Et en avant!

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Alors allons y gaiement ^^

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Ce fut avec un amer sentiment d’échec que je contempla la chute de mon adversaire alors qu’il recevait ce qui serait la dernière attaque de notre rencontre, au final et bien malgré tous ses efforts il n’avait pas réussi à vaincre ma forme actuelle. Dans ses yeux pouvait se lire la rage d’échouer et sa déception d’avoir la défaite pour seule récompense.

S’en allant se briser contre les rochers, le corps meurtrit du démon témoignait de son acharnement et de sa détermination, malgré le fossé évident entre nous, il était parvenus à un résultat néanmoins digne d’être souligné. Son évolution allait se poursuivre et désormais la rancœur serait son moteur, sa colère et sa honte deviendraient ses nouvelles forces et sous le joug de ces sentiments il grandirait d’avantage.

Aux prix d’intenses efforts il parvint à se relever, tenant à conserver sa dignité comme à une demi-victoire, je le toisais du regard qui avait été le mien durant tout notre affrontement, un regard où se mêlaient mépris et amusement, je conservais mon masque jusqu’au bout car même dans sa défaite il n’était pas question de lui révéler quoi que ce soit, que ce soit ma véritable identité ou même les raisons du comportement de mon personnage, ce roi de l'aube des âges qui ne demandait qu'à devenir l’ennemi, le paria, celui-que-l’ on-abhorre…

« Enfin tu t’éveilles de tes rêves démesurés batard ? Comme quoi même un chien peut se rendre compte de sa mort prochaine lorsqu’il la voit devant lui. Maintenant que c’est aussi clair pour toi que cela l’a toujours été pour moi, tremble misérablement, et meurt ! »

Une nouvelle vague de trait de lumière allait faucher les dernières forces du démon tout en prenant soin d’épargner les points vitaux, lorsque soudainement je fus entouré d’une intense lumière opaline qui surgissant de nulle part mit un terme à mon arcane et à notre affrontement par la même occasion.

Un dernier sourire méprisant à mon adversaire et le souhait secret que malgré sa défaite il puisse néanmoins atteindre l'objectif qu'il s'était donné en venant au tournoi. Objectif qui ne saurait être que sa moitié, l'ange des ténèbres elle aussi présente à cette mascarade.

Lydia... Devrais-je te combattre toi aussi ?

« Tu es chanceux jusqu’à l’insolence bâtard. Profite bien de ton sursit, bois du vin, fait l’amour à ta femme, vit sans compromis. Car je te retrouverai. Pour avoir osé porter la main sur moi je te condamne à mort pour l’éternité. Voici mon édit et je te l’annonce. Alors survit en sachant que chaque jour pourra être ton dernier. »

Dans un éclat de rire, ma vision fut éblouit l’espace d’un instant, un instant durant lequel le monde devint blanc.

Quel gâchis que ce combat, tant le choix de mon adversaire que la manière dont il s'est déroulé démontre bien une mascarade grotesque. Des jouets entre les mains de son organisateur, voilà ce que nous sommes oui. Mais il y a un jeu dans le jeu, et il me faut remercier le responsable de tout ceci, personnellement. Je n’ai pas le droit d’échouer, qu’importent les préparatifs de notre hôte.

Alors que je poursuivais mes réflexions internes, la lumière s’atténua pour me révéler un paysage tout à fait différent de celui qui avait été mon précédent champ de bataille. Je ne reconnaissais rien en ces lieux, tout du moins rien que j’avais pu survoler lors de l’attente interminable qui avait fait partie de mon précédent combat.

Cette fois j’étais en bien fâcheuse posture, et ce n’était pas parce que des essaims de requins volants m’assaillaient de toute part, ou encore parce que de le lave incandescente bouillonnait sous mes pieds. Cette fois la difficulté supplémentaire consistait apparemment en une épreuve d’équilibre. Bloqué sur une minuscule corniche, adossé contre une immense falaise et faisant face à sa jumelle, il faudrait que je fasse preuve d’inventivité si je ne souhaitais pas voir ma quête interrompue par les pointes rocheuses acérées et mortelles qui parsemaient le fond du canyon.

Profitant de ma sans doute très brève solitude, je bondissais de corniche en corniche à la recherche d’un point de vue imprenable et d'un abri potentiel. L’ascension se poursuivait alors que je me familiarisais avec les courants d’airs circulants entre les deux parois rocheuses.

Ainsi même dans ce monde artificiel, les lois de la physique semblent être identiques à celle en vigueur sur Terre. Un champ de bataille conçu pour des humains sans aucun doute.

Je devais rendre hommage aux talents de créations et de reproduction de l’architecte de ces lieux d’affrontements, sois c’était un parfait sadique, soit c’était un être particulièrement peu rigoureux laissant nombres d’erreurs et de facteurs aléatoires dans ce qui aurait pu être une harmonie de précisions cosmiques.

Il me tarde de te rencontrer…

Après avoir grimpé plusieurs centaines de mètres, je devais me rendre à l’évidence, les corniches étaient toutes conçues de manières à n’offrir guère mieux que l’opportunité d’un bond à celui posant le pied sur elles. Et plus important encore, la roche semblait ici particulièrement résistante à toutes agressions extérieur, impossible d’y creuser rapidement un abri ou d’y faire la moindre trace importante. Invoquant une hallebarde qui s’en alla dans un trait de lumière dorée contre le mur qui me faisait face, elle s’y planta d’à peine quelques centimètres et acheva de me convaincre du caractère indestructible de ce site de combat. Avec ma force actuelle je pourrais m’acharner sur cette prison de pierre pendant des heures sans avoir pour autant réussit à y pratiquer un trou dont la taille m’aurait servi au combat.

Je vois, alors il me faudra faire avec.

Achevant mon ascension en me posant sur le manche de l’arme précédemment invoquée, conservant mon équilibre malgré les vents puissants qui s’engouffraient dans ce profond canyon, je croisais les bras et commença à planifier le déroulement d’un combat qui ne saurait tarder.

Tout du moins je l’espère.

Ayant à présent un peu de temps pour mes réflexions, je faisais la synthèse des informations amassées lors de mon précédent combat, laissant ma conscience prendre de l’ampleur je tentais de percevoir le reste du monde dans lequel nous autre participant avions été projeté.

Des arènes conçues pour cette occasion, des créatures uniques vraisemblablement conçues également pour ce tournoi, le non-interventionniste des autres divinités, et surtout ce moment précis, ce moment où le conseil des quaesitors se tient. Ce tournoi lui-même fait partie d’un plan à beaucoup plus grande échelle. Peut etre son organisateur cherche-t-il des informations sur nous, et quoi de mieux qu’un combat pour apprendre sur ses ennemis. Oui, c’est là la face visible de l’iceberg, mais qui, et surtout dans quel but… Encore tant d’inconnues, et si peu de réponses. Au final je n’ai d’autre choix que d’avancer jusqu’au bout pour avoir mes réponses. Oui le passe-muraille doit être démasqué, et il le sera par moi.

Mon attente prit fin avec l’apparition soudaine d’une sphère de lumière augurant la venue imminente de mon nouvel adversaire, un être qui avait lui aussi su faire ses preuves dans ce tournois, et si son champ de bataille avait été semblable au mien, alors il devait lui aussi avoir de la ressource.

Et alors que la lumière diminuait, le cosmos de mon adversaire me parvint peu avant que la vision de sa protection ne m’informe de manière péremptoire sur son identité. J’avais maintenant à faire face à un chevalier d’Athéna, au chevalier d’or de la vierge plus exactement.

Parfait, voilà donc l'homme que l’on dit le plus proche des dieux, voyons s'il peut se mesurer à sa légende.

« Voilà qu’il continue d’apparaître des bâtards sans interruption… Combien d’entre vous vais-je devoir anéantir avant de pouvoir châtier de mes mains l’impudent ayant osé voler un de mes trésors ? »

Toujours perché sur le manche de mon arme, je toisais mon adversaire du regard tel un prédateur, la hauteur me conférait un avantage certain en cas d’échange à longue distance mais je n’avais pas affaire ici à un quelconque humain, et s’il n’avait pour sa part pas scellé ses pouvoirs, je risquais bien de ne pas pouvoir lui faire grand mal.

« Voyons combien de temps tu parviendras à tenir. »

Et sans avoir fait le moindre geste, je fis apparaître dans mon dos une série de colonne de lumière faites de flaque d’or fondues desquelles émergèrent des dizaines de fer d’armes blanches en provenance de toutes les civilisations et de toute les époques.

Spoiler:

La lumière dorée irradia notre champ de bataille, transformant le canyon en un théâtre flamboyant où dansaient milles ombres tremblotantes. Mon arcane principal était à présent activé, et contre un tel adversaire il allait sans doute me falloir user de son plein potentiel.

« Tache de me divertir avec ta mort, bâtard. »

Et alors que les armes se chargeaient d’énergie jusqu’à émettre de puissant arcs électriques allant frapper les murs de pierres nous entourant, je relâchais la totalité de ma puissance disponible sous la forme d’une colossale onde de choc cosmique. Au travers des échos causés par les éclairs rappelant les cris aigus d'un millier d'oiseau, un souffle puissant s'éleva jusqu'à devenir insupportable, la bulle cosmique composée de poussière d'or enfla de manière totalement dantesque jusqu’à heurter mon adversaire sans pour autant lui causer la moindre blessure visible. Un fantastique combat mental pourrait avoir également lieu ici même, si la réputation de mon adversaire était vérifiée.

