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 [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan

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Oneiros


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MessageSujet: [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan   [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan EmptyDim 1 Déc - 13:24

Précédent : Mur des Lamentations

Le temps passait bien vite. A cause de son réveil récent, Oneiros n'avait pas vu les mortels quitter le Moyen-âge et ses ordres féodaux, partagé entre un clergé avide mais encore pieux, une noblesse chevaleresque et courtoise et un ramassis de paysans plus misérables les uns que les autres. Il n'avait pas accompagné les grandes découvertes : héliocentrisme, nouveau continent, techniques de navigations... Il n'avait pas assisté aux guerres de religions, à la naissance de l'imprimerie, à la démocratisation des savoirs et à l'instauration d'une aristocratie à présent décadente.
Dans les rêves des pauvres mortels, on parlait libération, Révolution, monarchie conservatrice et développements de la pensée. Tant de choses qui avaient changé la face du monde.

Quelques semaines durant, le dieu s'était appliqué à rattraper dans les grandes lignes tout ce retard accumulé. Il avait certes pu observer tout cela de loin, depuis Morphia, Phantasia et Phobia, mais rien ne valait la lecture d'un livre, l'expérience des mœurs auprès de ses habitants et l'atmosphère chargée de sous-entendus d'une ville.

Ne souhaitant pas s'approcher trop près de ces êtres sans valeur, il avait décidé de parcourir les dimensions oniriques à la recherche de distraction. Il surveillait de temps à autre le sommeil heureux de Léonard, afin de toujours tenir son hôte dans un monde de bonheur qu'il ne souhaiterait jamais quitter. Il explora enfin la face cachée du monde : les ordres de Chevalerie au service des dieux et déesses régnants. Ces mêmes dieux et déesses s'étaient semblait-il tous retirés d'une manière ou d'une autre. Cela annonçait-il une nouvelle guerre sainte, mieux préparée et plus dévastatrice que les précédentes ? Rien n'était moins sûr.

Au détour d'une arche qui allait bientôt se refermer sur le réveil d'un Asgardien, Oneiros se figea. Il ressentait la présence d'un éveillé au cosmos dont le sommeil s'était prolongé bien plus que celui des autres. Il s'approcha de l'arche qui représentait la porte vers son rêve-cauchemar et en déchiffra la date. Plusieurs mois s'étaient écoulés depuis son entrée dans les limbes du subconscient. L'arche avait jauni.
Un sourire naquit sur les fines lèvres du dieu des rêves. Il aurait dû penser à venir faire un tour par ici plus tôt. Il entra.

Ôtant surplis et cosmos dans ce monde qui lui appartenait, Onéiros avança sans crainte. Il lut rapidement dans l'esprit de la personne qu'il venait d'investir, un certain Jian du Léviathan. Un marina... Lui qui avait parlé de collecter des informations à Himmel, voilà qui tombait plus que bien. L'homme avait vécu au Sanctuaire, l'avait fui à cause d'une mesure de sécurité renforcée et s'était mis au service du maître des océans. De quoi traumatiser plus d'une personne. L'éveillé était-il encore sensible à ce passé douloureux ?

Oneiros dessina un décor de colonnes, au sol de pierres parfaitement alignées. Un terrain d'entraînement d'apprentis-saints. Quelques jeunes gens s'affrontaient dans des enclos censés délimiter des arènes, sous le regard d'un maître, de chevaliers plus hauts-gradés, du Pope à certaines occasions ou simplement du soleil de Grèce. Le dieu des rêves opta pour une approche plus intimiste : il prit les traits du père disparu et s'approcha de l'un de ces enclos où son fils, âgé d'une dizaine d'années, passait les premières épreuves déterminants s'il pourrait intégrer la célèbre garde d'Athéna ou non.


"Acte I, scène 1 : le fils prodigue."
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MessageSujet: Re: [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan   [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan EmptySam 18 Jan - 5:00

Le temps échappait à sa perception. Déformée par un sommeil sans retour, celle-ci n'en discernait plus le cours. Depuis quand était-il plongé dans cette profonde léthargie ? N'était-ce qu'une affaire de minutes ? Cela faisait-il des mois, des années ? Il aurait été bien incapable de se prononcer. En partie parce qu'en plus d'être réduit à une totale impuissance, devenu inapte à penser. Tout ce qui faisait de lui ce qu'il était avait été scellé par ce songe dont il paraissait ne point vouloir, ne point pouvoir se réveiller. Son enveloppe charnelle déjà si frêle perdait de ses forces dérisoires jour après jour, heure après heure, minute après minute – peut-être même à chaque seconde passant. Et il n'y avait rien qu'il puisse faire pour arrêter cela.

