L'orage grondait, une pluie fine tombait sur les deux guerriers qui se faisaient face en souriant. Bardamu du Scorpion s'écroula alors et malgré le peu de forces qu'il lui restait, Eldir le prit entre ses bras pour l'aider à se relever. A vaincre de cette façon, des scrupules vinrent à l'esprit du Guerrier Divin qui n'avait pas l'esprit à la fête. Au fonds de lui, la roue du destin avait été bien cruelle de mettre deux inconnus dans une arène de ce style où seule la défaite de l'un des guerriers libérait l'autre. Regardant autour de lui, il rechercha alors un endroit pour poser le corps du chevalier d'or et lui permettre de récupérer de ses blessures. Mais, cette maudite roue s'était décidée à avancer encore d'un cran sans demander les avis des deux hommes, la foudre s'abattit alors sur eux et ils disparurent.

Un trou noir. Traversant un sillon de ténèbres et de foudres, il s'était demandé s'il n'était pas temps de rentrer chez lui, en Asgard. Ceridwen, Dame Freyja, ses Frères d'armes, oui, il voulait revenir chez lui et il payait aujourd'hui très cher le prix de sa curiosité. Après tout, personne ne lui avait demandé de venir et voilà qu'il affrontait un des douze chevaliers d'or d'Athéna, cruelle ironie que tout cela ! C'est alors que le sillon s'ouvrit pour laisser un doux parfum de fleurs l'envelopper dans son linceul. Bougeant ses doigts dans la terre, ses sens l'alertèrent que son sang circulait encore en lui, il se releva lentement pour voir un décor aussi charmant que sombre.

La nature était corrompue, les roses, les lilas, les ronces... tout semblait pourrir et renaître dans une litanie morbide qui rendait ce jardin aussi désagréable que nocif pour tout être humain. Jouant avec l'un de ses danseurs, il fit alors pousser quelques plans de muguet dans un coin de terre meuble. Puis il les écrasa entre ses doigts pour s'en faire un baume, s'en humectant ensuite le bas du nez afin d'éviter toute contamination. Dans le décorum d'un herboriste fou, il vit quelques pétales écarlates qui volaient dans les airs, il en attrapa une poignée et les sentit. Celsius ? Oui, ce parfum aussi enchanteur qu'empoisonné ne pouvait venir que de lui. Que faisait-il ici ? Ou était-il ? Une voix répondit alors à ses interrogations de façon bien cavalière. Se retournant vers la jeune femme qui venait d'arriver face à lui, il l'écouta sans l'interrompre et mit la petite poignée de pétales de roses dans une des poches de sa cape.

«Enchanté mademoiselle, je me prénomme Eldir Alfeson, Guerrier Divin de l'Etoile de Delta. Je vous rassure, nous n'avons pas de troisième frère à mon souvenir et si c'était le cas, la famille ne ferait que s'agrandir un peu plus... Cependant, sachez qu'il porte le même sang que le mien d'une certaine manière, vous avez vaincu par sa bonté et son sens des responsabilités, je vous félicite donc pour votre victoire de circonstance. Oh ! Je vois que vous chantez en plus... »

Ecoutant le doux chant qui résonnait dans ses tympans, son rythme cardiaque augmenta au point de ne pouvoir parer les premières estafilades. Surpris, ses prunelles observèrent son sang couler sur le sol avec un sourire mélancolique. Sa tête se relevait vers son nouvel adversaire alors qu'elle se protégeait dans une sphère d'eau. Un Capitaine de l'Empire Marin ? Une représentante de ceux qui avaient brisé le coeur de tant d'innocents ? Le visage du jeune homme se durcissait brusquement pour devenir de glace, son visage semblait attirer une lumière féérique qui le rapprochait des anciens elfes des Nibelungens. Sous son armure, le coeur innocent et insouciant d'Eldir se fissurait pour ne laisser la place qu'au guerrier protégeant l'un des sept trésors d'Odin.

