Venez rejoindre la communauté des Chevaliers du XVIIIème siècle, à l'époque de Shion et Dohko, incarnez votre propre personnage, choisissez votre Armure et participez à l'histoire de l'ancienne Guerre Sainte !
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RPG Saint Seiya : Saints Of The Past
Bienvenue sur Saints Of The Past !
Venez rejoindre la communauté des Chevaliers du XVIIIème siècle, à l'époque de Shion et Dohko, incarnez votre propre personnage, choisissez votre Armure et participez à l'histoire de l'ancienne Guerre Sainte !
Cette fois, semblait-il, il avait réussi à fuir la scène de combat. Plus tacticien que lâche, il avait tout de même jugé préférable de battre en retraite. Et si l’ordre de sa Reine lui donnait une excuse valable, il savait qu’en temps normal, il n’aurait pas voulu affronter un chevalier d’ Or accompagné de deux de ses camarades, même si ceux-ci étaient, aux yeux de Shaun, insignifiant. Il était donc a présent dans le ciel de ce monde, rejoignant l’ Italie pour trouver le passage principal menant aux enfers. Non pas qu’il devait impérativement l’emprunter, mais en quittant Londres il avait reçu un ordre très strict qui lui ordonnait de suivre l’un des Juges Infernaux. Minos du griffon, que l’on nommait parfois encore Rochel a cause de son enveloppe. Sur la route, il lui vint une étrange pensée car, réalisant que Minos et Rochel était peut-être deux personnes différentes, il se demanda si lui aussi, était véritablement celui qu’il pensait être, et non pas un pauvre humain offert à l’étoile céleste des Lamentations… Mais le doux chant de ses harpies l’apaisèrent alors et il ne pensa bientôt plus à tout ces bêtises pour se focaliser sur des questions plus essentielles, plus ponctuelles.
- Ces idiots n’ont pas l’air d’être encore partit à ma poursuite. Seraient-ils finalement de vrais couards…
Ces mots, bien qu’ils les pensaient avec force et rage rien qu’à l’idée de ce peureux d’ Andonios et de ce lâche de Chevalier des Poissons…
- Albafika… murmura lentement Shaun tandis que ses paupières se plissaient doucement.
Le Chevalier n’avait pas prit la peine de se présenter, et pour un homme qui attaque dans le dos, il n’y avait probablement rien de surprenant, mais l’autre chevalier d’Or avait lui, prononcé son nom. Albafika. Un nom que Shaun retiendrait surement. Un nom de plus à ajouter sur sa liste d’ami à qui rendre visite. Cependant, au fur et à mesure qu’il se rapprochait de la cathédrale de son maître, il sentait un divin cosmos qu’il n’avait réellement croisé qu’une fois par le passé. Et à sentir l’énergie divine ainsi déployé, il n’avait aucun doute sur le tableau représentant la scène qui se déroulait à la Cathédrale… Pauvre Ostro. Mais peut-être que cela pourrait lui mettre un peu de plomb dans la cervelle. Quoi que, a voir le loustic, c’était une hypothèse peu vérifiable. Il ne tarda donc pas à passer les Alpes et arriva enfin en vue de la forêt maléfique à l’intérieure de laquelle se trouvait la fameuse cathédrale. Mais alors qu’il se préparait à pénétrer dans ce sanctuaire mortuaire, l’une de ses fidèles harpies vint lui chanter une douce information.
- Encore. Décidément, c’est l’ aïd avant l’heure. Qu’ils viennent, je ne permettrais à personne de franchir ces lignes.
Fussent ses sens ou le simple hasard ? Toujours est-il que, pour être sur que personne ne s’approche de la Cathédrale, et que personne n’approche sa Majesté, Shaun se plaça à l’entrée de la forêt. Immobile, comme s’il attendait quelqu’un. Pourtant, personne ne semblait plus prendre sa direction. Pourquoi le Spectre de la Harpie semblait si sur de lui quant à l’arrivé imminente d’un mystérieux personnage…
La lune, pleine, avait du mal à faire irradier sa majesté dans le ciel obscur de la nuit. La noirceur de la voûte éclipsait l'astre argenté en étalant son manteau d'encre, ne lui laissant que de rares instants pour caresser de ses rayons la cime des nombreux arbres avant que de perfides nuages ne viennent les étouffer. Un corbeau poussa une plainte dissonante à la maîtresse du ciel, comme si il se riait de son impuissance avant de prendre son envol. Les autres charognards fixaient du haut de leurs perchoirs, deux silhouettes se glissant dans le noir.