Pour endiguer le flot de sa dégénérescence, le cours de sa perte, la marche de « son » temps qui file à toute allure et lui glisse entre les doigts. S'il n'était déjà que bien peu de choses, s'il l'avait toujours été, quand il se relèverait de ce lit dont les draps pâles se confondaient avec son teint maladif, il ne serait plus rien – si tant est qu'il ait jamais été plus. Sa conscience n'était plus que poussière au vent, brisée et émiettée sans possibilité de la restaurer de quelque manière que ce fut. Il n'était qu'une pauvre âme vidée de toute substance errant dans un vide sans limites, dans un néant infini. Dans les limbes de sa personne, au coeur de son propre petit enfer.

Car qu'y a-t-il de pire que les geôles infernales, si ce n'est celle de sa propre chair, traîtresse d'entre les traîtresses, prompte à lui nuire plus qu'elle ne l'avait jamais servi ? Plus que qui ou quoi que ce soit d'autre, plus que les Saints eux-même, ce corps malade, cette peau fragile avait toujours été son pire ennemi. Le pire qu'il puisse jamais avoir, parce qu'il constituait sa seule limite. Le propre d'un chevalier était de transcender son essence même pour l'étendre jusqu'aux profondeurs abyssales de ce cosmos qui enveloppe et dirige le monde, mais lui ne le pourrait jamais. Il aurait toujours cette laisse autour du cou pour le retenir, l'empêcher d'avancer – voire même le traîner lentement mais sûrement en arrière comme elle était en train de le faire.

Non content de ne pouvoir progresser, voilà en plus qu'il régressait. S'il lui était resté ne serait-ce qu'une vacillante lueur de lucidité, sans doute en aurait-il été effondré. Car s'il se moquait bien à titre personnel de n'avoir nulle envergure, c'était à son sens faire honte à la mémoire de ceux qui s'étaient sacrifiés pour le sauver, bien plus forts et bien plus grands qu'il ne le serait jamais, mais aussi pour celle qui était tout pour lui – celle à qui son monde se résumait désormais. Celle qu'il avait bien malgré lui abandonné au moment où il en avait le plus besoin. Mais cela, plus encore que tout le reste, échappait aux derniers vestiges de son « moi », réduit au silence et se dissolvant dans l'obscurité.

Et la lumière fut.

Un semblant d'éclat, une étincelle hésitante en arrière-plan des sens. Le retour de la lumière dans un oeil mort et qui ne voyait plus. Dans son regard éteint renaissaient les formes et les couleurs, se refaisaient une place détails et reliefs. Ce qui n'était au début que des taches indistinctes reprit la forme qu'il devait avoir, retrouva un sens qu'il avait perdu. Le capitaine du Léviathan jeté en pâture à la perdition n'était pas encore tout à fait fini, et quelqu'un, tant qu'il le pouvait encore, se faisait fort de le ramener à la vie. Ce n'était encore qu'un pantin de chair, qu'une marionnette rompue, mais bientôt la chaleur irrigua à nouveau son corps qui en avait omis la sensation, refit circuler un sang qui s'était glacé dans ses veines.

Sa chair revivait, elle qui l'instant d'avant paraissait pierre, froide et inanimée. Son esprit, quant à lui, mit plusieurs longues secondes à comprendre qu'il était en proie à ces stimuli – à saisir que tout n'était peut-être pas perdu, pas encore fini. Il ne se souvenait pas. Ne se souvenait plus.  Savait qui il était, mais pas où il était – ne se rappelait pas ce qu'il avait fait. Tout était confus dans cette tête qui avait pendant des heures et des heures et des heures cessé de penser et remettait en branle non sans mal un mécanisme parti  pour tomber en ruines une fois rongé par la rouille. L'engrenage de sa conscience s'était comme tout le reste remis à tourner, mais quelques pièces brilleraient par leur absence – peut-être n'était-ce pas plus mal  pour commencer. Recommencer. L'éveil se fit.

Le Sanctuaire... ?

Qu'était-il venu y faire ? Jian avait l'impression de sortir d'un long sommeil sans rêve. Mais il n'était pas allongé, ni ne se sentait reposé. Au contraire, son corps était fébrile – et s'il n'en fallait guère beaucoup pour qu'il le soit dans son cas, il avait l'impression d'avoir couru de toutes ses forces pour échapper à une indicible menace. Laquelle, il ne le savait pas. Il ne s'en souvenait pas. Mais pour se mettre dans un tel état, il eut fallu que la Mort elle-même vienne lui mettre le couteau sous la gorge. Car demain, son corps s'en souviendrait, et il allait sans dire qu'il n'était pas pressé d'y être. Il  voyait par ailleurs difficilement quel danger pouvait être assez grand pour le faire se jeter dans la gueule du loup en se rendant au dernier endroit où lui serait venue l'envie de retourner – l'unique qu'il voulait voir brûler.

