Après le Chevalier du Verseau, maitre des Glaces, voilà que j’affrontais le Phénix aux ailes de feu, j’aurais pu trouver mieux comme adversaire. Mais j’avais déjà refusé son défi par le passé et il aurait été mal venu de lui faire le même coup une nouvelle fois. Cette fois-ci, mon combat allait avoir des spectateurs, ceci pourrait me poser quelques problèmes une fois mon ennemi vaincu. En effet aucun de ceux présents n’étaient des alliés, on pourrait même dire qu’ils ne nous aimaient pas, nous les Spectres. Outre cette inimitié, ils étaient alliés à mon adversaire, même si des tensions régnaient entre eux. Il était vrai que Poséidon et Athéna n’ont jamais été les meilleurs amis, bien au contraire. On pouvait même dire que ces deux divinités étaient en conflit depuis la nuit des temps. Mais il n’était pas temps de m’inquiéter de la présence du représentant du Maitre des Océans et de ses guerriers. Mon adversaire, malgré la constellation qui le protégeait, était d’une puissance équivalente à la mienne, si ce n’est supérieur.

Concentrant mon cosmos afin de frapper ce dernier d’une de mes arcanes les plus puissantes, je me demandais si la chance allait me tourner le dos, comme dans mes précédents combats. Si tel devait être le cas, mes chances de victoire pourraient bien fondre comme glace devant un feu. Mais cela ne m’empêcherait pas de donner toute ma puissance, sans retenue. Après tout, je n’étais pas une combattante faisant dans la demi-mesure. Une idée me vint, faisant apparaitre un léger sourire sur mon visage, si nous devions quitter ce domaine, au moins nous aurons prouvé notre puissance, obligeant trois factions à s’unir contre nous. Ceci dit, je devais maintenant m’occuper de celui qui m’avait défié.

… « J’espère que tu es prêt Chevalier du Phénix, qu’importe le futur, je détruirais ton corps et offrirais ton âme à mon Seigneur. Lorsque tu tomberas maudit ta colère et le fait que tu n’as pu la gérer » …

Au fur et à mesure que mon cosmos s’intensifiait, tel le rugissement d’une bête assoiffée de destruction, ma surplis semblait s’éveiller à la vie. Les yeux du masque de la créature dont je portais le titre et se trouvant sur mon épaule droite s’illuminèrent. Au lieu de libérer la puissance de mon cosmos, je laissai parler celle de mes poings. Avec ces derniers, j’allais faire comprendre à l’insolent qui avait cru pouvoir me retenir, que sa force physique n’était rien comparée à ma brutalité. Me servant de celle-ci, tout en la maîtrisant à l’aide de mon expérience de gladiatrice, je portai une succession de coups précis et puissants, empêchant toute possibilité de défense face à eux. Alors que mon dernier coup vint atteindre le menton du Phénix, je brisai la limite de mon cosmos, libérant toute sa puissance à travers mon ombre.

… « Seal Shadow ! » …

Celle-ci s’étendit jusqu’à recouvrir celle de mon adversaire. On disait que le Phénix était capable de revenir de la mort, si tel était le cas, alors il devait reconnaître la nature des créatures qui semblant traverser le portail ainsi créé, vinrent l’agripper et planter leur griffes et dents, dans sa chair. Si mon attaque l’affectait, je l’entrainerais sur le chemin de la douleur et du sang. Lui faisant regretter de m’avoir défié, afin de calmer sa colère.

Je devais l’avouer, le Phénix était un adversaire remarquable, mais cela je l’avais deviné avant même que notre combat ne commence. Je parvins à prendre l’initiative sur lui et ouvris donc les hostilités. Il ne put se défendre face à mes coups précis et puissants et même s’il n’en montrait rien, surement habitué à se battre, je savais que ces derniers l’affectaient. Je lus de la surprise dans son regard, lorsque je libérai ma plus puissante arcane, il ne s’attendait pas à recevoir celle-ci si tôt dans le combat. Il était certains, que tous les Chevaliers n’étaient pas capable de briser la limite de leur cosmos, de leur propre initiative. En règle général, ceci avait lieu, lorsque notre vie se trouvait acculer sur ses derniers retranchements. Je ne savais pas si cette surprise venait du fait qu’il ne m’avait pas considéré, comme suffisamment puissante pour le faire, ou bien s’il trouvait cela quelque peu risqué. Il était vrai qu’en utilisant cette attaque, je lui retirais l’avantage qu’elle pourrait m’offrir afin de terrasser mon adversaire, alors que la victoire lui tendrait les bras.