Un raie de lumière éclaira les deux individus au moment où ils quittèrent l'abri des grands pins. Une femme leva ses yeux vers les cieux ténébreux alors qu'une petite fille s'agrippa à sa robe de gaze blanche. Ce regard azur contempla tristement le visage de sa protégée. Mashia n'avait pas eu le cœur de l'abandonner à son sort en la remettant dans les mains de parfaits inconnus. Peut-être était-ce parce qu'elle même aurait pu connaître un destin moins glorieux si l'on ne l'avait pas recueillie. Ce petit visage larmoyant lui déchirait le cœur alors qu'elle constatait que de grosses larmes glissaient sur les joues duveteuse de l'enfant. C'est cette détresse qui l'avait décidé à ne pas retourner au sanctuaire mais à faire une escale en Italie.
Par ailleurs, alors qu'elle avait quitté Henriques pour reprendre le bateau, un évènement surprenant fut l'élément déclencheur de cette folle décision. En effet Mashia s'occupait de la petite fille en lui prodiguant divers soins quand soudainement, elle se sentit glisser dans les méandres infernal de l'une de ses transes.
L'éclat dorée de ces formes mouvantes l'obligea à détourner les yeux de ce tumulte incessant. La jeune femme devinait des visages tordus par la douleur, des corps fauchés par d'horribles créatures recouvertes de plumes. Des harpies. Ces dernières ravageaient tout sur leur passage, ne laissant aucune échappatoire à leurs victimes. Bientôt, elle distingua la silhouette d'un autre protagoniste, mais celui-ci ne bougeait pas et n'avait pas cette aura dorée qui caractérisait habituellement ses visions. Non, une énergie sombre émanait de cet être... Puis un rire sardonique mit fin à ses divagations...
Mashia avait reprit connaissance quelque temps plus tôt, allongée sur le sol, en état de choc. Ce furent les pleurs de la petite qui la ramenèrent à la réalité. Au souvenir de cet étrange songe, la jeune femme ne put réprimer un frisson. La jeune femme s'agenouilla devant sa protégée. L'ayant prénommé Lya, elle s'adressa à elle d'une voix douce et apaisante. La jeune Lotus lui demanda si elle aimerait qu'elle lui raconte l'une des histoires qu'on lui contait avant de s'endormir. L'enfant hocha timidement la tête avant qu'elle ne vienne se blottir contre elle. La sainte se redressa et continua sa progression à travers une plaine où l'herbe haute s'agitait au gré d'un petit vent.
Un sourire adoucit son visage inquiet quand elle sut quelle histoire lui raconter... Elle commença alors :
***
"Il existe de bien nombreuses légendes japonaises, de bien mystérieux récits impérissables malgré le temps qui file...
Il y avait une fois, au sein d'une obscur forêt de pins, une petite bâtisse enterrée sous un saule pleureur. Celle-ci était si petite qu'elle était invisible aux yeux des hommes qui s'aventuraient ici bas. Ce n'est qu'à l'instant où le premier rayon du soleil venait à frapper les racines épaisses et apparentes que l'on pouvait peut-être avoir la chance d'apercevoir, un court instant, la réverbération de la lumière sur les vitres d'une fenêtre.
Les animaux même ne représentaient aucune menace, pas même une nuisance pour l'espèce des petites gens. Il arrivait parfois qu'un scarabée ou une souris venaient à se perdre dans les méandres des galeries éclairées chichement mais la nature généreuse de cette race faisait que ces pauvres âmes égarées retrouvaient très vite la sortie.
Le petit peuple prenait le chemin de l'extinction et les derniers représentants de cette espèce en avait pleinement conscience. Il ne restait plus qu'une famille, composée de trois membres : Un homme d'âge mûr, sa compagne et leur seul enfant, une fille. Âgée d'une vingtaine d'années, la jeune femme portait le joli nom de Lotus. C'était dans cette même plante qu'elle avait vu le jour un beau matin de printemps quand les pétales de son cocon s'ouvrirent un à un. Car oui, la Mère Nature fut leur génitrice mais pour une raison inexpliquée, celle-ci s'était murée dans un silence inquiétant, annonciateur d'une catastrophe, prélude à l'avènement d'une race orgueilleuse : Les humains.
L'aube naissante apporta avec elle ses couleurs flamboyantes, conquérantes sur le ciel nocturne. Régisseur des nues, le soleil ne tarda pas à prendre place parmi ses sujets, les nuages. Une ombre se faufilait aisément entre les hautes herbes perlées de rosée. Là, assise sur un champignon au grand chapeau, Lotus balançait gaiement ses pieds dans le vide. Elle appréciait tant le levée du soleil, sentir sur sa peau blanche la chaleur de ses rayons, une caresse délectable. Une légère brise emporta ses cheveux blonds dans un tourbillon de boucle révélant des oreilles fines et pointues. Son sourire se figea à l'instant même où la jeune femme entendit un son se répercuter entre les arbres : Un cri, presque bestial résonnait, dissonant à ses oreilles. De nature aventureuse, Lotus se risqua à sauter de son piédestal pour voir de quoi il s'agissait.