C'était véritablement tomber de Charybde en Scylla que d'échapper à un péril – quel qu'il fut – pour revenir ici. Le siège des parjures. L'antre des félons.  Le foyer des perfides. Son coeur lui parut rater un battement quand il réalisa pleinement où il était, où il avait mis les pieds. Alors qu'il savait pertinemment que pour rien au monde il n'y aurait remis les pieds, c'était comme s'il y était arrivé sans même s'en rendre compte, par le fruit d'un hasard dont il serait le jouet. Héraut de la fatalité, pantin de la destinée. Quelle qu'en soit la raison, quoi qui ait pu lui arriver, il n'était pas ici au bon endroit. Quelque chose sonnait faux, profondément faux, comme un son discordant aux méandres de sa mémoire et de son savoir. Mais quoi ? Il était ici entre tous, au milieu d'un environnement qui paraissait être le sien mais était tout sauf cela – une voix le disait, le hurlait sans un mot au plus noir de sa conscience encore anesthésiée.

Quand la voix ô combien familière attira son attention et lui fit tourner la tête, si la lueur de la surprise éclaira bien son regard le temps d'un battement de cil, elle se résorba très vite alors que sa logique encore  ensommeillée mais non moins inflexible reprenait ses droits sans coup férir. Ses lèvres s'étaient certes entrouvertes à sa vue mais s'étaient dès lors refermées sans que le moindre mot ne soit proféré. Si son coeur si labile continuait de battre la mesure de  cette redécouverte d'un monde auquel il avait été arraché avait flanché à sa vue, l'esprit robuste qu'il avait hérité de cet homme, de cette image empruntée lui avait très vite imposé de se contrôler. Sans perdre ce calme qui lui était si précieux en cette heure trouble, sans paraître se soucier de son apparence infantile, il le dévisagea avant de s'adresser à lui d'une paisible voix.

Qui êtes-vous ? Vous n'êtes pas mon père.
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Oneiros


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MessageSujet: Re: [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan   [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan EmptySam 18 Jan - 12:43

Le Saint déchu se figea à quelques mètres de son fils, et tout à coup le décor, les gens semblèrent les oublier complètement. Le partenaire d'entraînement s'en alla, l'arène demeura vide de présence, comme si le temps leur offrait un aparté dans le fil de l'Histoire.

"Je ne suis pas ton père, il est vrai. Je suis son souvenir. Le souvenir que tu as de lui."

Il s'approcha de l'enclos, posa ses mains sur la barrière et regarda autour de lui. Le soleil était vif, les arbres fleurissants. Comme si la vie avait oublié le sang versé pour la protéger, le sang de ceux qui l'avaient trahie, le triste sort que réservait le Sanctuaire à ses ennemis. Ils avaient beau être défenseurs de l'amour et de la justice comme le disait la légende, les Saints n'en restaient pas moins des meurtriers comme les autres, avec des idéaux différents de ceux des autres, mais au nom de quoi plus louables ?

"Cet endroit te répugne n'est-ce pas ? Il t'a enlevé... ce que tu avais de plus précieux. Il était trop tard lorsque nous avons compris que nous n'étions plus à l'abri ici. Athéna nous avait déjà abandonnés. Mais toi..."

Il se tourna vers son fils, lui sourit, un peu gêné et triste à la fois. Admettre qu'il s'était trompé à ce point sur le compte des "chevaliers de l'espoiré n'était pas chose facile. Qui aurait pu penser que la morsure de la trahison du Sanctuaire était si terrible ?

"Tu étais si jeune quand tout cela s'est produit. Tu n'as peut-être pas conservé beaucoup de souvenirs de nous, ou alors ils peuvent être altérés par le temps. Mais... nous sommes heureux, ta mère et moi, que tu aies pu survivre. Tu es devenu un jeune homme..."

Nouveau silence. L'enfant qu'il avait devant lui ne devait pas comprendre ce qui lui arrivait, avait besoin d'un peu de temps pour admettre l'idée que son père se tenait devant lui comme si de rien n'était. Peut-être comprendrait-il alors qu'il vivait un rêve, qu'il pouvait tout dire et tout demander dans cet espace clos où personne ne l'entendrait ni ne le verrait. Par crainte de le brusquer, le Saint ne fit rien pour le moment, se contenta d'attendre sa réaction. Les touchantes retrouvailles étaient bien sûr exclues, comment se permettre un élan d'affection dans une "réalité" exposée si crûment ?
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MessageSujet: Re: [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan   [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan EmptySam 15 Mar - 8:08

Jian considéra longuement l'inconnu, sans répondre.

