Que de réponses étranges émanant de ce petit humain. Il existait donc des saints ne croyant pas en l’existence des Dieux, mais qui pourtant protégeaient la déesse d’Athènes ? Ne savait-il pas que j’étais une déesse, moi-même ? Ou alors était-il totalement ignorant des foudres qui pouvaient s’abattre sur sa personne… Il me posa une question, mais ne semblait pas y attendre une réelle réponse. Il fit exploser une partie de son cosmo avant de se ruer sur moi. Il était fougueux malgré son physique désavantageux, mais cela n’allait pas suffire. Un sourire traversa mon minois, avant que mes doigts ne produisent un claquement sec et que mon corps se propulsa en arrière. Des traits lumineux violacés s’entremêlèrent et je disparu en leur cœur.
Un rire cristallin, suivie de ma voix résonnèrent dans la partie du temple où nous nous trouvions.
-Petit homme, il est bien rude de s’attaquer à une femme non vêtue pour l’occasion.
Ce fut dans son dos que la porte de mon monde s’ouvrit, laissant le corps de Katerine en sortir vêtue cette fois de mon surplis sombre. Mes mouvements étaient lents, très lents, je souriais avec cet air carnassier qui ne présageait rien de bon pour le saint de quoi déjà ? L’adamantine, c’est cela ?

Mes avant-bras se levèrent et mes doigts claquèrent une nouvelle fois. Le nom de mon attaque quitta mes lèvres dans un souffle distinct.
-The Enchanted Forest.
Des ronces fusèrent entre les dalles du temple du chaton. Aussi sombres que la nuit, mes sublimes liens végétaux se ruèrent sur le saint. Suivant mes mouvements de bras, elles ne désiraient qu’une chose : l’enlacer langoureusement afin de lui faire découvrir le plaisir de la souffrance. Je regrettai qu’il ne soit plus beau. Face au lion je me serais davantage délecter du charme de ce spectacle. Mais cet humain n’était pas digne d’observer la beauté ma toile. Comment un être comme lui, pourrait-il comprendre l’art dont je faisais preuve ? J’en soupirai de tristesse. Si seulement Himmel était là pour m’observer. Là, aurais-je sans doute trouvé mon plaisir, malgré le manque de grâce de mon adversaire.
J’allais en finir rapidement. Mon juge m’attendait un peu plus bas et lui savait comment faire battre mon cœur. Jack n’allait pas pouvoir quitter ce lieu sans traverser les premières maisons ? Je n’avais qu’à l’attendre patiemment pour le cueillir et l’anéantir.
Je jetai ma malédiction sur le chevalier qui avait osé interrompre mon chemin. Petit homme goûtera mon châtiment.
-Malefic Spindle.

Je suivais ses coups de manière fluide afin d’en limiter les dégâts. Il gesticulait beaucoup, beaucoup trop… La sueur ne siée guère à une jeune femme, encore moins de mon rang ! Mon sourire n’en fut pas modifié pour autant. Pauvre humain… À quoi sert-il de te battre, dès lors que tu n’es point capable d’en discerner le dessein ?
-La nature possède une beauté sauvage propre. Les tiens l’enlaidissent sans même prendre conscience de ce qu’elle vous a offert…
Mes doigts claquèrent. Les ronces nocturnes reprirent leur danse effrénée vers le saint, telles des maîtresses, essayant de lacérer la chair de leur amant dans un acte presque interdit de passion et d’envie. Je ne pus m’empêcher de l’observer. Sous certains angles, il semblait capable de dégager une certaine beauté, légère mais présente. C’était différent de ce que j’avais vu et connu à travers les âges. Une autre forme ? Ne les avais-je pas toutes exploitées ? La saveur de se pêché m’était trop familière pour être capable de me surprendre encore, et pourtant j’étais incapable de m’en lasser. La beauté est une de ces choses qui vous touche en plein cœur, tel une flèche du fils d’Aphrodite. L’amour, la haine, les sentiments ne sont rien comparés à ça… Il n’existe aucune autre richesse que celle de la jeunesse dans ces bas-fonds terrestres. Petit homme, tu vas découvrir ce qu’est la véritable beauté.

Ma main droite se leva et tourna sur elle-même. Je me laissai tomber en arrière avant de disparaître dans un soupire d’aise à travers les fils entrelacé de mon monde. Je devais ouvrir son cœur avec mes ongles pour en tirer le nectar de ses désirs. J’étais trop énervée par la honte qu’avait subi ma lignée à cause de ce Marina, pour être capable de mon concentrer correctement. Je manquai de temps, avec ma veine le dénommé Jack dégustai peut-être déjà les algues par la racine... Bien que je répugnai à utiliser cette attaque sur quelqu’un d’indigne du corps de ma belle princesse, je n’avais d’autre choix si j’espérai en finir rapidement.

