[Combat GS 2015 - Inferno VS Gabriel] Tout ce qui nous oppose...

J’allais devoir donner le meilleur de moi-même pour parvenir à vaincre ce redoutable adversaire. Nouveau venu au sein du Sanctuaire, et malgré des années d’intense méditation et élévation de mon esprit et de mon cosmos, je ne tenais pas à faire preuve d’une assurance trop prégnante. La lumière et l’obscurité demeuraient des forces ambivalentes, dépendantes l’une de l’autre. Je ne chercherais donc pas à justifier mon combat par une volonté de lutte contre le mal, pour la justice, où toute autre théorie à courte vue. Pourquoi me dresser face aux spectres en ce cas ? Pour une raison, au final, bien simple. Le divin Hadès cherchait à balayer les forces d’Athéna depuis la nuit des temps pour asservir l’humanité sous son joug, privant de ce fait des millions d’êtres de toute notion de libre arbitre. Pour un individu tel que moi, l’un des rares à avoir brisé le cercle du cycle de la vie et de la mort, un tel destin pour mes semblables de chair me semblait abominable. La liberté d’agir, de penser, de se tromper, ou d’ouvrir les yeux, demeurait un concept sacré. Ces spectres représentaient donc une menace, allant bien au-delà du simple inconfort d’une atteinte à l’intégrité physique. Et l’individu qui me faisait face représentait à lui seul le symbole de mon mépris : celui de la servitude. D’un mouvement de main, je fis jaillir mon Mala, dont les fines perles de nacre reflétèrent légèrement l’éclat de la brume dorée qui formait désormais un tapis uniforme sur le sol.

Spectre, dès le premier regard, tu m’as traité avec condescendance et mépris. Pour un individu aussi dépourvu de clairvoyance que toi, un seul châtiment s’impose…

Sur un simple ordre mental de ma part, la brume dorée se jeta sur le spectre pour le recouvrir des pieds à la tête, sans espoir d’échappatoire. Son simple contact pur et sacré commença à ronger la chair du spectre tel de l'acide corrosif. Malgré l’isolement dans lequel Inferno se trouvait, ma voix lui parvint aussi claire et limpide que si je m’étais trouvé à ses côtés.

Je vais te priver progressivement de tes cinq sens. Le dicton prétend qu’on ne mesure l’importance d’un don que lorsqu’il nous est retiré. Je t’offre donc la chance de mettre à profit la sagesse de cet adage.

Similaire à une boue dotée de libre arbitre, la brume d’or s’insinua dans la bouche du spectre pour en retirer toute vie. Ce n’était là que la première contrainte, mais non des moindres. Je me doutais que mon adversaire allait riposter avec hargne, mais je venais de placer la première pièce d’un engrenage mortel à son encontre.

Dès lors que l’illusion de la Vierge se volatilisa entre ses doigts, Jason comprit de quelle manière son adversaire combattrait. Il avait déjà eu à faire à ce genre d’ennemi. Et s’il espérait qu’il se trompait, le fait était qu’il n’avait quoi qu’il en soit aucune intention de reculer. Lentement, le Démon se redressa, bras le long du corps, sens aux aguets, en écoutant cette vois omniprésente qui lui parlait, l’agressait presque. Mais elle le mésestimait, elle ne le comprenait pas : Gabriel pensait avoir à faire à un spectre classique, il ne savait pas qu’il était très loin de la vérité. Jason n’était pas un spectre, et n’en serait jamais un. Pendant que le jeune saint déversait son discours, celui que l’on connaissait sous le nom d’Inferno tentait de le repérer. Et puis, il sut qu’il avait vu juste : une fumée l’entoura subitement, et il ressentit à nouveau cette terrible sensation ! Ployant sous la douleur, posant genou à terre, il comprit qu’il avait perdu l’un de ses sens. Il lui fallut quelques secondes pour encaisser la douleur, mais il se redressa de toute sa hauteur, puis :
Mon pauvre Gabriel, je t’ai traité de la seule manière que tu méritais ! Et d’autre part, pour toi mon nom sera Inferno, et non « spectre » ! Et si tu crois être le premier à m’infliger pareille torture, tu rêves !

