" Servir Athéna ? Quel outrecuidance ! Combien de pauvres saints as-tu tué pour te satisfaire de telles paroles ? Mon nom est simple, je me nomme Honorius Galla Scipion, Grand Pope des temps anciens et ancien chevalier d'or... Et ne te méprends pas sur cette surplice... "

A la fin de cette dernière phrase, un cosmos doré vibra à travers les interstices de l'armure noire. Les ondes violacées et négatives, qui oeuvraient dans le ciel, furent balayées quand il posa son casque sur sa tête. Cette énergie vibrait d'une chaleur humaine et d'une vitalité bien particulière, toutefois, l'ancien Grand Pope était étonné de voir une aura aussi dorée que la sienne dans le cosmos de son ennemi. Il pressentit la tromperie de son geôlier, mais il s'en moquait, il devait savoir ce qu'il se passait dans ce Monde, il allait donc donner sa vie pour libérer cet homme des tourments de l'arène.

" Chevalier... "

Ses paroles se turent, ils ne devaient pas dire d'autres mots. Regardant les squelettes et les soldats infernaux qui se trouvaient dans les gradins, Scipion comprit la délicate situation dans laquelle il se mettait. Il retira lentement le rosaire qui était l'ancien symbole de son rang et se dirigea vers une vieille statue représentant une gargouille, il le posa entre les dents de la bête de pierre. Pensif, il ferma les yeux et soupira en se retournant vers le chevalier Urio du Cancer.

Ses iris bleues regardèrent le Saint de cette Ere. Il était empli d'un quelqe chose qui ressemblait à son lointain ancêtre, avec un sourire plein de mélancolie, Scipion fit voler en éclat son surplice. Ce combat devait être loyal et cet homme allait être le passage de témoin entre deux générations. Concentrant fortement son cosmos, il envoya un message télépathique au jeune Saint !

" Chevaliers, mon honneur me commande de te battre à égalité, sans armure, si tu gagnes.... Remets le Rosaire sacré au Grand Pope de ton Ere ! Je suis désolé déjà de te blesser, mais bon, nous n'avons pas le choix, j'ai fait mon temps et je ne peux me permettre de retenir mes coups, sinon Hadès pourrait s'en rendre compte et ne pas te libérer..... En garde ! "

Levant les mains en direction du ciel, le Cancer pouvait reconnaître la position des chevaliers d'or du Bélier, celui de sa génération avait sûrement la même. Il serra alors les poings et fit voler une étoile dans le ciel, elle revint vers Urio en frappant dans le sol à quelques centimètres de son pieds...

" Prêt Vil Traître ! "

La position n'avait pas varié depuis des siècles. Alors que les pierres anthracites volaient tout autour de lui, Scipion contracta ses cuisses et s'envola dans les airs, les pinces de l'acubens effleurèrent ses côtes et un pincement des lèvres permit de contenir la douleur. Les Pieds joints, il fit une série de pirouettes dans les airs pour éviter deux coups puissants de son adversaire, puis, tout à coup, les pierres se figèrent dans l'atmosphère. Atterrissant lentement sur les restes du sable noir, l'ancien Grand Pope souriait étrangement...

" Rien n'a changé depuis des siècles, si tu me bats, je te répondrais... mais laisses moi t'apprendre une première leçon, ne laisses pas le moindre temps à ton ennemi ! "

A ce moment là, les pierres suspendues dans l'air se craquelèrent pour former des pointes de lances acérés, elles virevoltèrent en une fraction de seconde et frappèrent le chevalier d'or dans tous les sens. Cette action laissa suffisamment de temps à l'ancien pour venir au corps à corps, il serra son poing et infligea un uppercut dans la mâchoire de son adversaire, suspendu alors un bref moment dans les airs, il concentra son cosmos pour lui infliger une série de coups dans le bassin.

Puis, bondissant en arrière, il disparut de la vue du Cancer pour réapparaître dans son dos. Alors que Urio se remettait à peine de cette première salve, le cosmos du Bélier gagna alors en puissance, il arracha à son cosmos de la poussière d'étoiles et lui insuffla une vie nouvelle.

" Deuxième leçon ! Ne tournes jamais le dos ! "

Stardust Revolution !!!

