Tendant le Maelstrom, sa main tendue vers la belle Louve au regard opalin sombra dans le déchirement des étoiles. Ils s'écartèrent l'un de l'autre en se parlant dans le vide inaudible, puis, poussée par le vent, ils disparurent de la vue de l'un de l'autre. Tout se terminait comme cela avait commencé pour Caeron, la mort le saisissait de nouveau et il se rapprochait du néant quand un cosmos aux fragances lourdes et violacées l'enveloppa lentement. Un trou se forma dans l'atmosphère et le jeune Spectre n'était plus aux Enfers. Une étoile déchira la Terre pour faire un arc de cercle dans les airs, elle retomba brusquement au centre d'un village de cabanes en pilotis. Une île au doux parfum de l'été saluait par les cris et les larmes l'arrivée de cette sphère de flammes et d'ombres violacées. Toute vie était aspirée en son sein continuellement, les animaux, les plantes, les hommes, les femmes et même les enfants devenaient énergie pure qui prenait corps avec l'Etoile. Toute vie ? Non ! Des petites créatures avaient survécu et arpentaient le sol en cercle concentrique autour de cette lumière si familière pour elles. Ces fourmis - car il s'agissait de cela - saluaient leur protecteur de manière disciplinée et ordonnée, tel le cycle éternel de la vie et de la mort.

La sphère craqua comme les coquilles d'un oeuf. Une main en sortit pour prendre appui sur cette écorce cosmique des moins naturelle. Un homme aux cheveux noirs de jais fixait de ses prunelles opalines les mouvements des fourmis avec un sourire sardonique. Il était encore vivant et il était enfin de retour. Caeron était toutefois parvenu à fusionner son âme avec la sienne et cela ne l'ennuyait guère, un peu de subtilité ne lui déplaisait pas à y réfléchir. Prenant une bouffée d'air frais, il se dégagea totalement de sa coquille pour monter les pentes du cratère où il avait atterri. Des flammes et des fumées montaient par endroit et cette île avait quelque chose de totalement ruiné, une malédiction venait de toucher cette île. Alors que le Spectre avançait, des petits cailloux se mirent à gesticuler comme des fous, les fourmis fuyaient un ennemi invisible et le bruit d'un lourd roulis d'eau fit tourné la tête d'effroi à l'ancien Général des Mers. En quelques secondes, les restes de l'îles disparaissaient pour former un bien étrange atoll que les futurs habitants appelleraient Mururoa, l'île des Fourmis.

Sa redingote n'était plus qu'un amas de lambeau de tissus et que dire de sa belle chemise acheté par son ancien Mentor chez maître Vachon, grand couturier de Versailles. Soufflant de dépit, il jeta ses vêtements à terre pour les faire sécher un peu au soleil qui l'aveuglait bien souvent. Les Enfers avaient été foudroyé mais il pouvait ressentir au loin que la Guerre Saints n'était pas finie pour tout le monde. Par une légère expiration, il s'allongea sur le sable pour se souvenir des derniers mois : sa défaite contre le Requin, sa défaite contre lui même, sa défaite contre Sora et ensuite les victoires sous l'égide d'Hadès. Etrange que tout cela, maintenant, il était au-dessus de tout cela et aspirait à la réflexion pour pouvoir aller ensuite de l'avant. Fermant les yeux, il vit trois yeux s'ouvrir dans l'obscurité de son âme.


Telle l'Atalante fugitive, des milliers de souvenirs enveloppèrent l'esprit du jeune homme. Il était Eaque chez les Grecs, Zapathasura chez les Parvartis, Garuda chez les Hindoues, il était tout cela au gré des âges. Par son rôle dans l'ordre des Morts, le Sombre Monarque lui avait donné la lourde tâche de juger de la pertinence de la réincarnation des âmes alors que les autres juges avaient d'autres tâches dans la bonne gestion de cet Empire souterrain. Sous le flot des images du passé, il s'était endormi. Brusquement, il vit au loin plusieurs étoiles qui explosèrent le sol pour faire ce qu'il avait fait depuis peu, étrange sensation et il savait qu'il ne pouvait pas rester là à regarder. Il se releva alors en constatant quelque chose dans les restes de la forêt de palmier...

S'avançant rapidement dans la pénombre des arbres, il vit un autre cratère à quelques pas de lui. Il se demandait pourquoi il l'avait loupé en arrivant. Au centre du point d'impact, une statue de basalte trônait mystérieusement. Elle représentait un homme oiseau portant de grandes ailes ouverte vers le ciel. Sur la tête, trois opales brillaient avec les lumières du soleil. Serties avec élégance, elle formait une vision particulière de l'ensemble. Quand, tout à coup, une brûlure éclata au front de Caeron, il sentit que quelque chose était en train de naître et tout son cosmos entrait en résonance avec cette brûlure. Le Troisième oeil - le Chi'iu Muh - venait d'apparaître et il laissait couler un filet de mercure sur le front du nouveau Juge. Une perle argentée dansa à côté de son nez avant de tomber sur le sol lourdement.

Cette douleur n'était qu'un prélude à ce qui allait suivre. L'oeil frontal s'ouvrit alors pour briller d'un aura violette et cela fit rayonner ceux de la statue. Dans une série d'éclairs rougeâtres, la boue séchée sur la statue se craquela pour laisser apparaître la surplis dans tout sa lumière. Le soleil s'était caché un moment pour la laisser briller. Elle éclata alors en morceaux pour se positionner sur chaque partie du corps du nouveau Juge des Enfers. L'opale, faisant office de troisième oeil sur le masque, se plaçait étrangement au même niveau de celui de Caeron. Ce nom ? Oui, c'était ainsi qu'il était appelé mais comme le Taureau, il était temps que le Créateur des Myrmidons ne reprennent son vrai nom : Aiakos.

Citation :

HRP : Post d'évolution pour devenir Spectre de Garuda, Juge des Enfers.