Il avait beau n'être pas dans le meilleur des états, il était assez lucide pour s'apercevoir que quelque chose n'allait pas. Mensonge, hurlait son instinct. Mensonge que tout cela. Et s'il avait l'esprit trop embrumé pour mesurer toute l'ampleur de ce cri du cœur, il était aussi - « encore » ou « déjà » ? - trop réveillé que pour tomber dans ce piège sans lutter. En jouant avec cet aspect bien précis de sa mémoire, son interlocuteur brocardait une plaie encore ouverte. Une faille béante dans son âme qui jamais ne se refermerait. Un bien mauvais choix s'il espérait être confronté au Jeune Dragon dans un état de tranquillité : il n'aurait pu choisi meilleur moyen pour le faire s'agiter. Loin, très loin, dans son lit d'hôpital, dans un autre monde, une autre réalité, une autre vie – perdue à jamais ? - Jian serra les poings.

Sa fuite éperdue aux côtés de son amie en avait fait un animal blessé et perdu, et par conséquent farouche. S'il ne donnait pas aisément dans l'hostilité, il n'en faudrait pas beaucoup plus pour que son oisiveté relative se mue en un feu destructeur. Déjà, alors que les lieux se vidaient de leur peuplade et de toute substance, tout intérêt, le ciel vira à l'anthracite ; les nuages étaient de cendres. Ce monde intérieur était le sien. Si les pouvoirs d'Oneiros lui permettaient de le remodeler à sa guise, il n'en était pas moins le maître des lieux – quand bien même il n'en savait rien. À ce signe précurseur, son vis-à-vis ne devrait pas manquer de comprendre qu'il était périlleux de jouer avec son humeur.

Le capitaine du Léviathan était méfiant. Il n'y avait là-dedans ni logique ni raison, pas plus que de conviction ; ce n'était que pure intuition, cognant aux portes de son ego anesthésié. Une capacité inhérente et commune à tous les chevaliers. Mais pour lui qui avait connu au cours des dernières années plus de tragédies que certains en toute une vie c'était un précieux atout – indispensable à sa survie. Après ce qu'il avait vécu, il se tenait naturellement à l'abri, à l'écart autant qu'il le pouvait, fuyant toute main tentant de l'approcher qu'elle soit tendue ou fermée en poing. Il ne devait rien laisser au hasard. C'était lui contre le monde. Enfin, eux. Avant à tout le moins.

Maintenant, il était seul.
Et il n'en était que plus craintif.

Ainsi observa-t-il une distance de sécurité, une lueur séditieuse dans le regard. Son coeur, qui était encore celui d'un petit garçon, ne demandait pas mieux que de croire à cette mise en scène – que de pouvoir s'imaginer que tout cela n'avait été qu'un mauvais rêve et que c'était maintenant qu'il revenait à lui. Mais cette douleur était incrustée dans son âme comme des éclats d'obus ; l'oublier, c'était renier qui il était. Qui il était devenu. Mais qui était-il vraiment ? Il parut faire abstraction de son interlocuteur une seconde durant alors que, de son regard de jade, il effectuait un rapide tour d'horizon.

Où est Seren ? Il devait trouver Seren. Elle, elle pourrait lui dire en quoi il devait croire. Mais elle n'était pas là. Où qu'il cherche, il ne la trouvait pas. Pas trace. L'aurait-il rêvée, elle aussi ? Mais au fait, qui était Seren ? Si cette réflexion lui causa bien un pincement au coeur, il n'en connut pas la cause. En de pareilles conditions, il était déjà étonnant qu'il ait pu protéger tout ce temps son individualité. Mais il avait du mal à construire une pensée cohérente, et le peu de choses qu'il avait dans la tête à cet instant précis se désagrégeait sans qu'il ne puisse rien faire pour l'arrêter.

Je ne devrais pas être là.

Il ne savait pas lui-même pourquoi il disait ça. Ce « là » n'avait pas de sens précis. S'agissait-il de ce décor de fiction ? Voulait-il dire « en vie » s'il l'était seulement encore ? C'était là l'un de ces moments de flottement où il se perdait totalement, où il retournait contempler le néant. Ce que le sort avait choisi de lui réserver, à lui qui n'était ni vivant ni mort, ni conscient ni assoupi, ni sur Terre ni au Ciel. Continuellement prisonnier entre deux eaux, sans pouvoir s'en extirper jamais. Sa volonté elle-même menaçait de se disloquer à tout moment, mais tant qu'il en aurait l'usage, une chose était certaine : il ne serait pas si facile de le garder enfermer dans cette cage aux rêves éveillés. Son regard se fit vitreux comme si l'on en aspirait l'étincelle de vie avant qu'il ne se reprenne, se débattant de son mieux.

J'aurais du mourir ce jour-là. fit-il à voix basse.