Sa chevelure de jais se balançait au rythme de ses mouvements. Amples et gracieux ils démontraient une certaine habilité pour les arts martiaux. L'homme se mouvait avec aisance alors qu'il sautait de rocher en rocher. Il s'agissait d'une danse, d'une merveilleuse valse, d'un ravissement pour son unique spectatrice invisible dans la corolle d'une fleur. Soudainement, l'être aux yeux clairs perdit son équilibre et chuta dans l'eau limpide, troublant sa surface dans de grandes éclaboussures. Sa tête ressortit de l'onde, puis, il s'esclaffa joyeusement alors qu'il rejoignait la rive. Lotus, l'observait avec une curiosité certaine : oui, s'était la première fois qu'elle rencontrait l'un de ces... humains. Pourquoi disait-on, dans les livres qu'elle avait lu, tant de mal sur eux? Celui que la jeune Lotus avait sous les yeux lui semblait être comme... les petites gens.
Oh Soleil, réchauffe son cœur de tes rayons doux et chauds, fait fondre en elle l'innocence de l'enfance, de l'ignorance mais épargne lui de bien sombres desseins! Épargne la des jalousies de ton congénère! Et toi! Malicieuse Lune prends garde! Tu n'es pas la seule démiurge régissant les nues, spectatrice de ce monde! Les rouages du destin s'affolent mais jamais ne cèdent ou rouillent, d'habiles mains graciles tissent inexorablement et tressent ensemble les fils de la fatalité pour un singulier et indéfini ouvrage.
Prends garde car une âme en émoi peut transcender toutes choses... Cette fascination grandit de jour en jour en son sein. Tous les matins elle retrouvait le jeune homme alors que l'aurore venait à poindre dans l'horizon..."
***
Son récit s'acheva au même moment où son cosmos s'intensifia malgré elle. Se pourrait t-il qu'elles touchent au but? Lya s'agitait anxieusement dans ses bras, ressentait t-elle son appréhension? La connexion qu'elle avait établie pendant le voyage en bateau ne s'était donc pas encore rompue? Préoccupée, la jeune femme la berça dans ses bras et la petite sembla se détendre en respirant dans ses cheveux écarlates.
Mashia avait apprit jadis, quand son maître lui enseignait bon nombre de choses, que le meilleur moyen d'outre passer ses craintes, est encore de chanter. Elle inspira profondément avant de faire élever sa douce et puissante voix.
Il ne s’était pas trompé. Alors qu’il patientait tranquillement, il finit par ressentir un cosmos en approche. Un cosmos étranger, qui pourtant lui semblait si familier. Ses sens étaient soudainement à l’affut. Il ne savait pas pourquoi, mais un frisson parcourait son échine et ses lèvres ne pouvaient s’empêcher de s’étirer. Un doux chant lui parvint aux oreilles, et l’espace d’une chanson lointaine, tout l’univers de Shaun fut plongé dans les ténèbres profondes. Il n’était pourtant pas effrayé car il ne s’agissait pas de ténèbres qui engloutissaient tout, il se trouvait comme dans un monde à part, à l’écart de toute vie. Il ne restait plus rien autour de lui. Rien d’autre que cette lumière argenté qui brillait plus loin au devant de lui. Mais il ne tarda pas à comprendre que le chant qu’il entendait provenait de cette étrange lumière. Un Cosmos.
- Qu’est-ce que…
Aurait-il été piégé par une illusion d’ Andonios ? Dans ses souvenirs, ce chevalier n’utilisais pas ce genre de techniques, et il n’aurait probablement pas eut la force de le surprendre ainsi. D’autant plus que ce cosmos paraissait différent. Et plus il approchait, plus sa forme se dessinait. Mais lorsque le chant fut arrivé à son terme, le monde reprit sa forme et Shaun aperçu plus loin la silhouette qu’il avait entraperçu dans ce monde de Ténèbres. Elle portant dans ses bras un enfant, une fille peut-être, et son regard était désormais braqué sur le Spectre de la Harpie. Shaun eut un nouveau frisson. Ses Harpies étaient toujours muettes, tapies dans l’ombre, comme n’osant pas intervenir et leurs réaction inquiéta quelque peu Shaun. Elles ne l’accompagnaient pas toujours, mais jamais elles n’avaient étés aphone jusqu’ici. C’est alors qu’il réalisa que le Cosmos de la femme qui se trouvait en face de lui était baigné dans la colère. Une colère pure, sentiment de vengeance se disait-il. Une colère qui né des pleurs et des lamentations. C’est alors que son sourire se fit carnassier. Il avait reconnu son œuvre. Probablement que l’esprit maléfique de l’étoile des Lamentations influait grandement sur ses sens, mais il était persuadé que cette visite lui était destiné. Et lorsque la jeune femme lança son masque aux pieds de l’ancien chevalier de Bronze, il en fut alors sur.
