Lorsque le Galactic Deathbling cessa, le Lion d'Or ne s'en rendit même pas compte. Bien que la technique du Spectre n'ait laissé aucun dommage réel en surface, l'organisme de Corell avait été brulé de l'intérieur, la plupart de ses tissus étaient devenus cendre, infligeant une souffrance inimaginable. L'attaque avait été si terrible, si ignoble, que la douleur c'était muée en une intense lumière blanche. L'âme du Chevalier, incapable de contenir une sensation si intense et si destructrice, avait coupé les ponts d'elle même avec le corps du Saint, le plongeant dans les abîmes de l'inconscience. Ainsi, lorsque Aiakos relâcha enfin son emprise, le Chevalier d'Or, les yeux révulsés, tomba à genoux avant de d'étaler de tout son long comme un corps sans vie.

L'esprit de l'homme voguait dans l'obscurité. Lui qui était tant enjoué par ce combat, ne souriait plus... En réalité, il ne pensait plus. Ne ressentait plus. Seule la douce chaleur de l'obscurité n'avait d'intérêt pour lui. Combien de temps erra-t-il dans l'obscurité? Des secondes? Des mois? Des années? Il n'aurait su le dire... Il ne de posait d'ailleurs pas la question. Pourtant, à un moment donné, tout changea. 

Une flamme s'éclaira. Une lueur apparut. Seule, faible, à peine visible.. Mais pourtant étonnement robuste. Il émanait une sensation étrange de cette lumière, qui incita l'âme du Lion à s'en approcher. Il la reconnaissait, mais ne pouvait l'identifier. Sa mémoire était comme inexistante. Et pourtant, il aurait juré la connaitre.

Et alors que Corell s'approchait d'elle, le brouillard dans lequel il se trouvait commença à se dissiper. Il reconnu alors cette sensation. Elle symbolisait tout. Toute la bonté du monde. Un chant d'oiseau. Un rire d'enfant. Un des crépuscules qu'il aimait regarder depuis son Temple. Le visage souriant de Jaina, la femme qu'il avait aimée étant jeune, et qu'il avait du sacrifier. L'amour qu'il ressentait pour elle. Le visage ridé et réprobateur de son Maître, l'homme qui lui avait tout appris. Et alors qu'il reprenait connexion avec sa vie, il sentit une présence derrière ces images. Une présence chaude, réconfortante. La femme qu'il aimait à présent, de tout son cœur.

Athéna.

Alors il sentit le monde réel. Son doigt avait bougé. Ses sens lui revenaient... Et avec ça, la souffrance. Mais si le corps du Saint était brisé, son âme elle, était revigorée. Il se releva alors, son sourire renaissant.

C'était la technique la plus puissante que j'aie jamais connue... Je ne suis pas passé loin de la fin. 

Le Saint n'en désirait pas plus. Jamais il n'avait vécu pareille situation. Jamais adversaire n'avait été aussi puissant. Et jamais sa détermination n'avait été aussi grande. Sentant la présence de Aiakos sur le toit du Temple, il marcha calmement jusqu'au trou et, d'un bon puissant, rejoignit son ennemi au sommet du monde. D'ici, la vue était imprenable... Le soleil se rapprochait de l'horizon, sa lumière prenant une teinte dorée caractéristique alors que les ombres de levaient au Sanctuaire Sacré. Au loin, on pouvait apercevoir les quelques rares lumières de Rodorio. Habituellement, les gardes du Domaine allumaient des torches aux portes des Douze Temples pour prévenir la nuit, mais cette journée guerrière allait plonger les bâtiments dans la pénombre. Le spectacle en restait magnifique.

"Bel endroit pour mourir, ne trouves-tu pas?" demanda-t-il calmement au Juge. "Je suis d'accord avec toi. Mourir sous un tel ciel serait un plaisir... Mais ne m'enterres pas trop vite. Je suis loin d'être vaincu... Tout comme toi."

Plusieurs secondes passèrent, les deux hommes observant le paysage de toute beauté. Le Lion fit calmement appel à son cosmos, clôturant cet instant d'accalmie. Il se rua sur son adversaire, fléchissant son bras droit afin de lui porter un coup puissant... Qui ne vint jamais. La jambe du Saint se détendit soudainement alors qu'il était à portée du Juge, frappant ce dernier au genou et mettant à rude épreuve les tendons de l'articulation. Aussitôt le coup effectué, il fit enfin partir son poing, frappant Aiakos au plexus solaire avec puissance, lui coupant le souffle, avant de lui briser la mâchoire d'un magistral uppercut. Attrapant le bras du Spectre, il utilisa son cosmos afin d'augmenter momentanément la puissance de ses muscles. Ancrant solidement les pieds au sol, il fit un mouvement de balancier, envoyant l'on adversaire dans les airs, à la verticale.

Fermant les yeux, il concentra son énergie dans son poing droit... Et frappa à la verticale, droit sur le Spectre.


Du poing du Chevalier d'Or émergea une gigantesque colonne d'énergie de plusieurs mètres de diamètre, formée à la fois de cosmos doré, mais également d'une myriade d'éclairs de Foudre.  Le Juge disparut une fois de plus dans la lumière, catapulté à la verticale du Temple du Lion par la puissance du coup. L'électricité contenue dans l'attaque finit de l'achever, traversant son corps, brûlant sa peau et ses entrailles. De loin, personne ne pût entendre le cri de douleur du Spectre, la seule chose visible étant une ligne de lumière quittant le Temple du Lion pour s'enfoncer dans le ciel. Lorsqu'Aiakos retomba, le toit du Temple se craquela, sans se briser.

