Sombre, lugubre, effrayant pour certains, peut-être. L'enfer n'a jamais été perçu comme station balnéaire agréable à l’œil comme au corps. Pourtant, lorsque l'on s'en dit habitant, on ne peut empêcher un certain pincement au cœur. Les enfers sont mon pays, mon jardin, ma maison. Je n'aime pour autant pas ce paysage de malheur, c'est dénué de toute vie, toute expression. Fermé, hermétique. Il n'y a rien ici sensible de m’intéresser. Même ce soit-disant jardin de fleurs manque totalement de charme. Tout, jusqu'au plus petit élément, empeste la mort et le sang. Nous sommes loin des nuages, loin du vent, loin de la liberté. C'est une prison. Lugubre et sale prison. Et ces geôliers, pour la plupart encombrant le silence de mort d'un rire gras et affreux. Pour les autres, comme moi, il s'agit de tracer son chemin en essayant de s'émanciper du chaos régent. Drôle d'affaire, alors que nos uniformes de fonction, armures sombres quoi qu'étincelantes, ne permettent guère de projeter un regard neuf.

Il était étrange, quelque part, ne ressasser encore et toujours les mêmes questions. Voilà quelques dizaines de jours que j'arpente ces sombres tunnels, que j'évite autant que faire se peut mes camarades. Il n'ont rien de ce que je recherche. Sans être féru d'art, j'aime la beauté des choses, sentiments comme objets physiques. Ils sont loin, très loin de l'idée que l'on s'en fait. S'il avait fallu faire partie de ce monde d'une quelconque façon, sûrement aurait-il été plus saint de chercher parmi les chevaliers d’Athéna. Aussi pompeux soit leur titre, au moins présentaient-il, selon toutes vraisemblances, une meilleur projection de ce que je pouvais attendre des êtres humains. Si certains, à l'image des Spectre d'Hadès, n'étaient nés que pour tuer, d'autres en revanche devaient bien avoir pour priorité un but plus noble, plus louable. C'est ce manque de diversité, peut-être, qui faisait tant de mal en ces instants. Où que je porte le regard, je n'ai le droit qu'à insultes, blagues en tous genres et menaces en l'air. Ils n’avaient pour projet que provoquer souffrance si ce n'est mort. Si ce genre de sentiment n'est pas toujours un mal, il en va tout autrement d'un vulgaire asticot qui menace de mettre à mort un homme sans aucun doute bien plus puissant que lui. Dure affaire que la sociabilité, lorsqu'on se doit de prouver son attachement à des valeurs qu'on ne partage que trop peu pour éviter d'être celui qu'on regarde de travers. A l'inverse, je m'en amuse follement.

Dès l'instant où j'étais en mesure de comprendre qui j'étais, ou ce que j'étais, je me suis mit à dos tout ce beau monde. Alors qu'on me demandait quel signe zodiacal j'aimerai mettre à mort si l'occasion se présentait, je ne répondais par nul autre moyen que le silence. Et c'est là que la magie opère. Ces étoiles terrestres sont pour la majorité des brutes dont le cerveau s'évertue à progresser au delà de leur corps, tant et si bien qu'il serait préférable de considérer comme miraculeux le fait qu'ils arrivent à penser, si peu que ce soit. Et lorsque quelqu'un de semi accompli ne comprend pas ce qu'il se passe, il préfère coller les éléments à sa façon de penser. Aussi étais-je un ennemi. Aussi devais-je défendre chèrement ma peau. Et contre toute attente … J'en sortais vainqueur. Non par quelconque combat, cependant. L'objet même de liberté pour certains, d'appartenance à plus hautes sphères pour d'autres. Qu'il est bon de savoir voler, avoir cette possibilité de quitter le sol à tout instant. Qu'on me traite de lâche, je préfère encore les voir enrager d'une ligne de conduite qu'ils ne comprennent pas. Là où l'erreur fut plus importante, cependant, c'était bien de penser les Juges des Enfers au même niveau. J'en avais à peine entendu parler, pour tout dire, et je ne pensais pas devoir fricoter avec eux sans qu'un événement spécial n'en soit la source. Et pourtant, c'est bien le Griffon qui se dressait devant. Ami, ennemi, quelle importance ? Quand l'ennui vous gagne, autant utiliser ce temps perdu à sortir les poings et vérifier votre talent de combattant. Il allait à l'avenir être mit à rude épreuve, pourquoi ne pas prendre les devants et, peut-être, récupérer une haute position au sein des enfers ? Si le griffon est si fort, qu'il le prouve en me battant ou me cède sa place, où mon point de vue n'en serait que d'autant plus haut.