Voyons la force de cet homme dont on m’a dit tant de bien. Si je ne peux détruire ces corniches, alors autant les rendre inaccessibles.

« Mais avant que ton trépas ne survienne, tremble misérablement devant le roi-héro ! »

Et toujours sans avoir fait le moindre mouvement, les bras croisés et un sourire carnassier sur le visage, une pluie de trait de lumière tomba drue sur mon adversaire, un véritable mur de lames, de lances, de haches, le marteaux, et de bien d’autre armes masquant vraisemblablement sa vision du ciel et illuminant notre arène de leurs éclats dorés, et ce fut dans un fracas digne de la fin des temps que la nuée mortelle frappa. Relâchant soudainement toute l’énergie qu'elle contenait alors qu'elles rencontraient le moindre obstacle, une série d’explosions accompagnées de puissants arcs électriques s’en suivit. J’avais commencé fort, presque à pleine puissance, mais je ne pouvais plus perdre de temps en contemplations personnelles, si mon adversaire voulait survivre, il devrait se débrouiller malgré mon envie d’abréger au plus vite notre échange.

« Avec cela, ta vie misérable est déjà arrivée à son terme. »

Alors que la poussière du combat se faisait emporter par les dépressions que mon cosmos générait, je contempla le pan de falaise maintenant constellé d’armes enfoncées en son sein, la corniche sur laquelle s’était trouvé mon adversaire avait essuyée le plus gros des tirs, mais il restait à voir si le chevalier d'or avait survécu.

Enfin…

J’avais déjà entendu bien des rumeurs sur les capacités hors normes de celui qui, parmi les milliards d’humains peuplant la Terre, approchait le plus de la sphère divine. Mais le voir en action de mes propres yeux était un spectacle à la fois fascinant et déconcertant. Dans la maestria de ses gestes comme dans la maîtrise de son pouvoir transparaissait une expérience formidable, une expérience normalement impossible à atteindre au cour d'une vie humaine normale.

Comme si… Non c’est impossible.

Fut-ce par courage ou par ignorance, le chevalier se lança à la rencontre de mes invocations, son plan était visiblement de m’attaquer de front malgré l’avantage certain que me conférait ma position en altitude.

Qu’as-tu donc en tête chevalier ?

Ce fut dans un terrible fracas de sons et de lumière que mon arcane rencontra le sien. Une sphère de défense semblable en apparence à celle qu’avait utilisée le démon lors de notre combat. Une technique qui n’avait pas fonctionnée pour lui et qui ne fonctionnerait pas non plus pour mon adversaire actuel, aucune défense si solide soit-elle ne pouvait tenir face à un assaut infinis. Après qu’une centaine de traits de lumière eurent frappé sans effet apparents cette étrange protection cosmique, une première arme se ficha dans la lumière qui composait la défense de mon adversaire, de multiple fissures la parcoururent alors qu’une seconde arme parvint à percer, suivit par une troisième et une quatrième. Comme autant de trou d’épingles dans une sphère de verre, la structure de technique de défense se voyait amoindrie à chaque nouvel impact et devant la détermination intact de mon adversaire je sus immédiatement qu’il n’en resterait pas là.

Je ne commettrais pas la faute de t’estimer comme un humain normal car de toute évidence tu n’en est pas un. Il est vrai qu’en temps normal la distance entre deux ennemis est capitale, mais cela ne vaut qu’entre ennemi se déplaçant à la même vitesse…

Et alors que la sphère de protection fut balayée dans un bruit de verre brisé, je compris que pour ce chevalier, la distance entre nous ne voulait rien dire. J’avais scellé l’immense majorité de mon pouvoir pour tester les forces des mortels lors de ce petit tournoi, et à présent je savais qu’il n’en était pas tout à fait de même pour mon adversaire, tout son panel d'arcanes combatifs était toujours là, ne demandant qu’à etre utilisé.

Ainsi soit-il, si je dois perdre ce combat, autant voir jusqu’où ta force peut te mener face au plus ancien héros de l’histoire de l’humanité.

Du corps de mon adversaire, il ne restait aucune trace visible, mais son cosmos lui n’avait pas disparu, il n’était même pas masqué et encore moins diminué bien au contraire, brillant et flamboyant tel un astre dans le vide cosmique qui nous entourait, sa simple présence influait le cours du monde autour de lui ainsi que le faisais le mien. En vérité, aucun de nous ne pouvait espérer masquer sa présence aux yeux de l’autre et après tout pourquoi l’aurions-nous voulu ?

Ce combat promettait de remplir toutes ses promesses et rien que pour lui je ne regrettais plus le précédent.

Viens, viens à moi et dansons chevalier, que ce théâtre rocailleux et les vents qui s’y engouffrent soient notre terrain de jeu, qui sait quels yeux nous regardent, alors brillons, donnons-leur le plus beau spectacle qu’ils aient jamais vu.

L’excitation me rendait fébrile alors que la voix calme et sereine de mon adversaire se fit entendre en même temps qu’il apparaissait à mon côté dans un flash de lumière. Ses mots me plongèrent alors dans une grande perplexité qui me coûta de précieuses secondes de réflexions.

Mais comment… Comment pourrait-il avoir connus le roi héro ? C’est impossible et pourtant cela ne semble pas être un mensonge. Comment, comment, comment ?

Mon adversaire ne semblait pas etre du genre à laisser ses ennemis dans leur réflexions, après tout je ne lui avais pas réservé meilleur accueil, il aurait été sot de ne pas en faire autant. Sa technique vint bien trop rapidement pour que j’eu le temps d’y répliquer efficacement, sa puissance vaporisa mon support mural en même temps que sa lumière tentait de réduire à néant l’enveloppe corporelle que j’avais créé pour ce tournoi. Je ne compris pas ce que son arcane tentait de faire subir à mon corps d’emprunt, mais une chose était sûr, si je ne contre-attaquais pas immédiatement je ne le saurais que trop tard. Je devais réagir, me protéger, mais la lumière était sur moi et la poussière d’or ne me servirait de rien à présent. Je devais me soustraire à la puissance ésotérique de cet arcane par un autre moyen.

La distance entre deux ennemis ne signifie rien si ce n’est entre adversaire de même niveau…

Je n’avais pas le choix, il me restait une chose à faire, une technique que même le démon n’avait pas réussi à me faire utiliser, et alors que je l’utilisais pour la première fois depuis le début de ce tournoi, je me demandais à quoi devait ressembler la scène pour un observateur extérieur. Sans doute verrait-il mon corps s’évaporer en un nuage de poussière d’or avant de disparaître complètement, ne laissant aucune traces visibles de ce que fut le roi-héro.

Mais le cosmos lui ne laissait planer aucunes illusions et lorsque le nuage d’or apparut de nouveau pour se condenser sur une corniche toute proche jusqu’à devenir une silhouette humaine étincelante, le doute n’avait plus sa place. L’or se mariant au pourpre, mon corps se recomposa sous les yeux de mon adversaire, son attaque avait réussi à prélever son tribut, mais dans les apparences il n’en paraissait rien.

Les apparences et les mensonges sont des armes puissantes, mais suffiront-elles contre un être comme toi ?

Un sourire mauvais et passablement surpris orna mon visage alors que je croisais de nouveau les bras d’un geste nonchalant, mon rôle se poursuivait et désormais une nouvelle facette de celui-ci allait pouvoir être dévoilé.

« Si quelqu'un m’avait dit que dans cette réunion de bâtard je retrouverais un être qui me reconnaisse et se souvienne de moi, je l’aurai surement tué pensant qu’il se moquait de moi… Ainsi donc tu me connais et tu connais également ce que fut mon passé. Mais moi je ne te reconnais pas bâtard. Dis-moi, toi qui a reconnus ton roi pourtant disparus depuis maintenant des millénaires, qui es-tu réellement et surtout qui fus-tu en cette époque où le monde ne faisait encore qu’un sous mon règne absolu ? Je ne pense pas que ton sort fut le mien, ton corps semble fait de chair et de sang mais pourtant tu possèdes des souvenirs millénaires, dois-je en conclure qu’à mon instar tu parvins à obtenir le don d'immortalité ? »

Tout en devisant tranquillement avec mon adversaire, une nouvelle et unique flaque d’or était apparue sur mon côté gauche, une unique arme en émergea, une épée à deux mains à la lame ornée de runes brillantes d’un éclat aveuglant.

« La reconnais-tu, toi dont j’ignore le nom ? Cette arme mythologique ayant fait la renommée du bâtard Frithjof et qu’il réclama impudemment comme sienne ? La brillance de ses runes m’informe de manière péremptoire que le monde est de nouveau la proie des flammes et du chaos comme il le fut avant qu’un unique roi n’émerge, un unique roi pour un unique peuple. Si cette époque misérable me voit de nouveau marcher parmi les vivants, c'est qu'à nouveau mon destin doit s'accomplir, mon règne débute ici-même et maintenant et vous autres bâtard en serez les témoins privilégiés. A présent contemple l'avènement glorieux de celui qui régnera à nouveau sur tout ce qui vit sur cette Terre jusqu’à la mort des étoiles. »

Empoignant la garde d’acier de l’imposante épée, d’un rapide mouvement de bras je finissais de l’extirper de sa gaine d’or fondue tandis que suite à son passage l’air cria et qu’une balafre ne vint marquer la pierre froide se trouvant à ma gauche. Je ne pourrais évidemment pas attaquer efficacement adossé ainsi à la falaise, j’allais avoir besoin d’un appuis plus propice pour manier une telle arme.