- Je te remercie pour ce présent, dit-il en se penchant pour prendre le masque, je sais ce qu’il représente puisque j’ai moi-même été l’un des chevaliers du sanctuaire.
Il avait prononcé ces paroles d’un air détaché, mais en vérité il aimait toujours voir la réaction de ces « Saints » en apprenant la défection d’un des leurs. Pourtant il se ravisa, et son visage redevint sérieux. La jeune femme avait prouvé son appartenance à l’ordre des chevaliers d’ Athéna, mais pas uniquement, elle avait dévoilé son visage. Or, chez les chevaliers, cela ne pouvait signifier que deux choses. La première, elle l’aimait, mais qui pourrait aimer Shaun. Toute sa vie n’ayant été qu’une vaste manipulation, il n’avait pas l’habitude qu’on se préoccupe de sa personne, seulement de ses capacités et des trésors qu’elles pouvaient lui permettre de recueillir. Son Grand Père, son maître, Athéna, Thanatos et même Ivictus. Tous ne le voyait que comme une arme en bon état de fonctionnement. Il n’y avait à cette règle toujours que deux exceptions. Pandore, sa précieuse Pandore et son amie d’enfance qui n’avait aucun souvenir de lui, de ce qu’il pensait, et la Reine Perséphone, qui par son cosmos Chaleureux considérait tout les Spectres comme ses enfants. Du moins était-ce qu’avait ressentit Shaun. L’autre raison aurait été que Mashia déclare par ce geste qu’elle le tuerait, quoi qu’il en coute. Il n’eut pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir laquelle de ces deux possibilités était la bonne. Ce geste surprit Shaun. Tant de détermination, tant de courage et de noblesse. S’il n’avait pas eut envie de l’écorcher vive sur le champ, il aurait pu l’aimer sincèrement. A ce moment, il ne voyait qu’elle. Cette femme qui, d’une main protégeait un enfant paisiblement endormit, et de l’autre défiait l’un des messagers de la mort. Oublié ses rêves de revanche sur le chevalier des poissons, perdu le souvenir d’une rivalité quelconque avec un Tenma de Pégase, envolé ses envies meurtrières qui faisaient d’ Andonios sa proie de prédilection. Si des ennemis pouvaient se choisir comme des amants, alors Shaun venait de trouver son âme sœur. Si l’on peut considérer que deux êtres diamétralement opposés puissent être des âmes sœurs. Pourtant, dans l’esprit torturé de Shaun, s’en était presque de l’amour, il l’aimait pour ce regard plein de détermination de volonté. Il l’aimerait pour s’être dévoilée à lui comme l’ennemi qu’il prendrait plaisir à vaincre et à humilier. Son aura grandissait sans qu’il ne s’en rendre compte. Les Harpies se réveillèrent alors et entamèrent une mélopée pleine de désespoir. Comme en réponse au chant de Mashia, elles s’élevèrent d’une seule voix.
Shaun ne comprit pas alors que son Cosmos entra dans une sorte de lien profond avec le Cosmos apaisant de Mashia. Malgré la colère qui filtrait, son essence n’avait pas changée et quelque part, il en était perturbé. Pour essayer de le cacher, il se contenta de dire sur un ton faussement moqueur.
- J’imagine que ce n’est pas une déclaration d’amour…
Jusqu'à présent aucuns mots n'avaient été prononcés. Ces deux êtres se jugeaient dans un silence pesant, annonciateur d'une joute sans doute aussi bien verbale que physique. Tout son corps bouillonnait d'un désir insatiable de faire justice. Et pourtant. Un geste l'interpella. Oui, la jeune femme s'était attendue à ce que son masque soit réduit en poussière d'une quelconque manière que ce fut. Non, il l'avait conservé dans sa main. Elle considéra cela comme une reconnaissance. Il la reconnaissait en tant qu'adversaire, et elle, par cette acceptation... en demeura muette. Alors ce Spectre qui se dressait devant elle dans toute sa splendeur maléfique n'était qu'un renégat? La jeune femme en resta coi mais son visage, impassible, ne traduisait en rien des émotions contradictoires qui montaient en son sein. On aurait pu penser que son masque de fer s'était fondu, recouvrant éternellement sa figure, pour la préserver. Seuls ses deux yeux reflétaient son âme. Miroirs lumineux, on pouvait y lire toute sa détermination, son courage et l'once de haine qui comme un poison s'insinuait lentement... Mashia observait Shaun avec insistance, sentant qu'émanait de lui, des forces néfastes, si viles qu'un frisson ne pu être réprimé. Ses lèvres vermeilles s'entrouvrirent pour faire entendre sa voix, déverser les paroles qui tiraillaient son cœur. C'est alors que s'éleva un sombre requiem. Un immonde concerto de voix déchirantes, tellement empreinte de désespoir qu'elle en fut touchée. D'une certaine manière, l'homme venait de se dévoiler, enfin, il paraissait à Mashia que ces voix appartenaient aussi à son adversaire.