- Yo, Griffon. Loin de moi l'idée de te déranger … Ça te tenterait pas un p'tit échange de coups?

J'préfère en jeter cinq, desfois que ça fasse comme avec Kappa ...

Spoiler:

Spoiler:

Je m'étais déjà posé la question. Que pouvait donc valoir réellement un juge des enfers, tant sur sa psychologie que sa puissance. Je redoutais les deux. Ou plutôt, je redoutais que les deux éléments n'aillent guère ensembles. J'aurais bien horreur d'être mit au tapis par un débile, peut-être serait-il pire encore de savoir un semblant d'humanité dépourvu de puissance. Alors que les incarnations terrestres se complaisent dans la médiocrité à tous points de vue, ne serait-il pas préférable de souhaiter une avance significative de tous les traits possibles à chaque étape hiérarchique ? Je voulais, ou plutôt devais le savoir. Mais, faute à mon précédent trépas, sûrement ais-je acquis ce pessimisme si mal avisé. Ma première cible parmi les trois visages proposés s'était voulu l'opposé de tous mes espoirs. Moi si envieux de liberté, je partais en quête du maître. Il s'était vu offrir le droit de disposer à son souhait des vies mortelles qui naviguaient, l’œil vide, sur le sentier des enfers. Son style même de combat tendait plus de la marionnette que du coup violent, si l'on devait en croire les rumeurs.

Quoi de plus abject, donc, pour un fils du vent, que l'image même de l'oppression ? Toutefois, jeter la pierre sur qui que ce soit ne serait possible qu'après l'assurance des informations. Sans m'étouffer d'espoir, il restait possible que ledit « Minos » soit un Spectre tout à fait respectable, si tant est qu'une telle chose est possible. Moi même, que ne puis-je être un fier héros comme souhaité dans ma première jeunesse. Au delà des comptes, je ne puis au final n'être qu'un fin poison dans les veines de l'obscurité. A défaut de mieux, il fallait m'en contenter. Et comme tout virus qui se respecte, je ne pouvais que m’immiscer au delà des limites et étendre ce poison à de nouveaux esprits. « A ce titre, quoi de mieux qu'une figure d'autorité » Me disais-je au départ, avant de réaliser la plus simple vérité. Au delà des idées, ce que j'ai toujours voulu se tenait en un mot : Puissance. Et c'est pour celle ci que je partais au devant d'une figure soit disant trop haute pour moi. Mettre un des juges des enfers au tapis reste le meilleur moyen d'en acquérir suffisamment, faute de pouvoir mettre à mal Hadès ou Perséphone par mes seuls moyens.

Et le cercle vicieux commence. A vouloir puissance, on devient puissance. La mienne fut-elle tout à fait respectable, peut-être n'arrivait-elle pas à la cheville de l’obstacle qui se dressait. Défi, excitation du combat … Ce genre de choses n'avait guère lieu sur moi, c'est pourtant un léger sourire tout ce qu'il y a de plus naturel qui se dessinait au travers de mon visage. Je ne saurais encore l'expliquer aujourd'hui, mais peut-être avais-je commencé à déceler la nature plus paradoxale de mon ennemi d'un soir. Rester sur ces acquis aurait été bien mal avisé, au point que cette idée ne e quittait plus. Sans avoir une réelle importance, elle déterminerait toute l'ardeur que je pourrais exploiter lors de l'affrontement.

Et malgré tout, j'allais de surprise en surprise. Loin de rejeter ma présence ou de vouloir démontrer sa supériorité le plus rapidement possible, c'est presque l'image d'un gentleman que j'avais sous les yeux. En toute honnêteté, mes récentes observations du corps des spectres m'avait jeté dans les griffes du scepticisme, parfois sur ma propre nature. Les anodines actions de Minos venaient de tracer un trait rouge sang sur toutes mes idées préconçues. Je n'étais pas le seul, pas le mal reformé. Un Spectre était capable de penser correctement, de réfléchir sur sa propre situation. Même de converser sans menaces de mort ou autres répliques particulièrement creuses. Je n'osais plus espérer un tel comportement, pourtant, je ne pouvais faire faux bond au défi que j'avais lancé. Minos lui même ne semblait vouloir revenir en arrière. A la bonne heure, il y aurait du juge au petit déjeuner.