De nouveau mes côtés furent soudainement illuminés par les flaques d’or que j’invoquais, à nouveau un funeste destin semblait se profiler pour celui qui me faisait face. A la différence près que cette fois aucune arme n’émergea de ces fenêtres donnant sur mon trésor sans fin.

Avançant un pied dans le vide, je me laissa choir de ma corniche avant qu’un trait de lumière ne jaillisse de la première flaque, un trait qui à l’instar de ses prédécesseur ne s’évapora pas une fois son passage achevé, cette fois le trait resta, brillant et doré, et passant sous mes pieds, un bruit métallique se fit entendre alors que son extrémité venait rencontrer la falaise me faisant face.

« Allons-y Enkidu ! »

A ces mots je tomba sur le trait de lumière perdant de son éclat pour révéler les maillons étincelant d’une chaîne massive émergeant de sa fenêtre de lancement, un appuis inestimable dans cette arène qui se révélait si pauvre en possibilité pour un combattant ordinaire.

D’un bond puissant, je fila en direction du chevalier d’or tout en amassant en ma lame assez de cosmos pour rendre sa lame brûlante et ainsi créer une dépression autour d’elle, cette lueur orangée s’associant au feu bleuté émanant des runes présente sur la lame laissait imaginer la formidable puissance qui se trouvait à présent dans l’artefact que je tenais fermement dans mes deux mains.

Un son strident m’accompagna alors que j’atteignais finalement la proximité de mon adversaire, le coup était armé et j’étais prêt pour une frappe qui pourtant ne vint pas.

Des flash de lumière irradièrent mon dos alors que des flaques d’or demeurées vides précédemment invoquées était projetée une nouvelle grêle de trait de lumière fonçant sur nous sans prendre garde à ma présence.
J’allais subir de plein fouet les foudres de ma propre attaque sans pourtant faire quoi que ce soit pour m’en protéger.

Mais alors qu’au-dessous de moi, Enkidu revenait à la vie sous mon appel, sa pointe s’arracha de sa prison de pierre avant que d’un mouvement de bras je ne la fasse filer dans ma direction. Ce fut ma liane de lumière, saisissant au passage ce projectile m’emmenant loin de la trajectoire des invocations mortelles, la coordination de mes artefacts avait permis une combinaison efficace et surprenante.

A nouveau les traits de lumière dorés frappèrent sans distinction et sans grande précision tout ce qui se trouvait sur leurs chemin, à nouveau leur énergie fut libérée et cette fois je dus lâcher Enkidu alors que sa pointe atteignait son point de fixation. Glissant et tournoyant le long de la chaîne céleste, j’esquivais les éclairs ainsi que les quelques gravats projetés par les explosions.

« Tu es encore en vie bâtard ? »

Je n’attendais pas une réponse, peu importait pour le moment que mon adversaire me réponde ou non, j’avais déjà quelques réponses.

« Maintenant de quoi te renvoyer là où es ta place, parmi mes souvenirs. »

Envoyant mes jambes au-devant de mon corps, j’accentuais la vitesse de mes révolutions autour du trait d’argent qui me servait de liane métallique, et alors que j’arrivais de nouveau à la hauteur de ce qui fut la dernière position de mon adversaire, un rapide examen du cosmos environnant m’informa de sa proximité immédiate.

Parfait.

Une dernière révolution, un dernier tour où cette fois toute la puissance contenu dans l’artefact mythologique se trouvant dans ma main gauche fut libéré. Un arc d’énergie de couleur violacée partie de mon arme pour devenir un anneau de lumière complet qui gonfla jusqu’à venir mordre les deux falaises m’entourant dans une déferlante de flammes violacées, deux mur de feu m’encadrèrent alors que je poursuivais ma descente dans cet enfer de pierre et de lumière où la chaleur devenait insupportable.

Maintenant le contact amical avec l’un de mes deux artefacts les plus précieux, je raffermi ma prise sur celui-ci et m’immobilisa soudain pour contempler mon œuvre. Le cosmos de mon adversaire n’avait pas encore disparus, par quel prodige s’en était-il tiré et surtout dans quel état ? Je n’allais surement pas tarder à le savoir…

*injonction

Ma série d’attaque avaient portées, que ce soit par chance ou par dextérité cette fois aucune défense ne vint stopper les traits de lumière que j’avais lancés sur mon adversaire qui pourtant conservais un calme impressionnant. Ses mots résonnaient encore dans mon esprit alors que j’assénais autour de moi un coup fantastique avec Angurva. Un point de vue oh combien nais et hypocrite que seul un hypocrite ou un ignorant pouvait soutenir.

« Hahahaha ! Quel bouffon ! Asmita… C’était donc toi, j’en aurai presque des bouffées de nostalgie… Jamais je n’aurais crus retrouver un tel comique à ce tournoi pitoyable. Tu n’as pas changé malgré toutes ces années. Toi qui semble disposer du don d’immortalité tu peux bien te permettre un avis sur ton propre état, mais demande toi ce que tu serais sans elle, demande toi quelle sagesse et quelle connaissances seraient les tiennes si le seul temps qui t’était impartie ne pouvait même pas te permettre de saisir ta propre nature. Pour ceux qui comme nous ont vécus maintes vies humaines, le monde se transforme, les idées et le savoir également, au final le temps applique aussi sur nous les choix que font à leur niveau tous les Hommes. La dichotomie du bien et du mal, la place de l'homme dans l'univers... Toutes ces questions ayant plongés nos contemporains dans le tourment, nous les avons nous aussi endurées. Cependant à la différence des mortels nous avons eu le temps de nous affranchir de l'inutile, et même toi ne pourras nier que tel l’enfant ne pouvant appréhender la sagesse de ses aînés, de même le mortel ne saurait appréhender un raisonnement que plusieurs siècles ont vu grandir et s’épanouir, cela grâce aux innombrables expériences et connaissance accumulées au cours des âges. Toi qui semble si fier de ce que tu es, remercie donc ce don et bénis le. Béni-le car j’ai connue des nations entières qui auraient tué pour l’obtenir. Béni-le car sans lui tu ne serais pas, et moi non plus ! »

L’anneau cosmique alla embraser les parois de pierre nous isolant du reste du monde alors que perdant toute vision de mon adversaire, je perdais également toute trace de son cosmos.

Non, il ne peut avoir disparu aussi subitement.

Je n’eus pas le temps de poursuivre bien longtemps mes investigations, devant moi une vision du passé du roi-héro se dressa, armée et vindicative.

« Enkidu ? Est-ce vraiment toi ? Mais par quel prodige ? Tu ne devais pas invoqué avant ma victoire dans ce tournoi, mais que fais-tu ici ? »

Le mensonge et les illusions étaient des armes puissantes et visiblement mon adversaire semblait le savoir tout aussi bien que moi. Cette petite illusion ne manquait pas de réalisme, mais je n’étais pas Gilgamesh, et donc aussi réaliste pouvait-elle être, je n’en étais que piètre juge et surtout piètre spectateur.

Comment Gilgamesh aurait réagis dans cette situation ?

Au final cela n’avait aucune importance, le véritable Gilgamesh reposait à présent dans la dimension de Morphia, et même s’il se trouvait ici, les siècles d’existence onirique qu’il avait vécu l’auraient transformé, et il était inutile de souhaiter ressembler à un souvenir.

Feindre la stupeur ainsi que l’hébétude fut plus difficile que je ne l’aurai crus possible, si tous mes sens m’indiquaient que le seul ami qu'ai jamais eu le roi-héro se trouvait bien devant moi, le cosmos lui ne pouvait mentir, et cet Enkidu-là en était dépourvu. Lui qui pourtant avait jadis réussit à tenir tête au plus puissant mortel ayant jamais existé. La seule question qui me préoccupait désormais était de savoir comment révéler la supercherie sans me trahir moi-même.

« Pourquoi te dresses-tu contre moi ? N’as-tu donc pas compris que je ne suis pas ici grâce à ma seule volonté ? Crois-tu que le grand conquérant de l’humanité m’ai simplement laissé partir ? Il y avait les ténèbres et une grande souffrance, et j’ai été invoqué, pour servir d’adversaire dans ce tournoi, dans cette époque hideuse. Ne me reproche pas des fautes dont je suis innocent. Viens avec moi, ensemble nous régnerons à nouveau sur le monde comme nous l’avons déjà fait jadis, ensemble nous serons invincible. »

Tout en disant cela, je tendais la main vers cette illusion, toujours à la recherche d’une parade efficace pour m’en débarrasser sans me révéler.Certes je n’étais pas Gilgamesh, mais de cela mon adversaire ne le savais pas et ne devais jamais l'apprendre.

La réponse vint sans que j’eu à la trouver, car sans surprise l’illusion s’avéra être un leurre, et au lieu de poursuivre sa rhétorique, elle m’attaqua, causant ainsi sa perte.

« Mais que fais-tu ? Arrête ! Ne m’oblige pas à te faire du mal ! »

Je ne pouvais plus compter sur mes sens en cet instant, entièrement sous l’emprise de mon adversaire il ne me restait plus que le choix de la polyvalence.