J’apparu derrière le saint. Le temps sembla s’arrêter. Je me tenais juste au-dessus de son dos. Mes lèvres s’approchèrent de l’arrière de son oreille. Légère, je vins déposer un baiser sur une parcelle de sa peau. L’acte accomplis je me redressai avant de sauter en arrière et éviter tout revers de sa part. Mes doigts glissèrent lentement sur le velours de ma bouche, ma tête se pencha sur le côté.
-J’aurais cru le parfum de tes rêves bien moins intéressants.

Je le regardai tomber à genoux. Était-ce la surprise de recevoir l’offrande de mes lèvres qui le mettait dans un si pitoyable état ? Ce saint ne semblait vraiment pas habitué à subir ce type de châtiment. Sa tête se tourna vers moi pour m’exposer ses interrogations. Encore. Je me retiens de rire en le voyant aussi peiner par une si simple action.
-Je t’ai simplement donné un baiser.


Une de ces phrases fit mouche dans mon esprit. Mes yeux s'écarquillèrent l’espace d’un instant. Serait-ce possible que…
-Tu…
Se pouvait-il que...
-Tu serais donc…
Que ce saint étrange ait…
-Un...
Ait une préférence pour…
-Un athènien...
Pour les petits corps musclés ?
Ma main se porta à ma bouche, laissant apparaître la surprise que cet aveu provoqua en moi. Il avait bien dit “le baiser de ce spectre”. “Ce”. Pas “cette”... Je m’approchai d’un bond vif vers le saint en touchant du bout de l’index différents endroits de son armure, afin de jauger ce qui se dissimuler dessous. Mes sourcils se froncèrent. Hum…
-Je ne pense pas que tu plairas à Père…
Je clignai des paupières à quelques centimètres de lui. Non, vraiment... Je ne pense pas que les cheveux violets soit du goût de Frédéric II. Après tout, ce saint ne comprendrait peut être même pas le signale.

Sur cette note, je me tournai en toussant, ne voyant pas son armure briller comme un phare en pleine nuit. Je n’en avais pas besoin pour en connaitre la signification.
-Ne t’ai-je pas dit que cette guerre n’avait aucune importance pour moi ?
Il allait attaquer. Il tenait beaucoup trop à ses enchaînements. Je me courbai en arrière pour éviter son coup d’épée. Une fois le premier coup évité, il était simple d’ignorer le reste. C’était certainement sa plus grosse lacune.
-N’est-ce pas toi qui m’a réclamé se duel ? Assume la conséquence de tes actes !
Je vis son attaque se ruer sur moi. Mon bras se leva. J’acceptai sans sourciller la puissance de son coup. Mon majeur et mon pouce claquèrent une nouvelle fois. Mes magnifiques ronces se mirent à danser autour de moi.
-Tu ne peux comprendre tes propres rêves tant que tu n’y auras pas goûté toi-même.
Mon talon se planta dans le sol afin de me propulser vers le saint.
-Princely Ride.
Les sombres tiges épineuses suivirent ma course. Je m’arrêtai à quelques mètres de lui, mon bras faisant signe à mes beautés de pourchasser leur cible.

-Tu ne cesses de me demander ce que représente la guerre pour moi. Mais pourquoi te bas-tu humain ?
Je laissais planer un silence tout en le détaillant.
-Tu te bats pour Athéna. Une déesse qui n’en porte que le nom. Où se trouve-t-elle alors que vous faites face à l’ennemi ?
J’avais combattu les soupirants de cette déesse pendant des siècles, et la réponse à cette question ne m’était pas inconnue.
-Elle s’est encore réincarnée en nourrisson, sans doute. Elle préfère que ses chevaliers meurent en son nom, plutôt que de les sauver.
Mon ton était léger. Certes je la haïssais, mais depuis que j’avais côtoyé le roi de Prusse et sa fille, j’avais découvert le rôle des dirigeants humains. Ils n’étaient pas que du bétail bon pour l’abattoir.
-Est-ce ça, une Déesse de justice à vos yeux ? Une femme jalouse qui interdisait à celles qui la servaient de divulguer leurs visages ? Une femme capricieuse qui interdit encore à ses saints de connaitre l’amour parce qu’elle a jurée de rester vierge ?
Mes poings se serrèrent. Athéna n’avait aucune idée des responsabilités que devait tenir les Dieux dans le monde.
- Si vous saints, n’aviez pas empêché le retour du seigneur Hades, lui serait présent à nos côtés ! Je suis la Déesse de l’Irréalité et la Princesse de Prusse, je te tuerai au nom de mon Maître !

