Fonçant, fonçant aussi vite que me le permettait mon cosmos, fendant l’air et les nuages dans un bruit de tonnerre que le monde des hommes avait appris à redouter, je laissais dans mon sillage une tempête chargée de roche et de tronçon d’arbre arrachés au sol par la violence des vents que je charriais.

Que m’importais en cet instant les ravages que je causais, ou les vies que je détruisais. Je n’avais plus le temps de finauder, plus le temps de masquer ma présence, plus de temps à perdre en considérations superflues, plus de temps du tout.

Déjà, de part et d’autre de l’horizon, je pensais pressentir les cosmos avant-coureurs de nos ennemis, s’approchant inexorablement du bien de notre Empereur. Un échec de ma part serait en tout point intolérable. Aucun d’entre eux ne devaient même s’en approcher. Et si par malheur, ils osaient s’en emparer, puisse les dieux avoir pitié d’eux, car je n’en aurai aucune.

*Un campement, enfin.*

M’abatant alors tel la foudre en plein cœur d’un campement cheyenne croyant voir arriver le héraut de la fin des temps, j’oblitérais toute résistance indigène malvenue avant de commencer enfin à m’occuper des survivants s’enfuyant à toutes jambes.

« Inutile de fuir, je n’en veux pas à vos vies… »

Les uns après les autres, ils furent amenés à moi par mes créations. Une légion humaine s’agitant en tous sens dans les airs et dont la vie ne tenait littéralement plus qu’à un fil.

« Tout ce qui m’intéresse, c’est ce que contiennent vos esprits. »

Mon index alla toucher le front d’un jeune homme se trouvant face à moi, avant que n’affichant une mine déconfite, je ne passai au front d’une vieille femme, puis d’une jeune fille, puis d’un nouveau jeune homme, et ainsi de suite, jusqu’à ce que je trouve enfin une information qui en vaille la peine, et ne les libères tous de mon emprise.

« Enterrez vos guerriers. Car ces hommes étaient des braves. »

Mon information acquise, et leur utilité remplie, je repris la voie des airs dans un bang supersonique, filant en direction de ce cosmos dont l’esprit du vieil homme m’avait fait la description. Un cosmos ennemi à n’en pas douter.

L’esprit du vieillard cheyenne m’avait enseigné deux choses, la première était la présence dans les parages d’un envoyé de Poséidon, sans doute à la recherche de la même chose que moi, quant à la seconde, il s’agissait plus d’un patchwork bigarré de forme et de couleur. Une vision hautement incertaine d’un petit animal enfouissant quelque chose sous la terre. Un objet que je soupçonnais être bien trop petit pour correspondre à ce que je recherchais, mais qui semblait émettre malgré tout un faible cosmos digne d’intérêt.

Me hâtant d’aller dénicher le terrier de ce chien de prairie pour en extraire son butin, j’en retirai entre mes doigts une petite pièce de monnaie infusée du pouvoir divin.

*Combien de ces objets mêlés du pouvoir des dieux ont été expulsés hors de l’ile de la Reine morte ?*

Je n'avais certes pas encore récupéré l'artefact sacrée de notre Empereur, mais j'avais à présent une bien dangereuse question en tête. Celui qui parvenait à rassembler assez de ces reliques sacrées, pouvait-il espérer en récupérer le pouvoir pour se l’approprier ?

*Une poussière de cosmos divin entre mes doigts. Deux poussières pour etre exact. Il faudra que j’en ai le cœur net.*

Une expérience qu’il me faudrait réaliser au plus vite, mais pas dans ces conditions. Trop de perturbations pouvaient venir fausser mon résultat, aussi, je rangeais avec le morceau d’étoffe cette pièce de monnaie, avant de me hâter à la rencontre de ce marina.

S’il n’avait encore rien trouvé, il me suffirait de lui faire comprendre que sa présence en ces lieux n’était pas la bienvenue, et qu’il y laisserait la vie s’il ne les quittait pas séance tenante.

Mais s’il avait en sa possession l’épée sacrée de notre Empereur…

Passant la rivière sans me retourner, filant vers les grandes plaines où s’étaient focalisées ces tributs d’hommes nomades et dresseuses de chevaux, je fus alors rejoins dans mon périple par la roussette géante de Sivir, visiblement exténuée, comme si elle avait dut voler aussi vite que ses petites ailes le lui avait permis.

« Là mon amie ailée. »

Lui faisant un perchoir de mes créations, elle s’y agrippa avec l’énergie qui lui restait avant de savourer au moins pour quelques instants ce repos salvateur.

« Alors, quel message m’apportes-tu ? »

Le peu de cosmos qui restait au chiroptère de l’Etoile de la Magie suffit à me combler de joie.

« Tu ne peux te tromper sur ton message n’est-ce pas ? L’épée est de retour en Son domaine ? »

Stoppant net ma course au dessus des champs d’orge et d’avoine, je sentis un poids immense s’envoler de mes épaules. Notre quête venait de parvenir à son terme, et nous l’avions accomplie avec brio.

« Loué soit l'Eternel Empereur, cette quête touche à son terme. Son épée restituée, je n’ai plus rien à faire en ces lieux. »

Les Enfers m’attendaient. La demeure du jugement m’attendait. Et plus que tout ceci, l’Etoile de la Magie m’attendait. Son succès devait à présent lui avoir prouvé qu’elle n’était pas celle qu’elle avait pensé être jusqu’alors, et il était temps pour ma part de lui révéler ce que j’avais perçu en elle.

Réveillant alors ma propre roussette dont les yeux criaient encore l'envie de dormir, je la flattais d’une caresse entre les oreilles avant de lui donner un message à transmettre au spectre de l’Alraune.

« Transmet lui mes félicitations. Dis lui qu’à présent elle connait déjà un peu plus sa valeur, et que lorsqu’elle voudra en apprendre d’avantage sur elle-même, elle pourra venir me trouver en mon office. »

Le premier message parti, il ne me restait plus qu’à prévenir Lydia de mon départ pour les Enfers. Le chiroptère de Sivir s’en chargerait après avoir fini sa collation des quelques baies qu'il me restait.

« A notre prochaine rencontre. »