Scintillante et mortelle, la poussière d’or m’enveloppa, faisant barrage contre un coup de lance qui n’arriva jamais, remplacé ou plutôt subjugué par l’éclat d’un immense arc électrique qui vint heurter ma défense cosmique dans un fracas qui me propulsa loin de ma chaîne céleste. Heurtant avec violence la parois rocheuse enflammée qui se trouvait dans mon dos, je rendis grâce à cet arcane inconnus de m’avoir rendu mes sens ainsi que ma liberté d’action. Si mon ennemi avait eu la sagesse de m’enliser dans un débat avec le seul être ayant jamais compté pour le roi-héro, je n’aurais eu d’autre choix que de me trahir pour continuer à avancer. Mais maintenant il était trop tard, l’illusion m’avait attaquée, et déjà une illusion supplémentaire avait germée dans mon esprit.

« Enkiduuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu ! »

L’ayant vu disparaître dans le flash de lumière, j’avais à présent un bon départ pour une nouvelle histoire, une nouvelle scène du roi-héro allait maintenant débuter.

« Il m’a trompé, il a utilisé mon seul ami contre moi. C’était surement son plan depuis le départ. Tu t’es moqué de moi impudent chien ! Tu croyais m’atteindre avec le corps du seul être que j’ai jamais aimé !? Dans ton arrogance tu viens de signer ton arrêt de mort ! Aucun trou ne sera assez profond, aucune grotte ne sera assez obscure car je serais celui qui te poursuivra jusque dans l’autre monde s’il le faut ! »

J’avais hurlé ce message au ciel, comme m'adressant à une présence nous observant au loin et se délectant de nos tourments. M’extirpant non sans mal de ma prison de pierre, la poussière d’or avait grandement amoindrie les dégâts, cependant ma structure commençait à montrer des signes de faiblesse, je dus faire un plus grand effort pour maintenir ma cohésion et conserver également les apparences.

Ne lui montre pas cet aspect-ci de ton corps, ne lui montre pas encore que tu n'es pas fait de chair.

Toujours présent sur le champ de bataille, mon artefact bien nommé me rejoignit alors que j’émergeais du cratère qui s’était formé à mon impact.

« Enkidu… »

Saisissant de ma main droite les maillons brillant d’un de mes artefacts les plus précieux, je fus alors emporté dans la course de cette chaîne qui semblait comme animé de sa volonté propre.

« C’est vrai... Tu ne m’as jamais quitté. Celui qui était devant moi n’était pas toi, n’ai craintes mon ami, je te retrouverais. Cette fois nous serons ensemble pour toujours. »

A présent il était temps pour moi de faire appel à quelque chose de plus adapté aux extraordinaires talents de mon adversaire, quelque chose qui avait sonné le glas du démon.

Au-dessus de moi apparurent des dizaines de flaque d’or desquels jaillirent à l’unisson des dizaines de trait de lumière s’agglomérant les uns aux autres dans un maillage complexe et étincelant. La chaîne céleste allait devenir ma toile sur laquelle je reposerais alors que je mettrait un terme à ce combat fort intéressant. Mais avant que n’arrive enfin l’heure de vérité, il me restait encore quelque chose à lui déclarer, quelque chose d’important.

Arrivant au-dessus de ma construction se tenant encore immobile et suspendu au-dessus du vide, je relâchais Enkidu pour atterrir au centre de l’imposant assemblage de chaîne que j’avais invoqué.

« Je t’en fais la promesse mon ami, tu n’auras pas à rester seul encore bien longtemps. »

Le regard dans le vide, une expression triste sur le visage, je poursuivais mon rôle, un rôle qui prenait tout son sens lorsque l’on savait quel était mon objectif en affrontant tous ces mortels lorsqu’il m’aurait suffit amplement d’observer ce tournoi de loin comme devait le faire bien des divinités sur Terre.

Ils ne comprennent pas à valeur de l’expérience, la valeur de l’investissement personnel.

Reportant mon attention sur le combat, je reportais également mon attention sur Asmita dont le cosmos m’indiquait encore clairement sa position, le rendant aisément décelable malgré les flammes roussissant les parois de pierre et la poussière que le vent peinait à dissiper.

« Je reviens à toi bouffon, désormais tu n’es plus ma priorité, quelqu’un c’est joué de moi, et cela ne saurait être toléré. Pour cette mascarade innommable, pour ce crime impardonnable, son châtiment sera exemplaire, car telle est ma volonté. Voilà mon édit et je te l’annonce car la parole d’un roi doit être la même pour tous. A présent, avant d’en finir avec toi je vais dans ma grande bonté éclairer ta conscience sur ce que doit être un roi, ce que tu n’as jamais pu comprendre dans ta solitude et ton attitude moralisatrice. Un roi ne doit pas être le réceptacle de la souffrance de son peuple, ce n’est pas à lui de prendre sur lui tous les rêves et les espoirs de ses sujets, car une telle chose ne saurait conduire qu’à la destruction du souverain. Un roi ne doit pas se sacrifier pour son pays ou même son peuple, c’est au peuple de se sacrifier pour son roi, car le roi doit non pas recevoir, mais incarner les rêves et l’espoir de son peuple, il doit attirer à lui la convoitise et l’envie de chacun, les exhortant à devenir roi à leurs tours pour que la nation soit guidée vers le chemin de la pérennité. Ainsi, dans cette compétition acharnée que se livreront les prétendants, leurs ardeurs et leurs envies communes les pousseront vers les sommets, enflammant leurs âmes et faisant battre leurs cœurs. Voilà ce qu’est le devoir du souverain, et également sa plus grande victoire. Voilà pourquoi un roi doit incarner les extrêmes de l’homme, il doit savoir jusqu’où peut aller son semblable dans le bon comme dans le vice, sa vie doit être un rêve inaccessible à tous ceux n’étant pas lui, à la fois exubérante et intense. C’est ainsi que l’on doit régner, c’est ainsi que l’on doit guider. Toi qui même jadis n’a fait que t’abriter dans ta tour d’ivoire faite de moral absolue, toi à qui l’éternité à fait perdre tous sens commun, tu n’as fait que surestimer ceux qui furent tes semblables avant que tu ne t’élèves au-dessus d’eux. Tes principes et ta vertu n’ont fait que les protéger, jamais tu n’as su guider qui que ce soit, seul dans ta vision tu as feint l’indifférence, laissant le monde en proie au doute et au tourment. Contemple donc ton passé. Après des siècles d’existence, as-tu seulement accompli quoi que ce soit qui vaille la peine d’être mentionné, ceux que tu prétend guider retiendront-t-ils seulement ton nom ? Et si oui sous quelle définition ? Seras-tu un guerrier, un sage, ou un prêcheur ? »

J’avais tout en prononçant ces mots invoqué dans ma main un étrange et complexe assortiment de cube de toutes tailles, assemblés dans un ordre des plus chaotiques et surplombés d’une barre comportant de nombreux creux et dents ainsi que l’aurait été une clé particulièrement complexe.

Pointant cet artefact vers les cieux comme pour l’enclencher dans une serrure invisible aux yeux du reste du monde, je fis faire un quart de tour à mon poignet et instantanément, les cubes commencèrent à s’activer. S’emboîtant, se chevauchant, s'imbriquant les uns aux autres comme un puzzle s’assemblerait sous l’action d’une force mystérieuse. L’ensemble devint un cube unique et parfait, et alors que les derniers mouvement s’achevaient, une intense lumière dorée partie de la figure géométrique pour venir irradier la clé qui la surplombait. Telle une étoile mourante relâchant ses derniers rayons de lumière, l’orbe étincelant mourut dans une gerbe d’étincelles qui, au lieu de chuter vers le sol, s’élevèrent toujours plus haut dans les airs tout en suivant des trajectoires irrégulières. Un réseau étincelant de lumière pourpre se dessinait au-dessus de moi semblant vouloir atteindre la voûte céleste tant son ascension ne semblait souffrir d’aucune limites.

« Au final tu n’es qu’un pauvre pèlerin, un pathétique rêveur enchaîné par la vision d’une humanité à ta mesure, une humanité dont tu ne comprends ni les désirs ni les ambitions car tu en es toi-même dénué. Mais soit sans craintes, quelques soient les rêves, ils s’achèvent au moment du réveil. »

La tentaculaire arborescence scintillante sembla avoir atteint sa taille maximale alors qu’à chacune des milliards de ses extrémités brillaient intensément un point de lumière, un nombre incalculable d’étoiles transformant notre champ de bataille en un mer de lumière douce ou ne se voyait plus aucunes ombres. Ce fut l’une d’elles qui tomba, suivant le chemin que lui imposait la structure incroyablement complexe du réseau d’infinité qui composait mon trésor, l’étoile écarlate chutait, entraînant à sa suite la disparition du réseau qui avait maintenant accomplis sa fonction. Inexorablement elle chutait vers le point de convergence de l’ensemble du réseau, vers l’orbe de lumière qu’était devenue la clé.

« Voilà pourquoi il était écrit que je me dresse devant toi aujourd’hui, pauvre pèlerin. Je vais moi-même mettre un terme à ta quête absurde, je vais t’apprendre la vérité sur ce monde et sur ceux qui l’habitent. Vois comment finissent les rêves démesurés ! »

En atteignant l’orbe doré, l’étoile écarlate provoqua la transformation de celui-ci en une flaque d’or de modeste dimension de laquelle émergea alors la poignée d'une arme qui par sa seule apparition signifiait la fin de ce combat. Ea, l’épée de la séparation, celle qui fut longtemps ma plus grande œuvre.

Spoiler:

Levant l’arme étrange au-dessus de ma tête, je sentais dès à présent son pouvoir courir le long de mon bras faisant vibrer les maillons métalliques sur lesquels je me trouvais.