Ouvrant ses bras, Neuf petites créatures féeriques commencèrent leur ronde dans l'arène de combat. Leurs étincelles frappaient les racines des ronces et des fleurs pour leur donner une vitalité nouvelle. Sous les pieds du Capitaine de Poséidon, des ronces explosèrent alors pour la frapper de parts et d'autres. Les plantes crachèrent leurs spores en direction du Capitaine de Poséidon, asphyxiant ainsi une partie de son cosmos. Les esprits de la nature étaient réveillés dans cette arène si propice à l'art des guerriers herboristes qu'étaient Celsius et Eldir. L'élégie florale venait de débuter et Eldir ne comptait pas se laisser faire sans rendre chaque coup donné, pendant qu'elle se débattait avec les ronces, il leva la main au-dessus du sol pour invoquer une lame totalement argentée et afin de poser une question devenue naturelle chez lui avant chaque combat.

«Alfandáinsleif ! Je vous présente mon épée, elle est aussi une partie de moi comme le sont vos lames. Je vous poserai donc la même question que j'ai posé au chevalier d'or du Scorpion avant de venir ici : seriez vous toujours capable de dire "Je t'aime" à celui que vous aimez ? Il n'a pas souhaité y répondre... Et vous ? »

Son regard froid et son sourire sardonique à la commissure des lèvres indiquaient que le jeune Guerrier Divin ne laisserait plus désormais le moindre répit à son ennemi séculaire. Elle avait fait couler le sang en premier, cet acte bénin entre guerriers n'avait pas le même sens pour lui et cela avait réveillé ses instincts les plus nobles mais aussi les plus mécaniques. Telle la nature, telles ses forêts si aimées, il devenait un chasseur pour se nourrir ou une proie ingénieuse pour éviter les pires sévices... Le cosmos de la belle commençaient déjà à pâlir, aurait-elle le temps de lui répondre après son combat contre son frère ?

L'orage arrivait dans cette moiteur florale. Sans un mot, Eldir avait tenté de parer les coups de la jeune femme en esquissant un sourire à chacun de ses coups. Elle ne manquait pas d'adresse et méritait certainement le rang qui était le sien, l'horizon écarlate naissait de chaque coup et le jeune Guerrier Divin avait seulement pu éviter les quelques coups les plus mortels. C'est dans un soupir qu'il entendit le tonnerre au loin, cette planète avait le don de créer des phénomènes incontrôlables et il comptait bien s'en servir dans les secondes à venir. Alors que la jeune femme répondait à sa question, il concentra son cosmos dans sa lame pour bloquer le dernier coup d'estoc de son adversaire. Cela la fit reculer de quelques pas pour permettre son prochain assaut.

Dans un saut, il fondit sur la jeune femme pour la frapper d'une série de coup d'estoc avant de frapper dans un coup latéral sur ses flancs. Toutes ces attaques ne visaient qu'à la perdre un bref instant avant qu'elle ne voit l'explosion de sa lame au moment du dernier impact. En effet, alors que la Marina ne sentait pas la lame, des milliers d'éclats métalliques ou argentées apparurent autour d'elle en laissant des arcs électriques se former entre ceux-ci. Personne ne pouvait deviner la conséquence de tout cela hormis le jeune Guerrier Divin. Par un salto arrière, il prit position sur une petite colline de fleur avant de lever la garde de sa lame pour l'abattre dans le vide.

«La foudre s'abat sur son ennemi de façon impitoyable et elle peut tomber plusieurs fois sur le même ennemi... Aucun des noms que tu cites ne me dit quelque chose, de qui parles tu ? Je ne suis ici qu'au service d'Asgard et pour moi aussi avec réflexion ! »

Peu coutumier de longs discours, Eldir n'avait pas l'intention de s'amuser à faire ami-ami avec la nouvelle venue. Ses danseurs exécutèrent alors une dernière danse où des milliers de muguets naquirent des restes de la terre meuble. Les plantes extraordinaires de la surface de combat augmentèrent de taille alors en libérant des spores luminescents avec leurs spores rouges et dorés. Lui même ne savait pas quelle serait la conséquence du réveil de la nature mais il n'avait guère le choix dans les minutes à venir. Posant la main sur le sol, il prit un plan de muguet et en fit un onguent en l'écrasant, Il l'appliqua alors sur ses blessures pour atténuer le flot de sang qui coulaient de ses veines.