Subitement, le jeune assassin déploya son cosmos, et une aura ténébreuse prenant la forme d’une brume épaisse s’éleva autour du corps de Jason, et en un battement de cils, il disparut pour reparaître juste devant le vrai Gabriel. Fendant l’air en abaissant au maximum son centre de gravité, un sourire carnassier apparut sur ses traits. La Vierge tenta de se défendre mais le Démon balaya ses coups à l’aide de simples revers de bras. Ses poings se chargèrent de cosmos, et avant qu’il n’attaque Gabriel, sa voix s’éleva à nouveau dans la tête de son ennemi :
C’est mon tour, maintenant ! Voyons ce que tu vaux réellement !
A ces mots, les poings du Démon fendirent l’air à une vitesse saisissante : des centaines de coups s’abattirent en à peine quelques secondes sur le pauvre chevalier d’Or. D’une précision et d’une vitesse inhumaine, chaque coup était porté à un point clé du corps de la victime, comme si les dents du Démon se refermaient sur sa proie. A la fin de son terrible enchaînement, Jason acheva par un uppercut en plein menton, avant d’exécuter un salto arrière d’une souplesse féline tout à fait surprenante.

Je n'avais encore jamais constaté une telle agressivité chez un être vivant. La haine et la colère s'exprimaient sous couvert de chaque parole, de chaque respiration. Contrairement au vampire, avec qui j'étais parvenu à entreprendre un semblant de discussion, tout dialogue paraissait vain avec cet Inferno. Rapide, vif et doté d'une volonté digne de louanges, le "spectre" qui refusait se titre se jeta sur moi pour m'assaillir de coups d'une terrible violence. Stoïque, j'encaissais sans lui offrir davantage qu'une grimace et un mince filet de sang. Mon armure d'or avait suffi à me préserver, en partie, de ce premier assaut destructeur. Avant qu'Inferno n'ait eu le temps de pousser son avantage, je bondis dans les airs, passant au dessus de lui, en agitant au passage mon Mala. Les perles fines résonnèrent en un carillon enchanteur, donnant le feu vert à la brume dorée pour reprendre leur harcèlement corrosif. Mais cette fois ci ma création intangible retira toute vie dans le nez d'Inferno, le privant de son odorat.
Une fois le pied posé sur le sol, je me retournais, entrainant dans mon mouvement un changement du décor qui se para de visages sacrés de Boudha.
Un sourire mutin sur le visage, je désignais de la main les yeux posés sur mon adversaire, le jugeant pour mieux lui faire peser le châtiment divin.

Tu ne parviendras pas à t'extirper du regard de Dieu si facilement. Puisque tu connais la souffrance de perde tes sens un à un, tu sais également qu'aucun traitement ne te sera accordé, et que tu garderas des stigmates de ce combat.

Je laissais mon cosmos envahir, saturer l'atmosphère, rendant d'autant plus pesante cette sensation d'emprisonnement que devait probablement ressentir cet homme impur.

Ce nom, est-il d'ailleurs le tien, ne sert qu'à masquer une réalité qui ne te plait guère. Que tu le veuilles ou non, tu portes les habits des serviteurs d'Hadès. La première lâcheté est celle de refuser le constat des choix qui sont les nôtres. Et toute faute aussi grave a incontestablement un prix...

Tenma Kôfuku

De tous les visages de Boudha jaillit une lumière sacrée qui se concentra sur mon adversaire : Inferno.

L’assaut du Démon était d’une puissance toujours aussi destructrice. Mais cette fois, face à lui se tenait le porteur de l’une des armures d’Or les plus mythiques du Sanctuaire : la Vierge. Ce dernier soutint assez bien les multiples attaques de Jason. Surgissant en l’air pour passer au dessus d’Inferno, Gabriel attaqua à son tour. L’effet fit son oeuvre immédiatement : les gestes si rapides et félins du Démon s’interrompurent totalement durant une seconde à l’instant où il comprenait que son second sens venait de lui être retiré. Il ferma les yeux un instant pour refrêner la violente douleur qui lui envahissait les sinus, et fixa à nouveau son adversaire. C’est alors que ce dernier commit sa première grosse erreur, qui fit réagir Jason au quart de tour. Le goût lui était retiré, pourtant, c’est bel et bien sa voix qui se manifesta au travers de son cosmos, et pas uniquement dans la tête de la vierge, cette fois ci :
- Je ne suis le serviteur d’aucun dieu, contrairement à toi ! Et je ne cherche absolument pas à m’extirper de quoi que ce soit. Je vis en paix avec moi même dans ce que j’ai accompli dans ma vie. Peux tu seulement en dire autant, toi le donneur de leçons aux faux airs angéliques ?