La tête baissée, la jeune sainte ne semblait pas avoir entendue les dernières paroles de Shaun. Son attention se portait sur sa protégée qui venait d'ouvrir les yeux et la regardait sans réellement la voir. Sa main libre vint alors caresser sa chevelure de jais tandis que ses yeux clairs se fermaient et qu'une nouvelle fois elle se perdit momentanément dans la contemplation. La petite malgré tout s'agita dans ses bras alors qu'elle tentait vainement de la calmer avec son cosmos. Puis Lya laissa submerger sa peur en s'accrochant désespérément au cou de Mashia. Doucement, en même temps que les sanglots de la petite redoublaient, la jeune Lotus s'exprima directement à Shaun.
"Voyez. Voici l'une de vos nombreuses victimes que j'ai pu arracher de votre joug. Cette petite sera le témoin de votre chute. Je lui fais le serment de lui rendre justice. Ce masque que vous tenez, je le récupérais une fois que j'aurais tenu ma parole. Ce visage artificiel, est la preuve de ma détermination. Je ne me cacherais plus, et si ce dévoilement vous surprend, sachez qu'il n'ait aucunement l'expression de sentiment amoureux, sauf si vous confondez cela avec la haine. Auquel cas, oui, je vous aimerais jusqu'à mon dernier souffle. Jusqu'à ce que le glas sonnant votre fin retentisse agréablement à mes oreilles."
Pour accompagner la parole au geste, la jeune Mashia s'avança lentement vers le spectre. Elle était maintenant si proche de lui qu'elle pouvait sentir son souffle chaud sur son cou. La petite dans ses bras, tremblait mais soutenait aussi le regard meurtrier de cet assassin. Mashia déposa alors l'enfant à terre. Elle ne tarda pas à se cacher derrière ses jambes et à s'accrocher désespérément à sa jupe mais Lya ne pleurait plus, les yeux écarquillés par cette scène emplie d'une tension palpable.
Au dessus de leur tête, la lune se voulait spectatrice et avait ainsi écarté les nuages. L'astre brillait avec force dans le ciel aussi noir que le surplis de Shaun, ses rayons d'argents, froids mais lumineux, faisaient jouer des reflets de feu dans les deux chevelures des protagonistes. Mashia tendit alors doucement son bras pour agripper l'armure du Spectre de façon à ce qu'il se penche vers son visage. La jeune femme, eut alors un triste sourire. Les Harpies. Elle entendait clairement leurs appels, leur chants, elles aussi semblaient agités...
"Regardez-moi... Souvenez-vous de mon visage comme je me souviendrais du votre... Je m'appelle Mashia Mokushi... Dans ma langue mon nom désigne l'apocalypse. Je serais la votre. Quoi qu'il m'en coûte."
Sur la pointe des pieds pour arriver à hauteur de ses yeux, elle lui avait susurrer à son oreille, d'une voix douce et claire, ces paroles lourdes de conséquences.
Une larme unique, glissa le long de sa joue pour finir sa course le long de son cou gracile. Il lui en coûtait de reconnaître qu'elle incarnait à présent la juge d'un homme, la purgatrice du mal qui débordait de cet être dont elle ne connaissait pas l'histoire. Seuls les faits comptaient. Seulement une part d'elle ressentait une pitié certaine pour cette malheureuse marionnette. Pantin d'un puissant démiurge les exhortant à commettre d'affreux desseins en son nom.