La foudre formée par les éclats métalliques de sa lame devinrent subitement une cage d'énergie cosmique qui explosa en son sein de violentes décharges électriques. Chaque parcelle de sa peau pouvait alors ressentir les éléments de l'orage qui se retournaient contre elle, son cosmos perdait de plus en plus de sa vitalité et cela était le commencement de cette technique héritée des anciens Elfes des Nibelungens. Le Guerrier Divin rappela alors les morceaux éparses de son épée pour la reconstituer entièrement, sauf que la foudre s'y trouvait encore à pleine puissance. Il pointa alors sa lame vers la guerrière lui faisant face pour libérer une violente foudre afin de la faire voler contre les fleurs aux alentours. Chaque ronces griffait sa chaire pour la vider un peu de son sang tel un vampire des temps anciens. Surpris de découvrir la propriété des rondes, l'Ase ne put s'empêcher d'y répondre par un sourire sardonique.

Il se remit alors en position pour se préparer à la contre offensive de son ennemi séculaire venant des fonds marins. Il était clair que les minutes à venir allaient encore permettre de découvrir les spécificités de la flore locale et Eldir allait largement en profiter pour faire avancer ses pions à l'instar d'une immense partie d'échec. Depuis toujours, il avait pensé que chaque homme, femme ou même permettait parfois des miracles en observant la nature qui l'environnait. Il pensait le démontrer encore une fois de plus !

La nature mourrait sous mes yeux, je ne comprenais pas pourquoi elle faisait cela. Chaque plante, chaque clochette blanche se pétrifiait pour devenir cet amalgame brunâtre et mortifère. C'est un peu sonné que j'observais cette action aussi simpliste qu'étrange de mon ennemi. Pendant des années, j'avais donné à ces fleurs une partie de mon essence pour en faire, pouvais je encore en douter ?, le remède aux maux de mon frère. Et elle les détruisait autour d'elle dans un récital vocal des plus menaçant pour mes propres tympans. Cette élégie me broyait de l'intérieur pour créer une marionnette vide de toute envie de se défendre. Telle une poupée de chiffon, mon corps s'avançait vers ce chant si doux et apaisant...

Soudain, je sentis une lame traversée mon avant bras et compris que cette léthargie me serait fatale sans une intervention de ma part. Des rigoles de sang s'étaient formées sur mes bras et mes jambes, je reprenais mes esprits mais mon âme était chancelante. Je relevais la tête pour regarder ce ciel orageux, mon corps était lacérée de coups et sans mon armure divine, la mort m'aurait entourée avec douceur. Soudain, une chaleur naquit au niveau de mon bassin, c'était enivrant et rassurant. Baissant le regard vers la raison de cette sensation, je vis le saphir que je portais briller subtilement. Aucune puissance ne se dégageait de lui, simplement cette intuition que le temps était venu. Mais le temps de quoi ? Que pouvait-il se passer pour que le saphir réagisse de cette manière ? C'était la première fois qu'il résonnait ainsi avec tout mon être. Ma lame se mit à son tour à vibrer de la même manière et elle se libéra de ma paume pour frapper le sol, à cet endroit, une fleur était restée debout malgré l'assèchement de la vie organisée par la Marina.

« Cotula coronopifolia ! Pourquoi veux tu me montrer cette plante si rare ? Grâce à cette planète, elle a pu résisté à votre sinistre pouvoir Dame Ann mais je ne comprends pas pourquoi ma lame, mon cosmos et mes sens se portent vers cette plante... »

Avant que je ne terminasse ma phrase, la plante éclata en milliers de pétales pour venir m'entourer délicatement. Tout cela m'échappait encore mais je ne devais pas baisser ma garde une fois encore. Ma paume se tendit alors pour rappeler mon épée et je la levais vers le ciel une nouvelle fois. Dans les environs, les Danseurs commencèrent à danser avec un rythme endiablé, chaque pas créait des étincelles féeriques qui redonnaient vie à la nature. Les arbres commencèrent à se mouvoir en même temps que les ronces dans le grande arène, tout reprenait sa juste place dans le cycle de la vie de cette planète. Ma lame se pointa alors vers elle pour libérer la foudre emmagasinée, la décharge était violente et rapide, suffisante pour la tenir à l'écart.