Tandis qu’il répliquait avec une virulence non dissimulée, Jason poursuivait le déploiement de son cosmos. Il détestait par dessus tout les donneurs de leçons. Gabriel ne connaissait rien de sa vie, et s’il avait su que ses frères d’armes adorés avaient massacré sa famille alors qu’il n’était qu’un gosse, son regard sur l’assassin qu’il était devenu aujourd’hui dans le but de survivre aurait il seulement changé ? L’héritier de la famille Arkaios haissait les Saints, et plus encore les donneurs de leçons. Celui qu’il avait en face de lui ne passerait pas la nuit... Inferno en avait décidé ainsi !
- Tais toi ! Répliqua t’il subitement pour couper court au discours de Gabriel en pointant vers lui un doigt inquisiteur. Je t’interdis de me juger ! Surtout pas toi, surtout pas un Saint ! Toi et tes semblables êtes bien les derniers sur cette terre autorisés à porter le moindre jugement sur moi...
Lentement, sa main redescendit se placer le long de son corps. Il ne voulait pas perdre son sang froid maintenant. Pas alors que le combat démarrait à peine.
- Tu devrais savoir que l’habit ne fait pas le moine, chevalier... Je suis parfaitement conscient des choix que j’ai fait et je n’ai aucun problème avec le fait de les assumer. Mais le fait de porter le surplis du Démon n’implique en rien que je sois forcément un serviteur du Dieu des Enfers. Médites donc là dessus, quelques instants, ajouta t’il alors que ses mains exécutaient une série de gestes précis devant lui.

Soudainement, la brume jusqu’alors si calme et silencieuse s’épaissit en jaillissant et en dissimulant toute une partie du corps du talentueux assassin. Dans ses cheveux de jais, quelques mèches devinrent soudain blanches et ses yeux prirent une teinte améthyste. Serrant son poing droit, il sentit son cosmos couler dans ses veines, prêt à exploser à l’impact. Paré à charger tel un prédateur, il se positionna avant d’ajouter :
- Tes belles paroles me fatigues, blondinet ! Quand tu auras traversé ce que j’ai vécu, toi et moi pourrons reparler du sens de la vie, de nos décisions et des conséquences qui en découlent. En attendant...
Tout en décollant son talon du sol, Jason se propulsa droit sur son adversaire avec une vitesse encore plus saisissante qu’auparavant. Plusieurs coups visant les côtes du chevalier d'Athéna pour le forcer à baisser la tête sous le coup de la douleur se mirent à pleuvoir. Et puis, abaissant à nouveau son centre de gravité, jambes écartées, très près du sol, comme s’il voulait passer entre les jambes de son ennemi, Jason sut que le moment était venu de relâcher toute sa puissance.
- ... je t’ai assez vu !! Conclut il avant de sauter en l’air, poing droit en avant pour percuter le menton de la Vierge à l’aide de toute la puissance accumulée ces dernières secondes.

Le choc fut terrifiant, tant Inferno était parvenu à insuffler de la force dans ses cuisses au moment de sauter. Il s’éleva dans les airs sur plusieurs mètres avant de retrouver son équilibre, et atterrit avec une grâce et une souplesse parfaites. Son adversaire était peut être fort, mais une chose était sûre : Jason avait senti le coup porter, et son ennemi l’avait forcément senti...

Devant la furie de cet homme, bien que ce nom soit incorrect pour le définir, mon corps souffrait le martyr. Même mon armure d'or commençait à craqueler par endroits, témoignant de la rudesse de son attaque. Pourtant, bien que meurtri, je me relevais, prêt à poursuivre ce combat. Bien plus qu'un simple spectre d'Hadès, cet individu était incontestablement un démon. Je n'avais pas encore dit mon dernier mot et j'allais le lui prouver. Sans même trop forcer, j'étais parvenu à le faire sortir de ses gonds. Une faiblesse à exploiter.

Tu vis en paix avec toi même, dis tu ? La colère, la haine qui te rongent, définissent-elles une certaine plénitude ? J'en doute, Inferno.