La jeune rousse écouta ce que Shaun eut a dire puis l’enfant qui se tenait toujours dans ses bras se réveilla. Prise de panique, elle tenta vainement de protéger en plongeant contre celle qui l’avait sauvé. Ce fut ce qui ramena Shaun a la réalité. Il avait clairement été absent, concentré sur Masha à tenter de comprendre pourquoi ce cosmos et cette aura l’intriguait tant. Son désir de meurtre née d’une simple rencontre parvenait à le surprendre lui-même. Comme s’il était sortit d’un long rêve éveillé. Ou plutôt un Cauchemar, dans lequel il…
- Je…
Qu’avait-il hésité à dire une seconde avant que Mashia ne prenne la parole. Elle lui expliqua que l’enfant qu’elle protégé était l’une des survivantes d’un massacre qu’il avait causé. Puisqu’elle n’était pas présente à Londres, Shaun comprit qu’elle parlait de son escapade en Algérie. Le lieu ou par désespoir, il avait rasé un village tranquille, vengeance à l’égard de la fatalité qui avait de sa vie une prison de tourments. Ainsi donc, une enfant avait survécu. Mais alors qu’il posa ses yeux sur la petite, Mashia prononça d’étranges paroles en sujet avec le symbole de ce visage découvert. Avait-elle lu ses pensées ? Il l’ignorait, mais ce passage le fit ne nouveau sourire, presque innocemment. Confondre l’amour et la haine disait-elle, et bien la vie de Shaun n’avait jamais été qu’un mélange d’amour ou de haine ou l’un n’existe jamais sans l’autre, aussi ses perceptions de l’amour étaient depuis bien longtemps perturbé. Il la haïssait de plus en plus, elle et ses bonnes manières, ses lèvres qui ne faisaient que cracher des idioties, ces longs cheveux doux prenant vie sous la lumière de la Lune, comme si tout les éléments n’existaient que pour la mettre en valeur. Il détestait cette attitude héroïque qui lui avait jadis valu de se retrouvé enchainé à Thanatos signant un pacte impossible à refuser. Il détestait ce regard dont l’expression lui était devenu étrangère mais dont il ne pouvait se soustraire. Il haïssait Mashia de tout son être, pour tout ce qu’elle était et représentait. Alors pourquoi ne pouvait-il s’empêcher de se sentir léger. Au fond de lui, il le savait, cette femme, cette simple guerrière au service d’ Athéna… Elle mettrait fin à ses tourments. Mais lorsque, quelques instants plus tard, le Lotus se saisit du bras de la Harpie, il fit comme de nouveau happé dans le monde des humains. Pourquoi perdait-il sa concentration à ce point, ses pensées devenaient floues et confuses. Il savait pourtant qu’un ennemi se tenait face à lui et qu’il pouvait se faire attaquer à n’importe quel moment, mais ses sens de guerriers étaient comme somnolents, et il fut lentement prit d’une peur terriblement indescriptible. Cette femme… Et sa haine montait de plus en plus.
Elle l’avait dit. L’apocalypse se prénommait-elle. Cette rencontre annonçait-elle la fin de la harpie ? C’était ridicule, les spectres d’ Hadès ne craignaient pas la mort, ils pourraient bien mourir un milliers de fois qu’ils se relèveraient par la volonté de leurs seigneur et maître, le dieu des Enfers, Hadès. Alors d’où venait cette crainte. Il ne put s’empêcher de déglutir quand le dernier souffle des paroles de Mashia eut atteint son oreille. Son sourire s’était de nouveau effacé, et il affichait une mine contrarié. Toutes ces pensées étaient stupides, car Shaun n’avait plus son âme d’enfant depuis longtemps, et lorsque ses harpies se mirent à entamer un nouveau chant, il se rappela de qui il était. Écartant la main de Mashia d’un revers de la main rapide, alors qu’elle l’avait posé bien avant, il inspira et se mit à rire comme un damné.
- Fuahahahahaha ! Que veux-tu femme, elle devrait plutôt s’estimer heureuse. Elle a été choisie par la vie. Elle va connaitre des épreuves difficiles, mais elle deviendra une femme forte. Elle devrait plutôt me remercier ! Lança-t-il d’un ton raillant. Quant à tes menaces, je me contenterais de te dire ce que j’ai dis aux chevaliers qui se sont dressés devant moi jadis, si tu décides de m’affronter, je ne montrerais aucune pitié. Je ne dois pas perdre, et je n’ai pas encore perdu face aux Saint. J’aimerais bien voir un peu plus de répondant de la part des votres. Il s’arrêta alors et se remit à rire en se tenant les côtes, puis, passant sa main sur son visage pour cacher son sourire carnassier avant d’ajouter, Tu demanderas au chevalier de la Lyre comment il a trouvé son passage en enfer. Fufufu. Et il n’est pas le seul que j’ai envoyé devant le juge du tribunal des morts. Tu es sure de vouloir le rencontrer si tôt.
Puis il s’arrêta, fixé devant le visage de Mashia qui ne sourcillait pas. Ah ce qu’elle peut être agaçante ! Pensa-t-il alors. Il se redressa et retrouva son calme et son visage serein. Un long silence s’installa tandis que les deux adversaires se regardaient toujours. La petite aussi posait son regard inquisiteur en direction de Shaun. Mais il ne doutait pas, il ne doutait plus. Il avait fait son choix et ne pouvait revenir en arrière, d’autant plus que la vie de « cette personne » était toujours sous le coup d’une menace. Et cette menace pouvait venir du dieu de la mort comme des Saints qui voudraient l’abattre. Pour cette raison, et pour le bien d’ Amina, il ne renoncerait pas. Finalement il se décida de parler.
