Celsius Indépendant
| Sujet: .: Toucher le Fond ~ Solo :. Sam 31 Mai - 5:54 | |
| :: Toucher le Fond :. Celsius venait de toucher le fond.
Littéralement. Il ne se ferait jamais à cette sensation de se laisser chuter librement à travers les flots. Bien que sachant qu'il avait eu tout le temps de sécher pendant la descente, il ne put s'empêcher de s'ébrouer. La sensation d'humidité était persistante et l'avait envahi de pied en cap, causant moult frissons dont il se serait bien passé. À moins que ce soit la fièvre due à ses blessures ? Elles n'avaient pas l'air de s'être alourdies, mais sa hâte ne lui avait laissé que peu de temps pour s'en inquiéter. Le trajet lui avait paru incroyablement long. Peut-être était-ce parce qu'il n'avait jamais été aussi pressé d'arriver à bon port.
Même tout l'empressement qu'il avait mis à rejoindre le Sanctuaire juste après avoir reçu son armure n'était que de la rigolade en comparaison. Si peu judicieux que ce fût, il avait mis toutes ses forces dans sa course, tant et si bien que même lui, un Chevalier d'Or, était hors d'haleine au moment de se jeter à l'eau – au propre comme au figuré. Fort heureusement, le délai qu'il lui avait fallu pour glisser jusqu'à la hauteur de la Cité Atlante lui avait permis de reprendre contenance, même si la précarité de sa position l'empêchait de jeter un oeil à l'état de ses plaies.
Tant pis, il ferait avec. Ce n'était de toute façon pas comme s'il avait eu sur lui de quoi refaire à neuf ses bandages. S'il transportait bien quelques pansements de sa fabrication, ceux-ci ne lui seraient d'aucun secours, en plus de n'être qu'en quantité bien insuffisante pour le débarrasser de ceux qu'il avait mis en place juste avant de partir. Même sans pouvoir vérifier directement ce qu'il en était, il ne doutait pas une seconde que leur face intérieure soit déjà empoissée par sa toxicité. Les étreintes chaleureuses devraient attendre, même si son sombre pressentiment le faisait douter lourdement qu'il en ait la moindre possibilité.
Le caisson en or pesait plus lourd que jamais sur ses épaules, à moins que ce ne soit l'armure qu'il contenait ? Le Roi des Ronces était au fait du lien étroit entre leur osmose et sa légèreté ; était-ce la preuve que leur relation se détériorait ? Il ne serait fixé à ce sujet qu'au moment où il lui faudrait l'enfiler. Moment qu'il espérait repousser autant que possible tout en sachant qu'il n'y échapperait pas dès les prochaines minutes. L'odeur du sang était dans l'air, impossible de se tromper ; son parfum ferreux lui était aussi familier que celui de ses propres roses, puisque c'étaient les deux senteurs qui faisaient de lui ce qu'il était. Il inspira avidement pour se donner consistance et reprit sa marche.
Joignant ses deux mains sur la même lanière de cuir pour rehausser le réceptacle sur son dos et le soutenir avec plus d'aisance, il sentit malgré ses précautions quelques plaies se rouvrir. Si la plupart étaient bénignes, leur grand nombre rendait chaque mouvement incomparablement plus compliqué, mais il ne pouvait se permettre d'attendre qu'elles soient cicatrisées. Mary avait besoin de lui et elle en avait besoin maintenant – du moins était-ce ainsi qu'il l'avait ressenti. Alors quel que soit son état, il irait, même si c'était la dernière chose qu'il faisait. Il aurait au moins aimé pouvoir tomber au Sanctuaire, mais qu'importe. C'était pour la bonne cause.
Qu'il n'y ait personne pour l'arrêter le confortait dans ses doutes.
Vite, avant que le bonheur ne s'enfuie.
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