Dans une explosion de cosmos, la poussière d'étoiles devint un tourbillon étincelant d'étoiles. Entourant soudainement le Cancer, la poussière l'enveloppa et le fit voler vers le ciel améthyste des enfers... Chaque étoile vrillait les muscles du jeune chevalier, elle tordait ses tendons et ses os dans des séries de petits coups, chacun semblant se coller à son cosmos. Peu à peu asphyxié, le Cancer sentit un grand vide sous son corps et il retombait lourdement sur le sol émietté.

L'ancien Grand Pope regardait la foule qui l'acclamait. Triste spectacle ! Il se remit brusquement en position de combat, son adversaire n'allait pas baisser la tête pour si peu. Alors qu'à présent, le cosmos de l'ancien chevalier brillait intensément, il prit encore plus d'ampleurs, le regard de Scipion reprenait lentement la couleur argentée du guerrier qu'il fût jadis...

La question posée de nouveau par le Cancer fit sourire l'ancien Grand Pope. Peu de temps avant, concentré sur son corps, il s'était montré stoïque face aux coups de son adversaire, dans son esprit, c'était ainsi qu'il le voyait, un adversaire et certainement pas un ennemi. Il s'apprêtait à le téléporter dans un autre continuum espace temps quand il se ravisa, il voulait savoir si cet homme pouvait le faire chanceler. Au moment ou les feux follets se mirent à danser autour de lui, brûlant en partie son visage, il sentit une poigne solide à son bras et entendit de nouveau cette fameuse question.

" Quel garnement ! Je t'ai laissé la chance de me frapper mortellement et tu es encore là à me poser des questions.... Laisses moi te dire une chose, ton attaque, mon maître la pratiquait déjà alors que tu n'étais pas né... "

A ce moment là, d'un geste précis de la main, le chevalier noir augmenta son cosmos doré et par des gestes rapides, il détruisit de nombreux feux follets en un instant. Puis, pointant son doigt dans la direction d'Urio, une lueur bleutée égale apparut alors et les derniers feux follets volèrent dans sa direction et explosèrent au plus profond de son âme.


Cette technique avait le don de détruire l'essence même du cosmos qu'est l'âme. Et même Urio ne pouvait contrer cette technique, en effet, la précédente attaque avait ouvert la voie aux esprits bleutées, ils s'engouffrèrent soudainement dans la poussière d'étoile qui s'était collé au corps du Cancer. Il pouvait se sentir désormais amoindri spirituellement, et le combat ne faisait que commencer...

Par un coup précis de l'arrête de sa main, Scipion brisa l'étreinte du Cancer et recula de quelques pas. Il serra ses deux poings et bondissait dans les airs, il libéra quelques rafales de cosmos autour du chevalier d'or pour l'aveugler, et se posa sur son côté droit, frappant aux vertèbres, il le repoussa violemment dans le mur. Puis, il le frappa de quelques coups bien solides dans le bassin. Enfin, dans un geste digne du Cancer, il fit un salto et enserra de ses jeux cuisses l'abdomen du serviteur de cette Ere, il pouvait entendre ses os se briser sous l'impact. Urio fût alors jeté comme un pauvre sac de betteraves au centre de l'arène.

" Chevalier, si tu ne te montres pas imaginatif, je ne donne pas cher de toi ! "

Levant ses poings vers le ciel, les étoiles commençaient déjà à se rassembler entre les mains du Bélier d'or. Son cosmos solaire irradiait tellement l'arène que quelques squelettes fondirent dans un râle de douleur et il fallut l'intervention des gardes pour éviter une hécatombe. Ce cosmos doré prit lentement la forme d'un bélier prêt à charger son ennemi, le regard de l'ancien grand pope n'avait jamais été aussi sérieux.

Ne disant plus rien, il espérait secrètement que le Cancer d'or serait se réveiller car ses précédents adversaires n'étaient pas des serviteurs d'Athéna et n'avaient pas l'esprit de sacrifice des chevaliers.

" Chevalier, n'oublies pas qui tu es... "

Bondissant en arrière, le vide cosmique l'emportait lentement. Les feux follets traversèrent son corps et cherchaient chaque parcelle de cosmos pour le dévorer d'un seul trait. Il se permettait même quelques poésies humoristiques qui firent sourire l'ancien Grand Pope. Toutefois, le regard inquiet d'Urio au moment de la concentration ultime du Bélier le lança à l'assaut.