Si je lui avais fait une mauvaise surprise, il m’en réserva une à son tour, lorsque ses flammes vinrent chasser les spectres qui tentaient de l’immobiliser. Ainsi, il parvint à se libérer de leur emprise, réduisant de ce fait, l’avantage que j’aurais pu avoir. Mais qu’y avait-il d’agréable dans un combat gagné d’avance. Je devais revoir ma stratégie, mais cela n’ébranla en rien ma confiance, ce n’était pas le premier combat que je réalisais et dans lequel mes plans étaient déjoués. Lui aussi était un guerrier ayant connu mainte affrontement, je pouvais le deviner à son regard. Ses paroles, même si elles me félicitèrent pour la puissance de l’attaque que je venais de lui porter, ne firent sourire. Quel combattant refuserait un compliment venant d’un adversaire méritant. Ces mots, furent suivis par une succession de coups rapide, semblable à une danse, le nombre de coups étaient important et je dus me montrer habiles pour les bloquer tous. C’est cet instant qu’il choisit pour libérer son cosmos, portant sa technique à bout portant. Si j’avais décidé de bloquer ses coups, c’était pour apprécier la puissance de cette attaque. Je l’encaissai de plein fouet et dut faire un pas en arrière sous sa puissance. Mais malgré sa maitrise technique et la forme de celle-ci, il n’obtînt pas l’effet escompté, ma propre maitrise, acquise par l’expérience, combinée à la puissance de ma Surplis, suffirent pour briser son attaque. Je pouvais percevoir sa fierté, sa confiance dans sa force au travers du regard qu’il me lançait derrière son attaque. Je me devais de lui rendre la politesse.

… « Jolie danse, mais il te faudra plus que ces griffes, si tu veux me terrasser. Aller ne te retiens donc pas et montre-moi la puissance de tes ailes » ...

Je ne cachai pas ma surprise lorsqu’il reprit la parole, m’expliquant sa différence avec les autres Serviteurs d’Athéna. Il me fit part d’une confidence, qui confirma mes doutes concernant le Verseau. Il m’informa même qu’il avait sombré du côté de ce Pséma, qu’il avait été formé dans un monde de ténèbres et de haine. Je faillis laisser un rire moqueur jaillir de ma gorge, mais ces dernières paroles m’obligèrent à le retenir. Ce fut d’une voix neutre et sans moquerie aucune que je lui répondis.

… « Et c’est nous que l’on considère comme représentant du Mal. Peu parmi vous, êtes ici pour une cause supérieure à leur égo ou personne. Tu te bats pour un homme qui a préféré son orgueil à sa fille et au côté d’un autre qui aveuglé par sa honte fait le jeu de ces ténèbres que tu as fréquenté. Tu te tien face à moi, non pour ta Déesse, non pour reprendre cette Terre, mais seulement pour satisfaire ton désir et chasser ta frustration de ne pas avoir été celui qui l’a libéré. Vous êtes la raison, la preuve, pour laquelle mon Seigneur considère que lui seul peut apporter la Paix et la Justice sur ce monde. Au lieu de combattre cet ennemi que tu as fréquenté, vous préférez satisfaire vos désirs égoïstes. Et pour te remercier de ta franchise, je reconnais qu’à cet instant je suis comme vous. Je ne t’affronte pas au nom du Seigneur Hadès, mais simplement pour satisfaire et panser les plaies de mon orgueil blessé. Mais n’est-ce pas ce que l’on attend des Serviteurs d’un être prétendu Sombre et Malfaisant ? » …

Je ne cachais pas une certaine ironie, moquerie dans mes derrières paroles. J’avais rencontré, auprès de mes semblables, bien plus d’honneur et de valeur, que j’en avais vus dans les comportements de nos adversaires présents. Je savais aussi que certains de mes semblables, étaient loin de ressembler à la description que je venais de faire.

Mais le temps n’était plus aux mots, ni aux salutations d’usage dans certains duels. L’échange de paroles, allait être remplacé par un échange de coups. Reprenant ma position initiale, enchaînai la pluie de frappe par succession de coups soutenue par la force du Béhémoth dont mes mains semblèrent devenir les cornes. Je verrais bien, s’il pouvait se prémunir de cette attaque comme il l’avait fait de la précédente. Le sang allait-il afin couler sur le parvis de ce temple, remplaçant les mots.