« Questions : Pour qui vous prenez vous pour tuer mes fleurs ? Pour assécher la vie dans leurs corps si menues ? Toute vie mérite le respect et votre goût pour le sang témoigne d'un passé trouble avec Thanatos. Lui aussi tue la vie sans se soucier du grand cycle qui la compose, aveugle et sans réflexion, vous aimez le sang et bien je vais vous en donner : »

NATURE UNITY

Subitement, le sol se parsema d'un linceul carmin et albâtre. Telle une aquarelle, des rosaces pourpres et des clochettes immaculées se marièrent pour former un ensemble harmonieux. Puis, dans un souffle printanier, elles se levèrent pour former un tourbillon de vent et de fleurs qui entoura rapidement la jeune femme. Telle une office savamment orchestrée, les ronces se lovèrent autour des jambes de cette dernière afin de l'immobiliser totalement. C'est ainsi que les épines des roses empoisonnées dansèrent dans une série d'estafilades sur cette peau de nacre encore trop vierge des attaques du Guerrier Divin. Les Muguets se nourrissaient en même temps de cette énergie iodée et marine, de cette eau dont elle était si fière pour se multiplier autour d'elle.

Alors qu'elle se défendait contre la flore, une ombre se jeta sur elle à nouveau pour lui porter l'estocade. J'étais devenu froid et minutieux, le temps des errements n'avait plus de place dans mon regard en cet instant. Une chose avait attiré mon attention et je profitais d'un moment d'inattention de ma proie pour toucher ses cheveux aussi rouges que le sang qu'elle recherchait avec avidité. Cette fleur dans ses cheveux, cette rose auréolée d'un cosmos doré à peine perceptible ne me mentait pas. Il lui avait donc bien offert ce présent avant de partir, je la retirais alors d'un simple coup d'estoc pour la faire retomber dans la paume de mon autre main. Reculant de quelques mètres, je regardais la fleur rouge avec une certaine incompréhension.

Puis, vint la colère. Mon cosmos augmentait en intensité en tenant à la main cette rose aussi soyeuse qu'épineuse. D'un pas lent, mes jambes se mirent à se rapprocher du capitaine de Poséidon afin de la renvoyer dans son royaume sans plus de cérémonie. En effet, comment avait-elle pu détruire les fleurs de l'espoir alors qu'elle portait cette rose dans ses cheveux ? Comment et pourquoi ? Les marinas étaient donc tous les mêmes finalement et je ne comptais plus la laisser partir de cette terre sans lui montrer ce qu'il en coûte de jouer avec les sentiments des autres.... même si on ne pouvait pas tout savoir, elle me devait des explications d'une manière ou d'une autre !

« Mon Frère t'a donné ceci... As-tu oublié ce que cela veut dire ? Décidément, il se ramollit avec le temps et je te pose une question : Sais-tu quel parcours j'ai dû faire pour créer ses fleurs que tu méprises ? A croire ce que je vois, tu as eut l'estime de mon frère mais tu as tort sur un point, ce n'est pas parce que mes muguets n'ont pas d'épines qu'ils sont faibles ! »

« Ann Bonny... »

La végétation aux alentours bougèrent un instant pour s'ouvrir telle une chrysalide. Un jeune homme en sortit avec une chevelure dorée telle les blés et un regard froid en direction de la demoiselle. Son cosmos luisait au-dessus de lui au moment où l'orage grondait autour de lui dans un déferlement d'éclairs frappant les alentours. Les plantes semblaient se nourrir de la puissance venant du ciel pour libérer des spores et des pistils dans toute la zone. Chaque fragment, chaque pétale qui naissait de cette étrange végétation irradiait en même temps que le cosmos de l'Ase. Sa renaissance était enfin complète !

L'elfe, car il s'agissait bien de cela désormais, se retourna alors vers la jeune femme possédée par son passé. Avec ce sourire sardonique aux coins des lèvres, il craqua ses phalanges avant de prendre de sa main gauche le manche de son épée. Ses plaies se refermaient au fur et à mesure qu'il approchait d'elle, rien ne semblait l'avoir atteint et l'attaque de la Marinas disparut totalement sur son corps. Oui, il venait de renaître et il ne comptait pas laisser l'élégie de la jeune femme l'emporter dans une séduction mortelle. C'était dans l'air, un parfum suave se libérait de sa peau pour se marier à ceux de cette étrange arène. Telle une caresse, l'anamorphose entre poisons et parfums enivrait les sens de toutes les personnes présentes, ou était le réel désormais ? Ou était l'imaginaire de son propre esprit ? Ce poison unique, né de l'amphore de cette arène, montrait le bonheur qui faisait peur. Toute l'envie, toutes les angoisses remontaient alors à la surface car l'envie... oui, cette envie se couchait dans son âme pour avoir cette paix intérieure, proche de ce corps allongé sous son linceul.

Subitement, Eldir, était-ce encore lui ?, n'était plus dans le champ de vision de sa concurrente. Celle-ci sentit alors une lame se poser délicatement sur sa gorge ; un doux parfum, sortant sûrement de la bouche de celui qui tenait la lame, accompagnait un léger soupir dans son dos. Une main se posa alors sur le ventre de la jeune femme au moment où une voix se libérait enfin de ce parfum suave.

« Ann Bonny. J'aime quand tout nous consume, au point où le miel de nos obsessions nous amène à ce merveilleux saut de l'ange ! Mon sang bouillonne de te voir ainsi devant nous. Laisses moi me présenter à mon tour, je me nomme Onyx et j'aime bien quand tout est incorrect. Rien n'est tiède pendant ces moments de plaisir partagé dans les soupirs, dans ces pirouettes qui n'ont plus rien de prolixes. Tu es le genre de femme qui apporte ce sel que l'on souhaite, sans ennui et que l'on crie pour que cela s'arrête... »

D'un geste doux et langoureux, sa main remonta alors de son ventre vers ses lèvres en passant par le centre de sa poitrine. Le frémissement de sa main sur les lipes fut accompagné d'un frôlement chaud et pénétrant. Alors qu'elle se libérait de la prise de son adversaire, elle se rendit compte que la lame n'était plus à sa gorge. Profitant de ce moment, des lèvres se posèrent sur le cou de la demoiselle pour lui insuffler une impression chaleureuse et humide dans tout son être. Les doigts descendirent alors des lèvres pour atteindre le cou, le cosmos d'Eldir fit pulser le sang de la demoiselle pour lui faire l'hallali des plaisirs enfouis en elle.

Puis, reculant de quelques pas, le Guerrier Divin laissait la jeune femme se remettre de cette sensation qui était dans le sillage des reins de la demoiselle. Oui, dans ce plaisir tantrique, il venait de consumer ce qui lui restait d'énergie cosmique pour en faire la sienne, et de la plus belle des manières qui soit. Volage, le sourire coquin au visage, il regardait la jeune femme de ses yeux opalinescents. Il venait de donner le "La" de tous les fantasmes, qu'est ce qui était de la réalité du rêve, de cette métaphysique qui habite chaque être humain dans ses moments un peu trop physiques. Chaque blessure de l'âme semblait alors devenir un soupir que l'on oubliait pour aller dans des sauts dans l'inconnu, des sauts qui permettaient de se dépasser dans une danse tonique et vibrante.

Pour la première fois, il n'y avait plus de danseurs féeriques. En effet, ils avaient fusionné avec l'elfe pour laisser Eldir se reposer des douleurs de l'evanescence. Dans le pire, dans le ciel, il n'y avait plus qu'une légère pluie chaude qui dansait sur les lignes physiques de la jeune femme. Sans sexe, chaque être humain devenait exsangue de cette vie sans chaleur. Le Miel des personnes s'assumant, le miel de ceux qui acceptent de se laisser à leurs moindres envies, voilà ce que la jeune femme était en train de découvrir et l'elfe la regardait bouillonner de tout son corps dans les bras certainement d'un autre homme.