- Petite, dit-il en tournant son regard vers l’enfant, la tristesse et les larmes sont le lot des humains. Tu peux me haïr autant que tu veux, mais n’espère pas que la vie t’apportera le bonheur. La vie ne donne rien, mais elle peut tout reprendre à tout moment. Mais si tu veux, essayes de devenir suffisamment forte pour me tuer. Mais je ne te laisserais pas faire.
Puis il releva les yeux pour regarder de nouveau Mashia.
- Mashia. Je garderais précieusement ce masque jusqu’à notre prochaine rencontre. Ce jour là, je jure de ne pas fuir. Et tu pourras alors tenir ta promesse. Si tu y parviens. Et baissant les yeux, il souffla une étrange phrase, J’aimerais voir le jour ou tu porteras de nouveau ce masque…
Cela ressemblait à ses moqueries habituelles, mais quelque chose dans la voix de Shaun avait changé pendant quelques secondes. Il se recula de quelques pas et s’inclina profondément. Le Japon n’avait aucun sens dans l’esprit de Shaun, mais la Harpie est un Spectre Millénaire. Peut-être Mashia comprendrait le discret clin d’œil.
- Sur ce mes belles dames, permettez moi de prendre congé, ma Reine m’attends, et je doute que la présence d’une Sainte soit apprécié.
Il resta incliné, le visage vers le sol quelques secondes. Il était sur le point de partir, mais peut-être s’ attendait-il à ce que Mashia lui réponde.
Des rires. Son discours ne récolta que des esclaffements mauvais. Que du vent? Ses paroles étaient t-elles donc si dénuées de sens pour qu'il puisse les balayer ainsi sans aucune vergogne? Sa main qui s'était faite rejetée négligemment et violemment par le spectre se resserra, preuve que sa colère ne s'estompait pas. Il prononça alors des paroles pleines de faussetés. Lya se devait de le remercier? Lui dire merci d'avoir scellé un tel destin?
Qui voudrait d'une vie tourmentée, entachée par le sang? Alors qu'elle aurait pu vivre une existence paisible dans ce petit village reculé. Vivre, une notion complexe à différents points de vus, seulement, la conception que Shaun en avait était étonnée. Il était aveuglé par celle mortuaire qu'on lui avait insufflé dans son esprit torturé.
Ainsi donc Shaun collectionnait, si ce mot pouvait être usé de cette façon, les ennemis? Le chevalier de la Lyre, oui, il lui semble qu'elle l'avait rencontré auparavant dans le Temple du Bélier. Mashia eut une triste pensée pour le Saint d'argent qui connu la sombre noirceur des Enfers, du Dernier Jugement... Et peut-être même le ricanement des trois Parques quand elles eussent choisies de couper le fil de son destin. Voulait t-elle vraiment connaître le même sort? Si il le fallait, oui, sans aucuns doutes.
Il ferait un adversaire redoutable, incontestablement mais... elle aussi avait une âme de guerrière cachée au fond d'elle. Bien que la jeune femme croit en la diplomatie et au pacifisme. Le regard du Spectre tomba sur la petite fille. Celle-ci voulut détourner sa tête, seulement une main l'en empêcha, l'obligeant à faire face. Si ce démon avait bien raison pour une chose, c'était qu'elle devait devenir quelqu'un de fort. Tout comme la jeune femme l'avait fait avant elle. Mashia y veillerait. Effectivement, la vie n'offre pas toujours du bonheur, cela aussi elle le savait pertinemment. À cette phrase, la jeune femme hocha légèrement la tête. Le bonheur, le véritable et non pas les vains divertissements futiles et primaires, existait bel et bien, pourtant, très peu d'hommes peuvent se vanter de l'avoir atteint.
Après tout, nous, simples et éphémères mortels, que pouvons nous espérer de plus que la libération de l'âme, aboutissement et finalité de toute chose? Déplorable pensées. L'humanité toute entière reposait sur des principes telles que l'orgueil, la condescendance ou le naïf espoir de ne manquer de rien. Tous, tous cherchaient à en avoir toujours et encore plus. Sans cesse, cette quête éperdue les rendaient semblables à des animaux assoiffés. Et la jeune femme, ne pouvait s'y soustraire totalement, malgré toute sa bonne volonté. Son geste le prouvait.
Finalement Shaun reporta son regard sur elle. Cette étincelle meurtrière hanterait certainement longtemps la jeune femme, aussi longtemps qu'il vivrait. Son masque, elle n'en doutait pas, était entre de "bonnes" mains. Voyez! Il brille encore en cet instant d'un éclat particulier, pur et sain. Leur prochaine rencontre, elle l'espérait, ne tarderait pas. Aussi, elle ne lui en tint pas rigueur de vouloir prendre la fuite, sachant pertinemment que l'édit de Zeus était toujours en vigueur. Puis, il y avait Lya, petite poupée fragile en proie à une peur traumatisante. Mashia voulait au plus vite l'emporter en sécurité au Sanctuaire, là où elle pourrait se sentir protégée.