Les Saints semblaient représenter une véritable source de dégout pour cet homme. Je me demandais bien pourquoi, mais toute question sur ce sujet ne me vaudrait que mépris et réponse cinglante. S'il désirait en parler, il le ferait de lui même. Mais pour l'heure, je me devais de riposter ! Une goutte de mon sang coula de ma main vers le sol. Une mare de magma s'éleva en un clin d'oeil, paralysant et brulant atrocement les chairs de mon adversaire, alors que je m'élevais vers le ciel, toujours les yeux clos.

Soit. Puisque tu ne veux plus m'entendre, qu'il en soit ainsi...

Sortie du néant, la brume d'or s'infiltra dans les oreilles du démon pour le priver de ce troisième sens. Je n'osais imaginer sa souffrance. Mais elle n'était rien comparé à ce qui l'attendait. Ma voix résonna alors dans son esprit, comme la sienne l'avait fait dans le mien.

Penses-tu donc être le seul à avoir traversé maintes horreurs par le passé ? Loin de moi l'idée de sous-estimer tes stigmates, mais tu ne connais pas non plus les miens. Et un passé traumatisant ne justifie pas de mauvais choix. Si tu n'es pas un serviteur d'Hadès, tu demeures assurément un esclave de ta propre haine. Je ne t'envie pas...

Je sentais que le dernier coup de mon adversaire avait infiltré mon corps. Je devais donc trouver une parade. A mesure que mon corps me faisait défaut, mon cosmos rayonnait de plus belle. Je n'allais pas échouer sans tout donner !

Pour un individu aussi soumis à ses bas instincts, je ne vois qu'un lieu pour abriter ton âme. Va donc y élire domicile.

Rikû Dô Rin Ne

Quel enfer choisirait Inferno ? Le monde des bêtes, ou celui des carnages peut être ? Qu'importe, car il n'en sortirait pas indemne.

Jason fronça les sourcils face à la réplique percutante de son adversaire : ses petites leçons de morales commençaient à fatiguer le Démon, et apparemment même un uppercut bien placé en pleine mâchoire n’incitait pas Gabriel à la fermer.
- Une seule chose gêne encore ma progression afin d’être totalement en paix avec moi même ! Et après cette nuit, cela sera définitivement réglé, à commencer par toi ! Coupa le tueur en fixant la Vierge sans ciller.
Pour autant, cette dernière poursuivit son discours, qui cette fois ci ricocha totalement sur Jason. Il ne prit même pas la peine de répondre, et Gabriel sut à ce moment précis qu’il était inutile de chercher à discuter avec celui qu’il prenait pour un spectre.

Une nouvelle fois, il déversa sa puissance vicieuse et sournoise sur Jason dont le visage se tordit de douleur. Il plaqua ses mains sur ses oreilles qui le firent souffrir atrocement durant quelques instants, et il reconnut la sensation de ne plus rien entendre. S’il avait été particulièrement désorienté la première fois qu’il avait vécu une telle expérience, cette fois ci fut totalement différente : il lui fallut quelques secondes pour stabiliser son équilibre et adapter sa gestuelle en fonction des sens dont il était privé, mais ses autres sens se décuplèrent de manière inouïe. Le visage dissimulé sous une cascade de cheveux, le jeune assassin régula son souffle pendant quelques secondes, avant de redresser la tête, un sourire carnassier sur les lèvres. La couleur de ses yeux avait encore changé : ils n’étaient plus améthystes, mais totalement rouges, et ils lui donnaient une capacité de vision surhumaine. Chaque geste, chaque détail lui sautait aux yeux comme si c’était évident.

Il entendit une nouvelle fois la voix de son ennemi résonner dans sa tête, et lorsque le Démon vit une lumière dorée s’approcher de lui dans le but de lui arracher son âme, il tendit ses deux bras face à lui, paumes ouvertes, et son cosmos explosa. Le sort fut brisé et les mains de Jason écorchées par la puissance qu’il lui fallait contenir, mais son âme ne quitta jamais son corps. Amusé par la situation, il éclata de rire avant que sa voix ne s’élève dans la pièce, toujours générée grâce à son cosmos et non grâce à son organe dont il était privé :
- Tu oublies un détail important ! Je suis le porteur du surplis du Démon, l’étoile Céleste du Tourment ! Je connais bien les Enfers, et je n’ai pas l’intention de te laisser y envoyer mon âme !
Avec un sourire mauvais, Jason ramena ses bras vers lui, et il puisa une nouvelle fois dans sa puissance avant de renvoyer toute la puissance qu’il contenait dans ses mains vers son adversaire. Le maelstrom crée entre les deux adversaires explosa dans un torrent d’énergie, et Jason ramena ses mains à son visage en les voyant saigner. Un moindre mal pour éviter de faire un séjour gratuit dans les prisons infernales.

Il serra les poings et déploya son cosmos avant d’observer son adversaire, puis :
- Tu ne tiendras pas éternellement, chevalier... tes homologues du Cancer et du Scorpion sont tombés sous mes coups il y a sept ans, et il en sera de même pour toi ! Comme eux, tu succomberas sous mes coups...
Sans en ajouter plus, l’assassin se propulsa sur la Vierge et déchargea toute sa puissance en se focalisant sur les côtes du chevalier d’Or. Protégé par une armure ou non, son corps finirait bien par trembler sous les coups, et son souffle serait coupé. Le jeune Arkaios comptait là dessus...
Finalement, son dernier coup frappa la Vierge au corps et il recula sous la force de l’impact. Fatigué par cet effort, Jason se mit en garde avant de reprendre lentement sa respiration. Il commençait à sentir la fatigue monter en lui : ce combat devrait bientôt s’achever, sans quoi il se mettrait en danger, et il le savait...

Malgré ma volonté indomptable, mon corps commençait peu à peu à me faire défaut. Les coups du démon pleuvaient, plus violents les uns que les autres, et je sentais que l’inconscience risquait de me gagner. Ma belle armure me protégeait encore, mais pas suffisamment pour espérer survivre à un tel traitement. Je savais ne pas avoir démérité. Mais il fallait bien reconnaitre que cet homme était particulièrement redoutable. Bien que dépossédé de trois de ses sens, il persistait à lutter de toutes ses forces. Propulsé dans les airs par son dernier coup, je finis par heurter le sol froid en lâchant un gémissement de douleur. Bien que dénué de la peur de perdre mon enveloppe charnelle, je ne pouvais faire fi de l’atroce douleur qui parcourait désormais mes membres. Toutefois, je parvins une fois encore à me relever. Tremblant sur mes jambes, je stabilisais ma position en levant les mains pour les façonner en deux signes de mantra. La flamme de ma vie mortelle risquait de s’éteindre à tout instant, mais je ne comptais pas laisser un tel adversaire en pleine possession de ses moyens poursuivre son ascension.

Un chevalier d’or se moque bien de sa propre vie. Tout ce qui compte c’est l’héritage que nous léguons à ceux qui nous survive. Après ce coup, tu seras une menace moindre pour les autres défenseurs du Sanctuaire. C’est tout ce qui compte…

Mon cosmos grimpa en flèche jusqu’à atteindre en quelques secondes son paroxysme. L’aura dorée qui nimbait sans discontinué ma silhouette gracile se mua en une fournaise divine. Cette énergie hors du commun apaisa la douleur, et cicatrisa les plaies les plus mineures, me redonnant un brin de vitalité. Lentement, mes paupières se soulevèrent, et ce fut un regard intense que je plongeais dans celui, haineux et rougeâtre du démon.

Le Trésor du Ciel, Tenbu Horin

Une force mentale irrépressible tordit alors les membres de mon adversaire, pour en faire, l’espace d’un instant, une vulgaire poupée de chiffon. Mon attaque venait de lui ôter son quatrième sens, ne lui laissant que la vue et une douleur physique cuisante. Mais ce n’était là que le début… Une lumière sacrée se déversa sur Inferno, mettant à mal son âme tout autant que son corps, pour mieux l’empêcher d’attaquer et de se défendre. Une part de son énergie fut alors absorbée pour me revenir. Je savais que ce gain appréciable ne suffirait pas à faire chuter ce monstre. Mais Inferno avait bien souffert de notre affrontement, et je ne doutais pas qu’il en ressortirait affaibli. C’était là une consolation bienvenue.