Commençaient les hostilités, par une preuve de la puissance pure de mon adversaire. Une technique ringarde, quoi qu'efficace, à jouer ainsi avec le décor. Champ de vision obstrué,broutilles d'attaques en guise d'entrée … Si rien de tout ce ballet ne méritait vraiment d'être écrit dans quelques annales que ce soit, il fallait bien reconnaître la dextérité et le naturel dont mon adversaire faisait preuve. Et je répondais du même ton. Aussi calme que le monde, je fermais les yeux, sans me soucier de la glace qui frappait mon corps inerte. Des piolets de glace avaient déchiré les chairs et prit place à même mon corps là où tantôt les blocs me frappaient. Et comme prit dans un typhon la douleur ne s'arrêterait pas là. J'ouvrais les yeux alors que les ailes du Juge s'étaient repliées sur lui, et sans même penser à me défendre j’assistai, tel un spectateur, à la première vraie attaque portée dans ce combat. Place chère payée, alors que j'étais emporté par un véritable cyclone pour m'étaler à quelques mètre là de tout mon long sur une tonne de roche. Si l'attaque en elle même me rappelait de joyeux souvenirs, l’atterrissage plus brutal avait réussi quant à lui à me décrocher un petit grognement. Tandis que je cherchais quelques prises, à tâtons, j'entendais plus lointaine la voix de Minos qui reprenait. Après tout, il devait s’intéresser autant à moi que moi à lui, ce qui n'était pas pour déplaire mon ego.

- Vilaines rumeurs, hein ? J'imagine mal un de tes subalterne aligner deux mots sans se mordre la langue. A quoi bon y prêter attention, si ni toi ni moi n'avons prit de décision sur le futur de l'autre, je doute qu'on y fasse quoi que ce soit, peu importe ce que je dirais. Si je te disais briguer une place de Juge pour t'affronter plus souvent, serais-tu soulagé ?

Sans en dire plus qu'il n'en faudrait, je mettais le Juge sur la piste de mes intentions. Je n'agissais que pour moi-même et n'irait dans ce sens que là où les intérêts se porteraient. Le cas présent, il ne s'agissait que de rendre coup pour coup les délices infligés. Assis sur un monticule de pierres, j'arrachais de ma chair les pointes de glace qui s'y étaient fichées. Là … J'avais tout du parfait petit branleur. Ce fin sourire carnassier, alors que, de mouvements lents, j'offrais à mon adversaire tout l'étendue de ma confiance. Sans me donner la peine de me relever, je portais à mes lèvres un des piolets ensanglanté, y goutta le sang givré avant de souffler dessus, comme le ferait un enfant sur une hélice de papier. Minos s'était adjugé la glace et le vent, pourquoi ne pas rendre la pareille à l'identique ou presque ? Une à une, les flèches de glace portées par mon vent violent prenaient pour cible le corps de Minos, sans se soucier une seconde de faire mouche ou non.

Et je m'envolais, d'un trait, laissant s’effondrer le tas de cailloux qui me servait de trône pour prendre de l'altitude. De mes doigts gisaient des fils de mon propre sang, comme pour honteusement copier le Juge jusqu'à la toute fin. Ces fils s'emmêlèrent sur eux mêmes pour former une sphère, où vint se mélanger un courant d'air chaud. La sphère devenue tourbillon de poussière et de sang ne tarda pas à éclater, pour former une véritable tornade prenant pour cible son adversaire.

Spoiler:

Spoiler:

Spoiler:

- Marrant.

Ce grand sourire aux lèvres, celui qui ne s'affiche que sur fond de vérité ou compréhension. Celui là même qui je garde en réserve pour les meilleurs adversaires. Celui là même qui me fait me sentir si proche de la mort, et pourtant si vivant. L'ultime, le meilleur. Et Minos n'en dénigrait pas moins le sentiment. Trop philosophique, peut-être, mais tellement au delà de ce que j'avais pu imaginer. Le puits de science des enfers, le bibliothécaire millénaire. Et il n'était pas sans surprise. A l'image, par exemple, de son étrange réaction aux blessures. Propre comme un sous neuf, je n'avais pourtant pas lésiné sur les moyens. Mais, étrangement, je gardais ce sentiment d'avoir réussi mon coup. Le seul, oui, le jouet de glace s'étant révélé plus qu'inutile. A charge de revanche, dit-on dans ces cas là.