… « Beastly Onslaught ! » …

Dans nos pas de danse, je dirigeais notre affrontement vers l’intérieur du temple, vers son centre. Lui qui n’était pas là pour libérer ce qu’il nommait un tas de ruines, appréciera peut être de tomber au cœur d’une d’elles.

Quel adversaire désagréable, il semblait se moquer de mes attaques. Même si je pouvais me rendre compte qui n’en était rien. Mais alors que je pensais prendre un avantage sur lui, grâce à la puissance de celles-ci, il fit preuve une nouvelle fois d’une capacité des plus dérangeantes. L’oiseau de feu était à la hauteur de sa légende, difficile à tuer. Alors qu’il venait de subir l’une de mes arcanes les plus puissantes, ses flammes vinrent une nouvelle fois le protéger, cette fois-ci ce fut en lui permettant de retrouver des forces, amoindrissant par la même les blessures que je lui avais causées. Une certaine frustration commençait à apparaitre sur mon visage, à ce rythme l’avantage que j’avais gagné en prenant l’initiative allait disparaitre. Lorsque son tour vient de passer à l’attaque, il le fit avec la même pugnacité, la même détermination qu’au début du combat. Ses coups se mirent à pleuvoir, une nouvelle fois, me démontrant les failles que je possédais en tant que combattante. Mon éveil en tant que Spectre, avait pris trop de temps, m’empêchant d’acquérir suffisamment d’expérience et améliorer ma maitrise du combat. Je m’en étais déjà rendu compte face à la dénommée Satine, mais je ne m’attendais pas à le ressentir de nouveau et surtout face à cet adversaire. Lorsque son cosmos enflammé se libéra, bien plus puissant que précédemment, un réflexe issue de ma vie passée me poussa à me prévenir de cette attaque, laissant les poings du Phénix m’atteindre.

Sous la puissance de ses ailes, je fus projeté contre l’un des murs du Temple. Je pus apprécier la solidité de ces derniers, qui ne se brisa pas sous l’impact, même si de larges fissures vinrent le parcourir. Des flammes parcouraient mon corps et ma Surplis, mais la frustration d’avoir vu les effets de mon attaque annihilée, me firent les oublier. Prenant appui sur le mur fragilisé, je lançais un regard vindicatif sur mon ennemi. Pourquoi fallait-il que je me retrouve face de nouveau face à un adversaire frappant justement dans l’une de mes faiblesses.

… « Seigneur Hadès, mettez-vous une nouvelle fois ma force à l’épreuve. Je ne vous décevrez pas cette fois-ci » …

Projetant mes bras vers l’arrière dans un mouvement puissant, mon cosmos s’intensifia de nouveau, emplissant la salle de la présence du Béhémoth. Cette démonstration de force, fit trembler le temple, lézardant la pierre et repoussant la poussière.

… « Brutal Reality ! » …

Le Phénix était sans aucun doute un remarquable adversaire, mais il allait comprendre que sa force n’était rien en comparaison à côté de la mienne. Nourrissant la rage de la Bête, de mes sentiments, je ramenai mes bras vers l’avant, projetant mon cosmos sous la forme d’une charge furieuse et bestiale. Rien ne pourrait protéger le Saint de cette attaque, personne n’était encore parvenu à contrer la fureur de la bête mythique. Si les flammes du Phénix continuaient de bruler sur mon corps, elle me donna l’apparence d’un démon sortit tout droit des enfers lorsque suivant la charge de mon cosmos, je vins frapper le serviteur de la Déesse Athéna. Les mots que prononça le Phénix, n’eurent aucune réponse de ma part, ses explications, sa tentative de me convaincre que tous les Saints n’étaient pas semblables à celui qui combattait le représentant de mon Seigneur ne changèrent rien. A cet instant, j’étais le Spectre du Béhémoth, serviteur du Seigneur Hadès ennemi des Saints. Que m’importait que certains défendent les valeurs de leur Déesse, ils étaient tous mes ennemis. Ils étaient ceux qui se dressaient, comme tant d’autres, à la Paix et au monde de Justice que pouvait apporter mon Seigneur. Quant à ceux présents, ils étaient les jouets de cet ennemi, qui ne cherchait qu’à nous affaiblir afin de nuire à mon Seigneur. Ce conflit n’était qu’une excuse pour cacher leur véritable intention, après tout ne venait il pas de dire qu’il avait servi aux côtés de cet ennemi, que le Saint du Verseau avait été corrompu par ce dernier. Leur comportement était la preuve qu’ils étaient encore sous l’emprise de Pséma. Ils nous jugeaient, mauvais, malsain, inhumains, considérant que nous n’avions nullement notre place sur cette Terre. Mais j’avais vu un homme de dressait face cet ennemi de l’ombre, résister à ce dernier, ne pas lui céder. Pour l’honneur de cet homme, je ne pouvais accepter les mots de mon adversaire. D’un être qui laisse sa colère, son désir, prendre le dessus sur la raison et son devoir. A cet instant, toute la futilité de mon orgueil de combattante, était consumée par les flammes de mon devoir, de mon honneur de Spectre.