L'impression de s'être poignardé lui-même fut immédiate, mais au moins s'en trouva-t-il remis d'aplomb. D'une certaine manière, c'était le cas. Rien n'avait plus jamais été pareil. Jian avait déjà oublié avoir l'instant d'avant remis en question le fait que tout cela ait existé. C'était comme s'il suivait sa propre ligne de vie sur deux fronts différents, deux parcours qui avaient changé du tout au tout ce fameux jour et qui à présent se superposaient. Si habituel qu'il lui soit devenu de rester sur ses gardes, il ne pouvait rien faire contre les tours que lui jouait sa propre essence, acquise à la cause de l' « ennemi » - celui que sa première impression avait catalogué comme tel.

Son sens des réalités se heurtait à ses envies, ses désirs enfouis comme un bateau se fracasse contre la roche, comme une lame de fond s'échoue contre la terre ferme. Dans cet univers où il se sentait comme un étranger, mais aussi plus chez lui que ce n'avait été le cas une seule fois ces dernières années, il ignorait qui de sa tête ou de son coeur il lui fallait écouter. C'était comme chacun battait la mesure à un rythme différent. Deux sons différents, discordants, qui en aucun cas ne peuvent s'entendre. L'inertie n'était cependant pas une solution. Il ne l'avait que trop bien appris avant que Poséidon ne daigne les recueillir. S'arrêter, c'est mourir. Se remémorer cette sentence lui fit recouvrer ses esprits.

Qui êtes-vous ? Je ne le répéterai pas.

Il fit un pas en arrière, mais la tension qui envahit peu à peu tout son être était là pour prouver qu'il n'était point question de lâcheté. Son regard, à nouveau détenteur de tout son lustre, de son scintillement d'émeraude, se leva vers le fantôme de son père. Il n'avait pas une once d'hostilité dans la voix, mais le caractère péremptoire de son propos ne laissait que peu de place au doute. Que l'on joue avec ses souvenirs - pire encore, avec celui de son père – était quelque chose qu'il n'appréciait que très modérément. Un petit jeu que ce déplaisant visiteur avait tout intérêt à cesser avant de le mettre en colère. C'était à un jeu dangereux qu'il avait choisi de jouer, et toutes les règles n'en avaient pas encore été décidées...
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Oneiros


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MessageSujet: Re: [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan   [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan EmptyVen 21 Mar - 9:30

Le père se figea, croisa les bras. Pas d'agacement, juste un geste montrant qu'il avait bien reçu le message.

"Plutôt perspicace pour quelqu'un qui n'a pas tous ses moyens. Je vais te dire la vérité, mais il se peut malgré tout que tu ne croies pas. Je me suis infiltré dans ton esprit et j'ai copié tes rêves pour pouvoir accéder à ton inconscient. Je ne suis pas ton père, je te l'ai dit, mais l'image que je représente de lui est vraie, c'est le souvenir que tu en gardes, tout comme cet endroit, tout comme ces personnes tout à l'heure."

Il posa un genou à terre, tendit les bras vers l'enfant comme un père aurait pu naturellement le faire, l'invitant par là même à se rapprocher.

"Poséidon. Tu es à son service. T'en souviens-tu ? En essayant de protéger ce qu'il te restait de plus cher, tu es tombé dans le coma. Depuis plusieurs mois tu es un gisant allongé dans un lit, quelque part dans le sanctuaire sous-marin je suppose."

Pendant qu'il parlait, le décor se modifia morceau par morceau : le sanctuaire d'Athéna devint piliers, écume, coraux, algues, marbre blanc sous-marin, poissons et mammifères aquatiques. On pouvait presque y voir le dieu des mers et océans s'y promener tant l'illusion était réaliste. Cependant, les lieux si bien reproduits, étaient vides de toute présence humaine ou divine. Ils étaient bel et bien seuls.

"L'on prétend que nous sommes alliés, alors j'ai voulu vous rencontrer, marinas, capitaines, généraux. Et sur mon chemin, c'est toi que j'ai trouvé le premier. Cependant, à ton attitude, tu n'as pas dû être informé de cette alliance... Ne sois donc pas si farouche, si j'avais voulu te tuer, te délivrer de tes tourments et t'envoyer dans un monde meilleur par la mort, je ne serais pas ici à discuter tranquillement. Et tu ne serais pas si... seul. Je t'offre l'occasion de rêver un peu sans contraintes."


Deux silhouettes apparurent derrière Oneiros, d'abord lointaines. L'une d'elles marchait lentement, jusqu'à s'arrêter aux côtés du père. L'autre les dépassa en courant et en riant. Elle continua sa course avant de s'arrêter à deux pas de Jian, le regard brillant, les joues bien roses et comme lumineuse.
La mère du capitaine et Seren les avaient rejoints comme par magie, sortant de ce nulle part où tout était modulable. Dans un rire, la petite fille -de l'âge du Jian de ce rêve- fit demi-tour et vint se tenir près des autres, saluant son ami d'un petit signe.
Si l'imagerie médicale avait existé en ce temps-là, on aurait pu voir le cœur du jeune capitaine s'emballer, une décharge d'adrénaline tout à coup envoyée par son cerveau pour permettre la remise en route de tout son système nerveux, la simulation du rêve et occasionnant par là le début de son rétablissement plus vite qu'aucune médecine du XVIIIe siècle.


"Qu'en penses-tu, Jian du Léviathan ? Tu as le droit de rêver à ce qui t'est le plus cher, je t'offre un moment de paix et de repos que personne ne viendra troubler, tu as ma parole. Et quand ton cœur sera apaisé, je te réveillerai."

Des mots doux, dénués d'arrière-pensées. Le père tendait toujours les bras. La mère en fit autant. Seren les imita. Six mains tendues bientôt imitées par d'autres comme sorties du brouillard, qui prirent les formes imaginées par Jian : ceux qui avaient pu être des proches, des amis, de la famille, ceux qui avaient un jour touché son être même s'ils n'étaient plus rien aujourd'hui. Sans pouvoir s'en empêcher, le Léviathan ne restait pas indifférent à ce qu'il se passait. Dans les rêves où l'inconscient était souverain absolu, la réflexion aussi puissante soit-elle ne put endiguer les tremblements de ses membres, la tristesse du souvenir mais aussi la joie des retrouvailles, un fugace instant d'un bonheur qui pouvait être révolu à jamais.

Et il ne tenait qu'à lui de se saisir de cet instant pour le faire durer un peu plus, comme si un ange gardien avait voulu jeter son dévolu sur lui. Il n'avait que quelques mots à prononcer et ce fantasme serait sien, libre d'en faire ce qu'il souhaitait.
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MessageSujet: Re: [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan   [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan EmptySam 19 Avr - 20:51

Le champ de jade de son regard, déjà couvert des nuages de l'apathie, s'était brièvement éclairé d'un éclair de contrariété. L'énigmatique visiteur choisit, fort heureusement pour lui, de jouer cartes sur tables avant d'en être frappé. Loin, par-delà l'horizon alla se perdre cette foudre de sentiments, rendant au paysage de ses fenêtres de l'âme quiétude et tempérance. Nul mal n'avait été fait. Nul mal ne le serait. Du moins... Pour le moment. Encore sur la défensive – pardonner n'est pas oublier -, le Léviathan s'adoucit, rentra ses griffes et fit tomber les murs érigés autour de sa conscience noyée dans l'éther. Un pied sur le sol ferme de ce qu'il pensait être une réalité, l'autre suspendu au-dessus du vide de l'impalpable – de ses mystères voués à ne jamais être révélé.

Un souvenir ?

Répudiant toute trace de cette tension passagère, ses traits revinrent à leur candide douceur d'antan, ne fut-ce rien de plus qu'un poignant mensonge, une tromperie au quotidien. L'âme dévorée par la guerre, souillée par les cendres des trépassés, pervertie par la vérité de ce monde imparfait – ô pesante enclume, tombeau de son coeur écrasé. L'enfant-faux avait mobilisé toutes ses forces – toute sa sanité – pour n'être pas dupe de ces roueries, mais retombait à présent dans le creux des limbes où sa chute inexorable l'avait dépêché. Un confortable nid aux brindilles de rêves brisés et aux fondations d'espoirs déçus auquel n'était fourni aucune issue. L'espoir était la clé ; son âme serait ses ailes. Battrait-elle assez fort pour ne pas se briser, fondre au soleil des désillusions ?

L'émeraude garnissant ses orbites lui déroula le paysage alors que s'opérait une vive rotation sur lui-même. Ce royaume était d'ombre et lui-même en était une, goûtant à la chaleur de l'obscurité. Il avait perdu la lumière, lui avait tourné le dos à l'abri du rempart de ses paupières fermées, au nom de tout le mal qu'elle lui avait fait. De tout ce qu'elle lui avait volé, pris puis arraché. Au moins ici ne serait-il pas témoin des plaies, voyeur de la souffrance – ni la sienne, ni une autre. Que les démons se repaissent des contours de sa vision du monde, des croyances qu'il y avait insufflé, car il n'était plus temps de croire : il était temps de savoir. De savoir que cette vie n'était qu'absence d'oxygène et suffocation délayée jusqu'à ce qu'enfin l'étau se referme, salvatrice asphyxie, remède à la vie.

Je me souviens. Je crois.