Ce n'était même plus un combat. A peine quelques coups échangés, et on se retrouvait davantage dans un débat passionné. Quant à la teneur des échanges, gageons qu'il s'agisse de philosophie peu commune. A première vue, aucun ne cherchait la souffrance de l'autre. Peut-être vrai, par ailleurs, lorsqu'on apprécie davantage sa propre souffrance. C'était un jeu, une poésie, un langage. Rien en ce Juge des enfers ne laissait penser une appartenance au « sombre empire », si ce n'est le côté quelque peu monstrueux de sa régénération. Son impétuosité, également, peut-être. Il était fort, aucun doute là dessus, mais restait ce point de détail plus embarrassant, alors qu'il insultait mon intelligence sans vraiment y prendre garde. De mon vivant j'étais considéré comme historien hautement qualifié, et malgré mon trépas et la quasi totalité de mes convictions réduites à néant, je gardais encore et toujours ce formidable esprit, avide de savoir, de compréhension. D'un certain point de vue, mes connaissances étaient d'autant plus remarquables vis-à-vis de mon jeune age que les arcanes pour le moins secrètes qu'il avait su glaner en plusieurs siècles d'existence. « Un point partout » me disait mon éternel ego, alors que le fil de mes pensées s’entachaient d'une inflexion sentimentale.

Malgré tout, l'heure n'était pas aux palabres. Si la langue du vieux croûton se voyait bien pendue, la mienne se déliait mieux sous les traits du sang ennemi. Sans véritablement parler de langage, le rapide échange de coups précédent en avait dit davantage que toutes les présentations du monde. Les salutations se devaient d'être poursuivies. Et de quelle façon, s'il vous plaît, alors qu'un véritable fauve de glace se formait sous l'action du pâle juge. Et pourtant, toute l'énergie du prochain coup s'en tenait à ce qu'il cachait encore derrière ses mains. Alors retentit le gong, la cloche du prochain round, sous les traits d'une petite onde de choc. Dans le mouvement, le fauve et une sphère de cosmos concentré se lançaient à ma poursuite. Si l'incroyable complexité de cette sphère la laissait totalement hermétique à toute forme de défense, il en fut autrement pour la création de glace qui volait en éclat sous l'action de mon vent, qui, lame par lame, avait entreprit de réduire cette gigantesque sculpture à l'état de poussière d'étoile totalement inoffensive. Alors que la sphère grossissait pour mieux m'englober, je posais un genou au sol, ramenait mes bras autour de mon corps et recouvrait le silence quasi total du moment du son de ma voix.

Kingdom of Heaven

Et prit finalement la douleur de plein fouet, quoi que légèrement réduite par le doux vent qui s'enroulait autours de mon corps,susurrant une mélopée de douceur pour mes seules oreilles. Le choc n'en restait pas moins violent, comme prévu d'une attaque si joliment nommée « Storm Rider ». Le griffon ne laisserait vraiment rien passer, et prenait la voie de l'anéantissement total. Restait à le suivre dans cette voie autant que faire se peut. Et pour ça, rien de tel que de jouer une fois encore le vilain copieur, volant les restes de l'attaque ennemie pour en prendre le contrôle, amenant un vent fluide et léger sur la carcasse de roche derrière moi, j'enveloppais finalement les corps rocheux pour les propulser sur mon adversaire, tels les crocs d'une bête au moins aussi féroce que celle qu'il avait su m'envoyer.

Dans le même mouvement, j'embrassais les cieux de ma main, dont les formes épousaient celles de l'épée de vent qui y prit place, dont le cœur brillait d'un tourbillon plus violent. La plume du vampire se dessinait, laissant pour seule atmosphère cette soif de sang inextinguible. D'un simple mouvement du poignet j'envoyais cette nouvelle lame vers Minos, profitant d'un nouveau courant d'air pour prendre de la vitesse en une rotation verticale. Elle s'était lancée comme un couteau et atteindrait la cible avec plus de précision que jamais, tant la soif ressentie s'était élevée au niveau de son opposant.