« Eveille-toi Ea ! Voilà une scène digne de toi ! Allons à la rencontre de cet être misérable entre tous issu de l’aube des âges ! »

Les trois cylindres qui composait la lame de cette arme se mirent alors à tourner, les extrémités dans un sens et celui du milieu dans un autre, l’énergie qu’accumulait l’arme devenait proprement dantesque, la saturation de cosmos qu’étaient devenue mes environs immédiat menaçaient d’exploser à tout instant alors qu’Ea accumulait toujours plus de puissance en son sein.

Spoiler:

J’abattais alors l’épée de la séparation en direction de mon adversaire, il n’y eut pas d’éclairs, pas d'explosion aveuglante, seulement une puissante bourrasque qui partit au-devant de l’arme pour venir percuter tout ce qui se trouvait dans mon champ de vision. Une seconde passa sans le moindre bruit pour la troubler et ensuite la roche se fissura, autour de moi les falaises et le sol commençaient à s'évaporer lentement, comme rongées par le pouvoir annihilateur de l’artefact à présent à pleine puissance.

L’arène n’en aurait plus pour bien longtemps, devant la vision d’apocalypse que causait l’usage de mon artefact ultime, je contemplais toute matière revenir à son plus simple aspect. Bientôt ce paysage aussi vide qu’artificiel serait entièrement dissous. Une conclusion parfaite pour un affrontement au sommet, et une leçon fondamentale sur la nature de ce qui nous entourait.

Au final, le sort du temporel est de disparaître, lorsque même les étoiles seront froide et que l'univers entier sera silencieux, alors seulement la vérité apparaîtra.

Autour de moi mourrait le monde, autour de moi disparaissait cette réalité aussi artificielle qu’inutile à présent.

Alors qu’Ea dissolvait toute matière présente aux alentour le chevalier d’or semblait visiblement ne pas avoir envie de se lancer dans une tirade qu’il savait perdu d’avance. Sa répartie fut une véritable insulte à sa réputation et me laissa un atroce gout de déception. Etait-ce là un aveu flagrant de médiocrité, de lassitude ? Ou bien la preuve de la fatigue qui devait avoir gagnée mon adversaire alors que notre combat atteignait son point d’orgue ? Je penchais pour la dernière possibilité, après tout malgré ses pouvoirs et malgré son vécu considérable ayant altéré sa conscience, il demeurait irrémédiablement humain. Certaines de mes réponses lui était par conséquent inaccessibles mais heureusement pas toutes

Au final tu n’es qu’un homme avec une cape. Voilà pourquoi tu ne pourras me stopper, voilà pourquoi tu ne pourras stopper un dieu.

« Si je te savais flegmatique et contemplatif, j’ignorais que tu ajoutais à cela la mesquinerie. Je suis déçu, pèlerin. Je suis extrêmement déçu. Si tu n’as même pas la force de défendre tes convictions alors il est temps pour moi de mettre un terme à cette mascarade. »

Il préparait quelque chose, s’il s’était ainsi placé au-dessus de moi, ce n’était certainement pas pour jouer à mon jeu, il n’en avait pas les moyens.

Que comptes-tu donc faire chevalier ? Surprend moi.

« Prier le ciel ne te sauveras pas pèlerin ! Rien ni personne ne viendra te sauver alors que je me dresse devant toi. Ta pitoyable répartie n’es que le reflet de ton existence, un amas creux et stérile recouvert de paillettes et de dorures. Toi qui n’a que tes illusions pour tromper ta solitude, tu n’es qu’un tiède, et par conséquent je te vomis ! »

Le souffle de mort continuait à s’étendre encore et encore. Si mon adversaire n’avait pour le moment toujours pas compris en quoi cette attaque consistait, bien assez vite viendrait le moment où cela lui apparaîtrait clairement, et alors il lui serait bien impossible d’y échapper.

La distance entre deux individus n’a de sens qu’entre des adversaires de même niveau, humain.

Sa téléportation ne me surprit pas, il avait déjà usé de cette technique formidable pour se soustraire à la gate of Babylon, mais en revanche son discours parvint à retenir mon intérêt cette fois.

Oh, tu avoues toi-même avoir usé d’une illusion ? Ça sera plus simple que je ne l’aurai cru possible. Trop d’erreurs, humain, trop d’erreurs.

« Silence pèlerin ! Tu ignores tout de ce tournoi, tu ignores tout de son instigateur et des raison de ma présence en ces lieux ! Au final tu en es réduit à mendier des réponses à sa porte comme tous les autres. Enkidu reviendra comme je suis revenu du monde des ombres, il en a le pouvoir. Et cette fois nous aurons l’éternité dans ces corps immortel pour régner à nouveau sur le monde comme autrefois. Mais tu ne seras pas là pour le voir, tu as osé te moquer de moi et utiliser l’image du seul ami que j’ai eu, tu l’as utilisé contre moi et maintenant tu tentes de m’allouer des fautes imaginaires par ton babillage insipide, pour cela je t’anéantirais corps et âme ! Je ne laisserais aucune trace de ton essence pour que jamais plus tu ne viennes me déranger ! Toi et ta folie avait suffisamment parcouru mon jardin, ton esprit malade te fait dire des choses insensées, tu dis que mon peuple ne s’est pas élevé à ma mort ? Mais tu oublis que mon peuple était alors l’humanité toute entière, et je ne pense pas me tromper en affirmant qu’elle est aujourd’hui plus rayonnante e florissante qu’elle ne l’a jamais été, cela en raison de ses envies et de ses rêves, pour ces choses que leurs appétits acérés convoitent, cette force qui les pousse et les guide pour qu’un jour tout leur appartiennent. Ce que les protecteurs comme toi feignent d’ignorer. Mais songe un instant à ton rôle de justicier et de protecteur de la justice comme tu te nommes toi-même, au final n’es-tu pas simplement un individu égaré dans une course effrénée vers ton autosatisfaction ? SI aujourd’hui tu sers cette divinité païenne nommé Athéna, c’est uniquement parce que vos point de vue coïncide, si demain ou même aujourd’hui elle s’en détournait que ferais-tu ? Dit moi chevalier, quel est ton maître ? Athéna ou tes propres convictions ? »

Les chaines célestes ne tiendraient plus très longtemps, même ainsi protégées par mon cosmos. Ea ne faisait aucune distinction, tout ce qui ne tenait pas l’arme était rongé par son pouvoir, un pouvoir qui n’apparaissait pas immédiatement, un pouvoir qu’Asmita comprendrait bien assez tôt.

Il ne me restait désormais plus beaucoup d’alternatives, les corniches tombaient en poussière les unes après les autres, les falaises se fissuraient pour s’effondrer au final tel une masse de sable que le vent balayait, le ciel lui-même se fissurait avant de disparaître, la vérité serait bientôt révélée.

« Hahahahahaha ! Contemple donc la vérité de ce monde pèlerin ! Un monde dans lequel la force désigne toujours le vainqueur, un monde ou ces seuls vainqueurs écrivent l’histoire. Je suis un tyran tu dis ? Mais jamais je ne m’en suis caché, et j’en suis même fier ! De mon existence je n’ai fait que prendre et ordonner, ces murs de bonté et de vertus ne sont en rien différent d’une malédiction. Ce n’est pas au roi de se donner à son pays et à son peuple, mais l’inverse. Je pensais que tu l’aurais compris toi qui t’es élevé au-dessus de tes semblables. Que m’importe les personnes composant mon peuple, ils ne me sont rien et ne l’on jamais été. Penses-tu que cela soit répréhensible ? Je suis sûr que c’est le cas. Mais demande-toi maintenant ce que peux accomplir un homme alors qu’il regarde autour de lui ? Regarde donc l’histoire de ceux que tu prétends si différents de moi, regarde l’histoire de l’humanité que tu as du vivre pour aussitôt l’oublier. Combien de héros se sont dressés à la tête de leur nation pour satisfaire leur seul profit ? Combien de tyran ont conquis et perdu mille fois le même lopin de terre ? Combien d’Homme sont mort pour la gloire ou le pouvoir d’un seul ? Penses-tu que cela soit dû au hasard, ou encore à une illusion ? Pauvre imbécile, en cela réside la vérité du genre humain, les hommes aiment soumettre et etre soumis. Cette liberté et cette vertu que tu proclames n’intéresse personne, qui se tordrait d’envie pour la voie épineuse d’un martyr ? Qui se consumerait de désir pour ça ? L’homme faible a toujours voulu etre gouverné, il n’a eu de cesse de désigner ou d’accepter ceux qu’il considère comme supérieur pour s’affranchir de son libre arbitre et pouvoir enfin agir sans penser, le confort et le bonheur leurs as toujours été plus précieux que la vérité et la liberté. Peut être qu’au terme de mille et mille vies humaines, une fois que tu aurais été trompé encore une fois par ta vision erronée, que tes propres compagnons te rejetteront et t’affronteront, que tu connaîtras enfin sans la rejeter l’erreur et le doute, alors peut être tu aurais pu enfin réaliser que ce que tu défends n’es que le joli rêve d’un petit garçon enchaîné par la vision d’une humanité lui ressemblant enfin. Hélas tes pérégrinations touchent maintenant à leur fin, et je suis la faucheuse qui viens pour anéantir ton âme misérable et croupissante. »

Ea avait maintenant recouvert de son voile de mort l’ensemble de notre arène, une zone bien plus petite que je ne l’avais cru au premier abord, quelques dizaines de kilomètre-carré tout au plus. Il étant temps à présent de déclencher sa véritable attaque dont l’effondrement actuelle de la matière environnante n’était que le prélude.

« Je ne prétends pas leur être semblable, je suis roi, le seul roi, le lion parmi les Hommes et je me repais de leur chair et de leur sang. Nie le mille et mille fois pèlerin, à jamais ce monde sera mon jardin, aussi je te le garantie, jamais tu n’y seras à ta place. »

Le combat allait maintenant atteindre son terme, je devais tout miser sur cette ultime attaque pour en finir avec mon adversaire, sous ma forme actuelle je ne pourrais sans doute pas faire mieux. Sans doute mon adversaire devait penser de même, car alors qu’il se tenait devant moi, son arcane me frappa encore une fois. Une technique que j’avais déjà vu par le passé, une technique qui instantanément tenta de m’enfermer dans une boucle mentale composé de souvenir traumatisant et d’illusion diverse.

Deux fois la même technique… Je doute que ce soit un hasard, alors soit il est à court d’idée, soit il garde sa meilleur carte pour la fin.

Arquant un petit sourire à cette pensée, je n’esquissais pas le moindre geste alors que la poussière d’or m’entourait, m’isolant du cosmos de mon adversaire aussi surement et solidement qu’elle l’avait fait durant mon affrontement contre Inferno. Feignant l’aphasie l’espace d’une seconde, je tenais encore fermement la poignée d’Ea alors que l’acte finale de notre affrontement dantesque se profilait à l’horizon sous la forme d’un grondement puissant qui acheva de réduire en miette les falaises qui nous entourait. Une seconde passa, une seconde avant que mes yeux ne se fixent à nouveau sur Asmita, l’air à la fois déçu et amusé.

« Misérable pèlerin… Tu as toi-même brisé ton illusion en la révélant. Un mensonge perd tout son sens lorsqu’il est révélé comme tel. Qui plus est, tu n’as même pas prit la peine de masquer ton arcane derrière une quelconque mise en forme et me l’a révélée intégralement sur de ta force. Ta hâte est rafraîchissante chevalier, ton angoisse et ta fatigue t’égarent et m’amusent beaucoup. Aurais-tu compris à présent que ta fin approchait ? Aurais-tu compris qu’elle était inéluctable ? Bienvenue dans la réalité pèlerin. Subis donc ta propre attaque pour en contempler l’imperfection ! »

Disant cela, j’avais levé ma main libre alors qu’un point de lumière s’y trouvait, une étoile qui fila pour traverser le crane d’Asmita de part en part. S’il était si fier de sa propre technique, qu’il en subisse maintenant les effets. Au plus vite il s’en libérerait, au plus vite il se rendrait compte de sa faiblesse et de son caractère illusoire.

Il était temps pour une autre technique que j’avais gardé en réserve jusqu’à maintenant. Tenant encore sur les maillons rongés et poreux presque entièrement dissous par le pouvoir d’Ea, je réunissais mon cosmos dans la lame d’Ea, un tel afflux d’énergie en un seul point me fit perdre le cosmos que je réservais pour la matérialisation d’une partie de l’armure du roi-héro. Je perdis ma cuirasse et mes gantelets, révélant la chaire illusoire de mon corps d’emprunt recouvert d’étranges marques ésotériques de mon invention, des marques rappelant celles pratiquées en nécromancie, un nouvel indice, une nouvelle fausse piste pour mon adversaire. Si tant est qu’il les remarques.

Autour de nous tous n’était plus qu’un chaos de flamme et de poussière, et dans ce décor apocalyptique j’interrompais soudain l’afflux d’énergie me permettant de maintenir ouverte les flaques d’or d’où émergeaient encore mes chaines célestes. Tombant à présent vers l’amas de poussière qu’était devenu le fond du canyon, Ea brillait de plus en plus intensément alors que mon cosmos s’y voyait concentré pour l’attaque finale.

« Vois à présent la vérité sur ce monde ! Son état originel bien avant la genèse, vois Ea te révéler l’origine de toute chose ! »

L’étoile qu’était devenu Ea libéra alors sa lumière, et soudain le sol sous nos pieds s’ouvrit comme un fossé sans fond donnant sur… autre chose. Un lieu interdit aux mortels, un lieu réservé aux dieux, le plus ancien plan d’existence, là où toutes les dimensions prennent leurs origines. L’hyperdimension nous attendait au bout de notre chute et elle ne donnerait que la mort ultime à mon adversaire, le dissolvant corps et âme tout en dissolvant pour de bon mon enveloppe physique temporaire.

Spoiler:

Nous chutâmes tous deux au travers des flammes et des gravats, engloutit tous deux dans l’abime sans fond qu’avait invoqué Ea, un abîme dans lequel le monde artificiel qui nous entourait s’effondrait et se déversait comme le sable dans le sablier.

« Ne craint rien pèlerin, je ne te laisserais pas t’ennuyer durant tes derniers instants, à présent contemple la pleine puissance de mon cosmos, celle qui fit plier les dieux eux-mêmes ! »

Je n’avais plus aucune raison de me retenir à présent, comme au début de mon affrontement contre le démon, je déployais alors l’intégralité de ma puissance. Mon cosmos ainsi libéré soudainement forma autour de moi une sphère de lumière éblouissante qui en grandissant vint percuter le corps de mon adversaire, le subjuguant alors d’un cosmos étranger ayant fait perdre l’intégralité de ses sens au démon. Une imparable technique qui ne pouvait disparaître qu’avec la disparition de son lanceur. Une condition sine qua non qui imposait le plus souvent de devoir mourir dans les ténèbres et le silence.

A présent que resterait-t-il des sens du chevalier d’or de la vierge ? Lui qui plus que tout autre devait savoir l’effrayante puissance d’un tel arcane devait également savoir son caractère implacable. A la fois offensif et défensif cette attaque ne souffrait d’aucun défaut si ce n’était le silence qu’elle imposait également à ceux qu’elle dépossédait du gout.

« Peux-tu encore m’entendre pèlerin ? »

Aucune réponse de la part d’Asmita. Avait-il perdu tous ces sens comme le démon avant lui ou se concentrait-il tout en faisant fi de mes assauts.

Un seul moyen de le savoir.

J’arrivais aux termes de mes réserves de cosmos. Le combat toucherait bientôt à sa fin d’une manière ou d’une autre. Mais je ne regrettais rien. Cet humain avait répondu à nombre de question m’ayant conduit en ce lieu sans même le savoir.

« Finissons-en à présent, pèlerin. »

Une dernière flaque d’or apparu à mes côtés, la dernière qui se verrait avant notre chute finale vers le passage des dieux. Enkidu en jaillit alors avant que je ne m’en saisisse encore une fois. A présent paré de mes deux artefacts les plus précieux, il était temps de mettre un terme à notre affrontement. Sous mes ordres, Enkidu se lança à l’encontre d’Asmita. De la réaction du chevalier d’or dépendait son sort final. Si jamais ma chaine s’enroulait autour de lui, aucun de ses pouvoirs ne pourrait l’en débarrasser, pas contre ces chaines qui retinrent jusqu’au père de l’olympe lui-même avant que Biarée ne l’en débarrasse. L’étreinte froide et implacable des maillons serait la dernière chose qu’il connaitrait avant qu’Ea ne plonge dans son corps pour lui ôter la vie.

Spoiler:

« C'est la fin.
Retiens ton souffle et comptes jusqu'à dix.
Sens la terre bouger puis entends ton cœur exploser de nouveau.
Le ciel s'écroule et s’effondre là où les mondes entrent en collision et où les jours sont sombres.
Tiens toi droit et fais face car c'est la fin.

Laisse le ciel tomber, laisse le sombrer avec toi. »





L'astre chute vers le néant. De sa lumière ne reste plus qu'une traîne scintillante qui décroit et s'estompe, aspirée par les ténèbres.
Le canyon est devenue une gueule avide vers le silence des étoiles, froid et noir.
Du soleil resplendissant ne reste plus qu'une coquille vide, une étoile morte qui s'est éteinte comme une chandelle.

Le noir il y était habitué. Il avait longtemps vécu avec, tout comme avec le silence. Pourtant il s'agissait là d'un mutisme et d'une cécité bien différente. C'était comme si quelque chose avait pénétré son esprit pour tout couper.
Plus aucun son, plus aucune lumière, rien d'autre que le froid du vide. Il ne ressentait plus l'univers ni le monde qui l'entourait, prisonnier des épais murs de sa propre psyché.
Ne résonnait plus que l'écho sinistre de cette litanie destinée le briser.
Mais Asmita était différent des autres chevaliers. Sa force ne résidait ni dans ses poings ni dans ses pieds mais dans sa volonté et sa maîtrise du cosmos.
Son esprit était une véritable forteresse et son adversaire avait eu la perspicace idée de vouloir l'enfermer à l'intérieur. Une stratégie intelligente mais vaine.

Son esprit était sa forteresse de solitude et en bloquer la porte d’accès principale ne suffisait pas. Bien sûr il aurait pu briser ses propres murs, mais cela aurait été le rendre vulnérable le temps de les ériger de nouveau. Il connaissait toutes les portes dérobées, tous les passages secrets enfouis dans les tréfonds de sa matrice mentale pour laisser le flux du cosmos s'y engouffrer et venir irriguer de nouveau le champs de sa conscience spirituelle.
La connexion entre l'univers et lui rétablie, ce fût un torrent de cosmos qui balaya la lie de l'énergie néfaste de son adversaire qui s'employait à ronger les remparts qui protégeaient le réceptacle de son esprit.