Vérité sans l'être. C'était le reflet, l'autre lui, le versant opposé, l'envers du miroir – le contrepoids de cette nouvelle réalité. Après des mois à ignorer l'autre côté de la balance, il le sentait à nouveau peser, le menacer de l'expulser, de rompre l'équilibre du déni. Le désaveu de ce qu'il avait négligé partait en fumée. Le fer était son crâne, battu comme plâtre par le marteau du vrai, de l'oublié, du délaissé – de tout ce qui avait été laissé de côté. De ce vécu en bloc rejeté. Les portes scellées par l'horreur tremblaient dans leurs gonds. Les fantômes de l'effroi cognaient aux barreaux, prisonniers forcenés de cellule dont il avait enterré la clé sous les strates fuligineuses de la honte. Tout ce qu'il n'était plus, ne voulait plus être, tout ce qu'il avait fui pour que le destin ne lui impose plus ni mal ni maître. Pas mort, mais pas loin de l'être.

Peut-être serait-ce mieux au fond. Peut-être était-ce tout ce qui lui donnerait satisfaction. N'avoir plus rien, mais ne plus rien avoir à donner ; n'être plus, mais ne plus devoir exister. Cesser de respirer et sombrer, toujours plus loin dans les eaux noires de ce purgatoire. De droite et de gauche, coup d'oeil hagard, mine apeurée – mais de quoi avait-il peur ? Le plus dur était passé. Ne pas le revivre ne dépendait que de lui. Ne jamais plus y retourner, faire comme si de rien n'était – comme si rien n'avait jamais été, pas même lui, pas même le chemin de ronces qui l'avait jusqu'à l'âme écorché. Tourne, monde souffla-t-il au carrefour de ses pensées alors que plus rien n'était pareil. Il fit naufrage une fois encore, unique passager du navire de ses chairs, seul capitaine du frêle esquif de ses songes. L'eau lui emplit les poumons, boirait-il de l'air s'il l'avait pu ?

Je ne savais pas. Je ne l'ai jamais su.

Et il s'en foutait. Spectres ne signifiaient rien pour lui. N'étaient gravés dans le marbre de l'esprit que Marinas et Saints. Que l'allié et l'ennemi. Que l'échappatoire et le danger. Tout dieu soit-il, rien ne changeait. De son dos était venue la menace pourtant, celle qui l'avait jeté dans ce lit dont les draps seraient sa dernière demeure, le blanc linceul qu'il lui faudrait demain. Heureuse toutefois la nouvelle de n'être pas seul jusqu'à la fin, d'avoir quelqu'un pour peut-être lui tenir la main. Quelqu'un pour n'être pas le dernier, pour n'avoir pas à voir cette réalité mourir et tomber quand le jour de la fin des siens sonnerait. Le décor tanguait ; était-il tombé ? Non, mais cela ne saurait tarder, car c'était au plus près de ses lèvres que son coeur pulsait son écoeurement alors que refluaient aux portes de sa conscience les vagues de sa lucidité.

Et ils furent là, tous, jaillis de la brèche ouverte à travers le temps, d'une faille donnant sur les peines de l'enfance et d'antan. Ceux qu'ils ne pouvaient plus voir, ceux qui n'étaient plus que toiles couleur de poussière suspendues aux murs de la galerie de sa mémoire. Des portraits que peu à peu le sens déserterait jusqu'à ce qu'il n'y ait plus que l'inconnu, vaste et effrayant, seul à encore vouloir de lui – petit garçon terne et moribond que tout aurait fui jusqu'à la lueur même de la vie. Et ce serait là tout, c'est comme ça que l'histoire se finit. Le voulait-il ? Difficile à dire pour qui ne sait plus la définition même de l'envie, pour qui n'est plus que pantin au bord du chemin, coupé des fils de ses émotions. Sommeil était tout ce qu'il lui restait, et mort en prévision ; les Enfers avaient bien choisi leur moment pour lui envoyer leur touchante attention. Erreur impardonnable, car son visage ne pouvait que l'interpeller – lui rappeler qu'il l'avait laissée derrière lui en venant ici. Abandonnée à la frontière des ennuis qu'il avait trop souvent rêvé d'effacer, craie de la peur sur le tableau noir de ses peines.

Je ne veux pas rêver.

La farandole des mots s'organise seul dans sa bouche ; nul besoin d'articuler. Son âme est indécise, mais son coeur à parler : c'en est fini de se détourner. Les illusions l'ont assez baigné de leur étreinte de coton, au tangible à présent de planter ses serres dans sa faible chair. Sa main s'était levée, à la rencontre de celles offertes qui jamais ne viendraient. Elles ne furent plus, plus rien – guère plus que ce qu'elles étaient censés être, écho des temps passés. L'invitation l'alléchait sans faillir mais il ne pouvait l'accepter, car ce serait rejoindre les paysages colorés d'un univers démodé. Car il savait que seuls lui restaient les arbres décharnés et les terres calcinées, que c'était elles qu'il devait fouler tant que ses jambes le porteraient. Pas pour lui mais pour la seule qui devait être encore à attendre – condamnée à errer seul pour les jours noirs d'une histoire non pas déjà écrite mais devant encore être contée. Il ne pouvait pas la laisser.

