[Terminé Quête Artefact – Automne 1755]

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[Post d'intro]

Indes, désert du Thar...

Filer vers le levant, se baigner dans la lumière d'un soleil naissant, quelle magnifique vision pour la rousse sainte. Cela aurait pu être si grisant de se rendre en cette terre ancienne pétrie de culture et de sagesse millénaires si l'urgence ne la prenait au ventre. Savoir que le sceptre de sa déesse pouvait tomber entre des mains impures était le pire qu'il pouvait arriver après l'attaque de Pséma et la trahison du saint du Serpentaire. Soufflant lentement en dépit du rythme effréné qu'elle s'imposait, la Vierge d'or ne s'accordait que d'infimes pauses le temps de se repérer. En ce début de quête, elle se sentait bien seule pourtant elle ne pouvait en vouloir aux autres saints.

Hormis l'infâme félon, tous avaient plus que prouvé leur fidélité à la déesse aux yeux pers. Il fallait juste toujours en eux espérer. C'était aussi cela être chevalier de la grande Athéna. Être capable de lutter et de persévérer même quand tout semblait réglé.

Forte de cette croyance, de cette foi, la jeune sainte poursuivait sa route, encore et encore. Soudain, il lui sembla ressentir quelque chose. Était-ce une réelle piste ou un tour du destin ? Rien n'était certain mais elle n'avait pas le choix. L'enjeu était trop important pour négliger la moindre piste, le plus petit signe.

Fermant les yeux pour accroître encore davantage sa concentration, la rousse flamboyante se plongea en cet état second qu'elle connaissait si bien. Autour d'elle, les formes se mirent alors à bouger, à danser en autant d'apparitions fantasmagoriques. Des silhouettes, des ombres se dessinaient avant de disparaître aussitôt. Puis, enfin, parut un fin sentier d'or parsemé de blanc, une voie de cosmos...

Sur ses lèvres, le goût du sel s'imposa soudain en une brûlure cuisante. Reprenant aussitôt conscience, elle se figea en un instant avant de glisser sur une vague de sable. Ouvrant les yeux sur un paysage éblouissant, elle ne tarda pas à s'accoutumer à toute cette flamboyance. Des dunes, des dunes à perte de vue et au loin l'éclat d'une ville fortifiée. En toute sa splendeur, Jaisalmer venait de par delà l'horizon d'émerger.

Mârusthali. Certains l’appelaient le pays de la mort. Terre aride abandonnées des hommes, dans leur crainte de l’inconnu. Redonnées à la nature. L’un de ces lieux emplis de secrets, et n’étant parcourus que par les plus coriaces des hommes. Ou peut-être étaient-ils fous… Pourtant, au milieu de celui-ci se dressait une femme à la longue chevelure. Description bien en désaccord avec les traits reliant ceux qui posaient parfois le pied dans cette étendue dorée : ces voyageurs.

Lieu de perdition aussi, où les illusions faisaient parfois leurs œuvres. Nombreux étaient les inattentifs ayant perdu leurs repères, avant d’en perdre la vie. Car il n’y avait nul droit à l’erreur, en ces lieux fantomatique. Pourtant, Jaisalmer n’était plus très loin de sa position, et sans doute était-elle visible aux yeux d’éveillée. Seulement, était-ce réellement là sa destination ? Rien n’en était moins sûr.

Bruits de pas s’enfonçant dans le sable, déplacement vif. Et il était fin là, cet animal aux longs pinceaux de poils noirs dressés à l’extrémité d’une paire d’oreille fièrement dressée. Billes félines se fixant alors dans celles de la jeune femme à la recherche de cet objet perdu. Des mots qui ne sauraient être compris, quand bien même la présence de l’animal n’était point menaçante. Un simple passage, avant qu’il ne quitte le tableau au profit de cet homme au visage couvert. Probablement l’un de ces voyageurs, ceux qui se désignaient comme des habitués des lieux.

« Que faites-vous ici ? » Dérangé dans son travail, sa chasse. Soupir s’échappant du tissu, reprenant alors : « Je ne sais pas ce que vous cherchez, mais vous ne trouverez ici que la désolation et la mort. Rien de bien exaltant pour une femme. Essayez donc de vous rendre dans la partie Nord du Pays. Certains racontent que les plaines marécageuses non loin de tarāī sont particulièrement belles. »

Quelques paroles, rien de plus. Et déjà cet homme mystérieux s’en allait dans cette même direction prise plus tôt par l’animal. Quelques instants, avant qu’il ne disparaisse du champ de vision, par-delà les dunes.

Un voile se levait alors, l’illusion prenait ainsi fin.

Superbe s'annonçait la ville fortifiée qui jaillissait telle une merveille dorée sous le soleil. Foisonnante de vies, elle était telle une perle posée sur le sable du désert. Progressant sans la moindre fatigue sur la suite de vagues et autres dunes, la Vierge d'or ne pouvait détacher son attention de toutes les vies que déjà ses sens plus qu'aiguisés détectaient. Si fins étaient devenus ses sens déjà plus que puissant qu'elle ne pouvait que facilement progresser vers tout ce monde à défaut de trouver le cosmos recherché.

Passant les doigts sur ses lèvres craquelées par le sel omniprésent, elle sursauta à peine quand un être vint lui adresser la parole. Que cet homme jaillisse ainsi avait beau être une surprise, il ne la menaçait point. Loin de là...

Et se penchant sur ses paroles, elle répondit tout simplement...

" Oh non, la désolation et la mort, sous leurs expressions les plus atroces, ne sont pas en ces terres. Pour qui les a côtoyé de près, je peux vous dire qu'elle est bien loin vers l'ouest ou dans les profondeurs de la terre pour qui est assez fou pour en traverser les portes secrètes. La mort, la vie, le sang... "

Souriant à ce dernier mot, la rousse sainte dont la chevelure semblait comme devenue de flammes sous les ardeurs du soleil poursuivit.

" Mais laissons ces sujets de par désagréables de côté. Ce que je cherche a été effacé depuis bien longtemps de la mémoire des hommes mais l'espoir qu'il représente vaut bien tous les risques, tous les désagréments du monde. Sur nos épaules, nous portons notre avenir, notre lot de joies et de souffrances. "

D'une main pâle, elle rejeta une mèche de cuivre rebelle qui lui tombait depuis quelques temps sur les yeux.

" Si beau peut devenir l'avenir si l'on prend soin de lui. Offrir la lumière et l'espoir aux hommes, que peut-il y avoir de plus exaltant même pour une femme... "

Pour peu qu'une illusion puisse les connaître...

Plus qu'une simple voyageuse, Lucinda était une gold sainte doublée d'une voyante et d'une infante de la nuit. Les illusions, elle les connaissait et les détectait. Seulement, pour cette fois, la combattante d'Athéna décida de feinter.

" En avez-vous une qui vous attend au foyer. Une femme douce et aimante prenant soin de son époux autant que de ses enfants ? "Puis, riant doucement. " Excusez-moi si je suis trop indiscrète mais vous m'avez quelque peu intriguée. En tout cas, merci infiniment, homme du Thar, merci de m'avoir éclairée. Je tiendrai compte de vos précieux renseignements. "

Tournant la tête de coté, elle lui sourit de nouveau avant de prendre congé. C'était surprenant de voir cela. Des illusions dans le désert, des mirages se détachant sur un fond sablonneux et salé mais depuis quand les mirages parlaient. Secouant la tête, elle obliqua alors, en dépit de sa méfiance vers le nord. Trouver des marais, cela ne serait pas si compliqué et elle pourrait en cas de piège facilement reculer. Filer à la vitesse de la lumière offrait tellement d'avantages qu'elle n'avait pas à hésiter. Toute piste même la plus folle valait la peine d'être explorer. Le seul souci était de ne surtout pas céder à l'impatience et s'embraser. Brûler les étapes ne pouvait sur rien de bon déboucher...

Non, cela n'arrivera pas...

Et passant une nouvelle fois un doigt sur ses lèvres, elle les humecta ensuite d'un peu de salive. Quel dommage d'avoir du éviter la cité. Un ou deux bandits devaient bien s'y trouver. Enfin, tant pis, elle étancherait sa soif sur le premier animal assez fort venu à défaut de la lie de l'humanité.

Vie qui ne devrait plus tarder à se présenter maintenant qu'elle venait de franchir les limites de ces fameux marais et qu'un bien étonnant cosmos l'appelait.

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