Soudain, le corps du chevalier d'Or s'enveloppa d'une aura aussi pure que les rayons du Soleil tandis qu'il ouvrait brusquement les yeux et que sa chute s'interrompait brutalement, arrêtée par la main du chevalier de la Vierge qui s'en saisit fermement d'un geste vif tandis que son regard turquoise transperçait impérieusement Gilgamesh.



Spoiler:


Comment le Roi-Héros avait pu non-seulement repousser si aisément son assaut spirituel mais en plus le retourner contre lui pour l'enfermer sous les verrous de son mental lui, qui parmi tous les chevaliers d'Or était le maître de l'esprit et des dimensions ? Comment le souverain d'Uruk aurait il pu seulement tenter d'ouvrir une faille vers le passage des dieux ? Cela Asmita en avait la réponse.
Devant lui ne se tenait tout simplement pas le souverain assyro-babylonien. Gilgamesh avait beau avoir été puissant jamais il n'avait atteint le statut d'un dieu et n'avait jamais été que le roi d'une contrée du monde malgré ce que cet usurpateur pouvait dire.


« Il est dangereux d'être trop zélé. Je dois avouer que vous êtes un acteur hors pair, mais vous avez brisé l'illusion théâtrale. Oh, peut être vous attendiez vous à ce que je ne revienne pas de votre tour de passe passe ? Questionna faussement Asmita d'une voix froide, malheureusement vous avez jugé l'immensité du ciel en le regardant à travers une paille semblerait il. En fin de compte le rôle que vous avez choisit vous convenait en tout point. Dois je continuer à vous instruire ou vos paroles n'étaient que mensonges destinés à tromper ma vigilance ?»

Enveloppé d'une aura brûlante, Asmita flottait majestueusement en l'air, ses cheveux ondulant mystiquement derrière lui, portés par son pouvoir. Son visage était aussi froid que le marbre et ses iris brillaient intensément.
Tandis qu'il parlait, loin en dessous d'eux l'immense faille dimensionnelle se déforma brutalement, alors qu'un immense pouvoir s'étendait dans toute la vallée. Le tissu de cette dimension avait l'air de réagir de lui même et semblant vouloir obstruer une si grande déchirure, comme si un pouvoir invisible et supérieur à celui du prétendu Roi-Héros s'évertuait à réparer les dégâts.


«Il semble que vous ne soyez pas le seul ici à posséder des pouvoirs cachés. Je pensais d'abord vous infliger la même chose que vous avez tenter de me faire subir mais je crois maintenant savoir que cela serait tout aussi vain que votre propre technique. À la place vous allez être le premier depuis des siècles à recevoir la plus puissante arcane du chevalier de la Vierge, dit-il en se mettant en position du Lotus et en fermant les yeux, Vous demandiez tout à l'heure quel était le but de mon existence depuis les millénaires. Laissez moi vous montrer. Laissez moi vous faire voir la constellation de la Vierge, la déesse Astrée que l'on nomme parfois Nemesis.»

L'aura du chevalier de la Vierge s'éteignit brutalement, comme si le cosmos l'avait totalement abandonné.
Curieusement, au lieu de tomber comme une pierre, il demeura en l'air, sa longue chevelure dorée flottant autours de lui, ballottée par une brise inexistante.
Au dessus de lui, loin dans le ciel, les nuages se ramassèrent sur eux même, tourbillonnant autours d'un point précis, d'une trouée dans la couche impénétrable qui formait désormais un opercule dans lequel se concentrait toute la lumière solaire qui allait baigner de ses rayons le chevalier d'Or.
Soudain le cosmos du chevalier d'Athéna s'anima comme un brasier aussi pur et brillant que le soleil où scintillait en son sein neufs étoiles d'argent reliées entre elles, formant la constellation de la Vierge.
Lorsque ses paupières s'ouvrirent, ils s'ouvrirent non pas sur deux joyaux à l'éclat turquoise mais sur l'univers lui même. La lumière du soleil se concentra subitement autours du bras du chevalier.


Il ouvrit la bouche et sa voix résonna, puissante, impérieuse puis abattit son bras comme un glaive.


δοκιμασία Νέμεση *


Spoiler:

Un rayon d'Or fusa en direction du guerrier tatoué et se répandit en une tempête de flammes solaires à l'impact qui emplit le gouffre dans un souffle gigantesque. Les flammes du jugement divin de la justice pour consumer les orgueilleux, ceux qui dépassent la limite, les accusés de l'Hybris. Le châtiment de la rétractation vengeresse.

*dokimasía Némesi: Ordalie de Némésis.

Spoiler:

L’hyperdimension, l’espace mythique réservé aux dieux, un endroit interdit où toutes choses ne portant pas en elle l’essence divine se voyaient réduite à néant. Un ultime test et un final grandiose en théorie. Mais comme dans tout les plans, il demeurait dans le mien quelques imperfections, des imperfections provenant de l’inconnue. Et dans ce tournoi les inconnues étaient légions.

Ce fut mon adversaire qui le premier me surprit en se soustrayant soudain à mon cosmos, le repoussant avec le sien qui gagnait rapidement en puissance jusqu’à balayer toute trace de ma présence en son corps.

Très joli coup, voilà donc la puissance cachée que tu conservais en toi, la puissance d’un chevalier d’or, non plus que ça…

Je ne pouvais pas sous ma forme actuelle rivaliser avec une telle concentration d’énergie, mon adversaire était désormais sérieux et à présent sa puissance dépassait la mienne.

Vais-je devoir me trahir, vais-je devoir utiliser un fragment scellé de ma puissance alors que déjà j’ai dû user d’Ea ?

L’hyperdimension répondrait peut être pour moi à cette question épineuse, alors que le gouffre s’ouvrait à chaque secondes d’avantage je fis une découverte bouleversante.

Autour de nous nombre d’élément du décor ne subissaient pas la puissance annihilatrice de la dimension des dieux, ces rochers et ces cailloux étaient par donc par conséquent fait d’un élément qui non seulement contenait de l’essence divine, mais qui en plus possédait une résistance supérieur aux armures d’or pourtant réputées comme parmi les plus résistantes de la création.

C’est impossible, le divin forgeron lui-même aurait-il conçu cette arène ?

Encore abassourdit par cette découverte fantastique et aveuglé par la puissance de l’aura que mon adversaire dégageait, je ne remarquai que trop tard la force étrange et inconnue qui s’évertua à fermer le passage qu’Ea avait ouvert.

Il n’y a plus aucun doute, un ou plusieurs dieux sont à l’œuvre.

Alors que je me servais d’Enkidu pour émerger rapidement de la faille avant que les forces en présence n’achèvent de la faire s’effondrer sur elle-même, les mots d’Asmita me parvinrent et je sus qu’il avait compris.

Magnifique, malgré ses erreurs il en demeure quand même fidèle à sa réputation. Son vécu lui donne un avantage certain, après tout lui aussi a côtoyé le roi-héro d’après ses dires.

Au fond tout cela n’avait plus vraiment d’importance, j’avais utilisé l’intégralité de mon cosmos pour ouvrir le passage avec Ea et ne disposait même plus de quoi matérialiser mon armure au complet tandis que le cosmos du chevalier d’or explosait littéralement à cet instant.

Il ne me restait plus qu’une chose à tenter pour me sortir de ce mauvais pas. Rejoignant rapidement la pointe d’Enkidu qui s’était fichée dans la falaise me faisant face, je renvoyais immédiatement celui-ci vers ma dimension secrète, maintenir Ea et Enkidu activés ensemble demandait beaucoup trop d’énergie, je devais tenter un dernier tour car l’arcane qu’Asmita invoquait céans révélait une puissance étrangère aux mortels.

C’était le bras justicier du divin qui s’élevait vers le ciel sous les ordres du chevalier d'or tandis qu'a mes coté apparue une flaque d’or, une flaque d’où émergea une unique coupe dorée rempli de nectar, un dernier sursaut cosmique avant le déchaînement d’enfer du feu céleste. Le nectar n’avait certes aucun gout pour ce corps artificiel, mais sa puissance demeurait, ses pouvoir me redonnèrent assez de forces pour qu’à la fin le roi-héro achève son œuvre dans un sourire de satisfaction.

Armant mon bras tout en tenant fermement Ea, je n’aurais pas le cosmos suffisant pour une nouvelle tentative d’ouverture de la faille, et je n’en avais plus besoin, ce mortel avait répondu à beaucoup de mes questions concernant son espèce, pour cela il méritait de poursuivre son voyage.

Ce fut donc une saturation d’énergie totalement différente de la fois précédente qui fit trembler la montagne alors qu’Ea projetait aux alentours des centaines d’arc électriques écarlates, toute ma puissance restante se voyait attribuée à cette ultime attaque qui je le savais ne suffirait pas à stopper la puissance divine qui émanait à présent du chevalier d’or de la vierge.


Cette fois ce fut un vortex d’énergie pourpre qui fut projeté de mon artefact, un vortex dont la puissance me plaqua contre la falaise alors qu’Ea déversait dans un vecteur monodirectionnel de destruction ultime toute la puissance qu’elle avait accumulée au cours de ce combat, une puissance qui avait risqué d’atteindre le point de fusion lorsque la porte s’était brutalement refermée.

Mais maintenant elle pouvait respirer, maintenant tout son pouvoir restant allait servir de baroud d’honneur à un combat mémorable.