Spoiler:

Spoiler:

Monstrueux. On ne peut qu'avoir ce mot en tête lorsque l'on combat l'étoile céleste du griffon. Alors que vous parvenez enfin à lui porter un coup fatal, il n'en devient que moins humain encore, et tartine davantage encore l’atmosphère d'un poids encore et toujours plus intense. Et lorsque cet avatar de destruction se remet d'une façon ou d'une autre de ses blessures, il trouve le moyen de vous balancer une vengeance deux fois plus puissante. Œil pour œil, hein ? Que pouvez-vous donc bien faire face à ça, si ce n'est vous maudire encore davantage que vous ne pouvez maudire la chose en face de vous.

Après tout, pourquoi donc jouer le jeu d'une telle façon ? Quitte à perdre ce combat, et peut-être même la vie, autant réduire à néant tous les espoirs de son adversaire. En ce sens, inutile de répondre à ses attentes. Il suffit de se laisser mourir, d'une façon ou d'une autre. C'est lâche, mais si ça peut enlever d'un hideux visage toute forme de satisfaction … Et puis non. Je ne peux tout simplement me résoudre à abandonner, quand bien même mes chances seraient réduites au zéro absolu. Entre mon index et mon majeur naquit une brise incolore, qui s'étendit rapidement jusqu'à se projeter vers l'avant, telle une lame, réduisant à néant la pathétique mise en bouche de ce coriace adversaire. Rien n'aurait cependant pu me soustraire aux ultimes arcanes issues de son corps même. De simples et si pitoyables fils qui ne formaient plus qu'une toile dont j'étais le prisonnier.

Aucune échappatoire. Ce n'était pourtant pas la fin. La douleur ne remontait que davantage l'excitation du combat, quand bien même il me faudrait passer mon tour cette fois ci. Aucun espoir de sortie, mais je venais de subir le plus grand pouvoir qu'il avait à m'offrir, et ça n'avait rien d'impressionnant. Si finir enchaîné sans pouvoir lui coller ma main sur ce qui lui restait de visage avait ce côté incroyablement agaçant, n'en restait pas moins que sa solide toile se contentait de rouvrir des blessures ou d'en créer certaines autres, pourtant si faibles que le goût du sang n'avait aucune chance d'atteindre ma bouche. Sentiment étrange, alors qu'un monstre qui n'a plus rien d'humain devient votre meilleur ennemi, et que ses attaques, bien que gênantes, ne soient pas à même d'en finir avec moi en une fois. Étonnant et décevant, Minos n'était au final qu'un paradoxe à lui seul. Quelle que soit l'issue du combat, n'en restera qu'un sentiment mélangé, pour le meilleur ou pour le pire.

- … Je n'arrive pas à croire ce que je vois. Toi, si arrogant, si fier de tes capacités, si loin du spectre lambda … Tu n'as que ça ? Te penses-tu méritant de jeter un œil sur l'étendue totale de mes capacités ? Alors que tu montres enfin l'étendue du fond de ton être tu n'arrives pas à me finir en une fois ? Tché ! Moi qui pensais trouver là un pouvoir si grand qu'un nouveau but se dessinerait … Devenir Spectre sera bien la pire des choses qui me soit arrivé. Mets toi donc ton Hadès chéri au creux des fesses et finis moi une bonne fois pour toutes, que mes yeux n'aient plus à subir telle chose.

En y repensant, je ne me suis perdu que trop rarement dans un si long monologue. Ça fait du bien, parfois, alors qu'on ne peut rien faire d'autre. Mon honneur, ma fierté … Tout s'était perdu alors qu'il me tenait dans sa toile, ses fils n'étaient qu'appendices tentaculaires à mes yeux, et le dégoût profond que j'avais toujours eu envers mes pairs n'en fut que davantage justifié. Pourtant, Minos resterait un formidable opposant, nul doute que si l'occasion m'en est donnée, je l'affronterait une nouvelle fois avec tout ce que j'ai. Ne restait à présent plus qu'à fermer les yeux et tenter le tout pour le tout, profitant de cet instant de calme pour fortifier mon cosmos. Après tout, peut-être pourrait-il servir une dernière fois avant que je ne quitte définitivement ce monde …

Spoiler:

Spoiler: