| Sujet: Quand les juges sont absents. Mer 9 Mar - 12:27 | |
| PrécédentLa quiétude du tribunal des Enfers fut troublée par l'apparition soudaine mais non moins silencieuse d'une personne qui en temps normal ne s'aventurait jamais là. Oneiros s'était matérialisé directement sans même ouvrir un passage de sa dimension à la nouvelle, comme une image tout à coup projetée sur un mur. Le bruit qui perturba donc l'habituel silence pesant régnant sur les lieux ne vint pas de lui, mais des serviteurs squelettes et des rares humains qui servaient en Enfer, lesquels sursautèrent de le voir arriver sans sommation.
La violence de la divinité s'apaisa aussitôt qu'elle vit avancer les âmes en peine qui avaient franchi le Styx après paiement auprès de Charon, et qui atteignaient enfin le lieu où leur sort se scellerait à jamais. Un juge avait été désigné parmi les officiers de l'armée des morts, mais ce n'était ni l'un des trois titans, ni le Balrog. Qui en voyant cela ne pourrait constater la décadence des armées d'Hadès, quand même les fonctions les plus essentielles au fonctionnement du monde souterrain étaient délaissées pour aller enchaîner les guerres saintes insensées à la surface ?
***Je ne devrais pas avoir à jouer le Cerbère...***
Cela faisait la seconde fois depuis son incarnation qu'il se retrouvait isolé en Enfer, car la totalité des troupes partaient sans se soucier de leur territoire pour en acquérir d'autres, qu'ils étaient manifestement incapables de conserver.
***Mes pouvoirs ne sont pas destinés aux guerres, mais à la paix. Ils n'y comprennent rien.***
Sans dire un mot il se posta dans l'ombre du juge temporaire penché sur le Livre des Morts et surveilla ses sentences. Il songea un moment à se retirer en son âme afin de vérifier comment se portait Léonard depuis le combat contre Magnus de Gamma, mais l'humanité avait suffisamment échauffé ses nerfs pour le moment. Alexandre se croyait capable de se défendre, d'être puissant. Sans Hadès il n'était rien de plus qu'une de ces âmes qui défilaient devant lui, sans enveloppe, sans pouvoir, sans émotions. Et il croyait encore pouvoir reprendre Oneiros sur ses propos, sur une nuance qui sonnait creuse et vide. Hors de question de se rendre à Asgard dans cet état d'esprit. Hors de question de donner le loisir aux humains de penser qu'ils pouvaient deviner ses intentions.
Tandis qu'une accalmie se faisait dans les arrivées des morts, sans doute que quelque chose les retenaient de l'autre côté du fleuve principal, la divinité se pencha sur les registres des arrivées de la journée. Aucun Ase. Les combats ne devaient pas avoir commencé, ou être en cours. "Il ne sert à rien de se relever si l'on n'est pas capable de vaincre son adversaire" avait dit le Basilic. Il y en avait un au palais des glaces qui pensait autrement. A travers la chimère de la Wyvern, Oneiros avait vu le guerrier divin d'Epsilon tomber, tomber encore, et se relever, toujours. Ce même guerrier n'était toujours pas mort. Probablement qu'il tentait de s'endurcir pour un jour inverser le court des choses. Voilà à quoi servait la persévérance. Cet homme ne deviendrait pas un spectre si sa fidélité persistait jusque dans sa tombe, et les spectres auraient à apprendre de son exemple. L'idée ne leur viendrait pas cependant. Trop fiers.
***J'aimerais le voir tomber. Voir sa dignité dans ses yeux quand son corps cèdera, cueillir son dernier rêve, brillant de mille feux...***
Un doux sourire se dessina à cette pensée sur le fin visage du dieu des Songes.
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| Sujet: Re: Quand les juges sont absents. Dim 27 Mar - 11:10 | |
| Plusieurs heures s'écoulèrent pendant lesquelles, silencieux, Oneiros observait les bourreaux faire leur travail de répartition. La tension qui avait suivi son arrivée s'était finalement dissipée, à tel point qu'on l'avait oublié et que les spectres inférieurs se permettaient quelques remarques cinglantes à destination des âmes indisciplinées. La divinité n'intervenait pas, se contentant d'observer les jugements pas toujours les plus judicieux tandis que son esprit vagabondait dans les Enfers, à la recherche de quelqu'un d'intéressant à rallier à sa cause. De ce qu'il entendit, l'une des âmes, celle d'un chevalier, s'était tout simplement dissoute au passage du Styx. Comme si le simple fait de s'enfoncer dans les ténèbres avait abrégé son existence pour la réduire à rien.
Ce devait être incident qui avait retardé l'arrivée des morts, car les sentences se remirent à tomber, froids et inlassables dans leur étouffante régularité. Toujours aucun Ase en vue.
L'être plusieurs fois millénaire interrompit un instant les audiences du tribunal pour venir murmurer à l'oreille du juge provisoire quelques "conseils" à glacer le sang sur sa façon de faire, avant d'ouvrir un nouveau portail et de laisser le cours des choses reprendre. Il y avait un moment qu'il n'était pas retourné dans sa cathédrale -son foyer-, où devait l'attendre Piep impatiemment. A ce propos Phantasos n'était jamais revenu de la Guerre Sainte. Probablement terrassé en route... Et dire qu'il avait réclamé vengeance pour son frère... Oneiros tenait parole et s'occupait soigneusement de l'aiglon. A défaut de revoir son véritable maître, l'oiseau connaîtrait une vie agréable.
***Et lui au moins ne se permet pas de jugements qui le dépassent.***
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