Un sourire amusé vint se dessiner sur le visage du Démon suite à au beau discours du chevalier de la Vierge. Toutes les belles paroles mielleuses de Gabriel le rendaient malade. Il savait pertinemment que derrière ces tous ces beaux principes ne se cachait qu’une bande de fanatiques prêts à tout pour imposer leur façon de voir les choses.
- Dans ce cas, c’est parfait... Prépares toi à leur léguer ce que tu as pu apprendre de cette vie, car elle va s’achever ici ! Lui rétorqua t’il d’un ton amusé mais mauvais.
Ce sourire carnassier se volatilisa pourtant en un instant dès lors que le cosmos du chevalier d’Or explosa. Une douleur lancinante transperça les membres de Jason qui aurait hurlé de souffrance s’il possédait encore sa voix. Terrassé par la douleur, il s’effondra lourdement sur les pavés. Durant quelques secondes, il perdit l’usage de ses membres, et ses jambes et ses bras remuèrent par acoups, à cause des nerfs, mis à rude épreuve. L’attaque de Gabriel avait été d’une puissance terrifiante, mais elle n’avait fait que réveiller la soif de sang du Démon...

Il lui fallut quelques secondes pour se redresser au prix d’un effort douloureux, mais Jason se redressa en faisant face à son adversaire. Encore tremblant, il essuya un filet de bave qui avait coulé de long de sa lèvre, et serra ses poings.
- Ca, tu vas me le payer, chevalier... souffla t’il d’une voix rauque à l’aide de son cosmos.
Aussitôt, dans toute la pièce, l’atmosphère devint pesante, écrasante presque. Les cheveux d’Inferno qui n’avaient pas encore pâli blanchirent tous jusqu’au dernier, et son regard de braise sembla illuminé de haine. Son cosmos explosa, brisant durant un bref instant les chaînes cosmiques que la Vierge avait posées une à une sur le Démon. Comme possédé, Jason retrouva tous ses sens et son poing se chargea en énergie destructrice.
- Ce combat n’a que trop duré... Et toi comme moi, nous en connaissons l’issue, à présent... C’est terminé, Gabriel... reprit il d’un ton soudain redevenu totalement calme.

Sur ces quelques mots, Jason laissa libre cours à sa puissance et se propulsa à vive allure sur son Adversaire. Son poing frappa le torse de Gabriel avec une puissance phénoménale, et un brouillard noirâtre crée par le cosmos de Jason aveugla les deux adversaires. Affaibli, haletant, l’assassin de Londres demeura sur ses gardes, attendant que le brouillard se dissipe. S’il ne l’avouerait jamais à son adversaire, lui même n’était pas sûr que son attaque ait suffi pour terrasser la Vierge. Il avait entendu beaucoup d’histoires sur les porteurs de cette armure, et il n’était pas stupide : la victoire n’était jamais gagnée d’avance face à un tel adversaire...

D’un coup, d’un seul, Inferno fit se briser le dôme de lumière qui nous séparait du reste du monde. Lorsque des pans de lumière solide tombèrent sur le sol, ma propre silhouette se fissura, comme si j’étais moi-même fait de verre ou de cristal. Le monde s’écroula, laissant d’abord entrevoir un étrange néant. Un vide béant, dans lequel ma conscience n’était plus qu’un souvenir. Par-delà le brouillard qui menaçait encore ses sens, ma voix lui parvint claire, bien que teintée d’une douleur réelle.

C’est la fin, mais également un recommencement. Tu as surpassé mes forces, et le passage t’est ouvert. Mais j’espère de tout cœur que notre rencontre aura éveillé une lueur de conscience en ton cœur froid.

Aussi diffus qu’un brouillard dispersé par le vent d’été, mon cosmos commença à disparaitre peu à peu. Devant le serviteur d’Hadès les marches qui menaient au temple du lion s’offraient, semblables à l’escalier du destin. Non loin, dissimulée à sa vue, dans un univers au-delà du monde physique, ma conscience s’évaporait elle aussi. Malgré la puissance de mes coups et la perte progressive de la maitrise de son corps, Inferno était parvenu à me surpasser. Quel adversaire redoutable ! Une riche expérience sur laquelle j’allais pouvoir longuement méditer. Mais pas encore. Mon temps n’était pas encore révolu. Qu’allait donc faire l’assassin ? Je n’en savais rien, mais j’avais au moins la satisfaction de lui avoir fortement compliqué la tâche. Peut-être que cette interposition de ma part fera pencher la balance en faveur de son prochain adversaire. Un simple grain de sable suffit parfois à faire pencher la balance du destin…

Victoire d'Inferno.

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