Un sourire désabusé flotta sur mes lèvres, à l’écoute de ses paroles. Sans surprise, Mary avait lu dans les sombres pensées que je ne pouvais exprimer. Je ne comptais pas insister. C’était sa volonté. A moi de la respecter malgré ma crainte de la voir dépérir.


J’avais soufflé ces mots, vite suivis d’un petit rire. Peut-être nous étions-nous croisés dans une autre vie ? Qu’importe, car le lien demeurait bel et bien réel. Elle se livrait, je ne fuyais pas. Un effort terrible pour chacun d’entre nous. Il était donc temps que nos chemins se séparent, avant de mieux se recroiser de nouveau. La voix en mon esprit se faisait plus présente à chaque inspiration. Ma quête ne pouvait attendre et c’était mensonge que de prétendre le contraire. J’avais besoin de réponses. De savoir qui j’étais. De son ventre, ma main remonta vers son doux visage dont je dévisageais sans honte tous les détails.

Je suis jaloux. Je ne connais pas ce Celsius mais je l’envie. Et je le haï également pour avoir mis ta vie en danger tout en ayant conscience du poison qui coule dans ses veines. J’ai moi aussi bénéficié des élans de ton bon cœur, mais il finira par te perdre si tu négliges à ce point ta propre existence.

En entendant l’ordre de mon capitaine, j’éclatais d’un rire bon enfant. Les yeux brillants de larmes, je me redressais de toute ma hauteur, le regard fixe.

Je sortis de la cabine d’un pas de loup au petit jour. Le soleil venait à peine de dépasser l’horizon et l’air frais sur ma peau nue m’apaisa l’âme. C’était une magnifique matinée sur les flots calmes. Sans me soucier de l’équipage à l’apparence trompeuse, je déployais mes ailes de flammes pour prendre mon envol. La côte lointaine mais visible demeurait une promesse de succès. La finalité de ma quête approchait à grands pas. Mais c’est avec une pointe de regret que je quittais le bois du navire de mon amie. Fort heureusement, je savais que nous serions amenés à nous revoir. Bien vite d’ailleurs…