Son cœur fit un bond dans sa poitrine quand la jeune Lotus perçut cette phrase ambiguë. Se raillait-il d'elle encore une fois, était-ce son imagination où décelait t-elle encore un trouble chez l'homme à la crinière de feu? Elle même se sentait troublée. Troublée par ce comportement paradoxale, l'expression de son visage dès lors impassible s'évapora, laissant place à la surprise déconcertée.
Deux pans de sa robe se relevèrent doucement alors quand elle exécuta sa propre révérence. Gracieusement elle laissa ses cheveux écarlates former un rideau épars. Mashia se souvenait que même face aux plus insupportables ennemis, il fallait savoir leur montrer un grand respect, un détachement humble.
Elle remarqua avec ironie que le spectre gardait son visage rivé vers le sol. Un soupir franchit ses lèvres puis, une nouvelle fois elle se risqua à l'approcher dangereusement. C'est sans crainte que, de son index, elle lui releva le menton pour lui offrir un franc sourire et ces dernières paroles.
"Présentez mes hommages à votre Reine, puisse t-elle vous apportez du réconfort, à vous et vos semblables. Au revoir très cher..."
Mashia se recula alors, se détourna du spectre pour reprendre Lya dans ses bras. Alors qu'elle s'éloignait lentement, la tête de la petite se releva de m'épaule de Mashia sur laquelle elle se reposait. Lya vit avec émerveillement que là où foulait les pieds de la jeune Mokushi, des fleurs de lotus prenait vie en s'épanouissant sous la lumière de la lune descendante.
=> Sanctuaire (Oui, oui cette fois-ci c'est promis XD)
Il resta un moment sans bouger, sans réagir. Il gardait dans sa ligne de mire les deux femmes qui étaient venues lui annoncer la haine qu’elle portait au jeune arabe. Puis lorsqu’elles se firent suffisamment éloignés, il tomba simplement sur les fesses. Seul dans la nuit noire, à présent que la Lune s’était retirée, il soupira lentement se répétant comme pour ne pas l’oublier…
- Je crois que je la hais. Quelle insupportable mégère. Pestait-il s’allongeant dans l’herbe.
Il repensait à cette rencontre, et il n’arrivait pas à comprendre la réaction qu’il avait eut. Un tel manque de contrôle, cela faisait bien longtemps qu’il pensait avoir laissé ce genre d’attitude derrière lui. Il était devenu plus calme depuis que le surplis de la Harpie avait recouvert son être. Certes il gardait un caractère agressif, mais il ne faisait souvent que provoquer ses adversaires. Face à Mashia, il le savait, il avait pourtant paniqué sans véritable raison car il n’avait pas de raison d’avoir particulièrement peur d’elle. Pas plus qu’un autre chevalier d’ Argent. C’était comme si une seule et unique partie de lui craignait cette femme, comme si une ombre tapie dans un coin de son cœur craignait de disparaitre de cet ensemble que formait Shaun.
Il resta un moment silencieux, puis enfin, il se décida à se lever.
- Je ressens encore le divin Cosmos de ma Reine. Elle doit se trouver dans la cathédrale.
Il tentait simplement de se changer les idées. N’ayant reçu de Rochel qu’un ordre de replis, il ne savait pas ce qui l’attendrait dans les prochains jours, mais il fallait bien obéir. Obéir… Il se remémora son arrivée en enfer, l’apparition rare, d’après le Juge suppléant de Minos, Hérek, du dieu de la mort Thanatos. Ce pacte que le liait à Hadès, il l’avait presque oublié. Il était devenu un spectre d’ Hadès si vite, qu’il ne réalisait qu’à cet instant à quel point son âme était corrompu. Mais, le sentaient-elles, les Harpies chantèrent pour apaiser Shaun, qui comme enlacé dans un tendre rêve, perdait peu à peu ces questions de l’esprit. Décidément, il semblerait que ces créatures aient prit un malin plaisir à effacer les doutes de l’ancien Saint. Il ne le réalisait pas encore, mais lentement, il était dévoré par les enfers. Lentement, il devenait de plus en plus le Spectre de l’étoile maléfique des Lamentations…
- Allons-y. Ajouta-t-il d’un ton froid et dénué de toute émotion.
Ses Harpies volaient autour de lui comme des petits chiots jappant pour attirer l’attention de leur maître. Elles avaient réussi à lui faire oublier ces questions, car entouré de ses précieuses chanteuses, Shaun ne se sentait plus seul.
Apprends à rester à ta place.
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Sujet: Re: Le dernier rempart
Le dernier rempart
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