Oui, le temps était venu de faire cesser ce combat. Le cosmos de la jeune femme s'était consumé sous l'effet de sa technique... Allait-elle comprendre que cela était un don qui devait dépasser le simple lot de la colère ?

« Mais qu'est ce que... »

Ecarquillant les yeux, l'elfe ne comprenait pas d'où sortait un tel navire renaissant des profondeurs des abysses. Des dizaines de marins firent voler les cordes du bastingage pour l'atteindre et bondissant en arrière, il frappa quelques cordes pour faire tomber les marins dans les ronces environnantes. Cependant, Eldir se rendit compte que cela n'évait pas été suffisant au moment où une lame transperça sa poitrine de part en part. Son sang remonta alors brusquement à travers sa gorge pour exploser dans un râle de douleur et dans un geste désespéré, il renvoya le marin dans un cercueil d'améthystes. La bataille d'un contre tous fût éprouvante mais tout s'arrêta subitement. Tout ce Maelstrom de douleurs et de sang se tut sans n'avoir prévenu personne. Un simple mot attira alors son attention au moment où la jeune femme s'enferrait dans un amalgame de ronces nées dans cette arène inhospitalière.

Tenant la garde de sa lame, il pivota pour libérer une tempête de foudre qui fit reculer les plantes et les ronces de quelques coudées. Sa main se tendit alors vers elle pour la prendre entre ses bras et en contractant ses muscles, il s'envola dans les airs pour tournoyer entre les racines qui tentaient de reprendre leur proie. Désormais, il était seul pour affronter cette nature aussi malsaine qu'étrange, frappant les plantes, il les vit repousser aussi rapidement pour s'attaquer à lui. La flore était devenue folle et incontrôlable, ses danseurs furent mis en charpie en un instant par des épines qui se libérèrent des ronces pour éviter toute intervention de la nature des Nibelungens.

La jeune femme entre ses bras, il savait que toute chose méritait de survivre et si leur combat avait été bien éprouvant et pas forcément souhaité, il ne la laisserait pas pour autant sur le côté de la vie. Levant la paume de la main, Eldir frappa alors sa lame pour la diviser en cinq morceaux. Puis, il concentra ce qui lui restait de cosmos pour former cinq runes dans les airs. Un halo bleuté les couvrait désormais et en regardant la jeune femme allongé à côté de lui, le Guerrier Divin de Delta frappa ses poignets pour libérer un filet de sang de son corps. Chaque goutte tomba alors sur l'armure de la belle sirène afin de la restaurer, ultime connaissance de son mentor divin et seigneur des Forges grecques, il savait que si lui tombait dans les secondes à venir, elle aurait à coeur de continuer le combat.

« Ann de la Sirène, tu n'as pas à mourir ici et de la main de cette nature insatiable de nos vies. Mon sang et ces runes cosmiques protégeront ton corps le temps que je repousse tout cela dans les limbes. Oh Freyja ! Oh Odin ! Que ma lame me guide pour frapper les ennemis de notre Peuple ! Nature Unity ! »

Dansant entre les ronces devenues sauvages, il devenait la proie des ronces à la place de la jeune femme protégée par le reste de ses anciennes arcanes. Son sang bleu ruisselait encore sur le corps de la guerrière et chaque goutte pénétrait les interstices de l'armure de la Marina pour lui redonner une nouvelle puissance. Les runes semblaient tenir encore mais pour combien de temps ? Il savait qu'il n'avait pas le choix ! De toutes ses forces, il frappait les ronces et les fleurs qui dansaient autour de lui dans un cycle déformé de la vie, ses techniques semblaient si faibles comparées à la puissance qui lui faisait face, il ne comptait pas lâcher aussi facilement le morceau et il disparut alors dans un amas de ronces pour les repousser de quelques mètres...

Tout était terminé, tout n'avait plus de sens, la mort était peut-être le seul chemin...