A ce moment là, les poings du Cancer vomirent leur vindicte sur les côtes du jeune corps du vieil homme. Volant sur le sable, ce dernier se relevait rapidement pour voir à nouveau les feux follets autour de lui, ils dansaient de façon endiablée et se concentraient au bout de l'index du chevalier sans armure. Les célèbres vagues d'âmes allaient frapper de nouveau mais le bélier d'or souriait mélancoliquement à cette attaque, il étendit alors ses bras à l'extrême de chaque côté de son corps. Alors que les vagues fonçaient sur lui, les ondes bleutées s'arrêtèrent brusquement sur un mur cristallin et doré. Comme une série de balles frappant un mur, les feux follets sous forme d'anneaux repartirent brusquement vers l'expéditeur. Les âmes n'avaient pas de secret pour l'ancien Grand Pope, et il parvenait encore une fois à déjouer cette technique ancestrale.

" Je t'ai demandé d'être sérieux, je suis déçu, tu parles beaucoup mais tu devrais te concentrer sur le combat ! "

Les anneaux frappèrent le Saint et l'envoyèrent un bref instant entre les deux mondes. Profitant de ce moment un peu surréaliste, le Grand Pope bondissait sur le Cancer et laissa ses deux rotules frappées le corps du chevalier de cette Ere. Une fois extirpé des anneaux diaphanes, le crabe d'or atterrissait lourdement sur un pilier de l'arène. Quand Urio sentit soudainement une poigne se refermer sur sa gorge, le chevalier du Cancer venait de voir apparaître le grand Pope devant lui, dansant dans les airs comme par magie. Sa poigne était redoutable et il serra son autre poing pour le frapper à la clavicule d'un geste sec et précis, le craquement de l'os était peut-être le signe d'un état plus difficile pour le Cancer dans les secondes à venir.

Libérant sa poigne, il laissait le corps du Cancer glisser sur le pilier pour tomber sur les cendres. Il frappa alors le pilier à de nombreux endroits et des centaines de rocs s'effondrèrent sur son adversaire à l'épaule meurtrie. D'un certain point de vue, le Grand Pope des anciens temps voyait en cet homme son ancien maître, ce côté querelleur et franc du collier lui plaisaient mais il lui manquait une arme nécessaire pour vaincre ses ennemis, notamment les sbires du maître des lieux.

" Urio, permets moi de te tutoyer, tu es un très bon combattant, tu as parfaitement assimilé les anciennes techniques de ton signe, mais tu manques de la force qui te permettrait de vaincre à tous les coups.... Si les Dieux ne s'y opposent pas, je te donnerai mes conseils lors de ce combat, tu dois mettre ton intelligence et ta hargne au service de ta psyché et de ton corps, pas le contraire ! "

Virvevoltant dans les airs nauséabonds, Scipion posa le pieds sur le sable noir. Il ne fit rien de plus, mais son cosmos gardait une intensité remarquable, comme si les assauts d'Urio n'avait pas atteint leurs buts. En quelque pas, il était maintenant au centre de l'arène, contractant son poing par intermittence pour retrouver de la fluidité, sa tête se retourna vers son adversaire perdu entre les morceaux de pilier. Se concentrant rapidement, les rochers s'envolèrent du sol pour voler dans les airs, le cosmos de l'ancien Grand Pope commandait aux éléments avec une grande célérité...

Sa main se retournait alors vers le sol et les rochers stoppèrent dans les airs. Il sauta sur un des rochers suspendus pour attendre son adversaire... Il devenait manifeste que l'ancien Grand Pope avait en tête une sorte d'entraînement pour le jeune Saint de la quatrième constellation du zodiaque. Il lui faisait signe de venir dans cette nouvelle arène, en outre, il regarda autour de lui et amena deux lances de deux pauvres squelettes surpris par cette action surnaturelle. Prenant l'une des lances à la main, l'autre se planta sur l'un des rochers qui volait dans l'atmosphère. Désormais, l'entraînement allait pouvoir commencer, un entraînement mortel qui marquerait le jeune chevalier de l'espoir !

Dubitatif en regardant l'étrange position du Cancer de cette génération, Scipion souriait enfin de manière satisfaite. En effet, la volonté de son adversaire faisait plaisir à voir, mais aussi ce regard combattif qui permettait d'entrevoir un vrai duel entre frères de la chevalerie. Tout à coup, il lançait sa lance dans le ciel et percuta le grand dôme de l'arène, un peu surpris, les prunelles du Bélier se levèrent au moment où un bruit étrange résonnait.