Ce fut également à ce moment que mon adversaire déchaîna sur moi la fureur du châtiment céleste, le pouvoir d’Astrée l’inondait alors qu’il abattit son bras dans ma direction. L’impact de nos deux projections provoqua un fracas digne de la fin des temps.

Un mur d’énergie violacé s’éleva entre nous au point où se rencontraient nos arcanes, ce mur grandissait encore et encore dans toute les directions jusqu’à venir crever la voûte céleste de sa puissance alors que toujours mon attaque et celle d’Asmita s’entrechoquaient et se projetaient tout en se faisant face.

Je ne pourrais pas tenir cet échange de puissance bien longtemps, je n’en avais plus la force. Déjà à l’activation de mon arcane, je savais que le rapport de force ne jouait pas en ma faveur, je ne faisais que perdre du terrain face à la puissance divine et pas question d’utiliser ici l’étendu de mon pouvoir. Il ne me restait plus qu’un seul choix à faire, allais-je rester là à attendre la défaite, ou allais-je renoncer à mon subterfuge devant cet adversaire méritant ? Mon choix fut vite fait.

L’Enuma Elish cessa alors par manque d’énergie tandis que libéré de ce bras de fer aussi illusoire que temporaire, le feu du ciel me frappa de toute sa puissance. Je ne pouvais pas ressentir de douleur ni même deviner ce que cette arcane tentait de faire subir à mon corps, mais je ne ressentis rien de désagréable, rien de dangereux, la justice, divine et personnifiée avait était appelée ici même pour soumettre son verdict et face à elle je ne pouvais pour l’heure que m’incliner. Une voix résonna alors dans mon esprit, une voix que je n’avais pas entendu depuis fort longtemps.

Fils de Nyx, dieu du sommeil Hypnos, comment oses-tu porter la main sur mon serviteur ? Ton pacte avec le sombre empereur t’aurai-t-il rendu idiot au point que tu t'en prennes à mon héraut ?

Salutation fille de Thémis, cela faisait longtemps n’est-ce pas ? Sois sans crainte, ton champion et moi nous somme rencontré par un coup du sort des plus savoureux, grâce à lui j’ai pu recueillir nombre de renseignement à la fois sur les siens et sur les responsables de cette mascarade. Il n’a donc rien à craindre de moi et sa force l’immunise contre ma forme actuelle.

Il m’a convoqué céans, cela faisait des siècles qu’il ne l’avait fait, oserais-tu insinuer qu’il l’a fait sans aucunes raisons et que tu ne serais coupable de rien ?

Au grand jamais fille de Thémis, je suis effectivement coupable d’une multitude d’actes que tu jugerais fort répréhensibles, mais en revanche je suis innocent des crimes dont m’accuse ton champion. Je ne saurais être blâmé pour ce que mon rôle m’a fait faire, car au final ce qu’il a crus voir et entendre de moi n’était que tromperie et mise en scène. Celui qu’il croit avoir affronté n’existe que dans ses souvenirs à présent ? Peux-tu juger un souvenir divine Astrée ?

Ne cherche pas à occulter tes fautes par ta répartie sophiste fils de Nyx, je ne me laisserais plus noyer dans une discussion avec toi.

Refuserais-tu d’entendre la parole de l’accusé avant de rendre ton verdict ? La justice divine aurait-elle suivit la voie de la vengeance ? Aurais-tu côtoyé d’un peu trop près ma sœur Némésis ?

J’avais apparemment touché un nerf sensible, la présence de la fille de Zeus se fit plus oppressante, mais chose appréciable, jamais elle ne devait se laisser aller sous peine de ce voir démis de ses fonctions, elle devait être impartiale et vertueuse, car si elle ne l’était pas, alors personne ne le serait.

Que n’es-tu pas venue lorsque le venin de ma chère sœur Eris me faisait commettre des atrocités divine Astrée... Tu aurais alors eu un coupable de choix, encore que non responsable de ses actes évidements. Au final que vas-tu faire fille de Zeus ? Je suis sûr que tu n’ignores rien de ce qui se passe ici, tu dois savoir également pour les raisons m’ayant poussées à agir de la sorte, alors en vérité je te le demande, de quoi m’accuse-t-on ici même ? D’avoir usurpé l’identité du premier roi de l’humanité et d’avoir mis au défi mes adversaires sous son nom ? Me reproche-t-on le caractère et les mots de mon personnage ? Les dires d’un personnage fictif ? Châtierais-tu un acteur dont le rôle le rendrait monstrueux ? Si tel est le cas alors frappe divine Astrée, et qu’à jamais Némésis te pourchasse.

La justice divine allait à présent trancher, elle était une déesse incarnant un principe et par conséquent n’était pas infaillible mais néanmoins de mémoire jamais je ne l’avais vu se tromper. Pourvus qu’elle ne commence pas aujourd’hui…

Pour obtenir l'absolution tu dois te révéler à mon champion fils de Nyx, comme tu l’as dit, un acteur ne saurait être tenu pour responsable du rôle qu’il joue parce que l’on sait que c’est un acteur. Aussi tu dois révéler ta vraie nature, alors seulement tes fautes seront absoutes.

Je ne souhaite pas te contredire divine Astrée et te remercie pour ton verdict sage et juste, mais je crains que ton champion ne sache déjà à mon sujet.

Savoir que l’on a été trompé ne veux pas dire que l’on sache la vérité. Révèle-la lui fils de Nyx et met un terme à ce jeu d’acteur qui fut le tien.

Autour de moi la lumière se tarie, le feu s’éteignit et je recouvris la vue tout en contemplant mon enveloppe physique toujours la proie du feu sacré de la sentence d’Astrée, un feu qui ne noircissait pas, pas encore. Il attendait un ordre, un seul ordre de sa créatrice et alors je n’aurais plus qu’à disparaître du regard d’Asmita. Les flammes de la justice divine ne disparaîtraient qu’avec mon absolution.

Fixant d’un air furieux et vexé le champion d’Astrée, je fis mon possible pour ne pas que cela se retranscrive dans les mots que j’allais prononcer. Les idées et les souvenirs affluaient alors que la vue d’ensemble de notre affrontement m’apparaissait, m’arrachant un sourire de félicitation. Un éclat de rire franc et amusé résonna dans la canyon alors que ma voix redevenait celle qui fut la mienne il y a de cela encore quelques heures.

« Hahahaha ! »

Laissant éclater ma surprise et ma satisfaction devant notre œuvre commune, je n’en oubliais pas moins que nous étions surveillés, aussi ce fut d’esprit à esprit que ce passa la suite de notre discussion.

Magnifique chevalier, tu as des relations très persuasives, invoquer ta constellation pour en finir avec un spectre du passé, je reconnais que l’idée ne manque pas de panache. Si j’avais été le roi-héro je ne serais sans doute plus ici en ce moment même. Après tout si la fin de sa vie fut marqué par la sagesse, il n’en demeurait pas moins un être au passé disons moralement inqualifiable, voila pourquoi je n'ai pu me résoudre à laisser son âme aux bon soin des juges infernal par trop étroit d'esprit mais je m'égare.

Comme tu as du t’en rendre compte, je ne suis pas celui que j’ai prétendu être. Ce n’était là qu’un rôle de composition fait pour infiltrer ce tournoi. Qui suis-je en réalité ? J’aurai préféré que tu ne l’apprennes pas de ma bouche mais la divine Astrée y tient, aussi apprend que face à toi se trouve un fragment de l’essence de celui qui commande au sommeil.

Sache aussi que cette mise en scène n’es plus utile à présent, car grâce à toi j’ai pu en apprendre beaucoup et cela de manière empirique et péremptoire. A présent mes hypothèses s’affinent sur la nature de cet évènement et surtout sur la nature de celui ou ceux l'ayant mis en place. Je ne te ferais pas l’insulte d’insister d’avantage sur ce point et me contenterait donc de t’adresser mes félicitations pour ta performance, je ne t’aurai pas ménagé et malgré cela tu es encore debout. Les humains sont vraiment fascinant…

Tout en disant cela, les flammes blanches qui m’entouraient disparurent soudainement laissant mon corps indemne, Astrée quitta alors mon esprit pour retourner là où était sa place, parmi les étoiles.

A présent je vais restaurer ce corps artificiel pour la suite de ce tournoi qui ne saurait tarder, je te conseille d’en faire autant ou alors comptes-tu m’attaquer à nouveau sachant que je ne compte plus m’élever contre toi ?

Croisant à nouveau les bras, j’absorbais le cosmos environnant, matérialisant à nouveau l’armure dorée qui me recouvrait et restaurant petit à petit ma cohésion structurelle.

Une flaque d’or émergea à mon côté suivit par deux coupes contenant chacune du nectar divin. Une m’atterrit dans la main alors que l’autre s’avança vers Asmita.

Que ce soit des boissons ou des armes, je ne conserve avec moi que le meilleur. N'ai crainte chevalier, ce n’est pas du poison, et je suis sûr que l’odeur te sera familière, le privilège d’une existence faite de mille vie humaine n‘est-ce pas ?

Oh et ne t’en fais pas non plus pour ces histoires de vainqueur et de vaincu, notre combat a fait se révéler nos surveillants, aussi je doute qu'il laisse ce combat se poursuivre plus longtemps. Savoure ta coupe chevalier, qui sait ce que le futur te réserve.

Une ultime coupe de nectar, la dernière de cette rencontre avant que le rideau ne tombe sur notre affrontement.