Désolé, mais je ne peux pas.

Un sourire désolé mordit ses lèvres asséchées, rappel immédiat de ce corps inerte où son essence désorientée devrait tôt ou tard retourner – fut-ce pour mieux souffrir, fut-ce pour mieux périr. Facile serait-ce d'en faire fi, facile serait-ce de ne plus vivre que ce qu'il voulait, mais vivre ce ne serait pas – encore moins s'il ne pouvait pas l'emmener, et il n'y avait de place ici que pour personne d'autre que lui et son étrange passager. Quel qu'il soit, il n'assouvirait pas sa demande car ce n'était pas à lui qu'il dédiait ses heures, ses jours et ses nuits – celles qui l'attendaient de l'autre côté du miroir de la tragédie, du reflet de son agonie. De discrets filaments d'émeraude serpentèrent le long de sa silhouette, supplantant son éclat perdu, nuançant la craie de son faciès et la fatigue de ses traits, exacte reproduction des présentes afflictions qui l'attendaient pour le supplicier dans leur écrin de réalité. Prendre le chemin opposé. Il le devait. Même sachant ce qui l'y attendait.

Parce que je dois vivre.

Fin de l'inertie. Le flux revenait, le courage avec lui. Celui de n'être plus qu'une flamme balbutiante mais d'irradier de toutes ses forces avant que la mèche coupée de sa longévité ne touche à sa fin. Dur ce fut de ne pas se retourner, de ne pas vérifier que les bras ouverts toujours l'attendaient, mais il fallait avancer – ne pas garder les fers de la nostalgie au poignet, rompre enfin les chaînes de la sordide mélancolie. L'adolescent s'éloigna, et d'un pas leste à corps perdu se jeta dans la brume. Quitte à n'être plus, autant que ce soit pour avoir tout tenté – pour avoir jusqu'au bout essayé de revenir à une fatalité qu'il n'aurait jamais du fuir. Car jamais il ne le pourrait. Telle était sa réalité. Celle qui l'attendrait jusqu'au bout, montre en poche, guettant son heure pour le voir arrivé avec son cortège de douleur et son manteau de calvaire, et qui alors et alors seulement l'abandonnerait aux bras de la mort. Mais pas aujourd'hui. Pas avant qu'il en ait fini avec la vie.

Vivre, oui.
Mais pas pour moi.


Citation :
Fin du RP pour moi.

Désolé, c'est peut-être un peu abrupt (et surtout tordu) mais depuis le temps que ça dure, j'ai jugé préférable de le faire tourner court plutôt que de te faire languir des mois pour une réponse à chaque fois. Ne te blâme surtout pas, tu n'es pas en tort, seul mon attrait pour ce personnage est fautif. Merci tant pour le RP que pour ta patience et encore navré, en espérant que ça t'ait plu quand même...
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Oneiros


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MessageSujet: Re: [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan   [Quelque part en automne-hiver, 1754-1755] Coma houleux pour le Léviathan EmptyMer 23 Avr - 14:03

Le jeune homme n'avait pas été bien long à prendre sa décision, souffrir dans la réalité plutôt que de vivre, pour l'infini peut-être, un rêve dans lequel il pourrait oublier toutes ses souffrances.
La tentation du Léthé en aurait conquis plus d'un, vivre dans un rêve. Vivre un rêve. Être un rêve.

Oneiros sourit et le regarda se détourner de lui, le père, des autres souvenirs qui s'amassaient autour de lui, les mains toujours tendues, prêts à l'accepter s'il faisait demi-tour. Mais non, il préféra se perdre dans les limbes de son esprit pour, peut-être, parvenir à se réveiller, expier ses fautes envers celle qu'il avait abandonnée derrière lui.

Alors, le laissant à l'accomplissement de son vœu intérieur, Oneiros ouvrit une brèche dans le rêve et s'y engouffra. Tout disparut pour ne plus appartenir qu'à Jian : son passé, ses espoirs, son absence d'espoirs...
Il ressortit de l'arche du rêve qui se fissurait peu à peu, signe annonciateur que l'âme rejoindrait bientôt soit le monde éveillé, soit l'Enfer pour pouvoir remplir les conditions de sa pénitence.

De nouveau dans la dimension onirique, faite de vide et d'idées, le dieu des rêves et des cauchemars regarda les autres arches, se promena comme un visiteur dans un site antique au milieu de ruines et d'histoires variant d'un individu à l'autre.

Il n'avait pas réellement récolté d'informations sur les marinas comme il l'aurait voulu, mais cet intermède venait de lui redonner le goût d'explorer la conscience humaine. Pourquoi refuser la paix de l'esprit pour la souffrance ?

Ô Culpabilité, faiseuse de cauchemars, nous allons bien nous entendre...
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