" Mais quel petit... "

A ce moment là, un torrent d'eau s'abattait sur lui et tous les spectateurs. Alors qu'il sautait pour éviter de se retrouver dans le siphon qui se formait, il vit une main sortir de l'eau et agripper sa jambe pour le faire plonger dans ce déluge. Tentant de s'extirper, il sentit des coups secs dans ses côtés, certaines étaient certainement fêlées et le Bélier devait serrer les dents sous les impacts.

" Il se décide enfin à innover... "

Les vagues d'eau l'empêchaient de réagir comme d'habitude, ce terrain là n'était pas sa spécialité mais son visage exprimait un plaisir paradoxal. En fait, pour la première fois du combat, il avait retrouvé la Foi pour la nouvelle génération, courageuse et maline. Dans une guerre, il fallait savoir prouver son sens de l'ingéniosité à l'instar d'un Ulysse devant Troie. C'était ainsi que l'ancien Grand Pope avait combattu devant les murailles de Carthage et cet Urio venait de comprendre que les attaques les plus éprouvées ne servaient à rien face à un adversaire qui connaissait tout de lui, il pouvait enfin entrevoir de beaux jours pour les serviteurs de la déesse de la Sagesse et ses chevaliers.

Alors qu'il se stabilisait dans l'eau, il sentit deux jambes entourer sa taille et malaxer ses viscères et ses os avec une force incroyable. La douleur était telle que l'ancien Grand Pope fit exploser son cosmos doré, ses yeux avaient désormais une force combattive et il ne plaisantait plus. Le Cancer allait déchanter rapidement, les deux mains du Bélier saisirent brusquement ses rotules et appliqua une force telle qu'il ouvrit les jambes pour sauter en avant. Il était maintenant libre de ses mouvements, quoique sérieusement amoché, se léchant du sang qui coulait de ses lèvres, il leva sa main pour laisser des rigoles étoilées passer dans les courants de l'eau, il n'y avait que ses lèvres qui parlaient mais le Cancer connaissait parfaitement cette attaque et ses conséquences.

Profitant que les étoiles fendaient le corps de son adversaire, le chevalier du Bélier se servit de son don de la téléportation pour apparaître dans son dos et le frapper de ses deux points. Alors que le Cancer était propulsé en avant, il vit des centaines de pierres qui fendaient le cercueil d'eau pour foncer sur lui. Et oui ! L'eau n'arrête pas les rochers qui virevoltaient dans l'air depuis tout à l'heure, il avait prévu cela pour autre chose mais le Bélier profitait de sa précédente action pour frapper son ennemi.

Le corps d'Urio sortit de l'eau sous les impacts. Il sentit la chaleur cosmique de l'ancien Grand Pope qui était en train d'évaporer l'eau en quelques instants, il évitait ainsi de retourner dans l'eau. Posant le pied à terre, il voyait le Cancer percuter le mur de plein fouet, la poussière d'étoiles avait marqué son corps sur les étoiles gardiennes du Praesepe. Mais Urio ne pouvait s'attendre aux évènements que l'ancien Bélier avait en tête...

" Et bien bravo ! Voilà ce que j'attends de toi, de l'imagination dans le combat. Tu deviens enfin sérieux et tu dois quand même te défendre un peu des coups de ton ennemi... Chaque coup doit être pensé à quelques secondes d'intervalle et tu apprends vite, je suis fier de toi, si je n'étais pas mort, je t'aurai pris comme élève, allez, relèves toi ! On se barre d'ici ! "

Le Grand Pope observait depuis quelques instants qu'il n'y avait plus de gardes. Plus personne à les observer et le cosmos d'Hadès était moins présent depuis quelques heures, il fallait profiter de ce moment pour se barrer. Il créa avec son cosmos une série de marches qui menaient vers le dôme maintenant perforé. Le chevalier du Cancer ne s'attendait sûrement pas à ça, une rebellion au coeur même du territoire ennemi, c'était le bon moment pour détruire des ennemis potentiels... Au moment où l'ancien Grand Pope montait les marches il libéra son cosmos pour laisser de la poussière d'étoiles monté dans le ciel enflammé, il fit perler le sang de ses poignets pour unir sa vitae à la poussière d'étoiles...

" Chevalier, ton armure va t'être rendu. Tu en auras besoin ! "

La cascade de sang