Même si le Phénix pouvait être considéré comme un adversaire frustrant, il n’en restait pas moins un combattant aguerri et intéressant. Une partie de moi, était ravie de se retrouver confronté à un tel adversaire. Notre combat était prenant, satisfaisant ce désir de me mesurer à de puissants guerriers et le Phénix en était un. Prouvant une nouvelle fois, cette vérité, il parvint à réduire la puissance de mon attaque, non pas en l’affrontant de face, ce qui aurait été idiot, mais en parvenant à dévier une partie de la force générée par elle. Malgré tout, je commençais à percevoir que son corps, aussi habitué à la souffrance soit-il, souffrait de mes attaques, ce qui satisfaisait une partie de mon âme, plus adique et sombre. Mais il pouvait encore me réserver une surprise, ses flammes pouvaient peut être une nouvelle fois le soulager, effacer en partie ses blessures.

Je le pensai lorsqu’il enflamma son cosmos, mais il n’en fut rien. Au lieu de régénérer ses blessures il lança une attaque. Ce n’était pas la première fois que je recevais celle-ci et la première fois j’en avais annulé l’effet. Mais moi aussi, je commençais à ressentir la fatigue de ce combat et si mon corps semblait avoir moins souffert, ma résistance était mise à mal par les flammes qu’il dégageait et par sa maitrise de cet art de combat venant d’orient. Je devais faire un choix, neutraliser ses griffes ou ses coups rapides et nombreux. Mais le choix ne me fut pas donner, un autre pris cette décision.
Alors que je m’apprêtais à bloquer les griffes de feu, un puissant cosmos se fit ressentir, semblant englober tout le Sanctuaire. Je ne pouvais me tromper sur la nature de ce dernier, il venait de notre leader. Ce dernier venait-il de tomber sous les coups de ses adversaires, la stratégie de Jack avait elle finit par l’emporter. C’est alors que mon ombre s’agrandit m’attirant en son antre, en réponse à cet appel, obéissant à une force supérieure à la mienne. J’avais l’impression que le cosmos du Juge du Griffon, représentant du Seigneur Hades, était aspiré et par ce fait, aspirait tous ce à quoi il était lié. Je ne pus résister à cette force qui voulait m’attirer à elle, malgré ma force et ma volonté de continuer ce combat. A cet instant, mon visage n’exprimait que l’incompréhension, et une supplique prononcée dans un souffle. Avant que je ne sois engloutit par mes propres ombres, je crus que le domaine de mon Seigneur se manifestait autours de moi. Mais ce n’était qu’une impression laissée par une porte qui s’ouvrait.

… « Seigneur Hades, permettez-moi de continuer à combattre » …

Mais rien n’y fit et je finis par traverser les ombres qui séparaient le monde des humains et celui des Enfers. Me poursuivant à travers ce voyage, je pouvais voir les flammes du phénix. Une frustration, comme rarement ressentie vint m’envahir, celle-ci devint colère, lorsque mes pieds se posèrent sur un sol qui n’était pas celui de la maison du Bélier. Malgré tout l’attaque du Phénix parvint à moi, éclairant par la même la pièce dans laquelle je me trouvais. Une fois le cosmos de Minos disparut, il ne resta plus rien de moi, de cette demeure. Seules les traces du combat que j’avais livré prouvait que j’avais bien été là.