais pour aller où? Et pour faire quoi? Les lieux étaient mornes et dépourvus d'intérêts. Se mêler aux autres spectres? Pour quoi faire? Ils étaient justes censés coopérer efficacement pour remporter la victoire, pas faire copain-copain. Il ne voyait pas d'intérêt à aller discuter avec eux. La question d'Oneiros l'extirpa toutefois de ses pensées. Ainsi le dieu avait remarqué son comportement vis à vis des villageois?

Ca n'avait rien à voir avec de l'impatience. Ces villageois sont incapables de se défendre par eux même, et dépendent totalement des saints. Il n'y a rien que je déteste plus que les faibles, ceux qui ne peuvent se protéger par eux même. Les saints n'étaient même pas présents, si un véritable ennemi était venu, ils auraient été exterminés. Mais je ne pense pas que je les aurais tué. J'ai déjà fait preuve de prévenance à leur égard en diminuant l'intensité de mon poison. Normalement, ma simple présence aurait du suffire à les tuer indépendamment de ma volonté.

Il ressentit l'arrivée d'une âme qui se démarquait des autres. Pas n'importe quelle âme en plus, rien de moins que celui qu'il haïssait profondément depuis l'épisode du sanctuaire: Mélodias. Que c'était il produit pour que le djinn marin se trouve ainsi envoyé aux enfers? Il n'allait certainement pas manquer cette occasion d'aller voir le djinn marin. Il interrogea Oneiros du regard pour lui demander s'il avait autre chose à faire ici.

"N'es-tu pas faible toi aussi, Alexandre ?"

Le dieu fit quelques pas dans la pièce jusqu'à prendre place aux côtés du majestueux trône des Enfers, sur lequel seuls les dieux et le représentant reconnu d'Hadès pouvait s'asseoir en toute impunité. Son regard sonda Alexandre comme s'il lui transperçait les os, évaluant son état d'esprit actuel. Tout son être semblait tendre vers la guerre et le chaos.

"Sans la protection du Seigneur Hadès, que serais-tu, Alexandre du Basilic ? Tout comme ces gens, tu serais faible, facile à écraser. Et que penses-tu qu'il adviendrait aux Enfers si quelqu'un décidait d'en prendre possession pendant que nous sommes toujours absents à tenter de dérober le territoire des Saints, et maintenant d'Asgard ? Les âmes que nous donnons aux Enfers, celles qui s'en relèvent pour servir le maître des Morts, ne sont pas moins fragiles que ces civils de Jamir, ou que les Atlantes, ou encore les Asgardiens. Cesse de te croire puissant ! Cesse de mépriser tes semblables ! Tu es comme eux, jeune fou ! Ta vie, en soi, ne vaut ni plus ni moins que celle d'un brin d'herbe, un cafard ou une hyène, un têtard ou un éléphant... Les humains, les bêtes et les plantes, ont tous la même valeur aux yeux du monde. Seuls les dieux peuvent prétendre échapper à ce cycle, car ils sont immortels. Tue-les, et ils reviendront. Vaincs-les, et ils se relèveront. Toujours. Le temps finira tôt ou tard par anéantir tout le reste, mais pas eux. Il serait temps que les Hommes comprennent leur place dans cet univers !"

Le regard de la divinité vira soudainement au rouge et son cosmos prit un éclat sombre, synonyme de colère. Il poussa un soupir d'agacement et entendit alors le commandement d'Arbhaal qui résonnait dans tous les Enfers. Et son devoir de jugement, l'avait-il oublié lui aussi ? Qui gardait la demeure du Balrog afin de répartir des âmes dans leurs prisons pendant toutes ces guerres ?! De simples sous-fifres assurément ! Déchéance sur le royaume chthonien !

"Allez va ! Va donc déchaîner tes instincts primaires sur la neige blanche et pure d'Asgard ! Obéis à ton maître ! Je vais m'assurer qu'au moins les Enfers ne sombrent pas dans le chaos pendant ce temps !"

En un flash aveuglant, Oneiros disparut soudainement et la pression exercée par son énergie s'évapora.

Suivant : Demeure du Jugement

Alexandre ne s'attendait pas à ce que le dieu prenne aussi mal ses paroles. Si on suivait le raisonnement du dieu des rêves, il était faible effectivement, d'autant qu'il n'avait pas été capable de remporter ses combats au sanctuaire. Mais Oneiros ne faisait pas référence à la même faiblesse que lui, et il faisait simplement étalage de son orgueil de divinité. Se croyait il à ce point supérieur à lui en raison du fait qu'il était un dieu?

Je ne parle pas de la faiblesse des êtres vivants face à la mort, je parle simplement du fait d'être suffisamment fort pour défendre soit même sa vie face aux agressions extérieures. Celui qui dépend d'un autre pour sa défense sera perpétuellement menacé. Seul celui qui détiens la puissance est capable de se protéger. Les dieux peuvent certainement se relever perpétuellement, mais l'important n'est pas d'être capable de se relever, c'est d'être capable de vaincre ceux qui s'opposent à nous. Il n'y a pas d'intérêt à se relever encore et toujours si c'est pour ne toujours pas être capable de vaincre.

Le cosmos du dieu vira au rouge, et il se demanda s'il n'était pas allé un peu loin. Si le dieu n'était pas capable d'accepter que quelqu'un ait une divergence d'opinion avec lui, c'était son problème. Le commandement d'Arbhaal résonna alors dans tout les enfers, appelant les spectres à partir vers Asgard pour livrer une nouvelle guerre. Parfait, voila qui allait lui changer les idées. Mélodias attendrait, s'il était réellement mort il ne risquait de toute façon pas de s'évaporer. Il ne prêta pas plus attention à la disparition d'Oneiros qu'à ses dernières paroles. Qu'il le veuille ou non, lui aussi serait contraint d'obéir aux ordres du régent des enfers et de combattre les serviteurs d'Odin. Alexandre appela le vent, filant dans les airs pour trouver la sortie des enfers qui le mènerait vers Asgard.

prochain: Asgard