Ce saint n’était vraiment pas malin. À l’origine, à ma première naissance, j’étais bien une enfant d’Hypnos. Mais depuis combien de temps n’avais-je aperçu l’ombre de mon père onirique ? Ma fidélité était dirigée vers le Dieu des Enfers et non vers ce paternel, contrairement à certains de mes frères. Aujourd’hui, l’homme que je considérais comme mon Père était bel et bien un humain. Un homme doux malgré les difficultés vécues. Je n’aurai rêvé mieux comme hôte que la petite princesse bâtarde Prusse. Mais l’histoire allait changer sous peu. Katerine, je réaliserai ton plus beau rêve…
Le danseur reprit ses enchaînements. Ennuyeux… Je disparu avant qu’il ne me frappe. Tant qu’il essayerait d’abîmer ma beauté, je continuerais de rejoindre mon monde. Le corps de ma princesse est trop beau, j’ai laissé un saint l’entacher, je n’en laisserai pas un second !

Le petit homme se rendait-il compte qu’il paraissait de plus en plus idiot ? Athéna, là pour les hommes ? Alors qu’elle s’était réincarnée en bébé ? Avais-je vraiment besoin de reprendre mon explication précédente ? À croire que la « déesse » choisissait réellement des simples d’esprit pour lui obéir. Après tout, il n’y a que des êtres à l’intelligence limitée qui accepteraient de se faire traiter de la sorte. J’hésitai entre bailler et rire. J’apparu à nouveau, collée à son dos.
-Est-ce Athéna qui t’as dit cela ? Que les Dieux ne peuvent réaliser tes songes ?
L’un de mes ongles glissa le long de son bras, alors que mes ronces se mirent à enlacer tendrement ses mollets.
-Tes rêves ne sont pas difficiles à réaliser, petit homme.
Mes lèvres frôlèrent son cou, laissant l’image du fameux monde d’où il venait apparaître sous ses yeux. J’aurai sans doute pus rajouter à ce tableau la richesse, la réussite, ou que sais-je encore… Mais à la place, j’y peignai autre chose de bien plus précieux. Un visage doux, souriant. Une voix tendre. Un être d’amour. Une mère. Sa mère.
-Ce n’est pas une illusion que je te montre… Mais une possible réalité.
Les désirs des hommes sont simples à combler. Il existait tellement de chemins possibles pour modifier son destin. Le passé n’était pas modulable, certes, mais il était possible de palier par un nouveau futur.

Je reculai lentement, pour le laisser contempler mon art. Je ne lui demandai aucune allégeance, ni envers moi, ni envers Hadès. Non, je lui montrai son rêve pour lui prouver que l’image de sa déesse si parfaite, n’était rien d’autre qu’une illusion. Car c’était dans le monde gouverné par Athéna, que la mère de Katerine était morte d’une manière si horrible, la tête coupée du reste de son corps, face au père de ma précieuse hôte. Les cris de douleurs de Frédéric résonnèrent dans mon crâne. Humiliations et boutades furent le quotidien du prince de Prusse et de sa fille… Déesse de Justice, aimant les hommes… Elle qui ne connaissait rien à l’amour, comment osait-elle prétendre à ce titre…

Les paupières du saint s’ouvrirent. Une lueur bien différente qu’auparavant, semblait enflammer les tréfonds de son être. Je l’observai, laissant cette couverture de silence s’abattre sur nous. Sot, mais conscient de ses erreurs. Les humains pouvaient donc se montrer moins monotones, quand un éclair de sagesse zébrait leurs croyances ? Cela, ne pouvait-être aussi simple. Avais-je poussé le vice trop loin ? Allais-je réussir à maintenir la digue de ses sentiments, où allait-il m’emporter au loin ?
-Ton rêve n’est en rien dû à ta fausse déesse… Les Hommes n’ont que peu d’intérêt à ses yeux… Le jour où tu découvriras son véritable visage, tu te remémoreras mes dires…