"Il est vrai que je j'utilise pas mes plus puissantes techniques contre toi... Après tout, je souhaite profiter de ce combat. Le Lion est un chasseur. Capturer le gibier trop vite serait lassant, ne trouves-tu pas?"

Le Chevalier du Lion se releva lentement. On pouvait voir les traces de la dernière attaque du Juge sur son thorax, l'Armure d'Or ayant à présent une entaille en force de X au niveau du torse, néanmoins pas assez profonde pour laisser voir la peau de Corell. Étonnamment, le Saint avait perdu son coté agressif, paraissant plus pensif qu'autre chose. À l'évidence, l'homme était partagé.

"Tu te trompes... Ce n'est pas l'odeur du sang qui me fait rallonger ce combat. C'est le plaisir de me battre contre un homme de ta trempe, et de me dire que peut être jamais plus je ne pourrai ressentir pareil plaisir au devant de la mort."

À nouveau, le regard du Saint de perdit dans l'horizon, alors que la lumière de l'astre prenait une teinte beaucoup plus rouge. Suite à la mort du Verseau -le Lion avait lui aussi perçut son cosmos s'éteindre quelques instant auparavant-, le Temple du Lion était devenu étonnamment calme malgré qu'un autre combat s'y déroule. La lourde pierre forgeant la bâtisse capturait admirablement les sons de souffrance et de victoire. Corell soupira, résigné. Oui, c'est vraiment un bel instant pour mourir, se résigna-t-il. Observant à nouveau son interlocuteur, il se courba légèrement en avant, en signe de profond respect.

"Soit. Ce fut un honneur que de te combattre. Je vais moi aussi utiliser ma technique la plus puissante contre toi, Juge du Garuda. Elle t'offrira la mort que tu désires tant."

Le Lion d'Or ferma les yeux. Son cosmos s'enflamma soudain, devenant plus puissant, plus concentré que jamais. Alors que son corps s'entourait du célèbre halo lumineux des Chevaliers, il leva un bras au ciel, paume ouverte. Dans les cieux bleutés se formèrent alors des nuages noirs, qui prirent forme en quelques secondes seulement, signifiant qu'une entité supérieure était à l'oeuvre. De ces nuages d'ébène émergèrent alors un maelström d'éclairs. La Foudre frappa les alentours de la Maison du Lion à plusieurs reprises, illuminant les alentours alors que le tonnerre grondait. Étonnement, la pluie ne tombait pas. Au centre du phénomène, à la verticale exacte du Chevalier d'Or, les nuages commencèrent à tournoyer sur eux-même, comme si une tornade se formait... Mais au lieu de cela, un éclair gigantesque en émergea, allant frapper la paume du Lion.

Au lieu de mourir aussitôt, comme le fait la Foudre en temps normal, cet éclair resta. Le Lion fut rapidement entouré par son énergie, les yeux toujours fermés, alors que les kilojoules d'électricité parcouraient son corps et son armure. Cette dernière en sembla revigorée, plus brillante que jamais. Au bout de quelques secondes, l'éclair disparut, laissant le Sanctuaire retomber dans la pénombre relative. Le Lion ouvrir alors les yeux. Ces derniers étaient emplis de lumière, signe que l'homme avait engrangé une quantité phénoménale d'énergie. Alors qu'il gardait le bras dressé vers le ciel, il murmura doucement.


La lumière du soleil s'assombrit d'un coup, comme si même lui ne pouvait accepter l'ultime décision du Lion. Alors que le cosmos du Chevalier d'Or continuait à luire le long de son armure, il se produisit un spectacle magnifique. Des dizaines, des centaines de sphères de cosmos doré apparurent autour de lui sur un rayon d'une dizaine de mètres. Celles-ci étaient apparues comme venues tout droit du néant, minuscules points lumineux au départ, qui grossirent lentement pour atteindre la taille de petites billes. Elles brillaient d'un superbe feu intérieur, alors que des volutes de cosmos tournaient autour d'elles. Elles étaient comme une myriade de minuscules soleils de cosmos.


Une fois de plus, le Temple du Lion, le paysage grec et le ciel disparurent. Gommés par le cosmos du Chevalier, ils furent remplacés en un instant par la beauté des étoiles et des galaxies, qui observaient les deux combattants de leur lumière millénaire. À nouveau, le Juge du Garuda fut frappé de plusieurs jets lumineux plus tranchants les uns que les autres, alors que les photons du Lion d'Or augmentaient en intensité lumineuse. Corell baissa alors lentement le bras, dirigeant sa main vers son ennemi.


Les centaines de photons, qui jusqu'à maintenant dérivaient autour d'eux, se mirent à se déplacer à l'unisson. Tous se dirigèrent vers Aiakos. De par leur composition, ils traversèrent la matière et pénétrèrent la Surplis du Garuda, avant de s'enfoncer dans chaque centimètre carré du corps du Spectre. Celui-ci, les yeux ébahis, ne ressentit pas la moindre douleur.

"Adieu, Juge des Enfers. Puisse ton âme s'envoler vers des cieux plus cléments."


Le Chevalier du Lion relâcha son emprise mentale. Les photons explosèrent les uns après les autres dans le corps d'Aiakos. L'énergie était telle que son être de brisa, laissant apparaitre de profondes fissures d'où émergea une lumière aveuglante. Lorsque le dernier photon disparut à son tour, il ne restait plus rien du Garuda.