L’espoir possède une saveur exquise, à la fois douce et sucrée, mais pourvue d’un arrière-goût amer. Petit-homme, voulait se battre avec mes armes ? D’un mouvement de main désinvolte, je le privai de ce sentiment, réduisant à néant les présences qu’il s’était forgés. Ma propre faiblesse résidait également dans mon amour. J’en voulais à ce Jack, uniquement parce qu’il s’en était pris à mon frère… Mais peut-être, était-ce mon frère qui manquait de puissance. Qu’importe la raison de cet échec, je devais laver le nom des Dieux des Rêves de cette humiliation. Et pour ce faire, je devais anéantir le saint en face de moi. Ainsi je pourrais retourner auprès de mon tendre Piep… Ou peut-être rejoindre les bras de mon désir…

Je me perdis dans la contemplation de ses mouvements de doigts. Se préparait-il à utiliser un de ces tours de magie, que l’on voit dans les rues ? Son manque de sérieux pour ce combat, qu’il avait lui-même déclenché, commençait à me faire perdre patience. Une étincelle… Non, une boule d’énergie… Un amas de cosmo se matérialisa entre ses mains. L’hésitation traversa ses yeux, mais son geste ne trembla pas. Il envoya sa pelote dans ma direction. La lumière s’intensifia, comparable à l’astre solaire. Une brûlure intense parcouru le creux de mes seins à son contact. Je sentis mes cheveux voler sous l’impact. Le goût ferreux du sang monta dans ma gorge. Mes lèvres se courbèrent, alors que ma langue les lapait de son bout. Un rire empreint de noirceur poignarda la scène. Je glissai mon index glacé, le long de mon corps jusqu’à atteindre la rougeur sur la peau d’argent de Katerine.

Son attaque m’avait blessé ? C’était indéniable, mais…
-Une divinité, reste une divinité. Auras-tu la bravoure des hommes ? Où vas-tu fuir comme un enfant ?
Petit homme était-il fait de courage ?

Petit homme se mit à sourire. À bout de souffle, il ne savait quand s’arrêter. L’écho d’un claquement doigt envahi le lieu de notre combat. Un rire empreint de folie quitta mes lèvres, alors que je m’étais une nouvelle fois éclipsée dans mon monde de rêves. Le son raisonna dans le temple du cancer. Qui aurait cru qu’écraser ce saint, serait aussi distrayant ? Certes un adversaire à la musculature un peu plus développé et à l’esprit plus vif, m’aurait certainement davantage comblé. Mais je devais avouer que ce saint, avait fait preuve d’un certain courage.
Il me demanda où se trouvait Hypnos…
-Pauvre chose… Que gagnerai-je à te révéler pareille information ?

J’apparu devant lui. L’observant. Je ne pus retenir le bout de ma langue de glisser le long de mes lèvres. Un claquement de doigts supplémentaire raisonna. Mais cette fois, les belles obscures ne se jetèrent pas dans la direction de mon ennemi. Non… Elles s’enroulèrent autour de mon propre corps. Enfonçant avec délicatesses, leurs épines dans ma chair. Je me cabrai en arrière, me délectant de l’exquise souffrance dont elles me faisaient don. Je sentis mon corps se réchauffer de l’intérieur, tant dis que mon cœur se mit à battre à tout rompre. L’aura familière de mon seigneur et maître recouvra ma peau. J’eu l’impression qu’Hadès en personne m’enlaçait, comme l’aurait fait un amant. Je me mordis la lèvre, un soupire de désir glissant entre mes lèvres… Il me fallut quelques secondes pour quitter cette transe presque érotique qui m’avait enveloppée.

Je repris contrôle du corps de Katerine s’avança jusqu’à se trouver à quelques centimètres du sien. Mes ronces poussèrent à ses pieds afin de l’empêcher de bouger tandis que d’autre allèrent attacher ses poignets. Je me penchai sur lui. Doucement, comme si le temps s’était arrêté. Plus rien n’existait autour de nous. Mon coude se leva.
-Et toi ? À quoi te servirait-elle…
Mes doigts s’écartèrent comme pour aller saisir un objet. Je me penchais un peu plus sur lui. Mes yeux se plantant dans les siens.
-En Enfer… Grim Fantasia.
Mes ongles se plantèrent dans son torse. Je sentis la chaleur moite du sang frais. Ma main en ressortie pourpre, tenant une étrange lueur. Elle irradiait de douceur. Abandonnant le saint, je me perdis dans la contemplation du fruit que j’avais cueilli. Le caressant de ma main immaculée.

Je n’avais pas abîmé son corps, aussi peu plaisant qu’il le fut à mes yeux. J’avais trop de respect pour la beauté dont la nature avait fait don à chaque chose dans ce monde. J’avais uniquement extrait de ses entrailles une part de son âme pour lui permettre de vivre dans la sublime irréalité. Au moins, pendant les minutes à venir…